par jean | Nov 2, 2019 | ARTICLES, Beauté et émerveillement, Emergence écologique |
« Un plan économique pour sauver la vie sur terre »
Selon Jeremy Rifkin
La menace du dérèglement climatique est aujourd’hui de plus en plus fortement ressentie. Elle engendre un grand désarroi. En effet, le danger paraît de plus en plus pressant. Alors la crainte commence à grandir. L’horizon se ferme. On envisage le pire. C’est le thème de l’effondrement. Sans aller jusqu’à cette extrémité, l’avenir paraît bien sombre. Cependant, l’alerte est donnée et les forces politiques, économiques et sociales se mobilisent. Quel enjeu ! Le temps presse !.
C’est un problème complexe. Pour l’aborder, il faut envisager l’évolution de notre économie dans son ensemble. C’est ainsi que procède l’approche de Jeremy Rifkin dans son nouveau livre : « Le New Deal Vert mondial » (1). Nous y voyons apparaitre une issue, un chemin.
Jeremy Rifkin n’est pas un inconnu (2). C’est un économiste américain engagé dans la prospective depuis trente ans. Ainsi est-il devenu un conseiller écouté auprès d’autorités politiques ouvertes au changement. Il milite aux Etats-Unis. Il est entendu en Chine. Il est très présent en Europe.
La troisième révolution industrielle.
En 2012, il publie un livre intitulé : « La Troisième Révolution Industrielle » (3). A l’époque, on commence à sortir de la crise économique qui a éclaté aux Etats-Unis et a bouleversé l’économie mondiale. Ce choc a entrainé un grand désarroi. Or, dans ce livre, Jeremy Rifkinnous apporte une vision d’ensemble qui éclaire le phénomène et ouvre un horizon. En nous y reportant, nous y voyons déjà une anticipation de la crise écologique actuelle et le début d’une réponse. En effet, Jeremy Rifkin analyse le phénomène en terme de révolution industrielle. Succédant à la grande émergence du XIXè siècle, une seconde révolution industrielle apparaît au XXè siècle.
Dans la seconde moitié de ce siècle, « la conjonction de l’électricité centralisée, de l’ère du pétrole, de l’automobile et des banlieues pavillonnaires a d’abord suscité un grand essor économique qui a pris fin dans les années 80 ». Cet essor s’est ralenti. On s’est appuyé alors sur l’épargne accumulée dans les décennies prospères et sur des pratiques de crédit facile. Cette ressource s’est épuisée et la crise a éclaté. Cette crise est issue de la décélération de la deuxième révolution industrielle. Poussé à l’excès, le mariage du pétrole abondant et de l’automobile a entrainé une hausse du prix du pétrole qui a provoqué un effondrement financier.
A ce stade, Jeremy Rifkin peut ajouter : « La facture entropique des première et deuxième révolutions industrielles arrive à échéance. Les conséquences de la quantité de dioxyde de carbone envoyée dans l’atmosphère terrestre se fait maintenant sentir et il en résulte une grave menace de changement climatique ». Ainsi, dès le début de cette décennie, l’auteur prévoit la crise climatique qui s’accélère aujourd’hui. Et, ayant posé le diagnostic, il commence à dessiner un avenir nouveau. « Au cours de mes investigations, j’ai fini par comprendre que les grandes évolutions économiques de l’histoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systèmes d’énergie ». Or cette conjonction est en cours aujourd’hui. « Les technologies d’internet et les énergies renouvelables sont en voie de fusionner pour créer une puissante infrastructure nouvelle, celle de la troisième révolution industrielle qui va changer le monde ». Ainsi aujourd’hui, le nouveau livre de Jeremy Rifkin n’apparait pas soudainement. Il prend la relève d’une orientation déjà esquissée en accentuant la composante écologique.
Emergence d’une nouvelle économie : une économie verte numérique
« Les grandes transformations économiques de l’histoire ont un dénominateur commun. Elles reposent sur trois éléments dont chacun interagit avec l’autre pour que le système fonctionne comme un tout : un medium de communication, une source d’énergie, un mécanisme de transport » (p 23). Il se forme ainsi une infrastructure commune. La nouvelle économie du XXIè siècle est en train d’émerger. C’est « une économie verte numérique ». Aujourd’hui, « la communication internet numérique converge avec l’énergie internet numérique renouvelable alimentée par une électricité d’origine solaire et éolienne et l’internet de mobilité et de logistique numérique composé de véhicules autonomes électriques équipés d’une pile à combustible, alimentée par une énergie verte, outre une plateforme IdO ( internet des objets) présente dans le parc immobilier, commercial, résidentiel et industriel, le tout étant destiné à métamorphoser l’économie et la société du XXIè siècle » (p 24).
Toutes les composantes se relient les unes avec les autres. Il en résulte d’énormes avantages économiques. En appelant : « coût marginal de production », le coût de production d’une unité supplémentaire de biens ou de services, une fois que les frais fixes ont été absorbés (p 25), on va observer une baisse considérable de ces coûts. « Dans cette économie verte numérique, le coût marginal de certains biens et services sera proche de zéro ce qui obligera à un changement radical du système capitaliste ». L’auteur nous apporte de nombreux exemples. « la propriété cède le pas à l’accès… Les marges de certains biens et de certains services sont tellement « proches de zéro » que les profits ne sont plus viables… Partout dans le monde, de plus en plus de gens produisent leur propre électricité d’origine solaire et éolienne pour un usage hors réseau et/ou pour la vendre au réseau pour un coût marginal proche de zéro » (p 27).
De même que les deux premières révolutions industrielles ont requis la mise en place de grandes infrastructures, il en va de même pour la nouvelle économie. Et cela vaut dans tous les secteurs : communication, énergie, transports. Dans le court terme, les deux ou trois prochaines décennies, le travail va être considérable. Le développement de ces infrastructures requiert un engagement des pouvoirs publics. « La mise en place de l’IdO – internet de la communication, internet de l’énergie, internet de la logistique – va donner naissance à une dernière vague de travail qui durera une trentaine d’années » (p 31). Par la suite, à moyen et long termes, une quantité croissante de jobs vont migrer du secteur du marché à l’économie sociale et à l’économie de partage (p 31). Le secteur non lucratif est déjà en forte croissance.
Victoire des énergies renouvelables et reflux du CO2
Dans un contexte où la menace climatique se fait de plus en plus pressante, la question n’est pas seulement l’orientation suivie, mais la vitesse du processus. Or, sur ce point, Jeremy Rifkin nous apporte une bonne nouvelle, une nouvelle décisive. Les énergies solaires et éoliennes sont désormais « meilleur marché que les raffineries à gaz, les centrales à charbon et les réacteurs nucléaires les plus efficaces » (p 162). Et cet avantage compétitif va s’accroitre rapidement. « La production d’énergie solaire et éolienne suit une courbe de coût exponentielle nettement descendante, pas loin de la courbe exponentielle qu’a récemment connu l’industrie informatique… En 1977, le coût fixe par watt des cellules photovoltaïques par silicone utilisées pour les panneaux solaires étaient à 76 dollars. Aujourd’hui, il a chuté à moins de 50 centimes de dollar… L’impact des ces énergies vertes est impressionnant » (p 69-70). Plus les énergies renouvelables seront moins couteuses, plus les investissements financiers vont se détourner des énergies fossiles. Et les installations correspondant aux énergies traditionnelles vont se dévaloriser. En perdant de leur valeur, elles deviennent des « actifs bloqués ». L’énergie nucléaire est elle aussi dépassée (p 84).
« La rampe de sortie qui mène d’un système fondé sur les combustibles fossiles à un réseau fondé sur le solaire et l’éolien se manifeste quand ces derniers franchissent un cap de 14 à 16% de pénétration. Le cap a été franchi par l’Union européenne en 2017 » (p 130). Nous approchons ainsi d’un mouvement de bascule. Et tout indique que ce mouvement va intervenir dans les prochaines années. Ce sera un facteur majeur de réduction de CO2. Des analyses financières récentes montrent que l’effondrement de la révolution industrielle fondée sur les combustibles fossiles est imminente. Il pourrait se produire entre 2023 et 2030 puisque ce sont des secteurs essentiels qui se séparent de ces combustibles et qui reposent de plus en plus sur des énergies moins onéreuses, solaires, éoliennes et autres énergies renouvelables et sur les technologies zéro carbone qui les accompagnent (p 17).
Dans la confrontation avec la dérégulation climatique, nous vivons une course contre la montre. Alors la vision du processus en cours nous encourage vivement. « Les forces du marché sont en train de venir à bout de la civilisation des énergies fossiles… Les principales filières de l’économie – TIC/télécommunications, internet, électricité, transports, bâtiment – abandonnent ces combustibles pour investir dans les énergies renouvelables et ouvrent la voie à l’émergence de la troisième révolution industrielle. Certaines études ont fixé la date du point de bascule à 2023, d’autres à 2035. Si l’on compare les différents scénarios et les différentes projections, l’inflexion devrait avoir lieu à mi-chemin et l’effondrement de la civilisation des combustibles fossiles devrait se produire autour de 2028… En l’état, les forces du marché sont plus puissantes que les manœuvre des lobbies… J’ai toujours été critique vis à vis de certains aspects du capitalisme de marché. Sauf que, pour une fois, la disruption est elle que le marché fait figure d’ange gardien de l’humanité » (p 251). Mais cela ne suffira pas. « Construire une civilisation écologique à partir des cendres de la nôtre est une entreprise collective qui implique de mobiliser le capital public, le capital de marché et le capital social à tous les niveaux de gouvernance Elle implique aussi la participation de tout le corps politique » (p 251).
Les forces agissantes pour une économie verte décarbonée
Non seulement Jérémy Rifkin nous montre un processus qui nous amène à une réduction drastique de l’émission de CO2, mais il nous décrit les forces actuellement à l’œuvre pour l’avènement d’une nouvelle économie. Si les autorités politiques commencent à se mobiliser face à l’urgence de la menace climatique, on peut s’inquiéter de la lenteur de cette mobilisation, et pire du déni de certains dirigeants comme le président actuel des Etats-Unis. Expert souvent consulté à l’échelle mondiale, Jeremy Rifkin peut nous apporter un état de la situation. Globalement, celle-ci nous paraît meilleure qu’escomptée. L’Europe est en marche. La Chine réagit avec puissance. Les Etats-Unis sont en retard, handicapés par un président désastreux, mais en action vigoureuse dans certains états et dans certaines villes. « Je sais, pour avoir conseillé des dirigeants de l’Union européenne et de la Chine, que ces deux gouvernements ont adopté des politiques comparables pour réagir au changement climatique. Ils savent qu’ils ont mission de séparer chaque filière et chaque industrie de l’infrastructure de la dernière révolution industrielle pour la rattacher à celle de la troisième révolution industrielle » (p 240). « L’Union européenne est passée d’une longue liste de projets isolés à la volonté explicite d’une transformation économique et sociétale » (p 236). Et aujourd’hui, « la notion de civilisation écologique est au cœur de la politique intérieure de la Chine » (p 242). « La Chine est désormais le premier producteur de technologies solaires et éoliennes efficaces et peu coûteuses qu’elle a commencé à exporter dans le monde entier » (p 137).
Aux Etats-Unis, si le gouvernement fédéral est actuellement immobile, il y a des états et des villes très dynamiques dans ce domaine. 29 états ont adopté une législation nommée RPS (Renewable porfolio standards) qui veut qu’un certain pourcentage d’électricité soit issu d’énergies renouvelables. Certains gouverneurs sont en train de s’organiser pour que 100%de l’électricité soit issue de sources sans carbone (p 263). L’idée d’un New Deal vert gagne du terrain sur le plan politique.
Une nouvelle organisation politique
Jéremy Rifkin met l’accent sur le rôle décisif du marché dans la chute des énergies fossiles et la montée des énergies renouvelables. Mais ensuite il y a nécessité de réaliser de nouvelles infrastructures dans tous les domaines, par exemple dans la circulation de l’énergie. Et, là, les pouvoirs publics ont un rôle majeur et spécifique à jouer. De même que les énergies renouvelables se développent et sont exploitées au niveau local, de même, selon Jeremy Rifkin, la nouvelle économie est en phase avec une gestion décentralisée dans les régions. En Europe, Jeremy Rifkin conseille des expériences régionales, par exemple dans les Hauts-de-France. Ainsi, on n’attend plus des pouvoirs publics une intervention centralisée, mais la mise en place d’infrastructures permettant le développement coordonné de réalisations locales. Le New deal vert « sera centré sur des énergies renouvelables exploitées localement et gérées par des infrastructures régionales connectées entre elles au delà des frontières » (p 261). Ce sera une gestion participatives impliquant des « assemblées de pairs » constituées localement (p 266-267).
Pour une civilisation écologique
Dans ce livre, Jeremy Rifkin témoigne d’un immense savoir économique, sociologique, politique, à l’échelle internationale. Mais, c’est aussi, nous le savons par ailleurs, un homme de conviction qui affirme des valeurs. Ses convictions écologiques datent de loin (4), bien avant que cette question passe au devant de la scène. C’est un homme qui croit en la communauté humaine. Ainsi a-t-il écrit un livre remarquable sur l’empathie (5).
Ainsi, si cet ouvrage sur le New Deal Vert entre dans la technicité des rouages de l’économie, Jeremy Rifkin ne se réduit pas à une froide rationalité. Il participe à notre sensibilité écologique ; ainsi prend-il une distance critique par rapport à une apologie du progrès par Condorcet dans son « Esquisse des progrès de l’esprit humain ». « La vision de Condorcet est devenue emblématique dans ce qu’on appellera l’ère du progrès. Hélas aujourd’hui, nous savons ce qu’elle implique… vu les ravages provoqués par la civilisation des énergies fossiles. Rares sont ceux qui osent parler tout haut d’« ère du progrès » ou de perfectibilité de l’homme. Nous vivons à l’ère de la résilience et l’infrastructure du New Deal vert est conçue pour cette ère… Cette infrastructure implique une subversion de la conscience autant qu’une subversion de l’infrastructure » (p 117).
Le changement requiert une éthique personnelle et une éthique sociale. Ainsi, Jeremy Rifkin lance un « appel en faveur d’une politique des pairs et d’une gouvernance des communaux qui donneront le pouvoir à des communautés prenant en charge leur avenir alors que nous traversons une période très sombre de l’histoire de la terre. » (p 272).
« Nous avons cru que nous étions maitres de notre destin et que la terre était à notre disposition. Nous n’avions pas compris que la facture de l’entropie se paye par tout ce qui attente à la planète. Nous entrons dans une nouvelle ère, un nouveau paysage. L’âge de la résilience nous attend. L’acclimatation à cette nouvelle réalité planétaire est déterminante pour notre futur en tant qu’espèce. Il est temps de prendre conscience de la biosphère. Espérons que nous y arriverons à temps. Voilà le New Deal Vert auquel le crois » (p 272).
Une proposition majeure
La lecture de ce livre nous parait indispensable. C’est un livre majeur, indispensable pour nous situer dans le monde d’aujourd’hui à un moment où la question écologique est devenue centrale. Nous y apprenons à nous situer dans une histoire, à comprendre les processus en cours, et, conscient du péril, à découvrir un nouveau chemin. C’est dire combien ce livre est, à nous tous, nécessaire. Face à la peur, à la violence que celle-ci engendre, aux enfermements idéologiques qu’elle suscite, ce livre ouvre des pistes constructives. Il écarte le fatalisme, le catastrophisme aussi bien que le déni et l’immobilisme. On voit aussi combien l’intelligence permet d’éviter les étroitesses de vue et leurs conséquences. Parce qu’il ouvre l’espoir, ce livre permet et engendre la mobilisation. Aussi, à ce titre, évoquons-nous une parole d’espérance citée par Jürgen Moltmann à la fin d’un chapitre sur les catastrophes (6). C’est l’expression d’un poète allemand Friedrich Holderlin : « Au milieu du danger se développe le salut ».
J H
- Jeremy Rifkin. Le New Deal Vert Mondial. Pourquoi la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028. Le plan économique pour sauver la vie sur terre. Les liens qui libèrent, 2019 Interview vidéo sur son livre : https://www.youtube.com/watch?v=d49ZHoClJf4
- Parcours de Jeremy Rifkin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Rifkin
- Jeremy Rifkin. La Troisième Révolution Industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde. Les Liens qui libèrent, 2012
- Mise en perspective : « Face à la crise : un avenir pour l’économie » : https://vivreetesperer.com/face-a-la-crise-un-avenir-pour-l’economie/
- Dès 1988, Jeremy Rifkin fait se rencontrer des scientifiques du climat et des militants écologistes de 35 pays à Washington pour une première réunion du Réseau mondial sur l’effet de serre (Wikipedia)
- Jeremy Rifkin. Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie. Les liens qui libèrent. 2010 A propos du livre de Jeremy Rikfin : https://www.temoins.com/vers-une-civilisation-de-lempathie-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkinapports-questionnements-et-enjeux/
- Jürgen Molttmann. De commencements en recommencements. Empreinte Temps présent, 2012 (p 69)
Plusieurs livres à lire parallèlement à ce livre :
Isabelle Delannoy. L’économie symbiotique. Régénérer la planète, l’économie et la société. Préface de Dominique Bourg. Actes Sud, 2017 Un livre essentiel qui, dans son originalité mettant l’accent sur les éco-systèmes du vivant, peut être lu en convergence avec celui-ci. Mise en perspective : « Vers une économie symbiotique » : https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/
Jean Staune. Les clés du futur. Réinventer ensemble l’économie, la société et la science. Préface de Jacques Attali. Plon, 2015
Mise en perspective : « Comprendre la mutation actuelle de notre société requiert une vision nouvelle du monde » : https://vivreetesperer.com/comprendre-la-mutation-actuelle-de-notre-societe-requiert-une-vision-nouvelle-du-monde/
Thomas L Friedman. Thank you for being late. An optimist’s guide to thriving in the age of accelerations. Penguin Random House, 2015. Mise en perspective : « Un monde en changement accéléré » : https://vivreetesperer.com/un-monde-en-changement-accelere/
par jean | Oct 2, 2019 | ARTICLES, Emergence écologique |
Tous mes enfants et petits-enfants ont participé à la marche pour le climat le vendredi 27 septembre, la majorité d’entre nous à Montréal, mais aussi à Sherbrooke, en Estrie. J’y étais avec ma femme, Alice. Malgré la solennité que provoque le sujet du climat, l’esprit qui régnait en était un de bonne humeur, de fraternité et de solidarité sous un soleil radieux. Voici quelques-unes de mes premières réflexions.
En tout premier lieu, il s’agit vraisemblablement de la plus grande manifestation dans l’histoire du Québec, et peut-être même du Canada. La foule étant estimée à 500 000, le huitième des citoyens du Grand Montréal y aurait participé ! La majorité des marcheurs étaient jeunes, mais il y eut aussi de nombreuses familles ainsi que des grands-parents soucieux de l’avenir laissez en héritage à leur descendance. C’est ici la source de l’espérance que ce mouvement international semble susciter, ici comme ailleurs dans le monde. Ce sont des jeunes qui, à l’instar de Greta Thunberg qui était présente avec nous, prennent conscience de la réalité troublante et précaire du monde et qui, sans attendre, cherchent à prendre en main et à se porter responsable pour la santé de la terre. Non seulement revendiquent-ils des changements auprès des gouvernements et des grandes entreprises, mais plusieurs assument de nouvelles disciplines personnelles en ce qui concerne leurs propres habitudes de consommation (notre plus jeune et sa petite famille ne remplisse qu’un pot en verre de déchets aux deux mois). Le plein potentiel de la créativité humaine n’est qu’à ses débuts pour ce qui est de la recherche scientifique et économique et de la mise en application par la volonté politique et entrepreneuriale de cette nouvelle génération.
En termes théologiques, l’image de Dieu au cœur de l’humanité se concrétise dans sa relation à la terre que Dieu a soumise à la gouvernance, l’intendance et l’administration des êtres humains (Gn 1,28). Les responsabilités transmises à l’Adam sont celles de cultiver et de garder le jardin (Gn 2,15), et de nommer les animaux qui y habite (Gn 2,20). Il lui est aussi défendu d’en abuser (Gn 2,17). La rédemption holistique (qui comprend toutes les relations possibles aux êtres humains : avec Dieu, avec soi, avec son prochain et avec la nature) et cosmique (la réconciliation universelle des cieux et de la terre) promue par Paul a aussi trait à la relation des hommes régénérés, les « fils de Dieu », avec la terre (Rm 8,19-23), sans parler de la vision apocalyptique de Jean qui se termine avec la promesse d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre (Ap 21-22). L’Église qui émerge aujourd’hui ne peut outrepasser la dimension écologique de son message. Elle doit chercher et trouver sa place et sa voix au sein de ce mouvement qui est aujourd’hui irréversible.
Le combat pour la planète est pourtant loin d’être gagné. Changer les mentalités et les comportements de la majorité de l’humanité est une énorme et presque irréalisable tâche. Sans la participation de la masse critique nécessaire d’êtres humains, de gouvernements et d’entreprises engagés dans une volonté commune de transformation du monde, nous courrons tous vers notre perte. Cette transformation se veut spirituelle, morale et pragmatique. Comme point de départ, je propose que nous renoncions tous à voir la vie comme une possession, mais plutôt comme ce qu’elle est vraiment, un don, autant par sa beauté que par sa bonté, qui nous a été légué. « Ce pourrait être le début d’une nouvelle façon de gouverner, d’une toute nouvelle économie, fondée sur la reconnaissance, le contentement, le partage et, encore mieux, le don de soi. Il est encore temps d’espérer. »
Pierre LeBel
Qui est Pierre LeBel ? Une interview de Pierre LeBel sur le site de Témoins (2012)
https://www.temoins.com/attentes-et-cheminements-pour-de-nouvelles-expressions-chretiennes-au-quebec-interview-de-pierre-lebel-coordinateur-de-jeunesse-en-mission-a-montreal/
par jean | Oct 2, 2019 | ARTICLES, Emergence écologique |
L’écologie nous appelle à regarder vers l’avenir
France vit depuis des années dans une vallée alpine, attentive à la beauté de la création et aux menaces du dérèglement climatique. Elle est consciente des enjeux de notre civilisation. Et si aujourd’hui un souffle nouveau s’élevait ? Quelques paroles ainsi recueillies…
Voici que l’écologie vient réparer les failles humaines du temps et diverses situations et irresponsabilités.
L’avenir occupe à nouveau le temps présent, délivré des instantanéités, sans passé, ni avenir…
En contact avec des jeunes, j’ai constaté que certains étaient focalisés sur le temps présent, sans intérêt pour le passé et sans grand souci de l’avenir. Or la grande question du dérèglement climatique les invite à repenser leur avenir. Seule l’écologie peut leur répondre. La mobilisation actuelle signe leur engagement.
Une civilisation est en marche, retrouvée symboliquement, soit l’écologie soucieuse de l’être : humain, animal, nature…
Une utopie à réaliser qui concerne le Ciel et la Terre, l’Humain et la Création (Le Créateur pour certains)
Autrement dit, prendre le soin de l’Etre (Philon d’Alexandrie)
France
par jean | Oct 2, 2019 | ARTICLES, Emergence écologique, Société et culture en mouvement |
L’enjeu américain
Le réchauffement climatique induit aujourd’hui une conscience de l’urgence de la réduction du CO2, dans l’atmosphère c’est à dire une transformation de tout ce qui engendre cette émission, un changement technique, économique et social. De fait, nous prenons conscience que l’écosystème de la vie, notre « planète bleue », sont en en danger. Les données scientifiques se pressent pour nous dire ce danger. Des mobilisations citoyennes se mettent en route.
Cependant, nous savons en même temps que le problème est mondial. Nous sommes tous concernés. L’aveuglement d’un président induit un retard qui nous affecte tous. C’est le cas du président actuel des Etats-Unis. C’est pourquoi nous rapportons ici un article de Thomas Friedman paru dans le New York Times (1). Journaliste dans ce quotidien , Thomas Friedman, au fil des années, est devenu un expert des questions techniques, économiques et sociales à l’échelle du monde. Ses livres successifs nous ont permis de comprendre la transformation accéléré du monde actuel. Nous avons rapporté sur ce blog les analyses et les conclusions de son dernier livre : « Thank you for being late. An optimist’s guide to thriving in the age of accelérations » (2).
Chroniqueur au New York Times (3), Thomas Friedman écrit chaque semaine un article de fond sur la politique internationale (3). Conscient de l’enjeu écologique, il vient d’alerter l’opinion américaine dans un article où il place cet enjeu au cœur de la prochaine élection présidentielle américaine. Ce sujet ne nous paraît pas anecdotique. C’est pourquoi nous croyons bon de rapporter ici son analyse.
Dans une campagne électorale, il y, bien sûr, une diversité dans les questions abordées. Face à l’inconscience du président actuel, Thomas Friedman appelle le pari démocrate à mettre l’enjeu écologique au centre du débat. Il montre combien les décisions qui ont été prises par ce président sont dangereuses et contreproductives au point que cela peut apparaître clairement aux yeux des électeurs ; « Dans les années 1960, John F Kennedy dynamisa le pays dans une « course pour l’espace ». Les démocrates doivent faire campagne contre Donald Trump dans une « course pour la terre » (Earth race)
Le président actuel « a aboli plus de 80 règles et normes protégeant l’air pur, l’eau, le climat, les parcs nationaux.. ». Qui pourrait l’approuver ? « Notre mère terre s’impose dans ce débat ». la mobilisation en cours dans le monde entier commence à s’étendre aux Etats-Unis. La course pour la terre apparaît désormais comme un enjeu central, car il y a là « une opportunité économique, un impératif de la sécurité nationale, un besoin majeur de la santé, une urgence environnementale et une obligation morale ».
« Trump nous parle de rendre sa grandeur à l’Amérique… C’est ridicule puisqu’il ne prête aucune attention à l’industrie automobile et à ses filières d’approvisionnement. Il essaie de forcer la Californie et d’autres états à affaiblir les règles concernant la consommation kilométrique et la pollution si bien que nos entreprises – qui ne réclament même pas ces mesures – pourront fabriquer des gouffres d’essence et ne plus produire de voitures qui réduisent la consommation d’essence aussi bien que ce qui se fait au Japon et aussi en Chine à travers le développement de voitures électriques … La dernière fois où notre industrie s’est laissé aller vers le bas dans le domaine des normes de consommation et de pollution, cela a été catastrophique… Aujourd’hui, il y a 42 grandes entreprises chinoises qui fabriquent et vendent des voitures électriques . En Chine, à Shenzhen, une grande ville de 12 millions d’habitants, 18000 bus électriques circulent aujourd’hui. 99% des taxis fonctionnent avec des batteries électriques »
« Donald Trump nous dit qu’il est probusiness. C’est ridicule parce qu’il essaie de développer l’usage d’un charbon polluant alors que, en beaucoup de lieux, l’énergie éolienne et l’énergie solaire sont maintenant meilleur marché. Le Los Angeles Time rapporte que le prix de l’énergie éolienne a baissé de 50% et celui de l’énergie solaire de 85% depuis 2010. Selon l’agence de recherche Bloomberg NEF, dans les 2/3 du monde, ces énergies sont maintenant meilleur marché que celles issues des nouvelles centrales à charbon ou à gaz ».
Malgré l’aveuglement présidentiel, les Etats-Unis sont cependant déjà en marche. C’est une bonne nouvelle ! Une nouvelle politique ne requiert donc pas un effort démesuré. Elle demande d’encourager et de généraliser ce qui est déjà en route. En effet, il y a déjà 24 états, de la Californie au Nouveau Mexique, qui ont déjà mis en place, à des degrés divers, des normes concernant les voitures, les maisons et les immeubles, des normes en train de progresser. On en mesure déjà l’impact. « A cause de normes comme celles-là, l’usage global des ressources est maintenant en train de diminuer alors que notre économie continue à grandir ». « Il suffirait donc d’inviter l’ensemble des états, les 50 états à imposer des normes dans ce vaste domaine. Alors l’économie de marché produirait des solutions innovantes . Ce serait une explosion d’innovations qui créeraient des milliers de produits nouveaux disponibles aussi pour l’exportation… »
Ce serait une victoire dans la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale. Thomas Friedman a également écrit, il y a quelques années, un livre de fond sur la question écologique : « Hot, flat and crowded » (4). En regard, notre analyse ne porte ici que sur un article ponctuel. Alors pourquoi lui accorder cette attention ? Dans ses limites, ce texte nous apporte deux informations importantes. Conjoncturellement, une nouvelle politique peut l’emporter. Mais il y a déjà une évolution en cours qui s’avère favorable au changement. Le monde entier commence à bouger. Les Etats-Unis participe à ce processus
J H.
par jean | Sep 5, 2019 | ARTICLES, Emergence écologique, Société et culture en mouvement, Vision et sens |
Une approche de Jürgen Moltmann
La crise actuelle va de pair avec une crise sociale et écologique. De fait, on prend conscience qu’elle révèle l’inadéquation croissante d’un ordre établi de longue date. C’est un changement de civilisation qui s’annonce et se dessine. L’ordre patriarcal ancien est en train de s’affaisser. Or, au cours des derniers siècles, cet ordre avait privilégié un modèle mécanique autour de la fabrication des biens. Aujourd’hui, on prend conscience que ce monde allait de pair avec la conception d’un Dieu éminemment transcendant et dominant. Très tôt, dans les années 1980, Jürgen Moltmann, à travers un livre : « Dieu dans la création » (1), a su analyser cette situation et proposer un traité écologique de la création » . Nous reprenons brièvement ici un aspect éclairant de la prise de conscience qui nous est proposée (2) avec les conséquences libératrices qui en découlent.
La manière de se représenter le monde.
« Le monde , nous dit Jürgen Moltmann, a été perçu à travers un certain nombre de symboles. La pensée biblique, la pensée théologique sont entrées en dialogue avec ces symboles en intégrant certains éléments. Jürgen Moltmann énumère ainsi différents symboles advenus au cours du temps : la mère du monde ; la terre mère ; les symboles de la fête, de la danse, du théâtre, de la musique et du jeu ; le symbole du monde comme ouvrage et comme machine.
Lorsque le monde est conçu comme ouvrage et comme machine, Dieu est envisagé comme un maitre d’ouvrage. « L’imaginaire de ce symbole comprend le monde de l’action, du travail et des œuvres. C’est, avant tout, le monde de l’homme au sens masculin ». « Un enfant surgit dans le ventre de sa mère et est enfanté par elle. Mais l’homme travaille sur quelque chose qui est extérieur et crée une œuvre qui subsiste en dehors de lui. Il connaît la distance qui le sépare de « l’œuvre de ses mains »…Le « monde comme ouvrage divin » reflète, malgré toute la différence, la vision du monde de l’homme travailleur. Là où cette vision s’impose… elle repousse les mythes humains de la mère du monde, de la terre mère et de la fête du ciel et de la terre » (p 387-398). A partir du symbole du monde comme ouvrage divin, se sont développés à l’époque des Lumières, les symboles modernes du monde : le monde comme machine, le monde comme atelier, le monde comme expérience » ( p 398).
Les impasses d’une théologie fondée sur une représentation du monde comme ouvrage et comme machine
A partir d’une analyse historique, Jürgen Moltmann peut mettre en évidence l’impasse où nous a entrainé un monothéisme étroit, une pensée théologique fondée sur une vision du monde comme ouvrage et comme machine. « Au terme d’une longue histoire de la culture et de l’esprit, la vision du monde comme « entente secrète », la métaphysique des puissances vitales, de leurs accords et de leurs désaccords, a été détruite, et cela, d’une part, par le monothéisme, et, d’autre part, par le mécanisme scientifico-technique, par lequel, d’ailleurs, le monothéisme a conquis la place, en désacralisant et en désenchantant la nature. Dieu et la machine ont survécu au monde archaïque et se rencontrent maintenant seuls » (A Gehlen). Si ceci devait être le but du développement, ce serait aussi, en raison de la destruction de la nature, la fin de l’homme » ( p 401). En regard, Moltmann nous propose une autre vision théologique. « La foi chrétienne de la création est la foi messianique en la création. La foi messianique en la création est une connaissance du monde et de l’homme dans la lumière messianique de leur avenir de salut » (p 402). Nous sommes engagés dans « une histoire cosmique inachevée » (p 254).
Les différents symboles du monde énumérés par Moltmann peuvent nous permettre d’y percevoir la présence d’un Dieu immanent. Seul, le symbole du monde comme ouvrage et comme machine, débouche sur une transcendance de Dieu sans partage. « Le monothéisme du Dieu transcendant et la mécanisation du monde suppriment toutes les représentations d’une immanence divine. Avec ce développement , a commencé le démembrement du divin du monde de l’homme. Le déisme a fait de Dieu un Dieu lointain. L’athéisme devait suivre, car il faut que cette machine du monde fonctionne aussi par elle-même sans Dieu » (p 403)
Le déclin du patriarcat
« Une seconde comparaison s’attache aux intérêts et aux expériences humaines qui sont liés à ces symboles du monde. C’est pourquoi on peut reconnaître dans leur histoire le passage du matriarcat des civilisations primitives au patriarcat des civilisations historiques. A l’apparition des symboles patriarcaux du monde est liée la prise de pouvoir et de possession par les hommes » (p 404).
En regard de la domination patriarcale, « est né le messianisme, c’est à dire le messianisme de l’enfant .« En vérité, je vous le dis, si vous ne retournez à l’état d’enfant, vous ne pourrez entrer dans le royaume des cieux » (Matthieu 18.3). Les visions messianiques de l’avenir surmontent la puissance des symboles archaïque et rendent les hommes libres » (p 405). « Le don messianique de l’Esprit, qui surmontent la primauté religieuse de l’homme ou de la femme, est symbolisé, en christianisme, par le baptême des hommes et des femmes, qui remplacent la circoncision purement masculine d’Israël ». ( p 406).
Vers une civilisation nouvelle : écologie et égalité des genres
Nous assistons aujourd’hui à une transformation profonde de la société qui peut être interprétée en terme d’un mouvement vers une civilisation écologique. La pression des évènements va dans ce sens et les mentalités évoluent en profondeur. Or, au même moment, d’autres changements interviennent. Ainsi se manifeste un mouvement en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. On pourrait se demander en quoi ce mouvement a-t-il un lien avec la mobilisation écologique. L’analyse de Moltmann nous apporte une réponse.
« Il paraît raisonnable de chercher à remplacer la vision mécaniste du monde, car c’est image marquée d’une façon unilatérale par le patriarcat. Le passage à une vision écologique du monde fait davantage justice, non seulement aux environnements naturels du monde humain, mais au caractère naturel de ce monde humain lui-même – hommes et femmes. C’est pourquoi il implique de nouvelles formes égalitaires de communauté, dans laquelle la domination patriarcale est abolie et une communauté fraternelle est construite. Les centralisations de la conception mécaniste du monde cèdent le pas à des ententes dans le réseau des relations réciproques… » (p 409).
Une nouvelle expression chrétienne
Un changement de civilisation induit de nouvelles exigences, de nouvelles attentes, de nouvelles aspirations. Il appelle en regard une nouvelle dimension spirituelle. Ici, la reconnaissance du Vivant évoque respect, émerveillement, dépassement. Nous voici en demande d’un renouvellement des pratiques et des représentations religieuses.
Les églises qui s’attarderont dans un style patriarcal, en subiront les conséquences. Cependant, l’enjeu majeur, c’est bien une transformation de la vision théologique. Dès les années 1980, Jürgen Moltmann a esquissé une réponse : une théologie écologique. Son livre : « Dieu dans la création » est présenté en ces termes : « Dans ce traité écologique de la création, Jürgen Moltmann formule, de façon nouvelle, la foi chrétienne en la création de telle sorte que celle-ci ne continue pas à être elle-même un facteur de la crise, mais devienne un facteur de paix avec la nature. Il s’agit d’une doctrine chrétienne de la création, c’est à dire qu’elle prend au sérieux le temps messianique qui a commencé avec Jésus et qui tend vers la libération des hommes, la pacification de la nature et la délivrance de notre environnement à l’égard des puissances du négatif et de la mort. Il s’agit d’une doctrine trinitaire de la création (un Dieu communion). L’insistance sur la création dans l’Esprit et pas seulement par la parole, nous invite à dépasser une conception typiquement moderne de la subjectivité et de la domination mécanique du monde. Ecologie signifie le monde de la « maison » (oikos). Une telle doctrine de la création est une théologie de l’inhabitation de Dieu par son Esprit dans l’ensemble de la création ». Si la récente encyclique du pape François : « Laudato si’ » converge (3), il reste du chemin à faire : reconnaitre et accompagner l’œuvre de l’Esprit dans cette sortie de la civilisation patriarcale, l’entrée dans la dimension écologique, la confrontation avec les menaces assorties au changement, le chemin vers une nouveauté de vie .
J H
- Jürgen Moltmann. Dieu dans la création. Traité écologique de la création . Traduit de l’allemand par Morand Kleiber. Cerf, 1988 (édition originale en 1985). Voir aussi sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : « Dieu dans la création » : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/ Sur ce blog, la pensée de Jürgen Moltmann est très présente : https://vivreetesperer.com/?s=Moltmann+&et_pb_searchform_submit=et_search_proccess&et_pb_include_posts=yes&et_pb_include_pages=yes
- L’analyse de la succession des symboles du monde n’est qu’un aspect de l’évolution générale de la manière de concevoir les rapports entre l’homme et la nature dans le contexte de la relation entre science et théologie. Jürgen Moltmann met en évidence l’évolution de la représentation de Dieu depuis la Renaissance : « L’omnipotence est devenu un attribut prééminent de la Divinité… Comme image de Dieu sur terre, l’être humain a été amené à se voir lui-même en correspondance comme maître et seigneur et à s’élever au dessus du monde et à le subjuguer ». https://vivreetesperer.com/vivre-en-harmonie-avec-la-nature/ La remise en cause de cette domination se poursuit aujourd’hui. Ainsi, au « Center for action and contemplation », Richard Rohr rapporte qu’au Moyen Age, l’univers était perçu comme centré autour de l’homme et de la terre. C’était une conception anthropocentrique. Dieu comme le monde était envisagé dans un ordre stable et hiérarchique. Evidemment, notre représentation de l’univers a complètement changé. « Nous ne sommes plus au centre de rien . Nous avons besoin d’une cosmologie et d’une vision du monde entièrement nouvelle » ( 26 août 2019) https://cac.org/a-new-cosmology-2019-08-26/
- « Convergences écologiques : Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, pape François et Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/
Voir aussi
« Comment entendre les principes de la vie cosmique pour entrer en harmonie »
https://vivreetesperer.com/comment-entendre-les-principes-de-la-vie-cosmique-pour-entrer-en-harmonie/
« Vers une économie symbiotique »
https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/
par jean | Sep 5, 2019 | ARTICLES, Emergence écologique, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
Selon Christine Kristof-Lardet
Manifestement, la transition écologique implique une transformation profonde dans notre genre de vie et, en conséquence, dans nos mentalités. Ce changement, intervenant dans des habitudes séculaires, ne va pas de soi. Il peut entrainer un ressenti de perte et un bouleversement des repères. Le coût est élevé. Face à ce coût, nous avons besoin d’une force motrice qui induise une nouvelle manière de voir, mais aussi de sentir, si bien que les comportements émergents puissent être assortis de satisfactions nouvelles. Par exemple, la « sobriété heureuse » ne peut l’être que si l’on y trouve des satisfactions morales, psychologiques et matérielles permettant de quitter la posture de consommateur traditionnel. La transition écologique implique des transformations sociales et économiques. Elle requiert en conséquence une vision éclairant ces transformations.
Aujourd’hui, à partir même des changements en cours, nous commençons à comprendre que tout se tient et à voir le vivant et le monde dans leurs interrelations, dans une approche globale, dans une perspective holistique. L’ampleur du changement requis requiert un dépassement. On rencontre ici une approche spirituelle si tant est qu’on puisse la définir, avec David Hay (1), comme « une conscience relationnelle » dans une relation avec les autres et avec soi-même, avec la nature, avec la présence divine… Et, de plus, en se référant à un chercheur anglais, Alister Hardy, le même David Hay perçoit le potentiel spirituel de l’homme comme une faculté qui s’inscrit dans l’évolution des êtres vivants. Si, la transition écologique nous achemine vers une civilisation nouvelle, ce processus requiert une vision spirituelle qui puisse éclairer les acteurs. Cette vision est déjà en cours. Elle est exprimée par des théologiens et par des sages (2). Elle inspire des pratiques nouvelles. On assiste à des émergences et à des convergences. Nous avons besoin de reconnaître ce mouvement et d’en percevoir toutes les dimensions. Comment mobilise-t-il déjà de nombreuses ressources en terme d’initiatives et de communautés ? A ce stade, le récent livre de Christine Kristof-Lardet : « Sur la Terre comme au Ciel » (3), est une contribution particulièrement importante puisqu’elle nous fait connaître « les lieux spirituels engagés en écologie ». « Nombre de communautés spirituelles intègrent aujourd’hui la dimension écologique dans leur mode de vie et leurs structures, puisant à la source de leur sagesse les raisons de leur engagement pour la terre et le vivant. En même temps, elles sont des laboratoires où s’inventent et s’expriment des « possibles » qui peuvent nourrir notre société en quête de sens, de valeurs et de repères. Cette ouverture favorise l’émergence d’une approche spirituelle de l’écologie au sein de laquelle les postures du « méditant » et du « militant » se fécondent mutuellement » (page de couverture).
Approche spirituelle de l’écologie
Christinde Kristof-Lardet nous présente ainsi « une approche spirituelle de l’écologie ». C’est la poursuite d’un cheminement que Christine accomplit depuis une vingtaine d’années. « Ecojournaliste, écrivain, voyageur, militante écologiste à les heures, j’ai vu, pleuré et défendu la beauté de la Terre. Je me suis parfois posée dans des monastères retirés du monde et me suis laissé questionner. Comment, devant tant de splendeur, ne pas avoir le cœur chaviré ? Comment trouver la paix intérieure au sein du chaos que mes reportages me donnaient à voir ? Comment concilier ma quête écologique et ma quête spirituelle ? c’est lors d’une grande rencontre organisée au centre bouddhiste Karma Ling en Savoie que la jonction s’est opérée et que j’ai compris qu’écologie et spiritualité n’étaient en fait qu’une seule et même réalité. Cette prise de conscience a signé le début de mon exploration » (p 9). Dans une inspiration chrétienne et dans une dimension interreligieuse, Christine Kristof Lardet a donc suivi cette voie, la voie d’une convergence entre écologie et spiritualité. Journaliste, spécialiste des questions écologiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef de la revue Présence (4). Dans la continuité d’un travail jadis engagé par le WWF en direction des spiritualités, elle a poursuivi cette tâche en créant avec d’autres personnes de diverses traditions, un « Réseau des écosites sacrés ». « La vocation de ce réseau est de mettre en lumière les initiations écologiques inspirantes au sein des centres spirituels et de favoriser le dialogue entre ces lieux ».
Il s’agit bien de mettre en évidence la montée d’une approche spirituelle de l’écologie. « S’interroger sur les causes profondes de la destruction de la nature et de la crise écologique conduit à comprendre que celles-ci s’enracinent en grande partie dans notre cœur, notre culture et notre façon de « penser le monde ». C’est donc là, dans notre esprit et notre cœur que nous devons aussi chercher les solutions. La perspective de l’effondrement ne relèvent pas de la crise à résoudre ; elle nous appelle à une transformation intérieure qui seule permettra une véritable mutation de notre société… Il nous faut accomplir « un saut quantique » de la conscience. Pour cela, il convient de sortir de la séparation – perçue ou vécue comme telle – entre le monde de l’écologie et celui de la spiritualité. Développer une approche spirituelle de l’écologie, au sein de laquelle la posture du « méditant » vient nourrir celle du « militant » – et inversement – ouvre des perspectives de réconciliation et d’espérance » (p 11).
Un réseau d’écosites sacrés
Nous découvrons à travers ce livre de nombreuses communautés qui s’inscrivent dans des cheminements religieux différents, du christianisme, aux religions orientales et aussi à des spiritualités émergentes et qui, chacune, s’ouvrent à la conscience écologique. On pourrait dire que, d’une certaine manière, leurs pratiques spirituelles les prédisposent à un éveil écologique, mais que c’est justement cet éveil qui engendre une dynamique commune. « L’écologie se pose de façon transversale au cœur des traditions spirituelles et inspire chacun de nous, « habitants de la maison commune », croyants et non croyants confondus : « Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous », écrit le pape François dans l’encyclique « Laudato si’ » consacrée à l’écologie. Découvrir quelles sont les visions et les ressources cultivées au sein des centres spirituels, les mettre en lumière et montrer leur pertinence est un des buts de cet ouvrage » (p 11-12). Quelque soient les manques et les dysfonctionnements éventuels, ces communautés participent à une évolution générale. Elles innovent. « Toutes ces communautés, aussi imparfaites soient-elles, peuvent être également vues comme des laboratoires ou s’expérimente en miniature et de manière concentrée tout ce que notre humanité traverse à une plus grande échelle. Ce qui se joue dans notre société, notamment la transition écologique, se joue également en microcosme au sein des centres spirituels. Dans ce sens, il n’est peut-être pas vain d’imaginer que tous les trésors d’amour, de courage et de perspicacité mis en œuvre par ces communautés puissent être profitables au plus grand nombre » (p 12-13).
Ainsi, l’auteure nous introduit ici dans la vie d’une trentaine de communautés à travers « des reportages, réalisés en plusieurs années et actualisés en permanence, pensés dans une perspective de découverte et de partage et témoignages vécus »… Notre posture de base s’inscrit dans une neutralité bienveillante et lucide ». Le lecteur que nous sommes, trouve que cet objectif a été bien rempli. Chaque communauté est l’objet d’une monographie qui nous permet de la situer dans son histoire et d’en découvrir la vie quotidienne dans ses différents aspects. En 200 pages, il y a là un ensemble d’études de cas particulièrement éclairantes.
Nous voici en voyage : Des communautés chrétiennes anciennes ou nouvelles, des communautés de tradition orientale, des « communautés spirituelles intentionnelles »…
Quelques exemples en empruntant un tout petit bout de descriptif :
Le Centre Amma de Pontgoin
« Le Centre Amma de Pontgoin, teinté d’Orient et d’Occident, est tout d’abord un lieu pour vivre les enseignements d’Amma… la sainte indienne qui serre les foules dans ses bras. Il s’inscrit dans la lignée des ashrams indiens par sa philosophie, les rituels et la discipline qui y est pratiquée. En même temps, cet ashram est un écosite qui expérimente et promeut un vivre-ensemble écologique en harmonie avec la nature… Au Centre Amma où l’on s’exerce aussi bien à la méditation, qu’à la permaculture, à la gouvernance partagée ou à l’art du compostage, la pratique spirituelle et l’engagement écologique se nourrissent mutuellement » ( p 21).
L’Arche de Saint-Antoine
« Dans cette ancienne abbaye, lovée au pied du Vercors, s’expérimente, depuis une trentaine d’années, une vie profonde de fraternité et de partage dans l’esprit de Lanza del Vasto, un disciple chrétien de Gandhi, à mi-chemin entre la vie monastique et la vie laïque. Cette communauté se compose aujourd’hui d’une cinquantaine de personnes qui expérimentent un mode de vie simple fondé sur la non-violence et la spiritualité, et sous-tendu par la recherche d’une harmonie avec soi, les autres et la nature. Ces valeurs constituent la trame d’une écologie intégrale qui se décline dans tous les aspects de la vie » (p 39).
Le Village des Pruniers
Fondé au cœur de la Dordogne par le vénérable moine, Thich Nhat Han en 1982, ce centre spirituel incarne le rêve de son fondateur de développer, dans un lieu de nature préservé et nourrissant, une communauté conjuguant la pratique de la pleine conscience et le vivre-ensemble fraternel… Puisant aux fondements de la tradition bouddhiste zen, cette communauté internationale propose aux multiples retraitants d’expérimenter la pratique de la méditation dans ses différentes formes et de vivre un chemin de réconciliation avec soi, avec les autres et avec la Terre » (p 59).
L’écohameau de La Chaux en Côte d’or
« Loin du tout-conformisme comme du tout-confort, Marie et Alexande Sokolovtch posent leur sac en juin 2009 à la ferme de La Chaux en Bourgogne après des années de nomadisme alternatif au service de jeunes démunis. Leur désir : prendre le temps, à la suite de Jésus, de vivre une simplicité volontaire et évangélique dans la cohérence entre engagement social, écologique et spirituel… Les Evangiles, c’est notre base et notre nourriture… Aujourd’hui, trois familles sont installées à La Chaux et forment avec sept enfants et un célibataire, une communauté d’une quinzaine d’habitants fixes. Inspirée des communautés de l’Arche de Lanza del Vasto, le ferme de La Chaux est aujourd’hui un bastion de la sobriété et de la débrouille, mais aussi un lieu où s’expérimente de façon atypique, le partage, l’accueil inconditionnel du prochain et la relation à la terre. Par son mode de vie et sa pratique, la ferme de La Chaux explore les différentes dimensions de l’écologie : la sobriété, l’usage du troc, la relation à la terre avec la réalisation de zones de maraichages ouvertes à tous et des cultures de variétés anciennes de blé en agroforesterie… , le partage et le don » (p 139-140)
Le monastère de Taulignan
« Onze sœurs vivent aujourd’hui dans ce monastère perdu au milieu de la Drome provençale. Elles cultivent des plantes aromatiques servant à créer des huiles essentielles ou des hydrolats dans la distillerie qu’elles ont fait construire en 2014. Cette activité est née de la nécessité de trouver une activité pouvant assurer leur subsistance en accord avec la vie monastique. C’est un parcours écologique qui a été encouragé par le paysan philosophe Pierre Rabbi. Au cœur de leur vie communautaire et de prière, ces pionnières cherchent à explorer entre Terre et Ciel la ligne de crête entre foi et écologie » (p 105).
Le monastère Orthodoxe de Solan dans le Gard
« Le monastère de Solan abrite aujourd’hui 17 moniales de tradition orthodoxe qui vivent principalement de la production de vin et des produits de leurs récoltes au potager ou au verger » . « La rencontre avec l’agroécologiste Pierre Rabbi dans les années 1990 a été décisive ». Elles ont accompli un beau parcours écologique. « Aujourd’hui, elles mettent en pratique ces principes écologiques d’autant plus naturellement qu’elles les vivent aussi de l’intérieur par la prière… la liturgie… une ascèse et l’eucharistie partagée dans une conscience ouverte au cosmos ». « Dans notre tradition, nous n’avons pas la dichotomie habituelle entre le spirituel et le matériel, le Créateur et la Création, entre l’homme et la nature… Nous nous sentons vraiment faire partie de la Création… » (p 136-131)
L’écovillage de Findhorn en Ecosse
« Le rôle de Findhorn depuis sa création a été de démontrer l’expérience pratique de la communion et de la coopération avec la nature fondée sur une vision de la vie et de l’intelligence organisée qui lui est inhérente » ( David Spangler). Au départ, en 1962 ,dans le nord de l’Ecosse, « c’est un groupe de trois adultes et six enfants, poussés par le « destin », qui s’installe sur un terrain de caravaning et qui développe une vie en harmonie avec le divin et la nature. Aujourd’hui, c’est une communauté composée d’environ 600 personnes qui propose un modèle de vie cohérente fondée sur trois principes : la spiritualité (par l’écoute intérieure), le service à autrui (par l’amour en action), et l’écologie globale (par l’intelligence au cœur de la nature) »… « La communauté de Findhorn s’illustre pas sa longévité et son développement exceptionnel… Elle a su conjuguer la spiritualité, la relation à la nature et le service au monde. Ces bases solides ont permis l’émergence de nouveaux paradigmes et de chemins jusque là inexplorés, en particulier la coopération avec l’intelligence de la nature… Dans ce creuset, s’est développée non seulement une conscience forte de l’unité de toutes choses, mais aussi la nécessité d’inscrire notre humanité dans le cercle beaucoup plus vaste de la communauté du vivant, avec laquelle nous partageons une fraternité ontologique » (p 177 et 198).
A travers ces quelques exemples, une grande émergence apparait et des convergences sensibles se manifestent.
A partir de cette recherche, Christine Kristof-Lardet met en évidence un dynamique spirituelle, communautaire, écologique. « Dépositaires de sagesse, ces communautés peuvent contribuer à soutenir et à nourrir l’évolution du monde, sa conversion vers un authentique respect de la planète et de tous les êtres qui l’habitent. Ce n’est que dans une approche globale, écosystémique, transdisciplinaire que nous pouvons répondre aux défis de notre temps » (p 235-236).
Ce livre bien écrit, bien construit rend compte au plus près de la démarche des communautés où la spiritualité et l’écologie s’allient. Il tient bien l’objectif annoncé : être « une ressource qui peut inspirer chacun dans sa quête d’harmonie et ouvrir des perspectives pertinentes pour notre monde en transition » .Comme l’écrit Sabish Kumar : « La transition nous appelle à passer à une vision holistique du monde, où physique et métaphysique, engagement et spiritualité dansent ensemble comme les deux faces d’une même médaille : Transition extérieure et transition intérieure vont de pair » (p 9)
J H
- David Hay. La vie spirituelle comme une conscience relationnelle. La recherche de David Hay sur la spiritualité d’aujourd’hui (« Something there. The biology of the human spirit ») : https://www.temoins.com/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/
- Une vision exprimée par des théologiens et des sages. Ce livre comprend une bibliographie étendue (p 267-273) ; L’auteure note l’influence des spiritualités bouddhiste, hindouistes et plus largement orientales . « Ces spiritualités qui, pour la plupart s’ancrent dans une approche écosystémique et holistique, ont permis d’élargir les perspectives de nos cultures souvent cartésiennes, réductionnistes et largement anthropocentriques… Les résonnances étonnantes entre les textes récents du dalaï-lama autour de la responsabilité universelle par exemple et ceux du pape François dans l’encyclique « Laudato si’» sur l’écologie intégrale, révèlent une complémentarité de points de vue » (p 81), Dans le champ de la théologie chrétienne, Jürgen Moltmann a accompli un travail pionnier puisque son livre : « Dieu dans la création » et avec pour sous-titre : « Traité écologique de la création » est paru au Cerf en 1988. Courte présentation : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/ La pensée théologique de Jürgen Moltmann est très présente sur ce blog : « Convergences écologiques : Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, pape François, Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/ Nous mettons également en évidence le courant écologique outre-Atlantique inspiré par le théologien : Thomas Berry : « Comment entendre les principes de la vie cosmique pour entrer en harmonie » : https://vivreetesperer.com/comment-entendre-les-principes-de-la-vie-cosmique-pour-entrer-en-harmonie/ Dans son « Center for action and contemplation », Richard Rohr développe également une spiritualité écologique. Nous avons rapporté certains de ses thèmes : « L’homme, la nature et Dieu » : https://vivreetesperer.com/lhomme-la-nature-et-dieu/
- Christine Kristof-Lardet. Sur la Terre comme au Ciel. Lieux spirituels engagés en écologie. Labor et Fides, 2019
- Présence. La revue des chercheurs de sens : https://revuepresence-leblog.com