par jean | FĂ©v 12, 2017 | ARTICLES , Vision et sens |
Câest la question qui a Ă©tĂ© posĂ©e Ă CĂ©cile Entremont et Ă laquelle elle rĂ©pond dans une interview rapportĂ©e dans la vidĂ©o ci-dessous.
CĂ©cile Entremont est psychologue clinicienne, psychothĂ©rapeute et docteure en thĂ©ologie. Son parcours est relatĂ© dans une interview accessible sur le site de TĂ©moins (1). Et, au cours des derniĂšres annĂ©es, elle sâest engagĂ©e dans la voie de lâaccompagnement spirituel  en lien avec lâassociation Aaspir oĂč elle collabore avec Lytta Basset, une thĂ©ologienne auteure de nombreux livres oĂč elle apporte un Ă©clairage original pour le vĂ©cu Ă la lumiĂšre de sa lecture des textes Ă©vangĂ©liques (2). CĂ©cile a dĂ©veloppĂ© un centre dâaccueil en Bourgogne oĂč elle propose des sessions dâaccompagnement et de formation (3). Elle vient Ă©galement de publier un livre oĂč elle sâinterroge sur les aspirations, les peurs et les questionnements des gens dâaujourdâhui et apporte, en rĂ©ponse, le fruit de sa recherche et de son expĂ©rience : « Sâengager et mĂ©diter. DĂ©passer lâimpuissance, prĂ©parer lâavenir » (4). CĂ©cile Entremont est intervenue rĂ©cemment Ă la journĂ©e organisĂ©e par lâassociation TĂ©moins sur le thĂšme : « Parcours de foi aux marges des cadres institutionnels » (5).
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De par sa profession et par ses engagements, CĂ©cile est en relation avec de nombreuses personnes en recherche. Au cĆur de la foi chrĂ©tienne, telle que JĂ©sus nous la communique, il y a bien une inspiration majeure : la rĂ©vĂ©lation et la manifestation de lâamour de Dieu. Mais cette affirmation a souvent Ă©tĂ© brouillĂ©e par des malentendus. Et, pour de nombreuses personnes aujourdâhui, la reprĂ©sentation de Dieu ne va pas non plus de soi.  En rĂ©ponse Ă la question : « Comment aujourdâhui dire au mieux lâamour de Dieu et ainsi faciliter sa rĂ©ception ? », CĂ©cile Entremont nous rĂ©pond ici dans une courte interview en vidĂ©o rĂ©alisĂ©e par Alain Gubert (6).
Les contextes culturels et spirituels sont aujourdâhui trĂšs divers. Dans le contexte de son environnement, CĂ©cile nous dĂ©crit un cheminement spirituel en Ă©cho Ă cette question. Ainsi se dĂ©gagent trois grandes pistes : Ă©merveillement en prĂ©sence de ce qui invite au dĂ©passement, comme la beautĂ© de la nature, rencontre avec le profond de lâhumain, pressentiment dâun au delĂ âŠ(7).  En regard, CĂ©cile Entremont mentionne lâĆuvre de Maurice Bellet, thĂ©ologien, philosophe et psychanalyste, une oeuvre de longue haleine Ă la recherche de lâessentiel du message Ă©vangĂ©lique (8). Cette interview ouvre un horizon de recherche.
J H
(1)           Un accompagnement psychologique et spirituel. Parcours de Cécile Entremont, psychologue, animatrice et théologienne : http://www.temoins.com/un-accompagnement-psychologique-et-spirituel-parcours-de-cecile-entremont-psychologue-animatrice-et-theologienne/
(2)           Sur ce blog, présentation de son livre : « Oser la bienveillance » : https://vivreetesperer.com/?p=1842
(3)           Un lieu dâaccueil en Bourgogne : « Partager un ressourcement » : https://vivreetesperer.com/?p=1549
(4)           CĂ©cile Entremont. Sâengager et mĂ©diter en temps de crise. DĂ©passer lâimpuissance, prĂ©parer lâavenir. TempsprĂ©sent, 2016
(5)           « Parcours de foi aux marges des cadres institutionnels » : Interview vidéo de Cécile Entremont : « Spiritualité en post-modernité » : https://www.youtube.com/watch?v=MhV9aWrNGzA&feature=youtu.be&list=PLZeo7Oy8lb_Ap552kFrphuHk4QodrW-UU
(6)           « Comment aujourdâhui dire au mieux lâamour de Dieu et faciliter ainsi sa rĂ©ception ? » Interview de CĂ©cile Entremont par Alain Gubert. RĂ©alisation technique : Pierre-Jean Gubert (entreprise Carrousel).
(7)           En Ă©cho Ă cette interview, voici quelques articles tĂ©moignant de notre dĂ©marche personnelle sur ce blog. « Quelle est notre image de Dieu ? « A la recherche du dĂ©sir de Dieu au plus profond et au plus vivant de mon dĂ©sir » : https://vivreetesperer.com/?p=1509 « Se sentir aimĂ© de Dieu » : https://vivreetesperer.com/?p=1752  « Voir Dieu dans la nature » : https://vivreetesperer.com/?p=152  « Ce qui nous Ă©merveille » : https://vivreetesperer.com/?p=253                                 « Les expĂ©riences spirituelles » : https://vivreetesperer.com/?p=670  « ReconnaĂźtre la prĂ©sence de Dieu Ă travers lâexpĂ©rience » : https://vivreetesperer.com/?p=1008  « Par delĂ la sĂ©paration » : https://vivreetesperer.com/?p=2209   « Devenir plus humain » : https://vivreetesperer.com/?p=2105 « Le Dieu vivant et la plĂ©nitude de vie » : https://vivreetesperer.com/?p=2413
(8)Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â http://belletmaurice.blogspot.fr
par jean | Déc 1, 2014 | ARTICLES , Emergence écologique , Expérience de vie et relation , Société et culture en mouvement |
Des tĂ©moignages porteurs dâespĂ©ranceÂ
 Dans la morositĂ© du temps, lorsquâau dĂ©sarroi et Ă la dĂ©tresse de beaucoup de gens, sâajoutent le manque de vision des politiques et la focalisation des mĂ©dias sur les mauvaises nouvelles, alors on a besoin dâanalyser plus profondĂ©ment les changements en cours et de mettre en Ă©vidence des Ă©volutions positives, de discerner des pistes dâespĂ©rance. VoilĂ pourquoi le recueil dâentretiens publiĂ© par » mĂ©rite notre attention. Et le sous-titre prĂ©cise le propos : « Entretiens avec dix grands tĂ©moins pour retrouver confiance  » (1).
Les chapitres correspondants mĂ©ritent dâĂȘtre Ă©noncĂ©s, car on perçoit, Ă travers cette liste, des thĂšmes privilĂ©giĂ©s comme la transition Ă©cologique (Nicolas Hulot, Anne-Sophie Novel, Pierre Rabhi), une pratique nouvelle de lâĂ©conomie  (Cynthia Fleury, Anne-Sophie Novel, Dominique MĂ©da), une aspiration spirituelle et morale (FrĂ©dĂ©ric Lenoir, Pierre-Henri Gouyon, Abdal Malik, Françoise HĂ©ritier). Et, il y a, chez chacun des auteurs, un choix de lâespĂ©rance tant pour la vie personnelle que pour une vision de lâavenir de notre sociĂ©tĂ©. Câest un dĂ©nominateur commun entre les personnes interviewĂ©es par Olivier Le Naire. Celles-ci ont mĂȘme exprimĂ© leur dĂ©marche dans un manifeste publiĂ© au dĂ©but du livre : « Nos voies dâespĂ©rance ».
Le déroulé des titres dans le sommaire exprime bien le cheminement de cette pensée et de cet engagement :
° Refonder la vie publique, réussir la transition écologique (Nicola Hulot)
° Combattre les inégalités, choisir notre liberté (Cynthia Fleury)
° Apprendre Ă partager, humaniser lâĂ©conomie (Anne-Sophie Novel)
° Donner un sens à sa vie (Frédéric Lenoir)
° Réinventer le travail et la croissance (Dominique Méda)
° Se réconcilier avec la nature (Pierre Rabhi)
° Réapprivoiser les sciences (Pierre-Henri Gouyon)
° RĂ©ussit lâintĂ©gation, relancer la citoyennetĂ© (Abd al Malik))
° Trouver notre identité et notre place dans le monde (Eric Orsenna)
°Apprendre à vivre ensemble, éduquer autrement (Françoise Héritier)
Conscience Ă©cologique
La prise de conscience de la valeur de la nature et du respect qui doit lui ĂȘtre portĂ©, est un des fils conducteurs
Aujourdâhui, le parcours de Pierre Rabhi est de plus en plus connu dans notre pays. Son interview tĂ©moigne Ă la fois dâun constat des impasses dâune technologie sans conscience et dâune dimension morale et spirituelle. Pierre Rabhi Ćuvre pour la promotion dâune agroĂ©cologie. « LâagroĂ©cologie, ce nâest pas un marchĂ©, ce nâest pas un business, mais quelque chose qui participe Ă un vĂ©ritable changement de sociĂ©tĂ©. Un autre rapport Ă la vie, un autre rapport spirituel, esthĂ©tique, Ă©thique au monde » (p 132).
Dans ce recueil, Nicolas Hulot est une autre grande figure de lâĂ©cologie. EngagĂ© dans une action Ă grande Ă©chelle, confrontĂ© Ă lâinconscience de certains cercles dirigeants, il sait mettre en valeur les expĂ©riences positives et les situations Ă portĂ©e de la main.
Une nouvelle approche Ă©conomique et sociale
# Un autre fil conducteur est la mise en Ă©vidence du changement qui commence Ă se manifester dans la pensĂ©e Ă©conomique. Ainsi plusieurs auteurs dĂ©noncent lâabus actuel du terme de crise qui sous-tend lâidĂ©e quâon pourrait revenir au modĂšle antĂ©rieur. On ne peut croire quâ « avec un hypothĂ©tique retour de la croissance, tout pourrait redevenir comme avant. La croissance se heurte Ă des limites physiques. Comme les ressources de la planĂšte connaissent leur finitude, nous devons donc accepter que tout retour au passĂ©, non seulement ne soit pas souhaitable, mais impossible » (p 19). Mais lĂ aussi, on voit apparaĂźtre des voies nouvelles qui renouvellent la pratique Ă©conomique. Anne-Sophie Novel met en Ă©vidence lâĂ©mergence de lâĂ©conomie collaborative (2) oĂč le changement des pratiques Ă©conomiques va de pair avec la transformation des pratiques sociales. Cynthia Fleury Ă©voque la transformation de la vie professionnelle et, face Ă une Ă©volution oĂč lâemploi se rarĂ©fie, elle propose dâoffrir « à tout individu, dĂšs sa naissance, une allocation universelle, versĂ©e chaque mois et tout au long de la vie, ce revenu Ă©tant prĂ©cisĂ©ment dissociĂ© du travail et de lâemploi » (p 53). Dominique MĂ©da critique une fixation sur la croissance du PIB et esquisse une conception nouvelle du travail.
Aspirations spirituelles
 A partir de leur champ dâintervention, les auteurs prĂ©sents dans ce recueil sâentendent pour mettre en Ă©vidence une transformation des genres de vie. Cette nĂ©cessaire transformation, dĂ©jĂ en route, requiert un changement personnel . Abd al Malik nous raconte comment, dans le contexte dâun quartier dĂ©favorisĂ©, il a traversĂ© une pĂ©riode de petite dĂ©linquance, en est sorti et vit une expĂ©rience spirituelle. En exergue de sa contribution qui est aussi un appel Ă la fraternitĂ©, Abd al Malik cite une pensĂ©e de Ludwig Wittgenstein : « La meilleure des choses que lâon puisse faire pour amĂ©liorer le monde, câest sâamĂ©liorer soi-mĂȘme » (p 159).
Câest aussi lâappel de FrĂ©dĂ©ric Lenoir : « Vous connaissez la fameuse phrase de Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez dans le monde  ». Il faut le dire, le rĂ©pĂ©ter. Cela ne sert Ă rien de vouloir changer le monde si on ne change pas soi-mĂȘme, si on nâa pas des comportements Ă©thiques, des engagements, une justesse de vie dans nos actes quotidiens » (p 91). La transformation en cours appelle et suscite des aspirations spirituelles . FrĂ©dĂ©ric Lenoir identifie les obstacles, et, en regard, il met en évidence quelques pistes de cheminement spirituel (3). Il nous parle des spiritualitĂ© s asiatique s qui, « telles quâelles ont Ă©tĂ© importĂ©es -jâinsiste sur ce point- ont Ă©tĂ© adaptĂ©s Ă nos besoins. Elles nous aident Ă vivre mieux parce ce quâelles proposent des outils de lien entre le corps et lâespritâŠÂ » (p 96). Sâil y a eu des dĂ©rives dans la religion dominante en France, « un christianisme qui est devenu une religion sociale », FrĂ©dĂ©ric Lenoir nous montre comment « le message de lâEvangile a, au contraire, pour but de nous aider Ă acquĂ©rir une libertĂ© intĂ©rieure, Ă aller vers une recherche de la vĂ©ritĂ© qui libĂšre (« La vĂ©ritĂ© vous rendra libre », dit JĂ©sus). Câest aussi un message dâamour du prochain qui pose comme prioritĂ© la communion des uns avec les autres » (p 95).
Sur un autre registre, un scientifique, biologiste spĂ©cialisĂ© en sciences de lâĂ©volution, Pierre-Henri Gouyon sâinterroge sur les risques encourus par lâhumanitĂ© face Ă un changement technologique extrĂȘmement rapide et incontrĂŽlĂ©. « Les actions que nous dĂ©cidons dans la prĂ©cipitation et lâaveuglement sont-elles bonnes pour lâavenir de lâhumanitĂ©Â ? » (p 143). Trop souvent, la science gĂ©nĂšre et couvre aujourdâhui une « course folle de la technologie » (p 148). Et il en donne des exemples, des OGM aux nanotechnologies. Il Ă©voque la menace dâun eugĂ©nisme ravageur. Pour faire face Ă ces menaces, on a besoin de principes. « Nous avons besoin de principes sur la maniĂšre de considĂ©rer la vie et pas seulement la vie humaine . Globalement, existe-t-il quelque chose de respectable dans tout ce qui est vivant et que signifie respecter le vivant ? (p 157)
Du pessimisme à une espérance active
Il y a donc aujourdâhui Ă la fois des menaces, des prises de conscience et des pistes pour des transformations positives. Cependant, il semble que le pessimisme des français quant Ă leur avenir collectif est aujourdâhui encouragĂ© par les attitudes de certains milieux influents dans diffĂ©rents cercles de pouvoir ou dans des mĂ©dias. Dans un de ses derniers livres : « Une autre vie est possible » (4), Jean-Claude Guillebaud dĂ©nonce un pessimisme rĂ©pandu dans lâintelligentsia parisienne. FrĂ©dĂ©ric Lenoir abonde dans ce sens. « En France, la plupart des intellectuels entretiennent une sorte de cynisme. Pour eux, par exemple, le bonheur est une chimĂšre et trĂšs peu osent encore en parler » (p 85)⊠Je constate un dĂ©calage entre ceux qui vivent Ă Paris et les autres⊠Les provinciaux se montrent en gĂ©nĂ©ral plus optimistes, cherchent des solutions et sont davantage prĂȘts Ă se mobiliser. Le mal français vient aussi du fait que la majoritĂ© des mĂ©dias et des Ă©lites vit justement Ă Paris dans un milieu stressĂ© et, en gĂ©nĂ©ral, assez cynique, ce qui offre une caisse de rĂ©sonance nationale Ă ce pessimisme » (p 86). Et, par ailleurs, FrĂ©dĂ©ric Lenoir rejoint un diagnostic qui est exprimĂ© par plusieurs autres auteurs dans ce livre : « Au lieu de tenir le discours dâune remise Ă plat, trop dâexperts ou dâhommes politiques français prĂ©tendent revenir au modĂšle des Trente Glorieuses, Ă ce quâon aurait perdu, alors que je suis convaincu -et je ne suis pas le seul- quâon nâĂ©chappera pas Ă une remise en question trĂšs profonde de notre modĂšle de dĂ©veloppement. Bien sĂ»r lâĂ©conomie est importante, mais, pour aller mieux, il faut avant tout se reposer cette question essentielle :  Quâest ce que bien vivre ? Comment vivre de maniĂšre harmonieuse, Ă la fois individuellement et collectivement, dans un monde globalisĂ© oĂč les ressources sont limitĂ©es ? » (p 86)
Ce livre met ainsi en Ă©vidence des convergences entre des auteurs aux cheminements divers. Il exprime un nouvel Ă©tat dâesprit. Il met en valeur des pistes de changement balisĂ©es par de nombreuses innovations. Câest bien une perspective Ă partager sur un blog qui veut se fonder sur une dynamique dâespĂ©rance (5).
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(1)           Le Naire (ed). Nos voies dâespĂ©rance. Entretiens avec 10 grands tĂ©moins pour retrouver confiance. Actes Sud/ LLL Les liens qui libĂšrent, 2014. Sur le site dâActes Sud, voir les interviews des auteurs en vidĂ©o : http://www.actes-sud.fr/nos-voies-desperance
(2)           Sur ce blog : « Anne-Sophie Novel, militante Ă©cologiste et pionniĂšre de lâĂ©conomie collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1975                                 « Une rĂ©volution de lâĂȘtre ensemble⊠PrĂ©sentation du livre dâAnne-Sophie Novel et StĂ©phane Riot : « Vive la co-rĂ©volution. Pour une sociĂ©tĂ© collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1394
(3)           Sur ce blog : « Un chemin de guĂ©rison pour lâhumanitĂ©. PrĂ©sentation du livre de FrĂ©dĂ©ric Lenoir : « La guĂ©rison du monde » : https://vivreetesperer.com/?p=1048
(4)           Sur ce blog « Pour vivre ensemble, il faut ĂȘtre orientĂ© vers lâavenir. Le livre de Jean-Claude Guillebaud : « Une autre vie est possible » : https://vivreetesperer.com/?p=1986
(5)           Si certaines formes religieuses sont marquĂ©es par les sĂ©quelles du passĂ©, nous nous rĂ©fĂ©rons ici Ă la pensĂ©e dâun thĂ©ologien de lâespĂ©rance : JĂŒrgen Moltmann. Il Ă©crit : « De son avenir, Dieu vient Ă la rencontre des hommes et leur ouvre de nouveaux horizons qui dĂ©bouchent sur lâinconnu et les invite Ă un commencement nouveau⊠Le christianisme dĂ©borde dâespĂ©rance⊠Il est rĂ©solument tournĂ© vers lâavenir ». (p 109, in : JĂŒrgen Moltmann. De commencements en recommencements. Une dynamique dâespĂ©rance. Empreinte, 2012). Voir : https://vivreetesperer.com/?p=572                                       Voir aussi : « Vivre en harmonie avec la nature. Ecologie, thĂ©ologie et spiritualité » : https://vivreetesperer.com/?p=757                                     Ouverture Ă la pensĂ©e de JĂŒrgen Moltmann sur le blog : « LâEsprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com/
Sur ce blog, voir aussi :
« Un mouvement Ă©mergent pour le partage, la collaboration et lâouverture. OuiShare, comunautĂ© leader dans le champ de lâĂ©conomie collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1866
« Une jeunesse engagée pour une société plus humaine et plus durable » : https://vivreetesperer.com/?p=1780
« Face Ă la crise, un avenir pour lâĂ©conomie. La troisiĂšme rĂ©volution industrielle » : https://vivreetesperer.com/?p=354
« Une rĂ©volution en Ă©ducation. Lâimpact dâinternet pour un nouveau paradigme en Ă©ducation » : https://vivreetesperer.com/?p=1565
« Emergence en France de « la société des modes de vie. La vision de Jean Viard sur le potentiel français » : https://vivreetesperer.com/?p=799
« Une thĂ©ologie pour la vie. JĂŒrgen Moltmann en conversation avec un panel de thĂ©ologiens » : https://vivreetesperer.com/?p=1917
par jean | Sep 25, 2015 | ARTICLES , Vision et sens |
« Dieu appelle » : des paroles inspirantes.
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Notre vie sâinscrit dans un tissu de relations. JâĂ©prouve ce dĂ©sir de relation : partager ce qui est bon et beau, reconnaissance mutuelle, bienfait de la prĂ©sence, accompagnement dans les Ă©preuves. Nous faisons partie dâun tout. Tout se tient. Dans cette interrelation, nây aurait-il pas plus particuliĂšrement une prĂ©sence qui entre en relation avec nous en nous manifestant un amour attentif et en nous communiquant une inspiration vivifiante. Nous ne sommes pas seuls dans lâunivers. Il y a bien une voix qui cherche Ă se faire entendre. Câest bien ce que nous dit le rĂ©cit biblique. Dieu, communion dâamour, sâest rĂ©vĂ©lĂ© dans la vie, la mort et la rĂ©surrection de JĂ©sus-Christ. Il a ouvert une relation qui se poursuit aujourdâhui dans lâEsprit. Cette relation sâexerce dans des formes diffĂ©rentes, entre autres, dans la frĂ©quentation de la Parole Biblique et dans la priĂšre, et elle a besoin de se nourrir de reprĂ©sentations. Qui est Dieu ? Comment lui parler ? Comment le message qui nous est destinĂ© sâinscrit-il dans ce que Dieu nous a dĂ©jĂ communiquĂ©Â ? Les moments varient. Ce peut ĂȘtre le ressenti dâ « une vie bonne » qui nous invite Ă exprimer une louange et Ă participer davantage Ă la gĂ©nĂ©rositĂ© de Dieu. Ce peut ĂȘtre aussi un temps dâĂ©preuve oĂč on est pressĂ© de toute part et oĂč lâhorizon paraĂźt bouchĂ©. Alors oui, quelle grĂące dâentendre une voix qui encourage, qui communique force et confiance !
Parmi les livres qui peuvent nous aider dans cette recherche spirituelle, il y a un recueil de messages inspirĂ©s : « Dieu appelle » (1). Ce livre a Ă©tĂ© publiĂ© en Angleterre durant lâentre deux guerres, puis traduit en français par un pasteur qui a jouĂ© un rĂŽle important de mĂ©diateur culturel. Cet ouvrage a Ă©tĂ© vendu Ă un grand nombre dâexemplaires au long des annĂ©es et il rencontre encore aujourdâhui une rĂ©ception favorable. Il traverse les frontiĂšres confessionnelles. Cette diffusion est un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne sur lequel nous reviendrons.
« Dieu appelle » : quel contexte ?
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Mais comment ce livre a-t-il Ă©tĂ© Ă©crit ? Câest ce que nous rapporte le pasteur GĂ©ofranc, lui-mĂȘme traducteur de cet ouvrage dans lâĂ©dition française.
« Ce livre nâest pas un livre ordinaire. Le contenu a Ă©tĂ© reçu par deux humbles femmes qui ont tenu Ă conserver lâanonymat, plus particuliĂšrement par lâune dâentres elles, dâailleurs. Elles avaient Ă©tĂ© amenĂ©es Ă sâunir Ă©troitement pour rechercher quotidiennement les directions dâen haut par lâEsprit, afin dây conformer ensemble leur vie. Ce livre est donc comme la rĂ©ponse mĂȘme de Dieu Ă leur volontĂ© dâentiĂšre et courageuse consĂ©cration ».
GĂ©ofranc nous Ă©claire sur le contexte de cette Ă©criture en dissipant les objections qui pourraient ĂȘtre Ă©mises Ă lâĂ©gard de cette entreprise. « Câest en invoquant la prĂ©sence du Christ glorifiĂ©, lâEternel vivant qui a dit Ă ses disciples : « Je suis avec vous, tous les jours, jusquâĂ la fin du monde » (Matth 28.20) que ces pages ont Ă©tĂ© reçues. Mais il ne sâagit aucunement de messages « dictĂ©s » ou dâĂ©criture automatique. Il sâagit de ce que le Christ, actuellement vivant et agissant par lâEsprit, peut communiquer dâinspiration pratique, de vive lumiĂšre, de directions et dâĂ©claircissements prĂ©cis, parfois mĂȘme dâun enseignement dâune valeur exceptionnelle Ă des Ăąmes humblement disponibles et qui sâefforcent de lâĂ©couter, en faisant taire devant Lui toutes les voix humaines. On ne cherchera pas dans ces pages une inspiration littĂ©rale, ou lâexpression infaillible dâune sorte de rĂ©vĂ©lation complĂ©mentaire, adaptĂ©e Ă des besoins particuliers. On y cherchera bien plutĂŽt une libre parole de Dieu sâadressant aux Ăąmes sincĂšres . »
Des thÚmes privilégiés.
Nous recevons ces paroles dans notre ĂȘtre profond. Elles rĂ©pondent Ă telle ou telle aspiration, Ă tel ou tel besoin. Mais, Ă tous, elles communiquent un Ă©tat dâesprit, une maniĂšre dâĂȘtre, un regard. Des thĂšmes privilĂ©giĂ©s reviennent au fil des pages. En voici quelques uns.
Câest un appel Ă la communion . « Ces haltes avec moi ne sont pas tant des moments oĂč vous devez demander dâĂȘtre Ă©clairĂ©s et conduits que des moments oĂč vous devez vous placer devant moi afin de prendre effectivement conscience de ma prĂ©sence. Le sarment demande-t-il constamment au cep de lui fournir la sĂšve et de lui montrer dans quelle direction il doit sâorienter. Non, nâest-ce pas ? Cela rĂ©sulte tout naturellement du fait quâil est uni au cep⊠et vous ĂȘtes les sarments (Cf Jean 15.1-5)⊠Ainsi, mes enfants, une seule chose importe vraiment pour vous. Câest dâĂȘtre unis Ă Moi. Tout le reste suit dâune façon si naturelle  ! Et il suffit souvent, pour que cette union soit rĂ©alisĂ©e, que vous deveniez conscients de ma PrĂ©sence » (p 114-115).
Câest un appel Ă la confiance . « Vous ne sauriez pĂ©rir mes enfants, car la vie qui vous anime est la Vie de la vie . Câest la Vie, qui, Ă travers les siĂšcles, a soutenu et gardĂ© mes serviteurs dans le pĂ©ril, dans lâadversitĂ©, dans lâaffliction. Une fois que vous ĂȘtes nĂ©s de lâEsprit (Cf Jean 3.5-6), lâEsprit devient votre souffle de Vie. Vous ne devez donc jamais vous abandonner au doute ou aux soucis, mais avancer pas Ă pas dans le chemin de la libertĂ©. Ayez soin seulement dây marcher avec moi » (p116).
Câest un appel Ă lâamou r. « Appelez souvent la bĂ©nĂ©diction de Dieu sur les autres , sur ceux en particulier qui vous contredisent et sâopposent Ă vous ou sur ceux que vous dĂ©sirez aider. Faites le de tout votre cĆur, dĂ©sireux vraiment de voir se rĂ©pandre Ă flot sur eux la bĂ©nĂ©diction, la joie et le succĂšs⊠Quant Ă leur nĂ©cessaire redressement ou formation⊠remettez-vous Ă Moi pour les assurer⊠Ah, si mes enfants voulaient bien ne pas se mĂȘler de mes affaires et sâen tenir Ă ce que je leur demande ! Aimez donc. Je le rĂ©pĂšte, aimez encore, aimez toujours. Lâamour vous fera surmonter toutes vos difficultĂ©s âŠ
Dieu, en qui le mal perd toute rĂ©alitĂ©, Dieu, en qui le bien, au contraire trouve sa rĂ©alitĂ©, Dieu est amour . Quand vous vous aimez les uns les autres, vous laissez Dieu agir dans votre vie. Or laisser Dieu agir dans sa vie, câest permettre Ă cette vie de rĂ©pandre tout ce que lâhomme peut manifester dâharmonie, de beautĂ©, de joie et de bonheur « p 117-118).
Câest un appel Ă la priĂšre . « La priĂšre modifie tout. Elle recrĂ©e. Elle agit irrĂ©sistiblement . Ainsi donc, priez ! Priez sans cesse (I Thess 5-7). Priez jusquâĂ ne presque plus formuler de priĂšre parce que vous serez Ă©tablis sur le roc de la foi absolue⊠Priez surtout et toujours jusquâĂ ce que votre priĂšre culmine en louange. Câest la seule note sur laquelle devrait se terminer la vraie priĂšre. Quand on se tourne vers lâhomme : amour fraternel et rire confiant. Quand on se tourne vers Dieu, priĂšre de louange  » (p 138).
Ces messages invitent Ă la joie, Ă la paix , au calme intĂ©rieur . « Toute agitation contrarie le bien . Le calme, par contre, le favorise et prive le mal de ses atouts⊠Commencez par vous tenir tranquille et sachez que je suis Dieu. Efforcez-vous ensuite de nâagir que sous ma direction. En Dieu, lâon demeure toujours calme. Le calme est la confiance en action . Seule la confiance, une absolue confiance peut assurer le calmeâŠÂ » (p 131-132).
« Soyez remplis de joie. La joie est salutaire. La joie guĂ©rit. RĂ©jouissez-vous du moindre rayon de soleil, du moindre sourire, du moindre acte de bontĂ© ou dâamour, du moindre service rendu ⊠Refusez dâĂȘtre abattu⊠Aimez et sachez rire. Je suis avec vous . Je porte vos fardeauxâŠÂ » (p 14-15).
Il y a dans ces messages beaucoup de sagesse : « Ne vous croyez pas tenus de porter les pĂ©chĂ©s et les souffrances du monde. Pour le faire et vivre, il faut ĂȘtre le Christ. Attachez-vous plutĂŽt Ă dĂ©couvrir autour de vous ceux qui font preuve dâamour, de sincĂ©ritĂ©, de bontĂ© et de courage » (p 180). Ces messages encouragent et orientent vers le positif. « Tout est bien », rĂ©pĂšte souvent cette voix pour nous rassurer et nous rĂ©conforter (cf index).
Parfois, un Ă©clairage original vient corriger des reprĂ©sentations qui ont pu ĂȘtre marquĂ©es par des images contraignantes :
« Ce que lâon entend par la « conversion » nâest souvent que la dĂ©couverte du « Grand Ami ».
Ce que lâon entend par la « religion » est la connaissance du « Grand Ami »
Ce que lâon entend par la « sainteté » est lâimitation du « Grand ami » ou la conformitĂ© de nos deux vies.
La « perfection », cette perfection Ă laquelle jâappelle tous les hommes : « Soyez parfait comme votre PĂšre CĂ©leste est parfait » (Matth 5.48) consiste en somme Ă ĂȘtre comme votre Grand Ami, afin de devenir Ă votre tour, un ami semblable pour les autresâŠ
Je suis votre Ami⊠Songez un peu Ă tout ce que signifie les termes dâAmi et de Sauveur. Un ami est toujours disposĂ© Ă venir en aide⊠Il prĂ©vient vos besoins⊠Sa voix est celle de la tendresse qui trouve les mots pour dĂ©tendre les nerfs fatiguĂ©s et pour rassurer lâĂąme agitĂ©e et envahie par la peur⊠Tachez de vous reprĂ©senter ce que doit ĂȘtre lâAmi parfait, celui que rien ne dĂ©courage, qui se donne sans rĂ©serve, qui a triomphĂ© de tout et qui peut tout. Je suis pour vous cet AmiâŠÂ » (p 180-181).
Quel chemin Ă parcourir ! Mais, ces paroles ne suscitent pas la culpabilisation ou le dĂ©couragement, car il nous est simplement demandĂ© dâentrer dans une relation qui porte la Vie. JĂ©sus nous dit que lâarbre se juge Ă ses fruits. Ici, ce sont les fruits de lâEsprit : « lâamour, la joie, la paix, la patience, la bontĂ©âŠÂ » (Epitre aux Galates 5.22).
Ces écrits sont présentés en terme de méditations quotidiennes. Nous les recevons dans le contexte de nos sensibilités. On peut attendre de ces paroles une transformation progressive de notre mentalité.
Pendant plusieurs dizaines dâannĂ©es aprĂšs sa parution, ce livre a Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ© plusieurs fois et continue aujourdâhui son Ćuvre bienfaisante.
Et son parcours, qui traverse les frontiĂšres confessionnelles, est impressionnant. Ce recueil a Ă©tĂ© publiĂ© en Grande-Bretagne. Il a Ă©tĂ© reconnu et traduit en français par un pasteur, Georges F Grosjean (2). Celui-ci, originaire du Jura suisse, a effectuĂ© ses Ă©tudes au Canada, puis a exercĂ© un ministĂšre pastoral en France. Il a fait connaĂźtre dans notre pays les fruits dâun renouveau spirituel advenu en Grande-Bretagne dĂšs lâentre-deux guerres. Aujourdâhui, les textes de ce recueil sont prĂ©sentĂ©s sur un site catholique au titre de ce que lâEglise catholique appelle une « rĂ©vĂ©lation privĂ©e » (3).
Cette reconnaissance, par tant de canaux et par tant de lecteurs, est, pour nous, une Ćuvre de discernement. En recevant ce livre, nous recevons une inspiration, mais nous pouvons Ă©galement la partager. Des amis proches ont beaucoup reçu de ce livre. Alors, partageons et exprimons aujourdâhui notre reconnaissance. « Silencieusement, le travail de lâEsprit sâaccomplit » (p 64).
(1)           Dieu appelle. Traduit de lâanglais par GĂ©ofranc (Pasteur Georges F Grosjean). A la BaconniĂšre. La publication de ce livre a Ă©tĂ© suivie par celle dâun deuxiĂšme recueil : « Vivre par lâEsprit ». Avec quelques autres, ce livre a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© dans un article mis en ligne sur le site de TĂ©moins : « Entrons avec confiance dans la relation avec Dieu » : http://www.temoins.com/ressourcement/vie-et-spiritualite/ressourcement/entrons-avec-confiance-dans-la-relation-avec-dieu
(2)           Parcours de vie de Georges F Grosjean (pseudonyme : Geofranc) : « Georges François Grosjean (1891-1981) » : http://sitepasteurs.free.fr/bios/grosjean.htm
(3)           Site catholique : « PriĂšre dâĂ©glise » : http://home.nordnet.fr/caparisot/html/dieuapdeux.html
Des ami(e)s nous ont dit lâapport de ce livre pour eux. Voici Ă ce sujet le tĂ©moignage de Nadine :
« JâapprĂ©cie lâesprit des deux livres de mĂ©ditations quotidiennes : « Dieu appelle » et « Vivre par lâEsprit ». Le matin, je commence ma journĂ©e par la lecture de la Bible et par ces mĂ©ditations. Cette parole pour chaque jour mâencourage dans ma vie chrĂ©tienne, elle me donne une ligne directrice pour la journĂ©e qui mâaide Ă demeurer dans le calme et la tranquillitĂ© quoiquâil arrive.
Bien souvent, cette mĂ©ditation me rejoint dans mon vĂ©cu en me prĂ©parant aux Ă©vĂšnements, en me confirmant une intuition ou en mâĂ©clairant sur un point dâincertitude. Bien souvent aussi, je la reçois, comme la parole mĂȘme du Seigneur Ă ce moment lĂ . Deux choses que jâadmire chez leurs auteures : leur proximitĂ© avec lâEsprit de Dieu et leur choix de ne pas divulguer leur identitĂ©. Ces deux livres sont une rĂ©fĂ©rence pour moi et mâaccompagnent jour aprĂšs jour ».
par jean | Sep 2, 2024 | ARTICLES , Vision et sens |
Une vision de lâamour divin et de lâunion mystique
Julian de Norwich
Une mystique médiévale en Angleterre
Au cours de lâhistoire chrĂ©tienne, quelques humains ont vĂ©cu dans une telle communion avec le Christ et avec Dieu trinitaire quâils en ont reçu une vision de la vie en Dieu pouvant encourager, fortifier, guĂ©rir. On les appelle des mystiques. Leur enseignement peut exercer une influence bienfaisante. Câest le cas de Julian de Norwich , une mystique anglaise Ă la fin du Moyen Age Ă propos de laquelle Richard Rohr a consacrĂ© une sĂ©quence (11-17 aoĂ»t 2024) (1) des « Daily meditations  » publiĂ©es sur le site : Center for action and contemplation . Nous en prĂ©sentons ici un bref aperçu
Une vie qui a manifestĂ© lâamour
Julian de Norwich a vĂ©cu en Angleterre dans le Moyen Ăąge tardif de 1343 Ă 1416. Son histoire de vie nous est dĂ©crite en dĂ©tail sur le site de WikipĂ©dia anglophone (2). Julian, gravement malade et proche de la mort est assistĂ©e par un prĂȘtre qui lui prĂ©sente le crucifix. Câest cette nuit-lĂ , en mai 1373 quâelle entend le Christ lui parler pendant plusieurs heures, ce dont elle tĂ©moignera en rapportant 16 visions dans un texte court quâelle approfondira 20 ans plus tard dans un texte plus long : « Les RĂ©vĂ©lations de lâAmour Divin  » qui est parvenu jusquâĂ nous aprĂšs un long dĂ©tour. Julian guĂ©rit et sâinstalle dans un ermitage contigu Ă une Ă©glise de Norwich oĂč elle vit dans la priĂšre et la contemplation, disposĂ©e Ă conseiller celles ou ceux qui le lui demandent. Richard Rohr met en Ă©vidence lâoriginalitĂ© de la vision de Julian de Norwich par rapport Ă son Ă©poque, une originalitĂ© qui demeure aujourdâhui : « Elle nâest pas fondĂ©e sur le pĂ©chĂ©, la honte, la culpabilitĂ©, la peur de Dieu ou celle de lâenfer. A la place, elle est pleine de joie, de libertĂ©, dâintimitĂ© et dâespĂ©rance cosmique  ».
Dieu, mĂšre et pĂšre
Richard Rohr loue lâintuition mystique de Julian qui lui a permis dâappeler Dieu mĂšre. Ainsi a-t-elle Ă©crit : « Le beau mot de mĂšre est si doux et si aimable en lui-mĂȘme quâil ne peut ĂȘtre attribuĂ© quâĂ Dieu ». Ce quâelle dit ainsi, reprend Richard Rohr, câest que « le mot mĂȘme de mĂšre est si beau dans lâexpĂ©rience de la plupart des gens (pas de tous, dois-je ajouter) quâil Ă©voque en son meilleur ce que nous entendons par Dieu. Ce nâest pas ce que la plupart des grandes religions du monde ont enseignĂ© et cru jusquâĂ maintenant â exceptĂ© chez les mystiques. Parmi eux, Julian de Norwich occupe une place pivotâŠÂ « Le concept et lâexpĂ©rience humaine de mĂšre sont si premiers, si grands, si profonds, si universels, si vastes que les appliquer seulement Ă notre propre mĂšre est beaucoup trop Ă©troit ».
« A lâĂ©poque, beaucoup de gens nâavaient pas accĂšs aux Ecritures â en fait, beaucoup ne pouvaient pas lire du tout. Ils interprĂ©taient au niveau des archĂ©types et des symboles. Par la suite, cela a paru une Ă©norme aberration aux traditions de la « sola scriptura » (par lâĂ©criture seule). Cependant, combien lâĂąme avait besoin dâune MĂšre Sauveur et dâun Dieu Nutricier dans une pĂ©riode de lâhistoire et du christianisme profondĂ©ment patriarcale, hiĂ©rarchique, jugeante, exclusiviste, impĂ©riale et guerriĂšre ». « CâĂ©tait probablement salutaire » « Dieu est, par essence, comme une bonne mĂšre « , nous dit Richard Rohr. « Si compassionnĂ©e quâil nây a pas lieu de la mettre en concurrence avec un pĂšre Dieu, comme nous le voyons dans les enseignements toujours Ă©quilibrĂ©s de Julian ».
Confiance. « All will be well ». Tout ira bien
James Finley rappelle que Julian a vĂ©cu dans une Ă©poque trĂšs sombre. « Durant sa vie, Julian a Ă©tĂ© vivement consciente de la souffrance du monde » CâĂ©tait la peste bubonique. Il y eu lâassassinat de lâarchevĂȘque de Canterbury. Trois papes se disputaient le pouvoir pontifical. La guerre de cent ans battait son plein en France. Nous aussi, nous vivons Ă une Ă©poque difficile oĂč les menaces abondent.
Alors, nous dit James Finley : « Comment la vision de Julian du mystĂšre de la croix comme communion aimante de Dieu avec nous peut-elle nous aider Ă rester enracinĂ©s et prĂ©sents au milieu de la souffrance et ne pas si facilement ĂȘtre bouleversĂ©s et submergĂ©s par elle dans notre sensibilitĂ© et la rĂ©ponse que nous apportons⊠Au fond du fond, il y a une place plus profonde dans la communion, lâunitĂ© avec la communion, lâunitĂ© soutenante de Dieu avec nous (oneness with Godâs sustaining oneness with us) ».
La poĂ©tesse anglaise, Anne Lewin , met en valeur la tĂ©nacitĂ© de la confiance et de lâespĂ©rance de Julian. « Tout sera bien » est lâune des expressions les plus connues de Julian. » Comment est-ce possible quand on est confrontĂ© Ă des rĂ©alitĂ©s aussi dures ? Mais, Ă©crit Julian, « Dieu ne dit pas : vous ne serez pas assaillis, vous ne serez pas ravagĂ©s, vous ne sera pas inquiĂ©tĂ©s, mais il dit : vous ne serez pas vaincus. Dieu nous demande dâĂȘtre attentifs Ă sa parole et dâĂȘtre forts, dans dans notre certitude, aussi bien dans le bien ĂȘtre que dans le malheur, car il nous aime et prend plaisir en nous et il dĂ©sire que nous lâaimions et prenions plaisir en lui et ayons une grande confiance en lui, et tout sera bien » .
CentrĂ© sur lâamour et pas sur le pĂ©chĂ©
Les rĂ©vĂ©lations de Julian apportent une alternative dâamour Ă la polarisation sur le pĂ©chĂ© qui caractĂ©risait la thĂ©ologie Ă cette Ă©poque. Ainsi, MirabaĂŻ Starr Ă©crit : « Julian de Norwich est connue pour sa thĂ©ologie radicalement optimiste. Nulle part est-ce mieux Ă©clairĂ© que dans sa rĂ©flexion sur le pĂ©chĂ©. Quand Julian a demandĂ© Ă Dieu de lâenseigner au sujet de cette troublante question, il lui ouvrit son Ătre Divin et tout ce quâelle pouvait y voir Ă©tait de lâamour. Toutes les vĂ©ritĂ©s moindres se dissolvaient dans cet ocĂ©an sans limites  ». Julian dĂ©clare : « La vĂ©ritĂ© est que je nâai pas vu un quelconque pĂ©chĂ©. Je crois que le pĂ©chĂ© nâa pas de substance, ni une part dâĂȘtre et il ne peut ĂȘtre dĂ©tectĂ© exceptĂ© Ă travers la souffrance quâil cause. Câest seulement la souffrance qui a une substance pendant un moment et elle sert Ă nous purifier, Ă nous faire connaitre nous-mĂȘme et Ă demander misĂ©ricorde ». MirabaĂŻ Starr commente : « Julian nous informe que la souffrance que nous nous causons Ă travers nos actes dâaviditĂ© ou dâinconscience est la seule punition que nous nous causons⊠Ainsi Julian considĂšre que sâabandonner Ă la culpabilitĂ©, câest un gĂąchis complet de temps. La chose vĂ©ritablement humble Ă faire quand nous avons trĂ©buchĂ©, câest de nous hisser sur nos pieds aussi vite que nous le pouvons et nous prĂ©cipiter dans les bras de Dieu oĂč nous nous rappellerons qui nous sommes rĂ©ellement . Pour Jullian, le pĂ©chĂ© nâa pas de substance parce quâil est lâabsence de tout ce qui est bon et aimable, tout ce qui est de Dieu. Le pĂ©chĂ© nâest rien dâautre que la sĂ©paration de notre source divine. Et la sĂ©paration de Celui qui est Saint nâest quâune illusion . Nous sommes toujours et pour toujours unis en amour avec notre Bien aimĂ©. En consĂ©quence, le pĂ©chĂ© nâest pas rĂ©el. Seul lâamour est rĂ©el .
MirabaĂŻ Starr explique : Julian nâa pas eu besoin dâun diplĂŽme de thĂ©ologie pour arriver Ă cette conclusion. Elle a eu simplement besoin de voyager aux frontiĂšres de la mort oĂč elle a Ă©tĂ© enveloppĂ©e par lâĂ©treinte aimante de Celui qui est Saint (The Holy One), qui lui a assurĂ© quâil lâaimait depuis lâavant mĂȘme de sa crĂ©ation et quâil lâaimerait jusquâĂ la fin du temps . Et câest avec ce grand amour, a-t-il rĂ©vĂ©lĂ©, quâil aime tous les ĂȘtres. Notre seule tĂąche est de nous le rappeler et de nous en rĂ©jouir. A la fin, Ă©crit Julian, tout sera clair : alors aucun dâentre nous ne se sentira poussĂ© dâaucune façon Ă dire : Seigneur, si seulement les choses avaient Ă©tĂ© diffĂ©rentes, tout aurait Ă©tĂ© bien. A la place, nous proclamerons tous dâune seule voix : Bien aimĂ©, puisses-tu ĂȘtre bĂ©ni, parce que câest ainsi : tout est bien (Beloved one, may you be blessed, because it is so : all is well ).
Le fait que Julian « nâait pas vu de colĂšre en Dieu » ne lâa pas tentĂ© de sâengager dans des conduites nuisibles, avec impunitĂ©. Au contraire, la libertĂ© quâelle trouve dans lâamour inconditionnel de Dieu, la pousse davantage Ă ĂȘtre digne de sa misĂ©ricorde et de sa grĂące. Elle suggĂšre que nous aussi nous nous engagions dans la sainte tĂąche dâaimer Dieu de tout notre cĆur, de tout notre esprit et de toute notre force.
Devenir un avec Dieu
Oneing with God
Julian Ă©crit : « La place que JĂ©sus occupe dans notre Ăąme ne disparaitra plus jamais, car, en nous, est sa maison et câest une grande joie pour lui dâhabiter lĂ Â ; et lâĂąme qui ainsi contemple cela est rendu semblable Ă Celui qui est contemplĂ©  »
Richard Rohr Ă©voque lĂ la parole de JĂ©su s : « Ce jour-lĂ , vous comprendrez que je suis dans mon PĂšre et que vous ĂȘtes en moi et que je suis en vous  » ((Jean 14.20). Et Richard met lâaccent sur lâenseignement de JĂ©sus concernant lâunion avec Dieu et en montre la portĂ©e fondamentale. « Ce jour-lĂ promis dans lâĂvangile de Jean a Ă©tĂ© long Ă venir. Et pourtant, câest le message constant de chaque grande religion dans lâhistoire. Câest la tradition PĂ©renne. Le divin et ainsi lâunion universelle est le cĆur du message et la promesse – le but global et la signification majeure de toute religion. Nous ne pouvons nous Ă©lever Ă lâunion avec Dieu parce que nous lâavons dĂ©jĂ reçue  ».
Julian de Norwich utilise lâidĂ©e du devenir un âoneing â pour dĂ©crire lâunion divine. MirabaĂŻ Starr traduit ainsi un de ses textes : « LâĂąme humaine est une des plus nobles choses que Dieu nâait jamais crĂ©Ă©e. Il dĂ©sire aussi que nous soyons conscients quâil a joint lâĂąme bien aimĂ©e de lâhumanitĂ© avec la sienne quand il nous a crĂ©Ă©. Le lien qui nous connecte Ă Dieu est subtil, puissant et indĂ©finiment saint. Et il dĂ©sire aussi que nous rĂ©alisions que nos Ăąmes sont interconnectĂ©es, unies par son unitĂ© (oneness) et rendues saintes par sa saintetĂ© . Quand je regarde Ă moi-mĂȘme comme individu, je vois que je ne suis rien. Câest seulement dans lâunitĂ© avec mes compagnons dans la recherche spirituelle (fellow spiritual seekers) que je suis quelque chose . Câest ce fondement de lâunitĂ©, ce devenir un âoneingâ qui sauvera lâhumanité⊠Lâamour de Dieu crĂ©e une telle unitĂ© en nous quâaucun homme ou aucune femme comprenant cela, puisse possiblement se sĂ©parer lui-mĂȘme ou elle-mĂȘme de nâimporte qui dâautre ».
Comment Richard Rohr explique-t-il cela ? « Ce nâest pas quelque bond logique du XXIe siĂšcle. Ce nâest pas du panthĂ©isme ou un simple optimisme Nouvel Ăąge. Câest le point fondamental. Lâunion radicale est lâexpĂ©rience rĂ©currente des saints et des mystiques de toutes les traditions . Nous nâavons pas Ă le dĂ©couvrir et Ă le prouver ; nous avons seulement Ă recouvrer ce qui a Ă©tĂ© redĂ©couvert – et a rĂ©joui, encore et encore ceux qui dĂ©sirent Dieu et lâamour. Quand nous lâavons redĂ©couvert, nous devenons comme Jacob, quand il sâest rĂ©veillĂ© de son sommeil et a crié « tu Ă©tais lĂ tout le temps et je ne le savais pas » (GenĂšse 28.16 ).
Richard Rohr rappelle lâinspiration de Jean  : « Comme Jean lâexplique dans sa premiĂšre Lettre : « Je ne vous Ă©cris pas parce que vous ne savez pas la vĂ©ritĂ©. Je vous Ă©cris Ă vous parce que vous la savez dĂ©jà  ». (1 Jean 2.2). Comme Jean, je puis seulement vous convaincre de rĂ©alitĂ©s spirituelles parce que votre Ăąme sait dĂ©jĂ ce qui est vrai, et câest pourquoi je crois et jâai confiance dans les visions de Julian. Pour les mystiques ; il y a un seul Connaisseur, et nous participons seulement Ă cet Esprit unique ».
Une présence
Pourquoi Julian utilise-t-elle le terme de âoneingâ, devenir un. MirabaĂŻ Starr rĂ©pond en ce sens : au lieu de parler de se fondre en Dieu ou dâunion avec Dieu, Julian a forgĂ© le terme âoneingâ. Oneing est une rĂ©flection de ce qui est dĂ©jĂ . Nous sommes dĂ©jĂ un avec Dieu : nous avons toujours Ă©tĂ© un avec Dieu et nous le serons toujours. La vie nâest rien si elle nâest pas rĂ©veillĂ©e Ă cette rĂ©alitĂ© de notre unitĂ©, nous unifiant avec Dieu. Ce devenant un est naturellement enracinĂ© dans lâamour. Ce nâest pas seulement devenir un âoneingâ, devenant un pour le bien du devenant un. Câest devenant un pour lâamour.
James Finley rĂ©flĂ©chit aussi sur le devenant un : pour moi, un mot fait Ă©cho avec âoneingâ, devenant un. Ce mot est prĂ©sence . Dans son infinie prĂ©sence, Dieu se prĂ©sente lui-mĂȘme, se prĂ©sente elle-mĂȘme et se donne entiĂšrement et complĂštement. LâunitĂ© (oneness) est toute la rĂ©alitĂ© de ce qui est. Il nây a rien dâautre que Celui qui est âonenessâ. Le pĂ©chĂ© originel ou la brisure tombent en dehors ou sont Ă©vacuĂ©s de lâinfiniment un qui est seul rĂ©el.
Le thĂ©ologien contemplatif, Howard Thurman , dĂ©crit comment JĂ©sus et nous, pouvons faire lâexpĂ©rience de la prĂ©sence de Dieu. Ce doit ĂȘtre un sens mur de la PrĂ©sence. Ce sens de la PrĂ©sence doit ĂȘtre une rĂ©alitĂ© au niveau personnel aussi bien quâau niveau de la sociĂ©tĂ©, de la nature, du cosmos. Pour lâexprimer dans le langage le plus simple de la religion, les humains modernes doivent savoir quâils sont enfants de Dieu et que le Dieu de la vie et le Dieu du cĆur sont un et semblables. Une telle assurance vitalisera le sens du soi et Ă©clairera le sens de lâhistoire avec la chaleur dâune grande confiance. Alors nous regarderons la vie avec des yeux tranquilles et accomplirons nos tĂąches avec la conviction et le dĂ©tachement de lâĂternitĂ©
Quand JĂ©sus priait, il Ă©tait conscient que dans sa priĂšre, il rencontrait la PrĂ©sence, et cette conscience Ă©tait bien plus importante et significative que la rĂ©ponse Ă sa priĂšre. Câest en premier pour cette raison que Dieu a Ă©tĂ© pour JĂ©sus la rĂ©ponse Ă tous les enjeux et tous les problĂšmes. Lorsque, avec tout mon esprit et tout mon cĆur, je cherche vraiment Dieu et mâadonne Ă la priĂšre, moi aussi, je rencontre la prĂ©sence de Dieu et je sais alors que JĂ©sus avait raison.
Les Ă©crits rapportant lâexpĂ©rience de Julian de Norwich ne sont venus au grand jour que bien plus tard aprĂšs leur Ă©criture. Ils exercent aujourdâhui une grande influence. Julian de Norwich est reconnue par lâĂglise anglicane et par lâĂglise catholique.
Lâattention qui lui est portĂ©e sur le site : « Center for action and contemplation » ne surprend pas puisque câest bien dans la contemplation que sâinscrivent les « rĂ©vĂ©lations » de Julian de Norwich. Dans son livre : « The divine dance » (3), Richard Rohr nous propose une vision qui fait Ă©cho Ă celle de Julian : communion trinitaire, communion dâamour, la prĂ©sence de Dieu est dĂ©jĂ lĂ et sâoffre Ă notre reconnaissance : « La grĂące de Dieu est dĂ©jĂ lĂ . Vous ne pouvez pas crĂ©er votre union Ă Dieu. Elle vous est dĂ©jĂ donnĂ©e. La diffĂ©rence nâest pas entre ceux qui sont unis Ă Dieu et ceux qui ne le sont pas. Nous sommes tous unis Ă Dieu, mais seulement certains dâentre nous le savent » (3).
Par ailleurs, nous pouvons nous reporter Ă lâenseignement de JĂŒrgen Moltmann qui nous apprend Ă reconnaitre la prĂ©sence de Dieu Ă travers lâexpĂ©rience (4).
Certes, lâexpĂ©rience nâest pas, Ă elle seule, source de vĂ©ritĂ©. Elle requiert une interprĂ©tation qui elle-mĂȘme puise dans dâautres ressources. En thĂ©ologie chrĂ©tienne, nous nous rĂ©fĂ©rons Ă la Parole biblique. A cet Ă©gard, certaines affirmations de Julian, par exemple sur le pĂ©chĂ©, sont dĂ©concertantes. Mais de nouveaux angles de vue ne nous appellent-ils pas Ă aller plus loin dans la rĂ©flexion. Lâauteur dâun livre sur de grandes mystiques fĂ©minines (5), Shannon K Evans, nous invite, Ă la fin de cette sĂ©quence, Ă ne pas nous limiter aux prĂ©cĂ©dents et Ă aller de lâavant : « Dieu est bien plus grand que ce que notre cerveau limitĂ© peut comprendre. Ce Dieu que nous connaissons et aimons⊠est suffisamment grand pour tout contenir. La question est de savoir si nous pouvons mettre de cĂŽtĂ© nos peurs et nos prĂ©jugĂ©s et accepter cela ». Si nous en revenons Ă lâexpĂ©rience quotidienne, ne nous arrive-il pas dâĂȘtre Ă©mu spirituellement par un tĂ©moignage, une prĂ©dication ou une lecture ? Le Saint Esprit est Ă lâĆuvre. Tel message fait Ă©cho en nous. Nâen est-il pas de mĂȘme en dĂ©couvrant lâenseignement de Julian de Norwich ?
J H
Julian of Norwich. Weekly summary. Il existe une traduction française automatique sur le site. Dans ce compte rendu, quoique dĂ©pourvu de la compĂ©tence dâun traducteur professionnel, nous avons prĂ©fĂ©rĂ© traduire le texte pas-Ă -pas en affrontant les difficultĂ©s du rendu de certaines expressions https://cac.org/daily-meditations/julian-of-norwich-weekly-summary/
Julian of Norwich Wikipedia: https://en.wikipedia.org/wiki/Julian_of_Norwich
Reconnaitre et vivre la prĂ©sence dâun Dieu relationnel : The divine dance : https://vivreetesperer.com/reconnaitre-et-vivre-la-presence-dun-dieu-relationnel/
Reconnaitre la prĂ©sence de Dieu Ă travers lâexpĂ©rience : https://vivreetesperer.com/reconnaitre-la-presence-de-dieu-a-travers-lexperience/
Shannon K. Evans : The Mystics Would Like a Word: Six Women Who Met God and Found a Spirituality for Today. Penguin random house. 2024
par jean | DĂ©c 3, 2022 | ARTICLES , Vision et sens |
La continuité de la vie
Selon Barbara Holmes
Du 30 octobre au 5 novembre 2022, sur le site du Center for action and contemplation , Richard Rohr a publiĂ© une sĂ©quence de mĂ©ditations intitulĂ©e : « Garder la foi dans nos ancĂȘtres » (« Keeping faith in our ancestors ») (1). Dans lâesprit du thĂšme annuel : « Nothing stands alone » : « Rien nâest isolĂ©Â ; tout se tient », cette sĂ©quence envisage la « communion des saints » : « A travers lâhistoire, les humains ont souvent manifestĂ© fortement leur apprĂ©ciation dâune connexion avec leurs ancĂȘtres », Ă©crit Richard Rohr en poursuivant : « Je pense que cette notion collective de lâunitĂ© est ce que les chrĂ©tiens ont essayĂ© de verbaliser lorsquâils ont ajoutĂ© tardivement Ă lâancienne dĂ©claration de foi des apĂŽtres : « Je crois Ă la communion des saints ». Ils nous offrait lâidĂ©e que les morts en unitĂ© avec les vivants, quâils soient nos ancĂȘtres directs, les saints en gloire ou mĂȘme, ainsi appelĂ©es, les Ăąmes du purgatoire » (« Partie dâun corps », mardi 1er novembre 2025). Sur ce blog, nous avons Ă©voquĂ© Ă de nombreuses reprises, la communion des vivants et des morts en Ă©voquant notamment la thĂ©ologie de JĂŒrgen Moltmann (2). Nous abordons ce thĂšme ici en rapportant la contribution de Barbara Holmes dans cette sĂ©quence : « The continuum of life » (La continuitĂ© de la vie » (3).
Barbara Holmes intervient Ă deux reprises dans cette sĂ©quence, lâune dâelle rapportant une expĂ©rience spirituelle vĂ©cue personnellement sur le registre du thĂšme Ă©voquĂ©. Elle sâinscrit par ailleurs dans le rĂ©seau communautaire du « Center for action and contemplation ». Câest une personnalitĂ© qui a acquis une compĂ©tence dans de nombreux domaines : art, sociologie, sciences de lâĂ©ducation et, bien sur, thĂ©ologie. A partir de son expĂ©rience spirituelle, elle a Ă©crit plusieurs livres, et notamment : « « Une  joie inexprimable. Pratiques contemplatives dans une Eglise noire », « Cosmos et libĂ©ration ». Elle dĂ©clare : « Ma vie est engagĂ©e dans la lutte pour la justice, la guĂ©rison de lâesprit humain et lâart dans un mouvement de crĂ©ativitĂ© radicale en recherche de pertinence ». Elle est dĂ©crite comme « une enseignante en spiritualitĂ©, une activiste et une chercheuse centrĂ©e sur la spiritualitĂ© afro-amĂ©ricaine, la mystique, la cosmologie et la culture » (4). Câest une thĂ©ologienne et une Ă©crivaine.
Barbara Holmes sâexprime ainsi : « Un monde sans ancĂȘtres est solitaire. Je suis pleine de gratitude envers les anciens de ma famille qui mâont introduit dans le continuum de la vie. Il est important de savoir comment nous comprenons notre sĂ©jour dans cette rĂ©alitĂ©. Si nous considĂ©rons nos vies comme des segments sĂ©parĂ©s par un trait qui englobe les dates de la naissance et de la mort, nous serons inconsolables quand un traumatisme tronquera nos rĂ©alitĂ©s et retardera nos destinations. Mais si nous nous considĂ©rons nous-mĂȘme comme une partie du continuum de la vie qui ne se termine pas Ă la mort, mais transite jusquâĂ la vie aprĂšs la vie , nos perspectives peuvent changer ».
Barbara Holmes porte ensuite son regard sur les relations entre le monde prĂ©sent et lâau delĂ . « La communautĂ© des ancĂȘtres qui habite dĂ©jĂ la vie au delĂ de la vie se tient en contact constant avec nous . Ils envoient des messages et interviennent lorsque nĂ©cessaire. Ils prient avec nous et murmurent des avertissements. Que nous les appelions ancĂȘtres ou anciens, seules ces femmes et ces hommes qui ont menĂ© de bonnes vies dans leur vie physique, sont considĂ©rĂ©s comme Ă©tant des guides avisĂ©s dans le royaume spirituel. Dans certaines cultures africaines, ils sont appelĂ©s les ainĂ©s, les anciens. Chaque ancien reprĂ©sente lâentiĂšre autoritĂ© mystique et lĂ©gale de la lignĂ©e. Pour moi, les ancĂȘtres, les ainĂ©s vivants et morts, mâont imposĂ© le respect et ont toujours Ă©tĂ© prĂ©sents, me soutenant et me guidant ».
Richard Rohr apporte ensuite un tĂ©moignage personnel . AprĂšs le dĂ©cĂšs de sa mĂšre, il a fait lâexpĂ©rience de la connexion ou dâun « pont » Ă la vie aprĂšs la mort. « Je crois quâun des Ă©vĂšnements essentiels est lâexpĂ©rience de la passion et de la mort, en relation avec quelquâun que nous aimons, avec quelquâun auquel nous sommes liĂ©.
Quand ma mĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©e, je nâait pas doutĂ© quâelle construisait un pont â je ne vois pas quel autre mot utiliser â quâelle bĂątissait un pont et prenait quelque chose de moi avec elle et quâelle me renvoyait quelque chose dâelle. Je comprends maintenant Ă un niveau plus profond ce que JĂ©sus voulait dire : « A moins que je mâen aille, lâEsprit ne viendra pas ». (Jean 16.7). Je pense que le cours normal de lâhistoire est pour chaque gĂ©nĂ©ration de passer et de bĂątir des ponts dâamour et de confiance pour la gĂ©nĂ©ration suivante⊠Tout ce que JĂ©sus est venu nous enseigner et avait seulement besoin de nous enseigner, câĂ©tait comment avancer Ă travers le grand mystĂšre, ne pas ĂȘtre confondu et dâavoir confiance que Dieu est de lâautre cĂŽté ».
Les formes de notre conscience des rapports entre les vivants et les morts sont certes en relation avec la culture dans laquelle nous vivons. Les accents peuvent varier, mais, avec JĂŒrgen Moltmann, nous croyons en la communion entre les vivants et les morts .
« LâĂȘtre humain est un ĂȘtre en relation ». Cette rĂ©alitĂ© se manifeste Ă©galement dans la continuitĂ© des gĂ©nĂ©rations. « Les ĂȘtres humains participent Ă une continuitĂ© des gĂ©nĂ©rations mĂȘme sâils nâen ont pas toujours conscience ». Dans les sociĂ©tĂ©s modernes occidentales, lâindividualisme fait obstacle Ă cette conscience collective. Cela rĂ©duit la conscience de la communion entre les vivants et les morts. A cet Ă©gard, les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, en particulier celles dâExtrĂȘme Orient , ont quelque chose Ă nous rappeler, car elles vivent actuellement cette communion entre les vivants et les morts. Dans le monde occidental, nous avons besoin dâune culture nouvelle du souvenir, « de maniĂšre Ă ne pas vivre seulement comme individus pour nous-mĂȘmes, mais en vue de regarder au delĂ de nous-mĂȘmes ». Câest seulement si nous percevons notre durĂ©e de vie dans le cadre plus vaste de la succession des gĂ©nĂ©rations que nous pouvons entrer « dans la mĂ©moire du passĂ© et dans lâavenir en espĂ©rance de ce qui est Ă venir ». Pour rĂ©aliser cette communion entre les vivants et les morts, une transcendance de la vie et de la mort est requise⊠La foi chrĂ©tienne envisage la communion des vivants et des morts dans le Christ qui est mort dans une mort humaine et a Ă©tĂ© ressuscitĂ© dans une vie divine. En consĂ©quence, la communautĂ© chrĂ©tienne est une communautĂ© non seulement des vivants, mais des morts. « Le Christ est ressuscitĂ© pour quâil puisse ĂȘtre le Seigneur Ă la fois des morts et des vivants » ( Romains 14.9) (5).
J H
Keeping faith in our ancestors : https://cac.org/themes/keeping-faith-with-our-ancestors/
Sur la Terre comme au Ciel : https://vivreetesperer.com/sur-la-terre-comme-au-ciel/ Le Dieu vivant et la plĂ©nitude de vie : https://vivreetesperer.com/le-dieu-vivant-et-la-plenitude-de-vie-2/ Une rĂ©volution spirituelle. Une approche nouvelle de lâAu-delĂ Â : https://vivreetesperer.com/une-revolution-spirituelle-une-approche-nouvelle-de-lau-dela/
The continuum of life : https://cac.org/daily-meditations/the-continuum-of-life-2022-10-30/
Barbara Holmes : https://www.drbarbaraholmes.com/bio
Le Dieu vivant et la plénitude de vie : https://vivreetesperer.com/le-dieu-vivant-et-la-plenitude-de-vie-2/