Sur la terre comme au ciel

Jadis, et aujourd’hui encore, dans certaines civilisations, il y a comme une proximitĂ© entre les vivants et les morts. Cette proximitĂ© peut ĂȘtre vĂ©cue comme une atteinte Ă  l’autonomie et Ă  l’initiative des vivants. Contre cet excĂšs, il y a eu un mouvement de bascule en sens inverse. Aujourd’hui, dans le tohu bohu d’une vie trĂ©pidante, on oublie facilement ceux qui ont quittĂ© l’univers terrestre. A cet Ă©gard, le terme de disparition, s’il  peut ĂȘtre entendu dans des sens diffĂ©rents, Ă©voque nĂ©anmoins une rupture des contacts et des liens. Cette reprĂ©sentation s’oppose Ă  ce qui, dans les liens affectifs, appelle une continuitĂ©, quelque soient les transformations Ă©videmment nĂ©cessaires.

Cependant aujourd’hui, une nouvelle reprĂ©sentation de l’univers apparaĂźt . Dans le passĂ©, une approche analytique a souvent prĂ©valu en mettant davantage l’accent sur ce qui sĂ©pare que sur ce qui relie. Aujourd’hui, une pensĂ©e holistique se dĂ©veloppe comme en tĂ©moigne le progrĂšs de l’écologie . On perçoit de plus en plus les interrelations, les interconnexions qui caractĂ©risent notre univers. Internet exerce une influence sur tous les registres, y compris nos reprĂ©sentations. On a pu dĂ©finir la spiritualitĂ© comme « une conscience relationnelle ». La prĂ©sence d’une « conscience supĂ©rieure » dans l’univers peut ainsi ĂȘtre perçue comme ce qui porte une montĂ©e de la reliance et s’oppose Ă  une chute dans la dispersion et le nĂ©ant.

 

Dans une perspective chrĂ©tienne, telle que nous la prĂ©sente JĂŒrgen Moltmann, un grand thĂ©ologien qui sait entrer en phase avec le mouvement de notre culture, une « nouvelle pensĂ©e trinitaire » met l’accent sur une reprĂ©sentation de Dieu comme une communion d’amour entre les personnes divines. De mĂȘme, la rĂ©jouissance des ĂȘtres humains en Dieu est partagĂ©e. « Les hommes se rĂ©jouissent de Dieu et Dieu est heureux de son peuple » (EsaĂŻe 65.19). Cette rĂ©jouissance n’est pas destinĂ©e Ă  ĂȘtre vĂ©cue solitairement. « La communion directe avec Dieu conduit Ă  une communion directe des ĂȘtres humains entre eux  »

Dans cette perspective, les ĂȘtres humains recueillis par Dieu aprĂšs leur mort participent Ă  une communion en Christ. Et, par delĂ , il  y a « une communion entre les vivants et les morts ». La communion du Christ s’étend Ă  la fois aux vivants et aux mort. « C’est pour ĂȘtre Seigneur des morts et des vivants que Christ est mort et qu’Il a repris vie » (Romains 14.91). Ainsi, il n’y a pas de barriĂšre entre les vivants et les morts. La communion du Christ comprend en quelque sorte deux demi cercles : d’un cĂŽtĂ© la communautĂ© des vivants, de l’autre cĂŽtĂ©, celle des morts. L’espace de vie des vivants a des frontiĂšres ouvertes comme celui de l’espace des morts. « Il y a bien une communion « infrangible et indestructible » entre les vivants et les morts. Celle-ci s’exerce en Christ, « non pas une communion dans l’expiation, mais une communion dans la mĂȘme espĂ©rance
En Christ ressuscitĂ©, il existe une prĂ©sence des morts avec nous les vivants ». Il n’y a pas de barriĂšre entre les « humains terrestres » et les « humains cĂ©lestes » selon une appellation qui nous vient comme suggestive.

Et comment cette proximitĂ© des morts peut-elle se manifester ? Elle se dĂ©ploie dans la communion en Christ. « Chaque fois que l’amour inconditionnel de Dieu nous devient proche, les morts que nous aimons nous sont proches aussi. Plus nous devenons proches du Christ, plus nous entrons dans la communion avec les morts ».

Et, ensemble, vivants et morts, nous sommes en marche avec le Christ, dans le processus qui mĂšne Ă  l’avĂšnement du Royaume de Dieu, Ă  la seconde crĂ©ation.

 

A l’expĂ©rience, on constate que le message apportĂ© sur ce thĂšme par diffĂ©rents milieux chrĂ©tiens est parfois brouillĂ© par les sĂ©quelles d’un hĂ©ritage oĂč le pouvoir religieux a Ă©rigĂ© des reprĂ©sentations de l’au-delĂ  et les a utilisĂ© Ă  son profit, oĂč des camps opposĂ©s ont dressĂ© des barriĂšres, oĂč une culture de la peur s’est imposĂ©e Ă  travers les mentalitĂ©s. C’est pourquoi, en rĂ©ponse Ă  des aspirations vitales, une question majeure de sens, une question de vie ou de mort, la clarification thĂ©ologique apportĂ©e par JĂŒrgen Moltmann, nous paraĂźt bienfaisante. A partir des textes bibliques, il nous introduit ainsi dans la signification de la rĂ©surrection. La vie Ă©ternelle ne se dĂ©finit pas en opposition avec la vie terrestre. « RĂ©surrection des morts » signifie que cet ĂȘtre mortel revĂȘtira l’immortalitĂ© (1 Corinthiens 15.54). Les termes les plus proches de la rĂ©surrection dont il est question dans le Nouveau Testament sont « transformation » (1 Corinthiens 15.54). et « transfiguration ». La rĂ©surrection signifie alors qu’un ĂȘtre humain trouve en Dieu, sa guĂ©rison, sa rĂ©conciliation et son accomplissement »

 

Nous sommes, ensemble, en chemin, vers un univers renouvelĂ©, une seconde crĂ©ation oĂč Dieu sera tout en tous  (1 Corinthiens 15.28).

 

JH

 

Les sources sont mentionnĂ©es dans l’article : « La vie par delĂ  la mort » publiĂ© sur la site : « l’Esprit qui donne la vie »

http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=822Il Il s’agit notamment du livre : Moltmann (JĂŒrgen). La venue de Dieu. Eschatologie chrĂ©tienne. Cerf, 1997.

Quand on n’a que l’amour

Amour reçu. Amour donné : une vie pleine.

Amour vĂ©cu au long des annĂ©es : au delĂ  des Ă©preuves, une vie comblĂ©e. Amour d’un jeune couple : promesse de lendemain. Compagnonnage oĂč des gens esseulĂ©s, rompus parfois par des sĂ©parations et des brisements, reprennent vie.

Mais, au sens large, l’amour recouvre de multiples registres, de l’amour entre parents et enfants jusqu’à toutes les amitiĂ©s profondes qui s’expriment dans un partage, source de paix et de joie. Et les petits gestes d’affection et de reconnaissance dans la vie quotidienne : un  sourire, un regard. C’est l’Ɠuvre de Dieu. Nous lisons la parole biblique comme l’expression du projet d’amour d’un Dieu  qui est, lui-mĂȘme, communion d’amour. Le cƓur de l’Evangile, c’est l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimĂ© (Evangile de Jean 15.2)

Certains vivent dĂ©jĂ  cette rĂ©alitĂ©. D’autres sont Ă  sa recherche. Ils l’appellent dans les travers de leur vie, la solitude ou la tourmente. Plus ou moins confusĂ©ment, ils crient des prisons oĂč ils peuvent s’ĂȘtre enfermĂ©s. En rĂ©ponse, sans cesse, l’Esprit est Ă  l’Ɠuvre et cherche Ă  se faire entendre. Dans la multiplicitĂ© des chemins et des situations, l’amour est plus ou moins clairement ressenti comme la seule rĂ©ponse capable d’apporter une vie pleine et de donner la capacitĂ© de faire face individuellement et collectivement aux manifestations du mal.

 

DĂ©sormais inscrit dans la mĂ©moire collective, et Ă  nous transmis dans telle ou telle circonstance, une chanson monte en rĂ©ponse Ă  ces questionnements et Ă  ces prises de conscience. C’est la chanson de Jacques Brel : « Quand on a que l’amour ».  Cette voix se rappelait Ă  moi, et, dans le dĂ©tour d’une recherche sur internet, je l’ai retrouvĂ© sur le site des Ă©ditions Monte Christo dans la sĂ©lection vidĂ©o des « RĂ©enchanteurs ». Que ceux qui ont des oreilles entendent ! Que ceux qui sont en recherche Ă©coutent ! il y a dĂ©jĂ  une rĂ©ponse dans l’esprit qui s’exprime sur ce site et dans cette rubrique : « rubrique consacrĂ© au rĂ©enchantement, Ă  l’expression de la vie dans ce qu’elle a de merveilleux, d’unique, d’édifiant, afin que nous choisissions notre camp : celui des veilleurs de valeurs et des passeurs de lumiĂšre et d’espĂ©rance . Quelques minutes pour prendre le temps de vivre, pour renouveler son regard sur le prĂ©cieux de la vie pour renouer avec les simplicitĂ©s originelles hors desquelles il n’y a point de plĂ©nitude possible ».

Et donc, cette rubrique, Ă  la mention : « Amour, joie d’aimer. Le pouvoir transfigurateur de l’amour » nous prĂ©sente la chanson de Jacques Brel : « Quand on a que l’amour ». Une chanson qui vient de loin puisqu’elle date de 1956 et qui s’exprime dans cette vidĂ©o selon le contexte et la forme de l’époque : « Une vidĂ©o  dĂ©pouillĂ©e, sans couleurs et sans paillettes, sans artifice et musique synthĂ©tique qui montre un chanteur sans masque, Ă  fleur de peau tel qu ‘en lui-mĂȘme et qui se donne totalement dans une Ă©nergie et une gĂ©nĂ©rositĂ© magnifiques ». Cette chanson connut un grand succĂšs Ă  l’époque. Elle retentit aujourd’hui avec la mĂȘme force.

http://www.montecristo-editions.com/site/pages/reenchanteurs/video.php?video=101

 

Et on peut en mĂ©diter ici quelques paroles : « Quand on a que l’amour Ă  offrir en priĂšre pour les maux de la terre en simples troubadours. Quand on a que l’amour pour tracer un chemin et forcer le destin Ă  chaque carrefour. Quand on a que l’amour pour parler aux canons et rien qu’une chanson pour convaincre un tambour. Alors, sans avoir rien que la force d’aimer, nous avons dans nos mains, Amis, le monde entier ! ». Gandhi et Martin Luther King nous ont montrĂ© que l’amour, sous la forme de la non violence, pouvait triompher de pouvoirs oppresseurs. Ainsi l’amour est une force qui agit Ă  la fois sur le plan personnel et sur le plan collectif . L’amour dĂ©place les montagnes. L’amour apporte la vie.

 

JH

Horizon de vie

Qui n’aspire pas Ă  une vie harmonieuse par delĂ  tout ce qui peut nous entraver parfois douloureusement ? En ce domaine, notre avancĂ©e dĂ©pend pour une bonne part de notre regard.

Pour les chrĂ©tiens, l’harmonie est reconnue et se rĂ©pand Ă  travers l’Ɠuvre de Dieu, ce que JĂ©sus appelle le « Royaume de Dieu » . Comment peut-on y accĂ©der et y participer dans notre vie intĂ©rieure ? « Odile Hassenforder, dans son livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » nous guide dans une recherche de plĂ©nitude et partage avec nous une expĂ©rience qui a changĂ© sa vie, nous offrant ainsi un vĂ©ritable condensĂ© d’espĂ©rance » (1). Nous prĂ©sentons ici un texte inĂ©dit, extrait de ses Ă©crits personnels qui, dans sa spontanĂ©itĂ©, nous parle de respiration spirituelle : « Le Royaume de Dieu et sa justice ».

 

 

Le Royaume de Dieu et sa justice.

 

Justice : justesse

bien ajustée

 

Les lois de vie Ă©tant respectĂ©es au niveau spirituel, les autres niveaux se mettent en place. C’est pourquoi, ceux-ci seront donnĂ©s par surcroĂźt.

 

Il ne m’appartient pas de savoir comment pousse ce qui est semĂ©. Je ne suis pas propriĂ©taire. C’est l’affaire de l’Esprit. Je sais une chose : toute personne est aimĂ©e de Dieu telle qu’elle est.

 

Psaume 89 :

« Je chanterai toujours les bontĂ©s de l’Eternel
Car je dis : la bontĂ© a des fondements Ă©ternels ».

 

Les béatitudes.

 

° Conscience ++ que Jésus et le PÚre demeurent en moi.

D’oĂč dialogue : « priez sans cesse.. »..

 

° Temple de l’Esprit : lien-relation indestructible.

Jésus a fait connaßtre le PÚre sur terre et lui demande « En ta présence, donne moi la gloire auprÚs de toi avant que le monde existe.. ».  Jean 17

La Vie Eternelle : connaßtre le seul vrai Dieu en Jésus Christ..

 

Non pas retrouver le jardin d’Eden, ce qui est souvent notre envie, notre dĂ©sir de se dorer sur la plage au repos

Mais la Terre promise , en marche avec courage, fortifie.

« L’Eternel marchera lui-mĂȘme devant toi » (JosuĂ© 1.13  DeutĂ©ronome 31.7).

 

La louange prĂ©cĂšde l’intercession.

 

Quand je regarde le matin

Le paysage de ma fenĂȘtre,

Le ciel qui s’illumine, rose, rouge, ou blanc, bleu,

Les nuages qui avancent


 

Je rentre dans l’univers

J’y respire, va et vient

inspire : me laisser imprégner

expire : me dilater dans l’univers

fenĂȘtre ouverte : respiration une narine aprĂšs l’autre : altĂ©ritĂ©.

 

Conscience d’une dimension cosmique

A laquelle j’appartiens.

La louange             Tu es mon Dieu

adoration           et je t’adorerai

prosternation      (chant)

 

Liberté, contentement, joie, plénitude


Que la pensée de Dieu devienne ma pensée

 

Alors, je peux exprimer mes besoins..

Les soucis, peurs..

Les remettre.

 

M’attendre Ă  une rĂ©ponse dans l’accueil, l’éveil
(intuition, mĂ©ditation..)

 

Reconnaissance

 

« Compte tous les bienfaits de Dieu

En les mettant devant tes yeux

Tu verras en adorant

Combien leur nombre en est grand ».

(chant)

 

Odile

Ecrits personnels

20.02.2006

 

Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011. Présentation du livre sur le site de Témoins accompagnée de commentaires et de témoignages : http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html

Peindre, c’est aussi parler

Pour moi l’acte de peindre est en parallĂšle avec l’acte de parler.

Je préfÚre parler à Dieu que de parler de Dieu,

Et ce n’est pas si facile de mettre en paroles le mouvement de l’Ăąme !

Alors pour mettre en mots l’Invisible qui m’habite, rendre visible mon dialogue avec Lui. Ma passion va  manifester  simultanĂ©ment en  couleurs et formes cette LumiĂšre qui m’Ă©claire.

Pour faire transparaĂźtre cette ClartĂ©, j’ajoute une goutte ou du papier en or, pour mettre au jour ce Bien si prĂ©cieux.

L’existence de l’ombre Ă  sa place pour encore plus rĂ©vĂ©ler l’ intensitĂ© et la prĂ©sence de Sa Brillance.

Lorsqu’il n’y a plus rien Ă  ajouter, au terme de mon Ɠuvre, une joie et une paix sont lĂ , simplement mais Ă©phĂ©mĂšres  jusqu’Ă  une  prochaine concrĂ©tisation.

Brigitte Deris

 

 

 

On pourra également apprécier les peintures de Brigitte sur une galerie figurant sur le site de Témoins

http://www.temoins.com/culture-et-societe/galleries/category/7-brigittederis.html

 

 

Face Ă  la crise : un avenir pour l’économie

La troisiÚme révolution industrielle

 

Une crise Ă©conomique et financiĂšre, inĂ©galĂ©e depuis des dĂ©cennies, atteint aujourd’hui beaucoup de gens et se fait entendre Ă  travers des dĂ©bats ininterrompus dans les mĂ©dias ou sur la scĂšne publique. Sur les causes comme sur les remĂšdes, s’expriment des analyses et des opinions variĂ©es, souvent contradictoires. Pour Ă©chapper Ă  l’anxiĂ©tĂ© qui peut en rĂ©sulter, on a besoin d’un Ă©clairage Ă  la hauteur de la dimension du phĂ©nomĂšne dans l’espace et dans le temps. Au delĂ  de la conjoncture oĂč on peut voir l’inconscience ou la malveillance de certains acteurs, la comprĂ©hension de cette crise n’appelle-t-elle pas une analyse et une prise en compte d’un changement profond dans les conditions de la production et de la consommation, les modes de communication et les comportements correspondants ?

Au long des derniĂšres annĂ©es, nous avons cherchĂ© des rĂ©ponses Ă  ces questions. Nous venons de trouver un  Ă©clairage pertinent dans un livre qui vient de paraĂźtre : « La TroisiĂšme RĂ©volution Industrielle » (1). L’auteur, JĂ©rĂ©mie Rifkin, est un Ă©conomiste amĂ©ricain, engagĂ© depuis trente ans dans une rĂ©flexion prospective et expert consultĂ© par des gouvernants et des personnalitĂ©s politiques dans de nombreux pays. En ce dĂ©but du XXIĂš siĂšcle, JĂ©rĂ©mie Rifkin  a travaillĂ© tout particuliĂšrement en Europe en inspirant notamment une dĂ©claration du Parlement europĂ©en prenant position en faveur d’une troisiĂšme rĂ©volution industrielle (p 105). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de synthĂšse et de prospective comme : « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie » (2). Quelles rĂ©ponses JĂ©rĂ©mie Rifkin apporte-t-il Ă  quelques unes de nos interrogations majeures ?

 

Les origines de la crise Ă©conomique et financiĂšre.

 

Tout d’abord, par delĂ  les causes immĂ©diates, la crise Ă©conomique et financiĂšre actuelle a-t-elle une origine plus profonde ? De fait, elle apparaĂźt comme la consĂ©quence de la fin de la deuxiĂšme rĂ©volution industrielle fondĂ©e sur l’utilisation du pĂ©trole et des autres Ă©nergies fossiles. Cette civilisation industrielle est aujourd’hui Ă  bout de souffle. Et, Ă  cet Ă©gard, l’évolution de l’économie amĂ©ricaine est instructive. Dans la seconde moitiĂ© du XXĂš siĂšcle, « la conjonction de l’électricitĂ© centralisĂ©e, de l’ùre du pĂ©trole,de l’automobile et de la construction de banlieues pavillonnaires a d’abord suscitĂ© un grand essor Ă©conomique qui a pris fin dans les annĂ©es 80 » (p 40). Pour maintenir la progression, on s’est alors appuyĂ© sur l’épargne accumulĂ©e dans les dĂ©cennies prospĂšres et sur des pratique de crĂ©dit facile. Cette ressource s’est Ă©puisĂ©e. La bulle de l’immobilier a Ă©clatĂ© en 2007 et une grande rĂ©cession a alors commencĂ©. « La bulle du crĂ©dit et la crise financiĂšre ne se sont pas produites sous vide. Elles sont issues de la dĂ©cĂ©lĂ©ration de la deuxiĂšme rĂ©volution industrielle. C’est le mariage du pĂ©trole abondant, bon marchĂ© et de l’automobile qui a conduit l’AmĂ©rique au sommet de l’économie mondiale dans les annĂ©es 80  » (p 40). Cette richesse a Ă©tĂ© ensuite dilapidĂ©e pour continuer Ă  faire tourner artificiellement le moteur Ă©conomique Ă  plein rĂ©gime. La consommation exacerbĂ©e a entraĂźnĂ© une hausse du prix du pĂ©trole.  « Celui-ci a atteint le cours record de 147 dollars en juillet 2008. Soixante jours plus tard, la communautĂ© bancaire asphyxiĂ©e par les prĂȘts non remboursĂ©s a fermĂ© le robinet du crĂ©dit. La Bourse s’est effondrĂ©e et la mondialisation s’est arrĂȘtĂ©e » (p 40).

Il faut ajouter Ă  ce diagnostic, une vision Ă  plus long terme. Il y a une autre dette, beaucoup plus lourde et difficile Ă  rembourser. « La facture entropique des premiĂšre et deuxiĂšme rĂ©volutions industrielles arrive Ă  Ă©chĂ©ance » (p 42). Les consĂ©quences de la quantitĂ© de dioxyde de carbone envoyĂ© dans l’atmosphĂšre terrestre se font maintenant sentir et il en rĂ©sulte une grave menace de changement climatique.

 

Une nouvelle orientation économique : la troisiÚme révolution industrielle.

 

Le diagnostic Ă©tant posĂ©, un changement de cap radical s’impose. Or il y a bien un avenir nouveau qui peut se dessiner Ă  partir du potentiel technologique actuel . Ici JĂ©rĂ©mie Rifkin commence Ă  nous ouvrir un nouvel horizon. Et il nous dit comment il a dĂ©couvert progressivement cette voie nouvelle : « Au cours de mes investigations, j’ai fini par comprendre que les grandes Ă©volutions Ă©conomiques de l’histoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systĂšmes d’énergie » (p 12) Or cette conjonction est en cours aujourd’hui : « La technologie d’internet et les Ă©nergies renouvelables sont en voie de fusionner pour crĂ©er une puissante infrastructure nouvelle, celle d’une troisiĂšme rĂ©volution industrielle qui va changer le monde ».

Quels sont les éléments constitutifs de cette révolution ? Elle repose sur cinq « piliers » en interrelation :

1 « le passage aux énergies renouvelables.

2 La transformation du parc immobilier de tous les continents en un ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables.

3 Le dĂ©ploiement de la technologie de l’hydrogĂšne et d’autres techniques de stockage dans chaque immeuble et dans l’ensemble de l’infrastructure pour stocker les Ă©nergies intermittentes.

4 L’utilisation de la technologie d’internet pour transformer le rĂ©seau Ă©lectrique de tous les continents en interrĂ©seaux de partage de l’énergie fonctionnant exactement comme internet.

5 Le changement des moyens de transport par passage aux vĂ©hicules Ă©lectriques branchables ou Ă  pile Ă  combustible capables d’acheter et de vendre de l’électricitĂ© sur un rĂ©seau Ă©lectrique continental intelligent » (p 58).

 A économie nouvelle, nouvelle organisation sociale.

 

Une transformation aussi profonde dans les modes de production, de consommation  et de communication va s’accompagner d’un changement majeur dans nos comportements et du dĂ©veloppement d’une nouvelle organisation sociale et politique. Comme les deux prĂ©cĂ©dentes, la troisiĂšme rĂ©volution industrielle « va changer radicalement tous les aspects de notre façon de travailler et de vivre ». « L’organisation verticale traditionnelle, typique d’une si large part de la vie Ă©conomique, sociale et politique des rĂ©volutions industrielles fondĂ©es sur l’énergie fossile, est en train de cĂ©der la place Ă  des relations distribuĂ©s et coopĂ©ratives dans l’ùre industrielle verte Ă©mergente. Le changement profond de l’organisation mĂȘme de la sociĂ©tĂ© est en cours. Nous nous Ă©loignons du pouvoir hiĂ©rarchique et nous nous rapprochons du pouvoir latĂ©ral » (p 16). C’est un nouvel horizon qui s’ouvre devant nous. « La troisiĂšme rĂ©volution industrielle va poser les bases d’une Ăšre coopĂ©rative Ă©mergente. La mise en place de son infrastructure va crĂ©er pendant quarante ans des centaines de milliers d’entreprises nouvelles et des centaines de millions d’emplois nouveaux. Ce sera une Ăšre nouvelle caractĂ©risĂ©e par le comportement coopĂ©ratif, les rĂ©seaux sociaux et les petites unitĂ©s de main d’Ɠuvre technique et spĂ©cialisĂ©e (p 16). « Traditionnellement, le pouvoir s’organise verticalement. C’est une pyramide. Mais aujourd’hui, l’énergie coopĂ©rative libĂ©rĂ©e par la conjonction de la technologie d’internet et des Ă©nergies renouvelables restructure fondamentalement les relations humaines. Elles ne vont plus de haut en bas, mais cĂŽte Ă  cĂŽte et les consĂ©quences sont immenses pour l’avenir de la sociĂ©té » (p 17).

 

L’évolution de l’emploi. Un avenir pour la sociĂ©tĂ© civile.

 

Dans les dĂ©cennies qui viennent, la mise en Ɠuvre de cette nouvelle organisation Ă©conomique va ĂȘtre source d’emploi, alors que les gains de productivitĂ© (et pas seulement la dĂ©localisation !) amenaient peu Ă  peu un dĂ©veloppement du chĂŽmage dans la pĂ©riode qui vient de s’écouler. Cependant, quand nous nous approcherons du milieu du siĂšcle, l’activitĂ© Ă©conomique sera de plus en plus supervisĂ©e par des substituts technologiques intelligents ce qui permettra Ă  une grande partie de l’humanitĂ© libĂ©rĂ©e de ces tĂąches, de crĂ©er du capital social dans une sociĂ©tĂ© civile Ă  but non lucratif qui deviendra le secteur dominant dans la seconde moitiĂ© du XXIĂš siĂšcle » (p 17).

C’est dans cette perspective que se pose Ă  long terme le problĂšme de l’emploi. « Aujourd’hui, les quatre grands secteurs Ă©conomiques : l’agriculture, l’industrie, les services et le domaine des soins et de l’expĂ©rientiel remplacent tous leur main-d’Ɠuvre salariĂ©e par de petites Ă©quipes extrĂȘmement qualifiĂ©es et de technologies intelligentes de plus en plus raffinĂ©es et agiles. Donc que va-t-il se passer pour les millions de salariĂ©s des mains-d’Ɠuvre de masse de l’ùre industrielle quand le monde aura dĂ©passĂ© le stade infrastructurel de la troisiĂšme rĂ©volution industrielle pour entrer dans l’ùre coopĂ©rative pleinement distribuĂ©e
 Dans ces conditions, le problĂšme n’est plus de chercher comment recycler la main- d’Ɠuvre, mais de dĂ©finir ce que l’on entend par travail.. (p 374).

Il reste quatre secteurs oĂč l’on peut trouver du travail : le marchĂ©, l’Etat, l’économie informelle et la sociĂ©tĂ© civile. JĂ©rĂ©mie Rifkin dĂ©finit la sociĂ©tĂ© civile comme le lieu «oĂč les humains crĂ©ent du capital social, et elle est constituĂ©e d’un large Ă©ventail de centres d’intĂ©rĂȘt : les organisations religieuses et culturelles, l’éducation,la recherche, la santĂ©, les services sociaux, les sport, les associations de protection de l’environnement, les activitĂ©s de loisir et les multiples association de soutien dont l’objectif est de crĂ©er du lien social » (p 374). De fait, dĂšs maintenant, le secteur « à but non lucratif » est une rĂ©alitĂ© sociale et Ă©conomique. Et on constate qu’il attire de plus en plus de jeunes. « On voit bien pourquoi : distribuĂ© et coopĂ©ratif par nature, ce secteur est une option plus attrayante pour une gĂ©nĂ©ration qui a grandi sous internet et est engagĂ©e dans les rĂ©seaux sociaux, eux aussi distribuĂ©s et coopĂ©ratifs ».

 

Ainsi la pensĂ©e de JĂ©rĂ©mie Rifkin nous ouvre un horizon : « Si dans le prochain demi-siĂšcle, nous rĂ©ussissons Ă  satisfaire les besoins physiques de notre espĂšce –un grand si- les prĂ©occupations transcendantes deviendront probablement une force motrice toujours plus importante de la pĂ©riode suivante de l’histoire de l’humanité »  (p 17).  Dans ce temps de crise, voici une rĂ©flexion qui va alimenter notre rĂ©flexion et nourrir le dialogue.

 

JH

 

(1)            Rifkin (JĂ©rĂ©mie). La TroisiĂšme RĂ©volution Industrielle. Comment le pouvoir latĂ©ral va transformer l’énergie, l’économie et le monde. LLL Les liens qui libĂšrent, 2012. Edition originale : The third industrial revolution, 2011

Rifkin (JĂ©rĂ©mie). Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie. LLL Les liens  qui libĂšrent, 2011. Commentaire sur ce blog : la force de l’empathie 26 octobre 2011. Mise en perspective sur le site de TĂ©moins : http://www.temoins.com/etudes/vers-une-civilisation-de-l-empathie.-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkin.apports-questionnements-et-enjeux.html