L’espérance en mouvement

L'espérance en mouvementAffronter la menace environnementale et climatique pour une nouvelle civilisation écologique

Joanna Macy Chris Johnstone Michel Maxime Egger

 Les éditions Labor et Fides nous offre une collection dédiée à la question écologique. « Les études des scientifiques convergent. La civilisation industrielle basée sur la consommation industrielle des ressources entame désormais une confrontation ultime avec les limites du système terre dont elle dépend. Les dérèglements et dégradations en cours provoquent des dommages et catastrophes naturelles de plus en plus graves et des souffrances intolérables à un nombre croissant d’êtres humains. La collection « Fondations écologiques » dirigée par Philippe Roch et Michel Maxime Egger, propose des ouvrages cherchant à dégager les concepts, les valeurs et les moyens propres à fonder une civilisation respectueuse des limites écologiques d’un côté, et de la diversité des aptitudes et des aspirations humaines de l’autre » ( p 4).

En 2018, est paru dans cette collection, un livre de deux personnalités écologiques anglophones : Joanna Macy et Chris Johnstone : « L’Espérance en  mouvement. Comment faire face au triste état de notre monde sans devenir fou » (1). Ce livre est préfacé par Michel Maxime Egger, un pionnier francophone de l’écospiritualité et de l’écopsychologie (2). En suivant cette préface (au thème repris dans une vidéo)  (3), nous entrerons dans la perspective de la transition écologique et nous apprécierons l’appel de ce livre dans toute son originalité.

https://www.youtube.com/watch?v=CRk5dpvoUDQ

Vers un nouveau paradigme : écologie extérieure et écologie intérieure.

« Il ne s’agit pas seulement de protéger le milieu naturel, mais de transformer le paradigme  culturel, psychologique et spirituel qui sous-tend le modèle productiviste et consumériste qui détruit la planète…Pour cela, l’économie extérieure ne suffit pas… Cette écologie doit être complétée par une écologie intérieure et verticale… Cette nouvelle approche de l’écologie centrée sur l’approche de relations réharmonisées avec la terre et tous les être qui l’habitent, a pris de plus en plus d’ampleur ces vingt dernières années … Elle se décline selon deux axes : l’écopsychologie qui explore les relations profondes entre la psyché humaine et la terre… et l’écospiritualité qui ouvre explicitement à une dimension de mystère et d’invisible, de transcendance et de sacré, non réductible aux noms et aux formes multiples –doctrinales symboliques et rituelles – que leur donnent les traditions religieuses instituées » ( p 9-10).

 

Une visionnaire : Joanna Macy

  Joanna Macy, l’auteure du livre : « L’Espérance en mouvement », est « l’une des grandes figures de la « révolution tranquille » qui apparait aujourd’hui. Elle est l’une des rares à participer à la fois aux deux courants de l’écopsychologie et de l’écospiritualité ». Michel Maxime Egger nous présente les grandes étapes de sa vie, les « cercles expansifs » de son parcours.

Le premier cercle recouvre ses racines judéo-chrétiennes. « Si elle a vécu Dieu comme « une présence chaude et enveloppante » pendant son enfance, la théologie universitaire va transformer cette présence en vide et la foi chrétienne en injonctions morales ». Elle s’éloigne ( p 12).

Le deuxième cercle est sa formation universitaire. « Joanna a fait une formation en théorie générale des systèmes. Cela lui a donné des outils conceptuels forts pour une compréhension holistique et organique des problèmes de la planète ». Elle a vu dans cette approche « la plus importante révélation cognitive de notre temps, de la physique à la psychologie ». « Elle montre que nous tissons notre monde en une toile vivante qui forme notre demeure qu’il ne tient qu’à nous de perpétuer » ( p 13).

« Le troisième cercle est la découverte du bouddhisme à travers la rencontre avec des maitres tibétains ». Dans les années 60, elle participe à des actions humanitaires dans des régions bouddhistes. « Le bouddhisme lui a appris la nécessité de regarder la souffrance en face. Plus encore, il lui a permis de développer les ressources intérieures pour assumer cette dernière, vivre avec elle et la transformer en force de vie. Il l’a également ouverte à l’expérience de la compassion comme réponse organique à l’interdépendance de  toutes choses qui constitue la loi de la toile de la vie ». Cette inspiration spirituelle va l’accompagner dans son engagement écologique.

Cet engagement se poursuit sans l’approche de l’écologie profonde, une identification avec les réalités naturelles. « Une manière de rompre avec une posture anthropocentrique et de prendre conscience de l’unité ontologique de l’être humain avec la terre et les êtres qui la peuplent » ( p 14).

Enfin, on peut percevoir un cinquième cercle dans son engagement pour la surveillance des déchets nucléaires. « L’énergie atomique  constitue le symbole par excellence de la nature brisée et de la séparation de l’être humain avec la Terre ».

« Pour Joanna Macy, les cinq cercles n’en font qu’un. Elle voit entre eux de fortes convergences : la pensée et la pratique bouddhiste entrent en interaction avec les valeurs du mouvement vert et les principes gandhiens, la psychologie humaniste avec l’écoféminisme, l’économie durable avec la théorie des systèmes, l’écologie profonde et la nouvelle science paradigmatique » ( p 15).

 

Le Travail qui relie

« C’est riche des apports de tous ces cercles que Joanna Macy va, à partir du milieu des années 80, développer « le Travail qui relie », une méthodologie puissante de transformation personnelle et collective pour contribuer au changement de cap » ( p 16).

Car c’est bien à un changement de cap que Joanna Macy nous appelle à l’encontre de deux autres scénarios : « On fait comme d’habitude » et : on se prépare à subir « la grande désintégration ». Tout ce livre a pour but de renforcer « notre contribution au changement de cap en faisant tout notre possible » ( p 29-30).

Michel Maxime Egger porte son regard d’analyste, d’interprète et de témoin sur l’approche du « Travail qui relie ». « le but essentiel du travail qui relie est d’amener les gens à découvrir et à faire l’expérience de leurs connexions naturelles avec les êtres qui les entourent ainsi qu’avec la puissance systémique et autorégénératrice  de la grande toile de la vie, cela afin qu’ils puissent trouver l’énergie et la motivation de jouer leur rôle dans la création d’une civilisation durable » (Joanna Macy) ( p 12). L’objectif est d’aider les personnes à éveiller et développer leurs ressources – intérieures et sociales –  pour passer du déni à la réalité, de l’apathie au désir d’agir, de l’impuissance à l’empowerment, de la compétition à la coopération, du désespoir à la résilience, du moi ego-centré au soi relié »…

Cette série de passages est le cœur de ce que Joanna Macy appelle « l’espérance en mouvement » qui constitue le titre de cet ouvrage… « L’espérance vient de l’intérieur. Ele jaillit du cœur profond, telle une aspiration à accomplir le non encore advenu de l’histoire. L’espérance est en cela intrinsèquement liée au processus de la personne qui grandit en humanité et réalise son potentiel cosmique, humain et divin » ( p 17).

Le « Travail qui relie » se présente comme une spirale qui se déploie organiquement selon quatre temps :

S’enraciner dans la gratitude

Honorer sa souffrance pour le monde

Changer de vision

Aller de l’avant

C’est cette approche que présente Joanna Macy dans ce livre.

A travers la gratitude, « reconnaître les dons de la vie donne des forces ». A travers cette analyse, l’auteure rejoint la recherche psychologique dans ses découvertes récentes (4).

Honorer notre souffrance pour le monde, c’est accepter nos émotions face aux malheurs du monde, ne pas les refouler. C’est accepter de voir la réalité en face et ne pas nous réfugier dans le déni. C’est accepter d’entrer en relation avec les victimes dans une attitude d’empathie et de compassion. L’auteure nous appelle à reconnaitre et à accepter notre souffrance pour le monde. « Quand nous entendons les pleurs de la terre en nous, non seulement nous nous libérons des résistances, mais nous permettons la circulation des flux de reliance qui nous connectent avec le monde. Ces canaux agissent comme un système racinaire qui nous donne accès à une force et à une reliance qui perdurent aussi anciennes que la vie elle-même » (p 112). Dans cette pratique d’acceptation de la souffrance du monde, Joanna Macy fait largement appel aux ressources de la tradition bouddhiste. On pourrait de même se reporter à la compassion divine telle qu’elle se manifeste dans l’inspiration chrétienne.

En nous invitant ensuite à porter un nouveau regard, Joanna Macy élargit notre conscience comme l’indiquent les titres des différents chapitres :  une conscience de soi élargie ; un pouvoir d’un autre genre ; une expérience plus riche de la communauté ; une vision élargie du temps.

Et puis, nous pouvons ensuite aller de l’avant : Joanna Macy nous parle d’inspiration, d’imagination, d’intelligence collective, de confiance, de reliance. « Nous vivons à un moment où le corps vivant de notre terre est attaqué. Cependant, l’agresseur n’est pas une force étrangère, mais notre propre société de croissance industrielle. Dans le même temps, un processus de récupération extraordinaire est en cours, une réponse créative vitale que nous appelons le changement de cap. En relevant le défi de jouer le meilleur rôle possible, nous découvrons ce trésor qui enrichit nos vies et participe à la guérison du monde. Une huitre en réponse au traumatisme fait pousser une perle. Et nous, nous faisons pousser pour l’offrir ainsi, notre don de l’espérance en mouvement » (p 290).

 

Le mouvement de l’espérance

Dans son œuvre militante pour une nouvelle civilisation écologique, Michel Maxime Egger a écrit de nombreux livres. Et, aux éditions Jouvence, il a publié un livre accessible à tous : « Ecospiritualité. Réenchanter notre relation à la nature » (5). Voici ce qu’il écrit à propos de l’espérance : « L’espérance vient de l’intérieur. Elle jaillit du cœur profond,  telle une aspiration pour faire advenir le non encore advenu de l’histoire… C’est là qu’intervient la foi. Non pas comme une adhésion à un système de croyances, mais comme le fruit de l’expérience intime du divin. Ma foi est la connaissance que « la vie va vers la vie » et que « la mort n’est pas la fin de tout »… « Elle donne du sens, le courage de vivre et de s’engager, une confiance fondamentale en la vie, en l’Esprit, en la capacité de l’humain à changer » (p 115)

Si l’espérance monte ainsi du cœur profond, nous y voyons un mouvement général de l’Esprit qui fait lever cette espérance, une dynamique qui nous porte ensemble vers l’avenir. En termes chrétiens, la théologie de l’espérance développée par Jürgen Moltm

ann nous permet d’entrer dans cette dynamique et d’y reconnaître l’œuvre de Dieu. « La promesse de Dieu ouvre le futur et donne ainsi le courage d’aller vers l’avant ». « La promesse que l’avenir de Dieu s’ouvre à nous donne naissance à une mission dans l’histoire, de telle sorte que cet avenir puisse être anticipé dans le contexte des possibilités que nous découvrons » (6) « Le Dieu qui a ressuscité Jésus est le créateur d’une existence nouvelle de tout ce qui est créé ». « La résurrection est le premier acte de la nouvelle création de ce monde transitoire en une forme nouvelle vraie et durable ».  Dieu renouvelle la terre. Si aujourd’hui le monde est encore exposé aux forces de mort – et combien ne le voit-on pas aujourd’hui ! –  il est appelé à devenir la maison de Dieu ( 7). La pensée de Jürgen Moltmann et du pape François dans l’encyclique Laudato si’ se rencontrent (8).

Une perspective analogue est exprimée par Michel Maxime Egger : « L’Esprit est toujours à l’œuvre agissant à l’intérieur de la Création. Le récit allégorique de l’Apocalypse, qui clôt la Bible,  raconte l’histoire – invisible, souterraine, spirituelle – qui se joue sous la surface de l’histoire apparente, pleine de bruits et de fureurs. Cette histoire visible – avec ses nœuds, ses fils coupés, brisée et enchevêtrés qui symbolisent les souffrances, violences, et désordres de la Création – représente l’envers de la toile de la vie que le divin continue  de tisser –silencieusement et amoureusement –  avec nos vies et celles de toutes les créatures. Cela, dans l’attente que les êtres humains opèrent la mutation de conscience, le retournement intérieur nécessaire pour permettre au motif harmonieux de l’endroit de se manifester ».

« L’écospiritualité invite chacun et chacune à s’ouvrir à une telle vision d’espérance et à effectuer cette transformation. Elle souhaite ainsi nourrir le désir de nous engager pour la transition vers une société écologique, juste et résiliente ». ( p 117).

Ainsi, le livre de Joanna Macy et Chris Johnstone : « L’espérance en mouvement » est bien nommé. Cette espérance est en marche aujourd’hui à travers des voies à la fois diverses et convergentes (9).

J H

  1. Joanna Macy, Chris Johnstone. L’espérance en mouvement. Comment faire face au triste état de notre monde sans devenir fou. Préface de Michel Maxime Egger. Labor et Fides, 2018
  2. Michel Maxime Egger est sociologue, écothéologien et acteur engagé de la société civile en Suisse. Il est l’auteur de plusieurs livres. Il a fondé le réseau : Trilogies « pour mettre en dialogue traditions spirituelles, quêtes de sens, écologie et grands enjeux socio-économiques de notre temps ». Il chemine dans la spiritualité chrétienne orthodoxe. http://trilogies.org/auteurs/michel-maxime-egger
  3. Vidéo de Michel Maxime Egger présentant le travail qui relie https://www.youtube.com/watch?v=CRk5dpvoUDQ
  4. « La gratitude : un mouvement de vie » : https://vivreetesperer.com/la-gratitude-un-mouvement-de-vie/
  5. Michel Maxime Egger. Ecospiritualité. Réenchanter notre relation avec la nature. Jouvence, 2018
  6. « Une théologie pour notre temps… Chapitre : une théologie de l’espérance : https://lire-moltmann.com/une-theologie-pour-notre-temps/
  7. « Dieu dans la création » : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/
  8. « Convergences écologiques : Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, Pape François et Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/
  9. Entre autres, chemins écologiques sur ce blog :                          « Vers une économie symbiotique » : https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/              « L’homme, la nature et Dieu » : https://vivreetesperer.com/lhomme-la-nature-et-dieu/                « Comment entendre les principes de la vie cosmique pour entrer en harmonie : https://vivreetesperer.com/comment-entendre-les-principes-de-la-vie-cosmique-pour-entrer-en-harmonie/                                                                                   « Une approche spirituelle de l’écologie (Sur la Terre comme au Ciel) : https://vivreetesperer.com/une-approche-spirituelle-de-lecologie/

Aspects politiques et économiques de l’écologie :

« La course pour la terre » : https://vivreetesperer.com/la-course-pour-la-terre/

« Le New Deal Vert » : https://vivreetesperer.com/le-new-deal-vert/

 

Ecothéologie et pentecôtisme

Ecothéologie  et pentecôtisme

Dans la prise de conscience écologique, une nouvelle vision théologique est apparue au point de porter un nom : écothéologie. Michel Maxime Egger nous en a montré les différents visages (1). Nous savons aussi comment le théologien Jürgen Moltmann a sous-titré son livre : « Dieu dans la création » paru dès 1988 : « Traité écologique de la création » et  poursuivi ensuite constamment son œuvre en ce domaine (2). En 2015, le pape François publie dans ce domaine une encyclique retentissante : « Laudato si’ » (3). Dans la dernière décennie, ce mouvement est également apparu dans le champs pentecôtiste, du moins chez certains théologiens anglophones. Sachant l’expansion actuelle du pentecôtisme dans le monde, ce fait est important d’autant que certaines manifestations politiques du pentecôtisme dans certains pays ont pu être contestées. A J Swoboda est pasteur et professeur de théologie, notamment à la faculté Fuller (4). Il se déclare un environnementaliste pentecôtiste : « Le soin porté à la création est un aspect intégral de l’œuvre relationnelle du Saint Esprit dans le monde » (5). A J Swoboda a écrit sur cette questions plusieurs livres qui font référence : « Tongues and trees. Towards a Pentcostal Ecological Theology » (6) ; « Introducing Evangelical Ecotheology. Foundations in Scripture, Theology, History and Praxis ». Aussi a-t-il édité un recueil d’écrits théologiques : « Blood cries out. Pentecostals, Ecology and the Groans of Creation » (Pentecostals, Peacemaking and Social Justice) (7).

Le ‘Jour de la Terre’

L’instauration d’un ‘Jour de la Terre’ aux Etats-Unis en 1970, initiative suivie internationalement, témoigne d’une éclosion de la prise de conscience écologique. C’était un jour de méditation et d’action pour restaurer la relation humaine avec la terre. Le fondateur et le visionnaire du ‘jour de la Terre’ fut John McConnell Jr. Dans son livre : « Blood cries out », (7) A J Swoboda nous décrit cette personnalité dans son parcours spirituel, nous signifiant par là que la préoccupation écologique a pu être présente en quelqu’un fortement marquée par une inscription familiale pentecôtiste. Les parents de McConnell ont été membres fondateurs de la charte des assemblées de Dieu en 1914. Son propre grand-père fut même un participant au grand réveil de la Rue Azuza à Los Angeles en 1906. Ainsi le ‘Jour de la Terre’ a commencé avec de fortes convictions religieuses. McConnell ,voyant la crise écologique à travers sa culture religieuse, « envisageait un jour où les chrétiens pourraient montrer la puissance de la prière, la valeur de leur charité et leur préoccupation pratique pour la vie et les gens de la terre ». Ce rappel historique est une entrée en matière qui légitime une approche théologique pentecôtiste de l’écologie.

 

Univers écologique et univers pentecôtiste : tout est relation

Brandon Rhodes était étudiant à l’université d’Oregon (Etats-Unis) et il y fréquentait deux univers : l’écologie et le pentecôtisme (6). Dans la communauté pentecôtiste, il se voit proclamer l’importance de la relation : « Le Royaume de Dieu porte entièrement sur les relations ». A travers leur vie ensemble, les étudiants pentecôtistes « apprenaient à voir et à nommer l’œuvre de l’Esprit dans leur vie et dans leurs relations quotidiennes ». Cependant, dans ses études en écologie, Brandon Rhodes s’éveillait à « l’interconnexion de toutes choses, comme les champignons qui s’emploient à constituer un réseau relai entre les arbres de la forêt. Quand un feu, une sécheresse ou une tronçonneuse frappe un arbre, la forêt entière en frisonne de conscience. En écologie, la relation, c’est tout. Cette prise de conscience a profondément influencé la manière dont je voyais la terre ». « La Création brille de vie, de relation et déborde d’un saint mystère ». « Avec le temps, cette résonance entre l’écologie et le pentecôtisme me devint tout-à-fait évidente. Le Royaume de Dieu porte entièrement sur la relation et il en va de même pour l’écologie. Le royaume de Dieu dans l’Esprit est écologique et vice versa. Je le ressentais d’une manière palpable dans cet environnement verdoyant des montagnes de l’Oregon ».

 

A la recherche d’une rencontre entre la réflexion théologique et l’expérience

Brandon Rhodes constata pourtant que le pastorat pentecôtiste percevait rarement la connexion entre les deux approches, et plus généralement la valeur de l’écologie. Ce fut donc avec joie qu’il accueillit la parution du livre de A J Swoboda, un ouvrage qui établissait un pont par dessus la division entre écologie et pentecôtisme. Et, encore mieux, il rencontra l’auteur  habitant dans le même voisinage. Le livre de Swoboda : « Tongues and trees : toward a pentecostal ecological theology » formule sa thèse de doctorat pour un public plus large. Cependant, Brandon Rhodes s’interroge sur le format académique qui peut donner l’impression que le message descend d’en haut vers des réalités sociales qui montent d’en bas. « Le défi majeur pour Swoboda est de transmettre des idées académiques de haut en bas vers une tribu à la base, celle de l’église pentecôtiste. A J Swoboda trace bien quelques pistes comme « imposer les mains à la terre pour sa guérison, ou bien prêcher des eschatologies créationnelles ». Mais Brandon Rhodes reste en partie sur sa faim.

« Un épilogue plus développé en terme de pratiques pentecôtistes, expériences écologiques, incursions liturgiques, comportements mystiques à l’intention de l’église locale aurait idéalement arrondi ce travail ».

 

Un témoignage et un parcours de recherche

 Brandon Rhodes partage avec nous sa vision de foi. « Le pentecôtisme, ce n’est pas seulement une manière de prêcher, chanter, se rassembler et prier. C’est fondamentalement développer des cœurs ouverts à l’activité de l’Esprit. C’est une imagination active se demandant où Jésus peut être à l’œuvre à travers l’Esprit ».

« Cependant ce comportement pentecôtiste tourné vers l’Esprit refuse d’être commodément institutionnalisé, planifié, préemballé pour une consommation ecclésiale ».

« Swoboda semble appeler l’écothéologie à nourrir notre capacité de voir la création comme une arène où se montre la vie de Dieu. Si je le lis fidèlement en pentecôtiste, il désire nous amener à devenir des magiciens verts plutôt que des écothéologiens – des guides mystiques à même de nous faire voir la magie dont ce monde est abreuvé par le Saint Esprit. L’Esprit holistique, baptisant la création, vers où « Tongues and Trees » dirige le pentecôtisme, est vivant et actif dans le monde ». Brandon Rhodes nous appelle « à avoir des yeux pour le voir et à répondre dans la repentance ».

 

Aperçus

 Suite à son analyse, Brandon Rhodes présente un résumé détaillé du livre : « Tongues and Trees ». En voici quelques extraits.

Swoboda présente les apports des différentes dénominations à l’écothéologie. En ce qui concerne le pentecôtisme, il perçoit certaines dispositions favorables. « D’abord, le pentecôtisme met l’accent sur ce que Miroslav Wolf appelle : « la matérialité du salut » ce qui historiquement s’est prêté à une attention pour des questions de justice sociale – une disposition qui s’ouvre tout naturellement à honorer le monde matériel et, dans de nombreux cas, là où la dégradation écologique accroit les injustices existantes. Deuxièmement, l’accent pentecôtiste sur l’Esprit se prête au témoignage biblique de l’Esprit de Dieu vivifiant et même baptisant toute la création. Ainsi nous devons attendre les charismes non seulement de l’église charismatique, mais du reste du royaume de la création.

Swoboda résume son bilan des écothéologies charismatiques en deux points majeurs : « D’abord si l’Esprit de Dieu crée et vit dans la création et le peuple de Dieu, les deux sont en voie de restauration à la relationalité. La relationalité est la force même de la théologie et de la pratique pentecôtiste. Ultimement, c’est la force des théologies Esprit/création. L’accent pentecôtiste sur une église interconnectée – par – l’Esprit, nous enjoint de joindre la ‘conversation’. J’ai trouvé dans mon enseignement de l’écologie l’interconnexion de la terre elle-même. Deuxièmement, Swoboda conclut de cette recherche que notre tâche future est de nourrir une imagination pneumatologique concernant le « care » écologique.

Le développement de l’approche écologique transforme notre vision du monde. Elle nous incite à considérer qu’il y plus grand que nous et que nous nous inscrivons dans un tissu de relations. Cette vision nous invite à entrer dans une vision spirituelle où la Pentecôte apparaît comme une figure privilégiée. On comprend qu’un théologien pentecôtiste assume l’approche écologique en espérant que cette attitude se répande dans sa dénomination comme elle s’étend dans d’autres églises.

Rapporté par J H

 

  1. Ecospiritualité : https://vivreetesperer.com/ecospiritualite/
  2. Dieu dans la création : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/
  3. Convergences écologiques :Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, pape François et Edgar Morin : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/
  4. A J Swoboda Ph D : https://www.bushnell.edu/faculty/a-j-swoboda/
  5. A J Swoboda : I am a pentecostal environmentalist : https://faithandleadership.com/aj-swoboda-im-pentecostal-environmentalist
  6. Book Review, Tongues and trees. Toward a pentecostal ecological theology : https://christandcascadia.com/2014/08/01/book-review-tongues-and-trees-toward-a-pentecostal-ecological-theology/
  7. A J Swoboda. Blood cries out : https://www.amazon.com/Blood-Cries-Out-Pentecostals-Peacemaking/dp/1625644620

accueilir la vie

Participer aux forces qui circulent et construisent dans le mouvement de la vie, c’est aussi refuser l’isolement et le repli sur soi. En terme spirituel, c’est participer à l’œuvre de l’Esprit qui donne vie (1). De plus en plus, cette conscience se répand, et, pourtant, nous savons par expérience les obstacles que nous ressentons. Il y a en nous de mauvais plis hérités du passé qui limitent et encombrent nos psychismes. Cependant, Dieu, en Christ et dans l’Esprit, vient à nous comme Celui qui aime, donne et libère, en nous a        ppelant à participer à la vie divine. Cette inspiration se répand  à travers des relations humaines. Mais, là aussi, des représentations héritées du passé peuvent faire obstacle : dogmatisme, légalisme, volontarisme. C’est comme si un cadre plus ou moins contraignant nous était imposé d’en haut. Cette attitude est bien illustrée par une formule présente dans des catéchismes anciens : « Les vérités à croire. Les commandements à pratiquer ». Mais, sous d’autres formes et dans différents milieux, on peut rencontrer aujourd’hui cet état d’esprit.

Odile Hassenforder, dans le livre : « Sa présence dans ma vie » (2), rapporte son expérience. Parce qu’un jour, elle a reçu le don de Dieu dans sa plénitude, elle a poursuivi son existence dans l’accueil de l’Esprit. Aussi, en regard des rigidités qu’elle a pu rencontrer, elle sait nous communiquer son élan intérieur et nos aider à accueillir et recevoir la vie divine. Ce message transparaît dans plusieurs chapitres de son livre. Voici quelques extraits significatifs.

 

Ce désir au fond de moi

 

« Ce désir au fond de moi d’être imprégné de la vie divine est suscité par l’Esprit. Donc, j’ai à accueillir son œuvre en moi et ensuite, à donner mon accord pour qu’il me rende capable du vouloir, puis du faire, vis-à-vis des actes qui lui plaisent. C’est très différent que de me forcer, de rassembler ma volonté pour agir… (p 119)

 

Accueillir l’œuvre de Christ en moi.

 

« J’entend souvent : « Il faut », Je dois », c’est à dire par mes propres forces. Dans la conversion, il y a certes une décision de notre part, c’est vrai pour toute chose, mais nous ne pouvons décider d’agir comme Jésus si nous n’en avons pas la grâce. Notre attitude juste est celle de l’accueil de l’œuvre de Jésus en nous, décision qu’elle se fasse en nous par l’Esprit, dans l’espérance, dans notre marche vers… La mort de Jésus a été la conséquence du refus humain à la vie divine. Le mal perd son pouvoir dans la résurrection qui donne la vie. A nous d’accueillir l’œuvre de Christ en nous en prenant conscience qu’il demeure en nous et en décidant de demeurer en Lui. Jésus n’est pas extérieur à nous comme un modèle à suivre, mais il demeure en nous » (p 121).

 

Nous sommes le plaisir de Dieu

 

Je me rend compte que nous sommes le plaisir de Dieu… La création est un acte d’amour qui éclate de Dieu : Père, Fils et Esprit pour partager, donner, dialoguer… Dieu prend plaisir à créer, à recréer ce qui est endommagé… Dieu aime toute sa création d’un amour identique pour chacun… Alors ! Dieu est d’autant plus content lorsque nous recevons (p 90).

 

Libres paroles sur la venue du Dalaï Lama à Paris.

 

« Ce succès montre la soif de spiritualité de nos contemporains : soif de paix, de tolérance, d’amour….

Et nous chrétiens, qu’avons-nous à apporter ? Nous parlons aussi d’amour. Je ne me crois pas meilleure que les autres. Depuis le jour où Dieu s’est révélé à moi à travers une prière exaucée et où j’ai découvert que je recevais de lui, paix et plénitude, je suis entré dans un univers spirituel, une nouvelle dimension. Dans la relation avec Dieu, en Jésus-Christ, je suis assuré de sa sollicitude jusque dans l’éternité… Je vois la présence de Dieu à l’œuvre aujourd’hui. Au milieu de l’ivraie, tout le négatif que nous rabâche les médias, je vois aussi le blé qui porte du fruit… » (p199).

 

« Dieu fait pour nous des projets de bonheur et non de malheur » (Jérémie 29.11). C’est bien dans cet esprit que nous sommes appelés à vivre. Entraidons-nous pour accueillir la Vie dans nos vies .

 

JH

 

(1)            Voir le site : www.lespritquidonnelavie.com

Hassenforder (Odile). Sa présence dans ma vie. Empreinte, 2011. Site : www.editions-empreinte.com  Présentation sur le site de Témoins accompagnée de commentaires et de témoignages : « Sa présence dans ma vie » http://www.temoins.com/evenements-et-actualites/sa-presence-dans-ma-vie.html

Reliance : une vision spirituelle pour un nouvel âge

Tout se tient. Nous sommes reliés, interconnectés. Dès 2006, dans son livre : ‘Something there’ (1), David Hay évoque la spiritualité en terme de ‘Conscience relationnelle’. Ainsi, dans la part de cette recherche consacrée à la vie enfantine, l’analyse des conversations avec les enfants montrait combien ils se sentaient reliés à la nature, aux autre personnes, à eux-mêmes et à Dieu.

Depuis la fin du XXe siècle, la reconnaissance de cette reliance transparait dans la théologie chrétienne avec l’apparition de la nouvelle théologie trinitaire de Jürgen Moltmann. Dieu est communion (2). De même, Richard Rohr évoque constamment la réalité d’une interconnexion (3). Cette prise de conscience de l’importance de la relation est également un phénomène culturel : ‘Relions-nous !’ (4). Ce livre présente un mouvement de pensée. Et voici qu’un ‘Manuel de transition intérieure’, un livre qui vient nous introduire dans le changement personnel requis par l’entrée dans un nouvel âge, un âge écologique, un âge du vivant, s’affiche dans le titre de ‘Reliance’ (5). Pour répondre au dérèglement planétaire, un véritable ‘changement de paradigme’ s’impose et requiert ‘une transition tant intérieure qu’extérieure’. « Cette métamorphose de notre ‘être-au-monde’ appelle un réveil de l’imaginaire, un dépassement des dualismes, et une ouverture à la spiritualité ». Cet ouvrage a pour auteurs, Tylie Grosjean, Elie Wattelet et Michel Maxime Egger, souvent évoqué sur ce site (6). A l’intention du vaste public auquel ce livre est destiné, un chapitre est consacré à une ‘ouverture à la spiritualité’ et c’est dans ce chapitre que nous avons puisé les éléments d’une réflexion sur la ‘reliance’.

 

Reliance au plus grand que soi

Les auteurs mettent en évidence un « regain de spiritualité, en lien en particulier avec des engagements écologiques et sociétaux ». « Ce n’est pas qu’un effet de mode. Il constitue une tendance de fond dans le monde occidental. En toute rigueur intellectuelle, il convient de le prendre en compte dans une approche de la transition qui se veut holistique et dynamique » (p 102-103).

Mais qu’est-ce que la spiritualité ? Peut-on en approcher une définition ? En fait, « le mot renvoie à des expériences plurielles qui ressortent notamment dans une large enquête menée en 2013 auprès de personnes fréquentant le forum 104, carrefour parisien entre spiritualité et transition. A la question : qu’est-ce que la spiritualité ? on peut lire des réponses très diverses : la rencontre de l’être humain avec son âme ; la quête de la réalité de ce que nous sommes au-delà des apparences ; ce qui donne sens à ma vie ; être relié au divin qui est en chacun de nous… une réalité invisible, mais qui existe, porteuse de valeurs et d’idéaux pour l’humanité ; un chemin de connaissance de soi et un éveil à l’au-delà… ». Les auteurs avancent cette proposition : « la spiritualité désigne la relation à un autre plan du réel de la vie et de la conscience : ‘le plus grand que soi’ ». Comme l’étymologie du mot renvoie à ‘l’esprit’, « dans notre perspective, ce n’est pas seulement la vie de l’esprit (avec une minuscule), mais la vie de ou dans l’Esprit (avec une majuscule) comme expression justement du ‘plus grand que soi’ » (p 103). Différentes versions sont ensuite évoquées : immanence, transcendance, immanence et transcendance (panenthéisme ).

« Pour une spiritualité de la transition qui ne peut être que non dogmatique, ouverte et sans exclusive, le ‘plus grand que soi’ est un mystère ineffable qui nous dépasse et fait partie inhérente de la vie sur Terre. Or un mystère ne s’explique pas et ne se résout pas comme une énigme, il se vit et se célèbre. Ainsi qu’en témoignent les mystiques, on n’y accède qu’en participant à sa vie même. Il échappe à notre compréhension, excède tous les noms et images dont on l’affuble… Quelles que soient la forme et la dénomination, pour paraphraser le théologien Jean-Yves Leloup, il renvoie à l’Être, la Conscience, la Vie, la Relation et l’Amour qui est à la source de tout être, de toute conscience, de tout vie, de toute relation et de tout amour » (p 104). « On peut donc entendre la spiritualité comme une vie reliée au ‘plus grand que soi’, lequel est la source secrète, humble, puissante, et féconde du vivant ».

Cette approche est illustrée ici par un témoignage. « Pour Michel Maxime comme pour beaucoup d’autres, une telle expérience d’éveil a constitué un tournant radical dans sa vie, un moment fondateur et sans retour : « C’était en 1984, pendant l’année que j’ai passé en Inde ». Il raconte le contexte de son expérience : « Le corps limé et l’âme polie par la route, j’étais descendu au petit matin au bord d’un étang dans lequel se mirait un temple. Là, dans le silence et la solitude de l’aube, la transparence cristalline de l’eau, j’ai été soudain submergé par une vague de paix et de lumière. Les larmes abondantes coulaient san raison et sans fin. Entre le monde et moi, tout soudain était communion, amour, harmonie. Rien ne manquait plus, plus rien n’était à attendre et à espérer. Il y avait juste la vie dans son abondance et sa puissance, l’être dans sa plénitude et sa pureté. A partir de cet instant, rien n’était plus comme avant et ne le serait jamais plus ». Cette expérience de plénitude rejoint celles décrites par David Hay dans son livre ‘Something there’ (1). « Une autre dimension de la conscience s’était ouverte à moi », poursuit Michel Maxime. « Oui, il y a au plus profond de l’être et du monde un Esprit, un Souffle, une Présence infinie, au-delà du temps et de l’espace, qui transcende le réel et qui le fonde… ». Cette vision s’est précisée par la suite : « A cet instant là, ce Réel ultime était encore impersonnel ; il n’avait ni nom, ni visage, mais il était – il prendra plus tard la forme du Christ. Toute la suite de ma vie jusqu’à aujourd’hui, a été de cultiver les fruits de cette expérience… » (p 105).

 

Un sacré relationnel

 « De la refondation spirituelle du cosmos découle un art de la reliance. Être et vivre, c’est être et vivre avec. Cela revient à créer des ‘écosystèmes de vie bien reliée’ à travers la culture d’un quadruple lien. A soi – au-delà de l’ego – dans une démarche de connaissance, d’accomplissement et d’alignement entre notre être profond, nos aspirations et ce que nous faisons. Aux autres – au-delà des frontières et des identités – dans la compassion et l’amour… Au vivant – au-delà de toutes les séparations – dans la conscience de nos interdépendances, la reconnexion profonde avec les autres formes de vie, humaines et autres qu’humaines. A « plus grand que soi » – au-delà de tous les dogmes – à travers l’accès à des états de conscience plus larges, plus profonds et élevés où nous répondons à l’appel de l’infini et accueillons le Souffle qui se donne » (p 111).

Ce sera la relation qui sera au cœur de notre existence tant pour réparer des liens que pour en établir de nouveaux. Ici les auteurs s’inspirent du philosophe juif Martin Buber. Selon lui, le but est d’établir des relations ‘je-tu’ plutôt que ‘je-cela’. « Ce dernier est superficiel, unilatéral, instrumental. L’autre… y devient un objet au service de l’ego séparé et séparant. Le ‘je-tu’ au contraire est profond, réciproque et dialogal… L’autre est rencontré, accueilli et reconnu sans jugement, dans sa liberté, sa singularité et sa dimension divine. La dualité devient communion d’amour, union sans fusion et confusion » (p 112). Le ‘je-tu’ est le fondement pour construire un ‘nous’ authentique – si important dans les collectifs de transition – qui permet de dépasser le culture du ‘moi-je’ dans le respect de l’unicité et de l’altérité de chaque personne. ‘Je suis parce que nous sommes’ affirme la sagesse traditionnelle bantoue. Et, estime Martin Buber, « à partir d’un certain degré de vérité et de profondeur, un espace s’ouvre dans le ‘je-tu’ où se manifeste un ‘Tu majuscule’ d’essence spirituelle : le ‘Tu éternel et divin’ qui par essence ne peut jamais devenir un ‘cela’ et constitue l’origine et la sève de l’amour inconditionnel ». « Cette métamorphose revient à réaliser ce que plusieurs traditions de sagesse considèrent comme la vocation de l’être humain : devenir un pont – à l’intérieur et l’extérieur de soi – entre la Terre et le Ciel, le matériel et le spirituel, le fini et l’infini, le temps et l’éternité ».

« Dans cette dynamique, nous passons alors de la connaissance sur à la connaissance de. Une connaissance qui est co-naissance (naissance avec), directe, intuitive, globale, paradoxale, au-delà de la dualité sujet-objet, dan une saisie immédiate par-delà les mots et les images. Le langage de cette connaissance est celui du mythe et du symbole, ses moteurs sont l’émerveillement et l’amour. » (p 112)

Nous entrons ici dans le royaume du sacré. « Forgé par l’anthropologie culturelle, le ‘sacré’ est une notion complexe, lourde d’héritages divers. Étymologiquement, il désigne ce qui est (mis) à part, séparé de l’impur et du profane. C’est traditionnellement le domaine du ‘Tout Autre’, tissé de règles et d’interdits ».

Aujourd’hui, le sacré change de visage, dans une nouvelle conscience et un nouveau type d’expérience spirituelle (7). Il n’est pas réductible au religieux institué qui n’en est qu’une des expressions. Il n’est plus assigné à un lieu, mais est potentiellement partout. Il ne sépare plus, mais relie. Il n’existe plus en soi, mais émerge à travers une relation « je-tu ». Cette expérience du sacré, personnelle et intime, croise souvent la mystique religieuse et la mystique sauvage. Elle peut survenir de manière circonstancielle, à la faveur d’une connexion profonde avec le vivant, d’une extase amoureuse, d’une lecture ou d’un rite. Elle peut aussi être le fruit d’un cheminement spirituel où l’on cultive un état intérieur d’alignement entre « plus grand que soi, le vivant et soi-même » (p 113).

Dans la foi chrétienne, une dimension personnelle vient s’inscrire dans la reliance. Elle se manifeste concrètement à travers la venue de Jésus, l’incarnation divine et la résurrection du Christ. Comme cela a été le cas dans le cheminement de Michel Maxime, ce message pourra être entendu dans le nouveau paysage spirituel qui se manifeste aujourd’hui, tel que ce livre vient le présenter à un vaste public en recherche de sens.

J H

 

  1. La vie spirituelle comme ‘une conscience relationnelle’. Une recherche de David Hay : https://www.temoins.com/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/
  2. Dieu, communion d’amour : https://lire-moltmann.com/dieu-communion-damour/
  3. La grande connexion : https://vivreetesperer.com/la-grande-connexion/
  4. Tout se tient. ‘Relions-nous’ : un livre et un mouvement de pensée. https://vivreetesperer.com/tout-se-tient/
  5. Michel Maxime Egger, Tylie Grosjean, Elie Wattelet. Reliance. Manuel de la transition intérieure. Actes Sud / Colibris (Domain du possible)
  6. Ecospiritualité : https://vivreetesperer.com/ecospiritualite/ Réenchanter notre relation au vivant : https://vivreetesperer.com/reenchanter-notre-relation-au-vivant/
  7. Comment la reconnaissance et la manifestation de l’admiration et de l’émerveillement exprimées par le terme : ‘awe’, peut transformer nos vies : https://vivreetesperer.com/comment-la-reconnaissance-et-la-manifestation-de-ladmiration-et-de-lemerveillement-exprimees-par-le-terme-awe-peut-transformer-nos-vies/

Comment l’esprit de l’Evangile a imprégné les mentalités occidentales et, quoiqu’on dise, reste actif aujourd’hui

Résultat de recherche d'images pour "« The making of the western mind » de Tom Holland"« The making of the western mind » de Tom Holland

 « Dominion : The making of the western mind » (la formation de la mentalité occidentale », c’est le titre du livre d’un historien britannique, Tom Holland, traduit en français sous un titre plus explicite : « Les chrétiens. Comment ils ont changé le monde » (1). Qu’est-ce à dire ? A une époque où la pratique chrétienne recule dans les pays occidentaux et particulièrement en Europe, le christianisme continue-t-il à inspirer nos sociétés ? C’est la question que s’est posé cet historien. Il y répond dans un volume de plus de 600 pages qui déroule la fil de l’histoire du christianisme à travers vingt siècles comme une véritable épopée, alternant récit épique et analyse historique dans une vingtaine de grands moments répartis entre l’antiquité, la chrétienté et la modernité.

« Le fracas des armes, le choc des ego, les guerres civiles qui scandent l’histoire des religions monothéistes nous le rappellent : la plus grande histoire du monde, l’avènement du christianisme, de l’antiquité jusqu’aux crises migratoires, est une épopée. Une histoire pleine de bruits et de fureurs opposant athées et croyants, islam et chrétienté. Face à la montée du matérialisme, du divorce entre l’Eglise et le message évangélique à la crise de foi et aux nouvelles guerres de religion, la chrétienté maintiendra-t-elle sa suprématie ? Ou, confrontée au recul du sacré, fait-elle partie du monde d’hier ? » (page de couverture).

Sans doute, dans cette affaire, l’usage du mot chrétienté porte à question. Ce que nous dit l’auteur, c’est qu’au long de cette histoire, le message de l’Evangile a été un levain et qu’il a été et reste la matrice des grandes valeurs qui inspirent le monde occidental. Tom Holland nous dit comment personnellement il a été amené à se poser ces questions à partir de son expérience de l’antiquité en prenant conscience de la violence insupportable qui y régnait. Il nous montre en quoi le christianisme a été un choc culturel par rapport à la civilisation romaine, et l’inspiration évangélique, une force transformatrice au cours des siècles, dans le sillage du Christ crucifié, prenant le parti des pauvres face aux riches et aux puissants. Cependant, le christianisme a souvent été desservi et trahi par les institutions. Le reflux du « christianisme organisé » témoigne d’un porte-à-faux. Cette histoire est donc complexe. Cependant, Tom Holland nous montre qu’aujourd’hui encore, l’imprégnation évangélique est toujours active jusque dans des milieux séculiers et éloignés de la religion . Ce sont des valeurs chrétiennes qui inspirent les mouvements contemporains au service du respect de l’humanité et des droits humains quelle qu’en soit la forme.

 

Comment Tom Holland a pris conscience de l’originalité de l’inspiration chrétienne

 Tom Holland s’est d’abord orienté vers l’étude de l’antiquité . Ses premiers ouvrages d’historien ont porté sur les invasions perses de la Grèce et les ultimes décennies de la civilisation romaine. Au départ, il était fasciné par la civilisation gréco-romaine et ses personnages emblématiques. Et puis, progressivement, il a pris conscience de la barbarie que cette civilisation véhiculait. Et elle lui est apparue comme de plus en plus étrangère : « Les valeurs de Léonidas, dont le peuple avait pratiqué une forme particulièrement atroce d’eugénisme en entrainant les jeunes à assassiner de nuit les « untermenschen », les sous-hommes, n’étaient pas les miennes, ni celles de César qui aurait tué un million de gaulois et réduit en esclavage un million d’autres Ce n’était pas seulement leur violence extrême qui me troublait, mais leur absence totale de considération pour les pauvres et pour les faibles » (p 27).

Tom Holland, après une enfance pieuse, s’était éloigné de la foi chrétienne, même « s’il continuait vaguement de croire en Dieu ». « Le Dieu biblique lui apparaissait comme l’ennemi de la liberté et du plaisir » ( p 26). Alors, dans cette prise de conscience, il a compris combien les valeurs chrétiennes étaient précieuses. « L’effacement de ma foi chrétienne au cours de l’adolescence ne signifiait pas que j’eus cessé d’être chrétien. Les postulats avec lesquels j’ai grandi sur la meilleure manière de gouverner une société et sur les principes qui devraient être les siens, ne proviennent pas de l’antiquité classique, encore moins d’une quelconque « nature humaine », mais très clairement de son passé chrétien. L’impact du christianisme sur le développement de l’Occident est un fait si profond qu’il en est venu à ne plus être perçu … Ce livre explique ce qui a rendu le christianisme si subversif et perturbateur, comment il a fini par imprégner la mentalité de la chrétienté latine et pourquoi, dans un Occident souvent incrédule à l’égard des prétentions de la religion, nos attitudes restent, pour le meilleur et pour le pire, profondément chrétiennes » ( p 28).

 

Face à la domination et à la violence, l’élan de la révélation chrétienne

Notre image de l’antiquité gréco-romaine nous renvoie généralement au prestige de grandes œuvres intellectuelles ou monumentales. Nous recevons ainsi un héritage. Mais il s’agit de la meilleure part, car, comme Tom Holland en a pris progressivement conscience, il y a à l’arrière-plan des mœurs barbares où la violence des puissants se déploie au dépens des faibles dans une omniprésence de l’esclavage.

Le châtiment de la crucifixion est emblématique de la puissance romaine. Tom Holland nous décrit cette horreur répandue au cœur de Rome et dans tout l’empire . Ce livre commence par une effroyable description d’un quartier de Rome longtemps réservé à une crucifixion de masse. « Aucune mort ne semblait égaler la crucifixion dans l’ignominie. Cela en faisait le châtiment tout désigné pour les esclaves…. Pour se montrer dissuasif, celui-ci devait s’exécuter en public. Et, rien n’évoquait avec plus d’éloquence l’échec d’une révolte que la vue des centaines et des centaines de corps suspendus à des croix alignées le long d’une voie ou amassées au pied d’une cité rebelle ou encore de collines alentour dépouillées de leurs arbres » ( p 12). Si la cruauté de ce châtiment n’échappait pas à certains esprits, « l’effet salutaire des crucifixions sur ceux qui menaçaient l’ordre républicain ne faisait guère de doute aux yeux des romains » (p 11).

Ainsi, la croix était l’instrument d’un système glorifiant la puissance des hommes de pouvoir et des dieux au détriment des opprimés. En mourant sur une croix, Jésus a bouleversé l’ordre dominant. Et cette subversion s’est répandue dans l’histoire. « Que le fils de Dieu, né d’une femme et condamné à la mort d’un esclave, ait péri sans être reconnu par ses juges était propice à faire réfléchir même le plus arrogant des monarques » Il y avait là la source « d’un soupçon capital que Dieu était plus proche des faibles que des puissants, des pauvres que des riches » ( p 20).

Par ailleurs, à tous égards, en la personne de Paul, la prédication chrétienne s’est avérée révolutionnaire. Dans un chapitre : « Mission », il nous est montré toute la portée de ce message. « Les juifs, tels des enfants soumis à la protection d’un tuteur, avaient reçu la grâce de se faire le gardien de la loi divine. Mais la venue du Christ avait rendu cette mission caduque…. Le caractère exclusif de cette alliance était abrogée. Les anciennes distinctions entre eux et les autres, dont la circoncision masculine constituait le symbole, se voyaient transcendée. Juifs et grecs, galates et scythes, tous égaux dans la foi en Jésus-Christ, formaient désormais le peuple saint de Dieu » ( p 102). « Et la loi du Dieu d’Israël pouvait être lue et inscrite dans le cœur humain par son Esprit » ( p 113). L’universalité de ce message était et est encore révolutionnaire. C’était et c’est encore un message d’amour et de respect. Dans un monde où la domination masculine s’imposait, c’était également proclamer la dignité de la femme. Dans le monde de Néron, un monde où la débauche sexuelle était à son paroxysme, comme l’auteur nous en décrit la réalité suffocante, Paul proclame le respect du corps, « temple du Saint Esprit » ( p 119). Là aussi c’est un message révolutionnaire. Pendant des siècles, ce message a transformé les consciences et il a transformé l’Occident. Si cet idéal a bien souvent été bafoué, il a néanmoins  changé les mentalités en profondeur.

Tout au long de ce livre, Tom Holland nous montre comment ce message s’inscrit encore aujourd’hui dans les esprits, chez ceux qui vivent la foi chrétienne, mais aussi dans ceux qui l’ont délaissée et ont quitté les institutions religieuses. « Comment se fait-il qu’un culte inspiré par l’exécution d’un obscur criminel dans un empire disparu ait pu imprimer une marque si profonde et durable dans le monde ? » ; C’est la question à laquelle Tom Holland répond dans ce livre. « Il suit les courants de l’empire chrétien qui se sont répandu le plus largement et ont survécu jusqu’à nous » (p 23). « Aujourd’hui, alors que nous sommes les témoins d’un réalignement géopolitique sismique, que nos principes se révèlent moins universels que certains d’entre nous ne l’auraient imaginé, le besoin de reconnaître à quel point ceux-ci sont culturellement contingents, est plus puissant que jamais. Etre citoyen d’un pays occidental revient à vivre dans une  société toujours saturée de convictions et de supputations chrétiennes » (p 23).

 

De manière visible ou invisible, l’inspiration de l’Evangile active au fil des siècles et toujours aujourd’hui.

 En rapportant l’histoire de la civilisation chrétienne, Tom Holland a cherché à en montrer les accomplissements et les crimes, mais, comme il nous le dit, son jugement a été lui-même conditionné par les valeurs chrétiennes. Ce sont ces valeurs qui, de fait, ont engendré la proclamation des droits humains, même si cette origine, fut dès l’époque plus ou moins passée sous silence. « Des deux côtés de l’Atlantique, les révolutionnaires considéraient que les droits de l’homme existaient naturellement depuis toujours et qu’ils transcendaient le temps et l’espace » Pour l’auteur, c’est là « une croyance fantastique ». « Le concept des droits de l’homme avait été à ce point médiatisé, depuis la Réforme, par les juristes et les philosophes protestants qu’il en était venu à masquer ses véritables origines. Il ne provenait pas de la Grèce antique, ou de Rome…C’était un héritage de jurisconsultes du Moyen-Age…. ».

Tom Holland nous montre la prégnance des valeurs chrétiennes jusque dans les mouvements qui sont sortis des cadres sociaux du christianisme. Les adversaires du christianisme s’y opposent bien souvent en fonction même de l’esprit de l’Evangile. « Alors même que Voltaire présente le christianisme comme hargneux, provincial, meurtrier, son rêve de fraternité ne faisait que trahir ses origines chrétiennes. De même que Paul avait proclamé qu’il n’y avait ni juif, ni grec dans le Christ Jésus, un avenir baigné dans d’authentiques Lumières ne comporterait ni juif, ni chrétien, ni musulman. Toutes leurs différences seraient dissoutes. L’humanité ne ferait qu’un «  ( p 434). Le souci des humbles et des souffrants, qui mobilise aujourd’hui tant d’hommes et de femmes pour de grandes causes, est, lui aussi, directement issu du christianisme. Des adversaires extrêmes du christianisme le montrent bien puisqu’ils rejettent à la fois le vécu chrétien  et les idéaux de compassion et d’égalité. Ce fut le cas de Nietzsche ( p 513-514).

Et, aujourd’hui, dans les débats sur les questions de société, des positions adverses s’inspirent de valeurs chrétiennes reprises différemment. « L’idée que la guerre de religion en Amérique se livre entre les chrétiens d’un côté et ceux qui se sont émancipés du christianisme de l’autre, est une exagération que les deux parties ont intérêt à promouvoir.. En réalité, évangéliques comme progressistes sont issus de la même matrice. Si les adversaires de l’avortement héritent de Macine qui avait parcouru les décharges de la Cappadoce à la recherche d’enfants abandonnés à sauver, ceux qui les combattent s’appuient sur la supposition non moins chrétienne que le corps de la femme devrait être respecté comme tel par tout hommes. Les partisans du mariage homosexuel se montrent pour leur part tout autant inspirés par l’enthousiasme de l’Eglise pour la fidélité monogame que ses opposants par les condamnations bibliques des hommes qui couchent avec des hommes » ( p 586).

Si dans l’histoire du christianisme, il y a bien des épisodes qui sont marqués par la violence et la domination, « les normes selon lesquelles ils furent condamnés pour cela restèrent chrétiennes ».

Et, aujourd’hui encore, ces normes, bien souvent non identifiées comme telles, restent vigoureuses. « Même si les Eglises devaient continuer à se vider dans tout l’Occident, il semble peu probable que ces normes changeraient rapidement. « Dieu a choisi les éléments faibles du monde pour confondre les forts ». Tel est le mythe auquel nous persistons à nous accrocher. En ce sens, la chrétienté reste la chrétienté » ( p 592).

 

Passé, présent et avenir

 Les lectures de l’histoire du christianisme  différent selon les regards qui lui sont portés. L’approche d’un historien dépend de son contexte personnel qui, lui-même induit tel ou tel questionnement.

Ainsi Jean Delumeau a exploré le climat de peur engendré par une image de Dieu et un système répressif.. Son oeuvre historique milite en faveur d’un christianisme ouvert à la modernité. Conscient de l’écart entre les propositions du christianisme institutionnel et la culture actuelle, souvent désignée comme ultra-moderne, nous avons cherché un éclairage dans des lectures historiques montrant comment l’élan du premier christianisme s’était figé et emprisonné dans une système  hérité de la conjonction entre l’empire romain et l’Eglise et ayant perduré pendant des siècles avant de soulever des vagues de protestation. Quant à lui, Tom Holland s’attache à mettre en évidence le caractère révolutionnaire du message chrétien à son apparition dans le monde antique et la puissance de la matrice chrétienne à travers les siècles jusqu’à aujourd’hui. Il retient notamment son engagement en faveur des pauvres et des faibles et son caractère universaliste . Dans cette entreprise, il accorde une place majeure à la croix alors qu’on pourrait mettre également en évidence la résurrection du Christ, l’œuvre de l’Esprit et l’espérance qui est ainsi déployée. N’est-ce pas cette espérance qui a animé certains mouvements contemporains comme la campagne pour les droits civiques  engagée par Martin Luther King contre la discrimination raciale ou la théologie de la libération.  C’est la théologie de l’espérance  exprimée par Jürgen Moltmann (2)

Ainsi, il y a bien un lien entre passé, présent et avenir
L’importance de ce livre nous paraît résider dans le fil conducteur qui met en valeur l’influence majeure de la matrice chrétienne dans la civilisation occidentale, et, tout particulièrement dans la manière dont cette influence continue à s’exercer dans une société sécularisée, apparemment déchristianisée. Ainsi parle-t-on aujourd’hui d’une « sortie de la religion », mais tout dépend de ce qu’on entend par ce terme. Tom Holland nous dit qu’en réalité le message évangélique est toujours présent et actif dans la profondeur des mentalités. Et, à bien y réfléchir, on mesure les gains accomplis au cours des siècles par rapport aux mœurs barbares qui prédominaient dans l’antiquité. C’est comme si le message chrétien avait agi comme un levain. Si le monde aujourd’hui est en danger, il y a aussi des atouts dans la créativité   scientifique et technologique et les prises de conscience qui se multiplient :  conscience écologique, mais aussi conscience de la montée d’une nouvelle donne relationnelle : promotion des femmes, respect des minorités, nouveau regard où prend place l’empathie, la bienveillance, le « care »… Voici un horizon où on peut lire une présence du levain évangélique quel que soit soit le déphasage des institutions. Et, dans une attention et une écoute croyante, ne peut-on y voir l’oeuvre de l’Esprit et regarder ainsi en avant ?

J H

 

  1. Tom Holland. Les Chrétiens. Comment ils ont changé le monde. Editions Saint Simon, 2019 . Ce livre a été présenté sur France Culture : https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/ce-que-lesprit-occidental-doit-au-christianisme Tom Holland a été interviewé en France sur la portée et la pertinence de ce livre :      https://www.youtube.com/watch?v=LMRwkqcl3Lw&feature=emb_logo
  2. Un accès à la pensée théologique de Jürgen Moltmann sur le blog : « l’Esprit qui donne la vie » : https://lire-moltmann.com