par jean | Avr 8, 2012 | ARTICLES, Vision et sens |
Dans son livre : « Sa présence dans ma vie », Odile Hassenforder aime se rappeler et nous rappeler que la vie n’est pas dépourvue de sens. Ainsi, le dernier chapitre du livre est intitulé : « Tout se tient. Unité et harmonie en Dieu ». Elle écrit : « Qui suis-je pour être « collaboratrice » du créateur ? (Psaume 8). Dieu continue à créer avec chacun de nous et avec moi. « Le Père céleste agit sans cesse », dit Jésus, et il m’invite à participer à la nouvelle création mise en route dans sa résurrection » (p. 209). Extrait de ses écrits personnels et jusqu’ici non publié, dans une forme suggestive, ce texte est court, mais accompagné par des versets bibliques auxquels elle nous renvoie, il nous invite à aller au delà de nos impressions immédiates. JH
Comprendre la sagesse de Dieu.
Dieu a construit sa création
selon des règles de vie.
A nous de les observer
Admirer … adorer le Créateur.
A nous de rentrer dans ses places
Et de collaborer
Car il nous donne la force : toutes qualités : don, vie…intelligence.
Tout le long de la Vie.
Les refus, les obstacles opposés par les hommes sont utilisés par Dieu. Car les hommes enfermés dans leurs erreurs sont l’occasion d’une ouverture pour d’autres.
Chercher le positif que Dieu tire des déviations, épreuves.
Car Il poursuit son œuvre.
Et donne sa grâce, son pardon à tous les hommes
toutes les nations
qui reconnaîtront
Le Dieu de l’Univers
Manifesté à chacun.
Odile Hassenforder
15.10.2006
Textes bibliques en regard
Esaïe 28.23-29
Ecoutez ma parole attentivement.
Quel laboureur laboure la terre en tout temps pour y semer ?..
C’est son Dieu qui l’instruit des règles à suivre
l’enseigne
Car on ne foule pas l’aneth à l’aide d’un rouleau…
Tout cela vient de l’Eternel le Seigneur (de l’Univers).
Son plan est merveilleux
Sa sagesse est immense.
Proverbe 22.19
Pour que tu mettes ta confiance en l’Eternel,
Je vais t’instruire.
Psaume 92
versets 5-7
Ce que tu fais, Seigneur, me remplit de joie
L’ouvrage de tes mains, j’acclamerai
Tes pensées sont grandioses
Tes pensées sont profondes.
L’insensé n’y connaît rien
Le sot ne peut les comprendre.
verset 9
Eternel, tu es souverain pour l’éternité…
Voici. Tes ennemis périssent.
Romains 11
verset 33
Combien profondes sont les richesses de Dieu, sa sagesse et sa science
verset 28-32
Si on considère comment les juifs ont refusé l’Evangile,
Devenus ennemis de Dieu, c’est pour votre bien.
Si on considère le choix de Dieu, ils sont ceux que Dieu aime à cause de leurs ancêtres, car Dieu ne change pas d’idées.
Vous connaissez Dieu parce que les juifs ont désobéi.
Eux aussi connaissent son pardon.
Car Dieu a emprisonné les hommes dans leur désobéissance afin de faire grâce à tous…
Les écrits d’Odile Hassenforder sont une ressource à laquelle nous faisons appel dans ce blog : Voir : « La grâce d’exister » (septembre 2011), « Lorsque Dieu nous parle de bonheur » (octobre 2011), « Accueillir la vie » (décembre 2011), « Horizon de vie » (février 2012).
par jean | Sep 5, 2019 | ARTICLES, Emergence écologique, Société et culture en mouvement, Vision et sens |
Une approche de Jürgen Moltmann
La crise actuelle va de pair avec une crise sociale et écologique. De fait, on prend conscience qu’elle révèle l’inadéquation croissante d’un ordre établi de longue date. C’est un changement de civilisation qui s’annonce et se dessine. L’ordre patriarcal ancien est en train de s’affaisser. Or, au cours des derniers siècles, cet ordre avait privilégié un modèle mécanique autour de la fabrication des biens. Aujourd’hui, on prend conscience que ce monde allait de pair avec la conception d’un Dieu éminemment transcendant et dominant. Très tôt, dans les années 1980, Jürgen Moltmann, à travers un livre : « Dieu dans la création » (1), a su analyser cette situation et proposer un traité écologique de la création » . Nous reprenons brièvement ici un aspect éclairant de la prise de conscience qui nous est proposée (2) avec les conséquences libératrices qui en découlent.
La manière de se représenter le monde.
« Le monde , nous dit Jürgen Moltmann, a été perçu à travers un certain nombre de symboles. La pensée biblique, la pensée théologique sont entrées en dialogue avec ces symboles en intégrant certains éléments. Jürgen Moltmann énumère ainsi différents symboles advenus au cours du temps : la mère du monde ; la terre mère ; les symboles de la fête, de la danse, du théâtre, de la musique et du jeu ; le symbole du monde comme ouvrage et comme machine.
Lorsque le monde est conçu comme ouvrage et comme machine, Dieu est envisagé comme un maitre d’ouvrage. « L’imaginaire de ce symbole comprend le monde de l’action, du travail et des œuvres. C’est, avant tout, le monde de l’homme au sens masculin ». « Un enfant surgit dans le ventre de sa mère et est enfanté par elle. Mais l’homme travaille sur quelque chose qui est extérieur et crée une œuvre qui subsiste en dehors de lui. Il connaît la distance qui le sépare de « l’œuvre de ses mains »…Le « monde comme ouvrage divin » reflète, malgré toute la différence, la vision du monde de l’homme travailleur. Là où cette vision s’impose… elle repousse les mythes humains de la mère du monde, de la terre mère et de la fête du ciel et de la terre » (p 387-398). A partir du symbole du monde comme ouvrage divin, se sont développés à l’époque des Lumières, les symboles modernes du monde : le monde comme machine, le monde comme atelier, le monde comme expérience » ( p 398).
Les impasses d’une théologie fondée sur une représentation du monde comme ouvrage et comme machine
A partir d’une analyse historique, Jürgen Moltmann peut mettre en évidence l’impasse où nous a entrainé un monothéisme étroit, une pensée théologique fondée sur une vision du monde comme ouvrage et comme machine. « Au terme d’une longue histoire de la culture et de l’esprit, la vision du monde comme « entente secrète », la métaphysique des puissances vitales, de leurs accords et de leurs désaccords, a été détruite, et cela, d’une part, par le monothéisme, et, d’autre part, par le mécanisme scientifico-technique, par lequel, d’ailleurs, le monothéisme a conquis la place, en désacralisant et en désenchantant la nature. Dieu et la machine ont survécu au monde archaïque et se rencontrent maintenant seuls » (A Gehlen). Si ceci devait être le but du développement, ce serait aussi, en raison de la destruction de la nature, la fin de l’homme » ( p 401). En regard, Moltmann nous propose une autre vision théologique. « La foi chrétienne de la création est la foi messianique en la création. La foi messianique en la création est une connaissance du monde et de l’homme dans la lumière messianique de leur avenir de salut » (p 402). Nous sommes engagés dans « une histoire cosmique inachevée » (p 254).
Les différents symboles du monde énumérés par Moltmann peuvent nous permettre d’y percevoir la présence d’un Dieu immanent. Seul, le symbole du monde comme ouvrage et comme machine, débouche sur une transcendance de Dieu sans partage. « Le monothéisme du Dieu transcendant et la mécanisation du monde suppriment toutes les représentations d’une immanence divine. Avec ce développement , a commencé le démembrement du divin du monde de l’homme. Le déisme a fait de Dieu un Dieu lointain. L’athéisme devait suivre, car il faut que cette machine du monde fonctionne aussi par elle-même sans Dieu » (p 403)
Le déclin du patriarcat
« Une seconde comparaison s’attache aux intérêts et aux expériences humaines qui sont liés à ces symboles du monde. C’est pourquoi on peut reconnaître dans leur histoire le passage du matriarcat des civilisations primitives au patriarcat des civilisations historiques. A l’apparition des symboles patriarcaux du monde est liée la prise de pouvoir et de possession par les hommes » (p 404).
En regard de la domination patriarcale, « est né le messianisme, c’est à dire le messianisme de l’enfant .« En vérité, je vous le dis, si vous ne retournez à l’état d’enfant, vous ne pourrez entrer dans le royaume des cieux » (Matthieu 18.3). Les visions messianiques de l’avenir surmontent la puissance des symboles archaïque et rendent les hommes libres » (p 405). « Le don messianique de l’Esprit, qui surmontent la primauté religieuse de l’homme ou de la femme, est symbolisé, en christianisme, par le baptême des hommes et des femmes, qui remplacent la circoncision purement masculine d’Israël ». ( p 406).
Vers une civilisation nouvelle : écologie et égalité des genres
Nous assistons aujourd’hui à une transformation profonde de la société qui peut être interprétée en terme d’un mouvement vers une civilisation écologique. La pression des évènements va dans ce sens et les mentalités évoluent en profondeur. Or, au même moment, d’autres changements interviennent. Ainsi se manifeste un mouvement en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. On pourrait se demander en quoi ce mouvement a-t-il un lien avec la mobilisation écologique. L’analyse de Moltmann nous apporte une réponse.
« Il paraît raisonnable de chercher à remplacer la vision mécaniste du monde, car c’est image marquée d’une façon unilatérale par le patriarcat. Le passage à une vision écologique du monde fait davantage justice, non seulement aux environnements naturels du monde humain, mais au caractère naturel de ce monde humain lui-même – hommes et femmes. C’est pourquoi il implique de nouvelles formes égalitaires de communauté, dans laquelle la domination patriarcale est abolie et une communauté fraternelle est construite. Les centralisations de la conception mécaniste du monde cèdent le pas à des ententes dans le réseau des relations réciproques… » (p 409).
Une nouvelle expression chrétienne
Un changement de civilisation induit de nouvelles exigences, de nouvelles attentes, de nouvelles aspirations. Il appelle en regard une nouvelle dimension spirituelle. Ici, la reconnaissance du Vivant évoque respect, émerveillement, dépassement. Nous voici en demande d’un renouvellement des pratiques et des représentations religieuses.
Les églises qui s’attarderont dans un style patriarcal, en subiront les conséquences. Cependant, l’enjeu majeur, c’est bien une transformation de la vision théologique. Dès les années 1980, Jürgen Moltmann a esquissé une réponse : une théologie écologique. Son livre : « Dieu dans la création » est présenté en ces termes : « Dans ce traité écologique de la création, Jürgen Moltmann formule, de façon nouvelle, la foi chrétienne en la création de telle sorte que celle-ci ne continue pas à être elle-même un facteur de la crise, mais devienne un facteur de paix avec la nature. Il s’agit d’une doctrine chrétienne de la création, c’est à dire qu’elle prend au sérieux le temps messianique qui a commencé avec Jésus et qui tend vers la libération des hommes, la pacification de la nature et la délivrance de notre environnement à l’égard des puissances du négatif et de la mort. Il s’agit d’une doctrine trinitaire de la création (un Dieu communion). L’insistance sur la création dans l’Esprit et pas seulement par la parole, nous invite à dépasser une conception typiquement moderne de la subjectivité et de la domination mécanique du monde. Ecologie signifie le monde de la « maison » (oikos). Une telle doctrine de la création est une théologie de l’inhabitation de Dieu par son Esprit dans l’ensemble de la création ». Si la récente encyclique du pape François : « Laudato si’ » converge (3), il reste du chemin à faire : reconnaitre et accompagner l’œuvre de l’Esprit dans cette sortie de la civilisation patriarcale, l’entrée dans la dimension écologique, la confrontation avec les menaces assorties au changement, le chemin vers une nouveauté de vie .
J H
- Jürgen Moltmann. Dieu dans la création. Traité écologique de la création . Traduit de l’allemand par Morand Kleiber. Cerf, 1988 (édition originale en 1985). Voir aussi sur le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : « Dieu dans la création » : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/ Sur ce blog, la pensée de Jürgen Moltmann est très présente : https://vivreetesperer.com/?s=Moltmann+&et_pb_searchform_submit=et_search_proccess&et_pb_include_posts=yes&et_pb_include_pages=yes
- L’analyse de la succession des symboles du monde n’est qu’un aspect de l’évolution générale de la manière de concevoir les rapports entre l’homme et la nature dans le contexte de la relation entre science et théologie. Jürgen Moltmann met en évidence l’évolution de la représentation de Dieu depuis la Renaissance : « L’omnipotence est devenu un attribut prééminent de la Divinité… Comme image de Dieu sur terre, l’être humain a été amené à se voir lui-même en correspondance comme maître et seigneur et à s’élever au dessus du monde et à le subjuguer ». https://vivreetesperer.com/vivre-en-harmonie-avec-la-nature/ La remise en cause de cette domination se poursuit aujourd’hui. Ainsi, au « Center for action and contemplation », Richard Rohr rapporte qu’au Moyen Age, l’univers était perçu comme centré autour de l’homme et de la terre. C’était une conception anthropocentrique. Dieu comme le monde était envisagé dans un ordre stable et hiérarchique. Evidemment, notre représentation de l’univers a complètement changé. « Nous ne sommes plus au centre de rien . Nous avons besoin d’une cosmologie et d’une vision du monde entièrement nouvelle » ( 26 août 2019) https://cac.org/a-new-cosmology-2019-08-26/
- « Convergences écologiques : Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, pape François et Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/
Voir aussi
« Comment entendre les principes de la vie cosmique pour entrer en harmonie »
https://vivreetesperer.com/comment-entendre-les-principes-de-la-vie-cosmique-pour-entrer-en-harmonie/
« Vers une économie symbiotique »
https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/
par jean | Fév 12, 2017 | ARTICLES, Vision et sens |
« Sa Présence dans ma vie » : tel est le titre du livre d’Odile Hassenforder dont l’inspiration irrigue ce blog. Bien reçue, cette présence de Dieu, manifeste en Christ, fonde et inspire la prière.
Odile nous en parle dans les termes d’une expérience familière.
J’aurais beau arroser une plante, si ses racines ne plongent pas dans la bonne terre, elle dépérira fatalement.
« Demandez et vous recevrez », dit Jésus. Mes demandes sont-elles justes, est-ce que bien souvent nous demandons à recevoir le fruit de l’arbre sans vérifier que celui-ci a des racines dans la bonne terre. Jésus n’a-t-il pas dit : « je suis le cep, vous êtes les sarments ». Ceux-ci portent du fruit si la sève transporte la nourriture. Désirer cet enracinement en Christ me semble préalable à notre prière de demande.
Avoir soif de vivre en relation avec Dieu, imprégnée de sa présence, donne un sentiment de plénitude, de bien être intérieur.
Louange, remerciement ouvrent la porte à la manifestation divine. Ma demande va peut-être changer d’orientation. Dans ma relation à autrui, par exemple. Imprégnée de la bonté de Dieu pour moi, je ressens que je deviens bienveillante.
Attitudes dans la prière.
° Cri du cœur.
Dépôt des soucis, préoccupations
Nos sentiments, crainte, souffrance, doute…
Au pied de la Croix…
Car Jésus, en détruisant le pouvoir de la mort qu’il a traversé pour une nouveauté de vie…
Par ses meurtrissures, Il nous a guéri.
C’est une chose accomplie, en potentialité, à appliquer, réaliser aujourd’hui pour moi, dans la collaboration avec l’Esprit.
« L’Esprit et nous avons décidé.. ».
« Il répandra la pluie sur la semence que tu auras mise en terre » (Esaïe 30/23).
° Regarder à Dieu afin que « sa pensée devienne ma pensée » pour que le courant de vie passe en moi. Pour cela, je me mets sur la même longueur d’onde. Dieu est présent dans le courant de vie, l’énergie de la création sinon celle-ci disparaîtrait dans le néant. Ce qui est impossible puisque Dieu est Vie dans l’infini, dans l’éternité. Dieu fait concourir toute chose au bien de ceux qui l’aiment et quil’accueillent.
° Accueillir : attentive aux pensées qui me viennent, aux conseils d’autrui, aux évènements.
Dieu dit : « Je t’instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre. Je te conseillerai, j’aurai un regard sur toi » (Ps 32/8).
Dans la certitude que Dieu m’entend et agit :
« Du haut du ciel
L’Eternel regarde la terre
Il reste attentif
Il prend soin » (Ps 33/15).
° Reconnaissance
Offre ta reconnaissance à Dieu
Alors tu pourras m’appeler au jour de ta détresse.
Je te délivrerai
Et tu me rendras gloire.
(Ps 50/14)
Louer Dieu :
Publier sa grandeur
Proclamer ses merveilles. Rendre témoignage de ses œuvres.
« Lorsque mes cris montaient vers Lui
sa louange était sur mes lèvres » (Ps 66/16)
Oui, il est possible de louer Dieu au jour de la détresse. Car sa bonté est indépendante de notre situation. Je peux ressentir sa paix avec confiance et conviction, même dans la douleur, l’angoisse ressenties physiquement.
° Persévérance
Apocalypse 31/20 : « Je me tiens à la porte et je frappe… ».
Romains 5/3-4 « Car nous savons que la détresse produit la persévérance, la persévérance conduit à la victoire dans l’épreuve, et la victoire dans l’épreuve nourrit l’espérance ».
Ayez foi en Dieu !
« Ayez foi en Dieu ! » nous dit Jésus (Marc 11/22).
La pensée de l’homme a un pouvoir beaucoup plus puissant que nous le croyons. Le désir pensé déclenche une énergie aussi bien en positif qu’en négatif. Il suffit de regarder vivre les optimistes et les pessimistes. Aux premiers, « tout réussit », tandis que les pessimistes, qui se croient souvent victimes d’une fatalité, ignorent ce trésor d’énergie qu’ils possèdent en eux.
Il est écrit : « Ayez foi en Dieu ! ». Là est la différence entre le croyant et celui qui ignore le Créateur. La source de la puissance de vie est en Dieu. Matthieu rapporte la parole de Jésus : « Tout ce que vous demanderez dans la prière ayant la foi, vous le recevrez » (Mat 21/22). C’est pourquoi Jésus a parlé de vie abondante. Il ne s’agit pas d’opposer énergie humaine et énergie de Dieu. Mais on peut considérer plutôt la pensée positive comme un réceptacle de la vie divine. Peut-on dire que l’énergie humaine déclenchée par notre pensée positive, d’un ruisseau devient un fleuve dans la mesure où nous ouvrons notre cœur à la puissance de Dieu.
Regarder en avant.
En vélo, il est terriblement dangereux de regarder ses pédales pour avancer. Tout cycliste sait regarder la voie devant lui en même temps que l’horizon. Il en est ainsi de la marche. Mais si j’ai mal au pied, j’aurais tendance à regarder précautionneusement où je marche quitte à trébucher au moindre obstacle.
Si je limite ma prière à ma demande, ne suis-je pas liée à mon problème qui encombre mon mental ? Je ne vois pas devant moi l’œuvre de Dieu, le chemin qu’Il veut me faire parcourir. Dans la Bible, constamment l’Eternel interpelle son peuple en lui montrant ce qu’il veut faire. Il redit toujours la même chose sous des aspects différents, dans des situations différentes. Jésus me dit aujourd’hui comme Il l’a dit à ses disciples : Je suis venu vous faire connaître le Père… la Vie éternelle.
Recevoir la bonté infinie du Dieu Trinitaire. Je dis infinie dans la plénitude qui nous est révélée en Ephésiens 3/20 : « A celui qui, par la puissance qui agit en nous, peut infiniment au delà de ce que nous demandons ou même pensons, à lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ pour toutes les générations et pour l’éternité ».
Prier au nom de Jésus
Pour que l’œuvre du Christ ressuscité advienne parmi nous : Jésus dit : « Priez », une parole qui n’est pas un commandement extérieur, mais une directive pour « recevoir » .
C’est un mouvement de foi : Demandez et vous recevrez » pour que la joie pascale persiste et parvienne à sa pleine réalisation (Jean 16 verset 22).
Odile Hassenforder
Extrait de différents textes sur la prière figurant parmi ses écrits personnels (environ 2006) .
Voir le texte complet, p 135-139, dans : Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte. Temps présent. 2011
Sur ce blog : autres textes d’Odile Hassenforder :
https://vivreetesperer.com/?s=Odile+Hassenforder
par jean | Nov 4, 2022 | Vision et sens |
Si nous sommes là, le sommes-nous par hasard, comme une pièce isolée, un peu de temps avant de disparaître ? Nous sentons bien qu’il n’en n’est pas ainsi, que nous nous inscrivons dans un courant de vie. Et plus encore, nous ne sommes pas des acteurs isolés. Nous participons à une communion de vie.
« La vie comme participation » (1), c’est le titre d’une séquence de méditations publiées par Richard Rohr sur le site du « Center for action and contemplation ». A plusieurs reprises (2), nous avons rapporté ici la pensée de Richard Rohr, théologien franciscain, qui nous invite à reconnaître la bonté et l’amour de Dieu à travers ses méditations. Son livre : « The divine dance », « La danse divine » (3) nous introduit dans la communion divine d’un Dieu trinitaire.
La séquence de « la vie comme participation » a été publiée du 5 au 10 septembre 2021. Nous en rapportons ici quelques extraits.
Participer au déroulement de la création
Richard Rohr a beaucoup réfléchi sur la conversion de Paul à Damas. La vie de celui-ci a profondément changé et son enseignement témoigne de cette transformation. Richard Rohr s’en inspire ici
« Avant la conversion, nous pensons que Dieu est au dehors (out there). Après la transformation, Dieu n’est plus au dehors et nous ne regardons pas à la réalité. Nous regardons à partir de la réalité. Nous sommes maintenant au milieu de celle-ci. Nous faisons partie de celle-ci. Le tout est ce que j’appelle le mystère de la participation. Paul était obsédé par l’idée que nous sommes tous en train de participer à quelque chose. Je n’écris pas l’histoire par moi-même. Je suis un personnage dans l’histoire qui est en train d’être écrite en collaboration avec Dieu et le reste de l’humanité. Cela change tout dans la manière dont nous voyons nos vies ». Nous n’avons plus à nous obséder sur manière dont nous avons écrit ou écrivons notre histoire. Richard Rohr rapporte une « théologie participative » : « Je suis employée, je suis choisi activement, je suis conduit ». Cela ne porte pas sur le fait de rejoindre une nouvelle dénomination ou d’avoir un moment d’extase. Après une conversion authentique, vous savez que votre vie n’est pas à propos de vous. Vous êtes à propos de la vie ». C’est l’idée de participer à la bonté et au déroulement continuel de la création de Dieu…. ».
Participer dans la bonté originelle
« Chacun et chaque chose sont créés dans l’image de Dieu. C’est la connexion objective ou « l’ADN divine » que Dieu donne également à toutes les créatures au moment de leur conception. Le philosophe Owen Barfield appelle ce phénomène la « participation originelle ».
Richard Rohr apprécie le terme de « bénédiction originelle » apporté par Matthew Fox. La création est bonne comme Genèse 1 l’affirme clairement et avec insistance ». Alors, comment nous comporter en conséquence ? En s’appuyant sur la parole de Paul : « Il y a trois choses qui durent : la foi, l’espérance et l’amour » (1 Cor 13.13) ». Ces attitudes participent à la vie même de Dieu. « Elles nous sont données librement par Dieu, « infusées » en nous à notre conception ». « Nous sommes fait de la foi, de l’espérance et de l’amour de Dieu pour accroitre la foi, l’espérance et l’amour dans le monde ».
Richard Rohr entrevoit la foi, l’espérance et l’amour comme plantés profondément en notre nature, de fait « notre véritable nature » (Rom 5.5 ; 8.14-17). « La vie chrétienne consiste simplement à devenir ce que nous sommes déjà ». (1 Jean 3.1-2 ; Pierre 1.3-4). Mais nous sommes appelés à éveiller, permettre et développer cette identité profonde en lui disant consciemment oui et en nous appuyant sur elle comme une source fiable et essentielle. A nouveau, l’image doit devenir ressemblance. Nous devons participer au processus ».
Participer dans l’amour
Cette vie de participation, Paul la décrit en terme d’amour. Et Richard Rohr nous dit que, selon Paul, « l’amour n’est pas quelque chose que nous faisons, c’est quelque chose qui nous est fait et auquel nous participons » . Richard Rohr reprend l’expression : « tomber amoureux ». De même, l’amour est un comportement dans lequel nous tombons. Ce n’est pas par notre volonté que nous pouvons créer l’amour. Ce Grand amour dans lequel nous tombons, Paul l’appelle « agape ». « Nous traduisons par amour inconditionnel ou amour divin ». « C’est un amour que nous recevons en don. Nous ne pouvons pas le fabriquer . C’est un amour auquel nous pouvons seulement participer. C’est une vie plus grande que la notre ». Selon Richard Rohr, le passage à cet état d’amour advient d’autant plus que nous arrivons au bout de nos forces et perdons le contrôle. Nous commençons alors à nous appuyer sur une puissance plus grande que la notre. Nous entrons dans une nouvelle manière de voir. « Pour Paul, l’amour est l’état où nous voyons parfaitement. Quand nous sommes dans l’amour, dans l’agape, nous sommes capables de « voir » correctement. … Nous n’aurons pas de jugements négatifs…Nous verrons ce qui se passe réellement…..
Une responsabilité collective
« Paul enseigne que nous sommes à la fois des saints et des pécheurs à un niveau collectif (« corporate level »). Notre sainteté s’inscrit dans la plénitude du Corps de Christ ».
Une moralité participative
« La bonne nouvelle d’une religion de l’incarnation, d’une moralité fondée sur l’Esprit, c’est que nous ne sommes pas motivés par une récompense ou une punition extérieure, mais par notre participation au mystère lui-même ».
« Le moralisme – comme opposé à une saine moralité – dépend de codes de pureté largement arbitraires, de rituels requis, et d’exigences de devoir qui sont formulés en terme de prérequis pour un éveil spirituel ». C’est compréhensible, écrit Richard Rohr. C’est plus facile de penser en terme de faire ou de ne pas faire que « d’entreprendre une radicale transformation vers l’esprit et le cœur de Dieu ». « Il n’est pas étonnant que Jésus ait mis fortement en garde contre la publicité de la prière, des actes de générosité et du jeune dans son sermon sur la montagne (Matthieu 6. 1-18). Et pourtant, c’est ce que nous faisons encore ! »…..
Richard Rohr évoque une approche religieuse carotte-baton et une « gestion du péché » par un clergé. Et, à coté de cela, il y a de grands maux ravageurs comme le racisme, le sexisme, l’esclavage… les guerres..
« La bonne nouvelle d’une religion de l’incarnation, une moralité fondée sur l’Esprit, c’est que vous n’êtes plus motivé par une récompense extérieure ou une punition, mais par la participation au Mystère lui-même. On n’a plus besoin de carottes. « C’est Dieu, qui produit en vous le vouloir et le faire selon son projet d’amour » (Philippiens 2. 13). Nous faisons les chose parce qu’elles sont vraies et aimantes et non parce que nous devons les faire ou parce que nous redoutons une punition ». La motivation vient du dedans et non pas du dehors.
La participation est le seul chemin
Richard Rohr évoque l’histoire de l’humanité et notamment la période autour de 500 ans avant Jésus Christ où, selon Karl Jaspers, un philosophe allemand, une conscience axiale a émergé partout dans le monde avec les sages de l’Orient, les prophètes juifs et les philosophes grecs. Parmi le peuple d’Israël, s’est remarquablement manifestée une union intime et une participation de groupe autour de Dieu. Ils ont reconnu des personnalités individuellement éclairées comme Moïse et Esaie. « La notion de participation s’est élargie à tout le peuple juif et au delà au moins pour beaucoup de prophètes juifs. Dieu sauvait le peuple comme un tout. La participation était historique et sociale et pas seulement individuelle…. Il est surprenant que nous l’ayons oublié et ignoré en réduisant le salut à des personnes allant au ciel ou en enfer, ce qui est surement une régression par rapport à la notion de salut historique, collectif et même cosmique enseignée dans la Bible. Rappelez-vous, Dieu a toujours sauvé Israël et pas seulement Abraham ».
Ce tournant s’est poursuivi dans la venue de Jésus. « Les écritures juives et l’expérience elle-même ont créé une matrice dans laquelle une réalisation nouvelle pouvait se manifester (4). Jésus a apporté une participation finale et étendue au monde entier dans son propre enseignement très holistique. Cela a permis à Jésus de parler dans une union véritable avec lui-même, avec les proches, avec les étrangers, avec les ennemis, avec la nature, et, à travers tous ceux-ci, avec le Divin. Le champ de la participation était total. Qu’est-ce qu’une vraie bonne nouvelle pourrait être d’autre ? » .
J H
- Center for action and contemplation Richard Rohr : Life as Participation : https://cac.org/life-as-participation-weekly-summary-2021-09-11/
- La grande connexion : https://vivreetesperer.com/la-grande-connexion/ Enlever le voile : https://vivreetesperer.com/enlever-le-voile/ Comment entendre les principes de la vie cosmique pour entrer en harmonie : https://vivreetesperer.com/comment-entendre-les-principes-de-la-vie-cosmique-pour-entrer-en-harmonie/ L’homme, la nature et Dieu : https://vivreetesperer.com/lhomme-la-nature-et-dieu/
- La danse divine (Divine dance) par Richard Rohr : https://vivreetesperer.com/la-danse-divine-the-divine-dance-par-richard-rohr/ Reconnaître et vivre la présence d’un Dieu relationnel : https://vivreetesperer.com/reconnaitre-et-vivre-la-presence-dun-dieu-relationnel/
- La vie et son œuvre, selon NT Wright : https://vivreetesperer.com/paul-sa-vie-et-son-oeuvre-selon-nt-wright/
par jean | Juil 8, 2024 | ARTICLES, Vision et sens |
D’après N T Wright, exégète et théologien anglais
Au départ, dans les années 1970, N T Wright (1) est un exégète innovant qui prend en compte le milieu et la culture de l’époque où Jésus a vécu et où l’Évangile s’est propagé. Son parcours s’est poursuivi dans des fonctions pastorales. De 2003 à 2010, il est évêque anglican de Durham. N T Wright a écrit de nombreux livres. Il présente dans leur contexte les livres du Nouveau Testament pour le grand public. Théologien, il met l’accent sur le rôle majeur de Paul (2). Il proclame la réalité fondamentale de la résurrection. Il présente la foi chrétienne à un grand public dans une vision dynamique. Ainsi, dans un livre bien accueilli : « Surprised by Hope », Wright met en avant l’accent sur la Résurrection comme un fondement de l’espérance partagée par tous les chrétiens. Il critique la polarisation sur une conception du salut comme « aller au ciel quand vous mourrez ». Il s’élève contre la doctrine de « l’enlèvement de l’Église », prisée par certains milieux aux Etats-Unis.
Or, en 2019, NT Wright, avec Michaël F Bird vient de réaliser une grande œuvre, un livre de près de mille pages, une « introduction à l’histoire, à la littérature et à la théologie des premiers chrétiens » : « The New Testament and its world » (le Nouveau Testament et son monde » (3). Ce livre est « votre chemin de passage du XXIè siècle à l’ère de Jésus et des premiers chrétiens ». Il « replace le Nouveau Testament et le premier christianisme dans son contexte original ». « Rassemblant plusieurs décennies de la recherche innovante de NT Wright, cet ouvrage présente les livres du Nouveau Testament comme un phénomène historique, littéraire et social localisé dans le monde du judaïsme du Second Temple au milieu de l’univers politique et culturel gréco-romain et à l’intérieur du premier christianisme ». (Page de couverture). Un commentateur peut écrire : « « La grande et hardie interprétation du Nouveau Testament construite par NT Wright parait ici dans un volume accessible ». Cet ouvrage est donc destiné à nous permettre de lire intelligemment le Nouveau Testament, mais son auteur NT Wright désire également que cette lecture compte pour nous aujourd’hui : « Making the New Testament matter for today » (p 878). Ainsi, le dernier chapitre s’intitule : « Bringing it all together ». En quoi tout ceci nous concerne et importe pour nous ? Nous débouchons ici sur une vision du monde.
Rendre le Nouveau Testament pertinent pour aujourd’hui
« Naturellement, le Nouveau Testament porte une foi à confesser ». Cependant, « la vérité dont parle le Nouveau Testament est toujours profondément personnelle. C’est une personne, Jésus, le Messie d’Israël et le Seigneur du monde, Celui dans lequel la vérité de Dieu est incarnée et son projet accompli. En dernière analyse, la vérité biblique n’est pas une série de propositions à mettre dans leur ordre logique. C’est une l’histoire, une histoire qui culmine dans le Messie d’Israël, Jésus, et trouve son issue ultime dans la nouvelle création finale » (p 879). NT Wright situe le Nouveau Testament par rapport à l’Ancien. Les citations de ce dernier ne sont pas tant un mode de preuve. « Les premiers chrétiens se virent eux-mêmes comme s’inscrivant dans des récits de création, l’exil d’Israël et l’espoir d’un nouvel exode dans le récit de l’évangile de l’église »… Ainsi, « Abraham s’inscrit dans une grande histoire, celle d’Israël de telle manière qu’Abraham est le point de départ de l’opération divine de sauvetage, le Messie étant la conclusion dramatique et inattendue en charge de mettre le tout en pratique. La communauté croyante est le peuple à la dimension du monde sous la conduite de l’Esprit ». L’auteur s’interroge sur les résistances de certains vis-à-vis de ce narratif, soit qu’il leur apparaisse comme réduisant la grâce à un simple surplus d’un progrès historique immanent, soit qu’il soit confondu avec une pensée Hégélienne. Mais « quand nous saisissons le monde de la pensée et particulièrement le monde narratif du Second Temple, des juifs, tels que Paul, Pierre et Jean…. nous voyons comment, pour eux, la bonne nouvelle de Jésus le Messie, crucifié et ressuscité faisait sens dans ce monde. Leurs allusions à Adam, Abraham et Israël n’étaient pas des preuves auxquelles ils faisaient appel. Ils savaient plutôt qu’ils puisaient dans une histoire singulière, linéaire. Par exemple, Abraham était perçu comme le commencement de la réponse divine à Adam nécessitant une pleine réponse dans l’accomplissement ultérieur du Messie. De surcroit, il y a une étroite connexion entre Abraham et la maison de David »… « il y a le sens qu’Esaïe 40-55 est maintenant devenu vrai en Jésus et est maintenant en train de devenir vrai dans l’église conduite par l’Esprit. L’œuvre du « serviteur » a accompli le projet divin de mettre fin au long exil d’Israël et de restaurer la création elle-même ». NT Wright met en évidence les oublis qui ont longtemps affecté l’exégèse occidentale et engendré une perte de sens : on avait perdu de vue que « le projet de Dieu à travers Abraham était de sauver la race humaine » et que, pour ce sauvetage, Dieu travaillait à l’intérieur de la création à travers ses « porteurs d’image (« image-bearers ») si bien que sauver les humains du péché et de la mort n’était pas accompli pour leurs seuls bénéfices, mais, de telle manière qu’à travers des humains renouvelés, Dieu sauve la création elle-même ». A la suite des exils d’Israël et des souffrances engendrées, le nouvel exode est le sauvetage d’Israël – dans la personne du Messie qui a vaincu la puissance des ténèbres et est ressuscité des morts – et, avec cela, le sauvetage de la race humaine dans son ensemble » (p 880).
Quelle vision du monde ?
« La théologie chrétienne est une théologie narrative (storied theology). Elle parle d’un grand narratif au sujet de Dieu et de la relation de Dieu avec le monde de la création à la nouvelle création avec Jésus au milieu… le narratif concerne un créateur et sa création : des humains faits à l’image du créateur et appelés à réaliser certaines tâches ». Le créateur a agi pour remédier à la rébellion des humains, à travers Israël et à l’extrême à travers Jésus. L’histoire continu : « Le créateur agit par son Esprit dans le monde pour y apporter sa restauration et une nouvelle floraison, ce qui est son but ».
Cependant, « ce narratif constitue également une vision du monde, une manière de comprendre les réalités et les relations dans le monde comme nous les percevons ». « Une vision du monde n’est pas ce que nous regardons, mais ce à travers quoi nous regardons. Elle génère une représentation de la manière dont nous devrions vivre dans le monde et, par-dessus tout, le sens de l’identité et de la place qui permet à des êtres humains d’être ce qu’ils sont. Les visions du monde procurent des réponses généralement non définies et implicites, mais d’autant plus puissantes pour des questions qui commencent avec : « qui ? », « où ? », et « quoi ? », « comment ? », et « quand ? ». Des croyances et des actions émergent de cette combinaison sous-jacente de récits, de symboles, de pratiques, et de questions qui constituent la vision du monde » (p 881).
NT Wright présente alors les réponses apportées par la théologie chrétienne à ces cinq questions qui fondent une vision du monde.
° Qui sommes-nous ? « Nous sommes des humains faits à l’image du créateur. Nous avons des responsabilités vocationnelles qui correspondent à ce statut. Fondamentalement, nous ne sommes pas déterminés par la race, le genre, la classe sociale, la localisation géographique, et nous ne sommes pas de simples pions dans un jeu déterministe ».
° Où sommes-nous ? « Nous sommes dans un monde bon et beau bien que passager, la création de Dieu dans l’image duquel nous sommes faits. Nous ne sommes pas dans un monde étranger et hostile (comme les gnostiques l’imaginent), ni dans un cosmos auquel nous devons allégeance comme à un être divin (comme les panthéistes le suggéreraient) et non plus dans un monde dépourvu de sens (comme l’épicurianisme, ancien et moderne, le suggère) ».
° Qu’est ce qui est mauvais ? « L’humanité s’est rebellée contre le créateur. Cette rébellion reflète une dislocation cosmique entre le créateur et la création et le monde est en conséquence désaccordée avec son intention créatrice. Une vision chrétienne du monde rejette le dualisme qui associe le mal à la création et à la nature physique. Elle rejette également le monisme qui analyse le mal simplement en terme de quelques humains en partie désaccordés avec leur environnement. Son analyse du mal est plus subtile et va plus loin… » Elle refuse également d’ériger en vérité des analyses partielles comme celles de Marx et de Freud.
° Comment ceci peut être mis à l’endroit ? « Le créateur a agi, est agissant et agira à l’intérieur de sa création pour traiter avec le poids du mal amené par la rébellion humaine et ainsi ramener le monde à la finalité pour laquelle il a été fait, c’est-à-dire qu’il résonne pleinement avec sa présence et sa gloire. Naturellement, cette action trouve son centre, son moteur en Jésus et dans l’esprit du créateur ». Les solutions partielles sont écartées.
° Quelle heure est-il ? « De l’ancien Israël aux juifs du second Temple et jusque dans le premier christianisme, il y a toujours eu un sens de là où nous sommes dans l’histoire. Du point de vue chrétien, nous sommes dans le temps de l’accomplissement, le temps où le royaume de Dieu a déjà été lancé d’une façon décisive sur terre comme au ciel à travers l’œuvre de Jésus lui-même. Toutes choses, y compris la mort, sont soumises à son règne. C’est le cinquième acte de la scène cosmique de cinq actes qui commença avec la création, continue avec la rébellion humaine, a vu l’appel d’Abraham et de sa famille, et puis a vu cela porter le fruit ultime en Jésus. L’église menée par l’esprit est appelée à vivre la vie humaine authentique anticipant dans le présent la vie de « l’âge à venir », dans la libération de la puissance du mal qui a été lancée par la mort et la résurrection de Jésus » (p 882).
N T Wright nous montre en quoi la vision du monde chrétienne induit un genre de vie.
« La vision du monde chrétienne engendre un mode particulier d’être au monde ». Et là, l’auteur cite l’épitre à Diognète, écrite par un auteur chrétien de la fin du IIe siècle. Il y est dit que « ce que l’âme est dans le corps, c’est ainsi ce que sont les chrétiens dans le monde, c’est-à-dire : moyens de vie, préservation, guérison et amour répandus dans le monde ».
En fait, dans le cas du christianisme, on pourrait mieux l’exprimer comme étant « pour » le monde puisque, fondamentalement, dans la vision du monde chrétienne, l’humanité s’inscrit dans le dispositif du créateur de prendre soin du monde, et les chrétiens, en particulier, sont en charge d’apporte la guérison dans le monde » (p 882-883). Naturellement, comme pour d’autres visions du monde, ceux qui y adhèrent ne sont pas forcément à la hauteur, mais, en principe, la vision chrétienne du monde incite à la guérison du monde et à l’anticipation de l’accomplissement final.
Quelle sont les croyances de base ? s’interroge NT Wright. Il passe en revue les affirmations de base des premiers siècles. « Inspiré directement par le Nouveau Testament lui-même, le IIe siècle a insisté sur le fait que la rédemption signifiait la réaffirmation de la bonté de la création originelle. Les IIIe et le IVe siècles, faisant à nouveau écho au Nouveau Testament, ont insisté sur le fait que Jésus était et doit être identifié comme incarnant dans une forme humaine le Dieu unique d’Israël. Les IVe et Ve siècle, s’appuyant sur les écrits bibliques ont insisté sur le fait que la vie chrétienne, œuvre et témoignage, était et est elle-même l’œuvre du même Dieu vivant en la personne de son esprit… Le Nouveau Testament fournit ainsi la base pour une théologie et une vision du monde que nous pouvons expliquer et énoncer dans la guidance de l’Esprit, quelques réalités universelles dans l’expérience humaine : la justice, la spiritualité, la relation, la beauté, la liberté, la vérité et la puissance. Une vision chrétienne du monde nous dit ce que ces réalités signifient, qu’en faire, comment nous en réjouir et comment ne pas en abuser. Une vision chrétienne du monde centrée sur ces réalités nous rend capable de nous engager dans une adoration authentique, d’accomplir la vocation chrétienne et de promouvoir l’épanouissement des humains, individuellement et collectivement » (p 884).
Une vision du monde qui ouvre un chemin
Ce chapitre se poursuit par deux développements, l’un sur « la mission » et l’autre sur « une manière de vivre chrétien ». Nous y renvoyons le lecteur. Cependant, en lien avec la perspective de NT Wright sur la vision du monde chrétienne, nous l’entendons préciser sa manière d’envisager la mission de l’Église.
« La mission de l’église – ou plus justement la mission de Dieu à travers l’église, la tâche en cours pour laquelle le Dieu vivant envoie et équipe l’église – peut être justement comprise seulement à la lumière d’une eschatologie pleinement biblique. Cela veut dire adopter fermement la vision biblique de la nouvelle création, du nouveau ciel et de la nouvelle terre, inaugurée quand Jésus a annoncé le royaume de Dieu et a ressuscité des morts après avoir vaincu les puissances des ténèbres et appelée à être consommée à son retour en gloire quand il rendra toute chose nouvelle. La mission de l’église dérive de cette inauguration, dynamisée par le même esprit par le pouvoir duquel Jésus est ressuscité et elle pointe en avant vers cette consommation, l’anticipant, démontrant sa vie transformant la réalité même dans le moment présent, et appelant les hommes, les femmes et les enfants à prendre part à la vie nouvelle commune et personnelle qui est déjà une réalité et qui sera pleinement réalisée à la fin… Dans cette perspective, le rôle de l’église est de proclamer le seigneur Jésus, d’appeler les gens à le suivre avec foi, à nourrir les croyants de manière à ce qu’ils deviennent de saint disciples et pratiquent la miséricorde et la justice dans chaque contexte et chaque environnement… » (p 884).
En espérance
Ce chapitre s’achève par une grande évocation de l’espérance qui vient nous éclairer au milieu des ombres que nous rencontrons en chemin et dans l’écart que nous ressentons parfois ente la vision et le vécu quotidien. « En Romains 15.4, Paul nous indique que le but de l’écriture est de nous permettre d’avoir une espérance. Il parlait naturellement des écritures d’Israël, mais le même rôle est dévolu aux premiers écrits chrétiens. Si il en est ainsi, alors, un but éminent de l’étude du nouveau Testament est d’expliquer et d’éclairer la substance de cette espérance. En fait, nous pourrions même dire que la mission de l’église est de partager et de refléter l’espérance future telle que le Nouveau Testament la présente ». Cette espérance n’est-elle pas à porter dans un monde plus ou moins désespéré, là où on voit « les effets du chaos financier global », là où il y a « du chômage et des familles brisées », là où « les réfugiés se sentent étrangers et méprisés », là où « l’injustice raciale parait hideusement naturelle et où la xénophobie fait partie de la rhétorique politique habituelle ». Et NT Wright continue d’énumérer les situations marquées par la souffrance sociale,… « un monde dans lequel les riches ne cessent de devenir plus riches et les pauvres ne cessent de devenir plus pauvres ». « L’église dans la puissance de l’esprit doit marquer dans sa vie et son enseignement qu’il y a plus pour être humain que la simple survie, plus que l’hédonisme et le pouvoir, plus que l’ambition et la distraction… Il y a quelque chose de plus puissant que l’économie et les bombes ». « Il y a une manière différente d’être humain et elle a été lancée, d’une façon décisive par Jésus. Il y a un nouveau monde et il a déjà commencé et il œuvre par la guérison et le pardon, et se manifeste à travers de nouveaux départs et une fraiche énergie ».
« L’église, parce qu’elle est la famille qui croit en la nouvelle création, une croyance constamment réaffirmée dans le Nouveau Testament, devrait se manifester dans chaque ville et chaque village comme l’espace où l’espérance éclate. Non pas seulement l’espérance qu’il y a quelque chose de meilleur dans l’au-delà : plutôt, une croyance que le nouveau monde de Dieu a été semé, comme des graines dans un champ et qu’il est déjà en train de produire des fruits surprenants. La vie du nouveau monde a déjà été déchargée dans le temps présent. Et ce que nous faisons comme résultat de cette vie, cette énergie et cette direction données par l’esprit, est déjà en soi, une partie du nouveau monde que Dieu est en train de créer. Quand cette espérance prend racine, l’histoire racontée par l’ensemble du Nouveau Testament prend vie à nouveau et à nouveau, à travers Jésus et par son esprit. Le nouveau monde est né ». (p 889).
Inspiré par une connaissance intime du Nouveau Testament, NT Wright développe une théologie qui va de pair avec une vision chrétienne du monde et l’espérance qui l’accompagne. Dans la perspective de NT Wright, à partir de la mort et de la résurrection de Jésus, en réponse aux attentes prophétiques, nous sommes engagés dans une nouvelle création et appelés à participer à « un nouveau monde ». Certes, dans notre actualité si brutale, ce « nouveau monde » est parfois difficile à reconnaitre. A nous d’en faire l’expérience et de le découvrir. Cette dynamique théologique vient bousculer une piété repliée sur elle-même et exclusivement tournée vers un salut individualiste. Ainsi l’auteur émet un reproche : « Nous avons Platonisé (suivant la philosophie de Platon) notre eschatologie, substituant les âmes allant au paradis à la nouvelle création promise » (p 878). Cette théologie se fonde sur une histoire et accorde une grande importance à l’église. On peut envisager l’œuvre du Saint Esprit, au-delà. Engagée dans le monde, cette théologie a été bien reçue dans les milieux de l’Église émergente, comme il en a été de même pour la théologie de Jürgen Moltmann, théologie elle aussi à dimension eschatologique. Ce fut dans sa « théologie de l’espérance » que Jürgen Moltmann rencontra une vaste audience (4) et le texte de NT Wright sur la vision chrétienne du monde s’achève par un accent sur l’espérance.
J H
- N T Wright. Wikipedia. The free encyclopedia: https://en.wikipedia.org/wiki/N._T._Wright
- Paul : sa vie et son œuvre, selon NT Wright : https://vivreetesperer.com/paul-sa-vie-et-son-oeuvre-selon-nt-wright/
- N T Wright. Michaël Bird. The New Testament in its world. An introduction to the history, literature and theology of the first Christians. Zondervan, 2019
- Quelle vision de Dieu, du monde, de l’humanité en phase avec les aspirations et les questionnements de notre époque ? Genèse de la pensée de Jürgen Moltmann : https://vivreetesperer.com/quelle-vision-de-dieu-du-monde-de-lhumanite-en-phase-avec-les-aspirations-et-les-questionnements-de-notre-epoque/