Odile Hassenforder : « Sa Présence dans ma vie ». Un témoignage vivant

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#Il y a cinq ans, en 2011, les Editions « Empreinte Temps prĂ©sent » publient un recueil de textes d’Odile Hassenforder : « Sa prĂ©sence dans ma vie. Parcours spirituel » (1). L’éditeur prĂ©sente ce livre en ces termes :

« Comment Dieu se rend-il prĂ©sent Ă  nos vies ? Comment garder confiance malgrĂ© les Ă©preuves ? Odile Hassenforder nous guide dans cette recherche de plĂ©nitude et partage avec nous une expĂ©rience qui a changĂ© sa vie, nous offrant ainsi un vĂ©ritable condensĂ© d’espĂ©rance.

Le livre alterne tĂ©moignage d’un riche vĂ©cu de foi-guĂ©risons, groupes de priĂšre, accompagnement spirituel-et mĂ©ditations de textes bibliques. L’auteure y transmet avec talent ses compĂ©tences psychologiques et son expĂ©rience spirituelle. Elle nous convie Ă  une dimension extra-ordinaire, qui donnera une nouvelle saveur Ă  nos existences ».

 

Un livre qui parle au cƓur et à l’esprit

Depuis sa parution, ce livre a fait l’objet de commentaires qui tĂ©moignent de la maniĂšre dont il parle au cƓur et Ă  l’esprit. En voici quelques uns :

Paul. Un ami médecin
« J’ai beaucoup apprĂ©ciĂ© la prĂ©sentation de la vie et de la pensĂ©e d’Odile.
Oui, Odile a Ă©tĂ© une vraie tĂ©moin de l’amour de Dieu.
A aucun moment de sa maladie qui a Ă©tĂ© un trĂšs long chemin, je ne l’ai jamais sentie en rĂ©volte.
Elle puisait la Vie directement dans la Vie Ă©ternelle.
Elle reste pour moi un ĂȘtre qui a su vivre sa foi en pleine lumiĂšre ».

Anne. Professeur. Expérience charismatique
« Ayant eu le privilĂšge de voir Odile juste avant son voyage vers le PĂšre, moment oĂč la vĂ©ritĂ© profonde de l’ĂȘtre se fait dense, je trouve que les pages que j’ai lues, donnent Ă  ce moment un sceau d’éternitĂ©.
Pour moi, la parole prophĂ©tique qu’elle a prononcĂ©e en ma prĂ©sence, se dĂ©roule sous mes yeux : « Le Seigneur continue son Ɠuvre » Ă  travers elle en nous la laissant proche de nous, sur notre table de chevet. Quel cadeau ! »

VĂ©ronique. Une amie d’une famille amie. Musicienne
« Merci d’avoir ouvert la malle aux trĂ©sors !
A la lecture de ces textes, j’ai Ă©tĂ© profondĂ©ment touchĂ©e. Ils sont pour moi un enseignement prĂ©cieux. Ils m’éclairent sur le chemin.
Beaucoup sont des tĂ©moignages magnifiques qu’Odile nous laisse comme des cadeaux de vie. Ils sont basĂ©s sur du concret, sur des faits de vie toujours Ă  la lumiĂšre de la Parole de Dieu et dĂ©bouchant sur une vraie rĂ©flexion qui ne cesse de m’interpeller, car je les lis, je les relis tranquillement ; la plupart se lisent facilement, parlant Ă  la  fois au cƓur et Ă  l’esprit.
Je pense que beaucoup de gens peuvent ĂȘtre touchĂ©s Ă  travers ces Ă©crits ».

Henri. Cadre. Institution sociale.
« TrÚs ressourçant. Source de méditation. Un livre qui invite à la louange. Un ouvrage bien présenté, facilement accessible. Superbe. Bien pour des tas de gens ».

Evelyne. Théologienne.
« Ce livre va ĂȘtre mon livre de chevet spi pour le mois Ă  venir.
Je suis vraiment heureuse de partager cela. C’est vraiment bien que cet Ă©change puisse ĂȘtre continuĂ© avec d’autres et fĂ©cond au delĂ  de la sĂ©paration et de la transformation des liens ».

Fred. Animateur
« Ce livre nous permet de prendre conscience de la profondeur de la vie. Une Ɠuvre qui donne Ă  rĂ©flĂ©chir, mais aussi qui incite Ă  l’admiration et Ă  la contemplation de la crĂ©ation. Un hymne Ă  l’espoir. Un cri d’amour pour la vie ».

Françoise. Retraitée. Culture philosophique
« C’est avec beaucoup d’empathie, d’admiration et de reconnaissance que j’ai lu ce tĂ©moignage.
Ce qui me frappe, c’est l’intelligence de l’écriture ciselĂ©e par la vie, ciselĂ©e par la foi et comme tissĂ©es ensemble ».

Elisabeth. Cadre. Institution sociale
« J’ai lu ce livre Ă  plusieurs reprises et je reprends des passages rĂ©guliĂšrement. Ce livre est fascinant et admirablement bien Ă©crit. Les remarques sont profondes et pleines d’éternitĂ©. On sent qu’Odile a vraiment vĂ©cu les diffĂ©rents passages, car c’est exprimĂ© avec simplicitĂ© et vĂ©ritĂ©. J’y trouve tous les jours des encouragements. Cet ouvrage est pour moi une exhortation quotidienne ».

 

Un message qui passe Ă  travers des rencontres

Il venait de passer une consultation d’oto-rhino, lorsque de retour auprĂšs de l’assistante, celle-ci l’interrogea en Ă©voquant le livre de Madame Hassenforder. Et, Ă  sa grande surprise et Ă  son grand bonheur, elle lui dit combien ce livre l’avait touchĂ©e (2). Une brĂšve conversation en rĂ©sulta.  « Grande lectrice », et mĂȘme dans le passĂ©, engagĂ©e dans des travaux d’édition, elle avait dĂ©couvert « Sa prĂ©sence dans ma vie » Ă  la librairie « La Procure », en regardant les ouvrages prĂ©sentĂ©s au public.

A la lecture de ce livre, elle a Ă©tĂ© touchĂ©e par la « sincĂ©rité » de son auteure : Odile Hassenforder. Ce livre l’a impressionnĂ©e parce qu’il invitait le lecteur Ă  entrer dans « une autre dimension ». Il y a un chapitre dans cet ouvrage : « Dame confiance » qui apporte un tĂ©moignage concernant la confiance (3). Mais cet Ă©tat d’esprit est prĂ©sent dans la dynamique qui se manifeste dans la plupart des textes. Aussi, c’est bien ce terme que la lectrice a « mĂ©morisé ». « J’ai compris qu’il suffisait d’un mot pour que la situation change de plan ».

Aujourd’hui, nous dit-elle, maintenant, j’hĂ©site Ă  dire « courage » aux gens. Mais aux personnes en difficultĂ©, je dis : « bonne confiance ». Et « j’utilise cette expression au moment de la nouvelle annĂ©e » et aussi aux anniversaires. Je souhaite « bonne confiance » dans les situations oĂč il y a un mouvement de « bascule ». « Les personnes y sont extrĂȘmement sensibles. Je sais que j’ai touchĂ© Ă  quelque chose de beaucoup plus profond. Cette expression aide Ă  prendre de la hauteur par rapport Ă  la situation ». La confiance nous permet d’entrer dans une double dimension : « Se sentir en lien, et aussi pouvoir relire la situation avec un autre regard ».

Ainsi, ce livre, dĂ©couvert sur un prĂ©sentoir de librairie, a produit du fruit. « Je ne crois pas au hasard. Je crois aux rencontres. J’ai mĂ©morisĂ© ce livre. J’en ai extrait l’essentiel ». Et voyant combien j’étais concernĂ© par ce livre, elle me dit une parole qui m’est allĂ©e droit au cƓur : « Le message est passé ».

 

La vie et la pensĂ©e d’Odile Hassenforder

Ce livre nous prĂ©sente des expĂ©riences de vie, des tĂ©moignages, des rĂ©flexions, des mĂ©ditations. Mais quel a Ă©tĂ© le chemin de vie d’Odile Hassenforder. Pourquoi et comment a-t-elle Ă©crit ? Comment ses textes ont-ils Ă©tĂ© rassemblĂ©s et publiĂ©s dans la forme de ce livre ? Voici l’introduction du livre qui rĂ©pond Ă  ces questions.

Odile Hassenforder a quittĂ© la vie terrestre le 11 mars 2009. La cĂ©lĂ©bration qui a suivi a manifestĂ© l’amour et la reconnaissance qui lui Ă©taient portĂ©s de toute part. Au long des annĂ©es, non seulement elle a activement participĂ© Ă  des groupes et associations, mais elle a Ă©tĂ© en relation avec de nombreuses personnes dans une dĂ©marche d’entraide psychologique et spirituelle. Plusieurs d’entre elles ont ainsi tĂ©moignĂ© comment Odile leur a permis de sortir d’une impasse, voire d’un gouffre. Cette attention, cet esprit d’entraide Ă©taient fondĂ©s sur une expĂ©rience spirituelle enracinĂ©e de longue date, au cƓur mĂȘme de sa personnalitĂ©. Sa conscience de l’amour et de la bontĂ© de Dieu se traduisait dans l’amour et l’attention qu’elle portait Ă  tous ceux qui l’entouraient : sa famille, ses ami(e)s, de nombreuses relations. Son expĂ©rience de la grĂące de Dieu et de sa puissance de vie lui a Ă©galement permis de faire face, durant les derniĂšres annĂ©es, Ă  une atteinte cancĂ©reuse, dans un contexte oĂč elle a bĂ©nĂ©ficiĂ© en retour de l’aide de nombreux amis et soignants. Dans les derniers jours, ils ont Ă©tĂ© tĂ©moins du rayonnement qui se dĂ©gageait de sa personnalitĂ©. Ses derniĂšres paroles ont Ă©tĂ© des expressions de foi et d’amour.

Ces quelques observations ont simplement pour but de prĂ©senter celle qui vient aujourd’hui s’entretenir avec vous. En effet, dans les derniĂšres annĂ©es de sa vie, Odile a manifestĂ© Ă  plusieurs reprises son dĂ©sir de transmettre une expĂ©rience et une rĂ©flexion qui se sont dĂ©veloppĂ©es au cours de toute son existence. Ainsi a-t-elle exprimĂ© dans plusieurs Ă©crits un grand dĂ©sir de communiquer un message d’amour et de vie. Sont repris ici quelques passages de ces textes que vous allez dĂ©couvrir au fil des pages. «Ce que j’ai la joie de partager aujourd’hui est la dĂ©couverte des bienfaits de Dieu : manifestation de sa bontĂ© infinie que j’ai pu ressentir, de sa magnificence que j’ai pu reconnaĂźtre dans sa crĂ©ation, de sa prĂ©sence dans l’énergie vitale de tout ce qui existe. (
) Cette joie de reconnaissance explose en moi. J’ai envie de la partager. La vie vaut la peine d’ĂȘtre vĂ©cue ! » (« DĂ©sir de partage »). Quelques annĂ©es plus tĂŽt, elle avait dĂ©jĂ  exprimĂ© la mĂȘme intention et elle s’adressait ainsi Ă  nous: « En pensant au lecteur qui parcourra ces lignes, mon souhait le plus profond, c’est qu’à travers cette lecture, il puisse, Ă  son tour, louer Dieu pour les merveilles qu’il dĂ©couvre en lui et dans sa vie » (« Être reconnaissant »). Ces mots ont Ă©tĂ© Ă©crits dans les derniĂšres annĂ©es de la vie d’Odile, au moment oĂč elle faisait face Ă  la menace de la maladie. C’est dire la force de sa conviction. Mais comme on pourra le voir dans ce recueil, le cƓur de ce message s’est affirmĂ© trĂšs tĂŽt Ă  partir d’une expĂ©rience fondatrice et s’est ensuite dĂ©clinĂ© Ă  travers toute une existence dans des expressions trĂšs variĂ©es.

Il importe de donner ici quelques points de repĂšre Ă  propos de la vie d’Odile. DĂ©but 2008, prĂ©parant une session ƓcumĂ©nique d’exercices spirituels ignaciens, Odile a indiquĂ© elle-mĂȘme quelques jalons de son itinĂ©raire spirituel (« Parcours spirituel »). Elle exprime un Ă©vĂ©nement capital en ces termes : « 1973. Rencontre de notre petit groupe de partage spirituel avec le renouveau charismatique catholique. Au mĂȘme moment, un pasteur pentecĂŽtiste « spirituel au delĂ  des doctrines » prie avec son Ă©glise pour ma guĂ©rison. Huit jours aprĂšs ma premiĂšre dĂ©marche, le dernier jeudi d’octobre 1973, Ă  23 heures, aprĂšs une rĂ©union de priĂšre dans la crypte de Saint Suplice, je sors d’une seconde Ă  l’autre d’une dissociation de personnalitĂ©. BaptĂȘme dans l’Esprit… Depuis ce jour, mĂ©ditation quotidienne de la Bible ». Il y a lĂ  une expĂ©rience fondatrice qui a suscitĂ© une transformation majeure dans la vie d’Odile et qu’elle a dĂ©crite dans plusieurs textes publiĂ©s dans ce livre (« ExpĂ©rience fondatrice »). Trente ans plus tard, elle s’y rĂ©fĂšre encore dans ces quelques lignes : « Je ne me crois pas meilleure que les autres. Depuis le jour oĂč Dieu s’est rĂ©vĂ©lĂ© Ă  moi Ă  travers une priĂšre exaucĂ©e et oĂč j’ai dĂ©couvert que je recevais de lui une paix et une plĂ©nitude, je suis entrĂ©e dans un univers spirituel, une nouvelle dimension. Dans la relation avec Dieu, en JĂ©sus-Christ, je suis assurĂ©e de sa sollicitude jusque dans l’éternitĂ© » (« Libre parole sur la venue du DalaĂŻ Lama »).

A partir de cette expĂ©rience fondatrice, la vie d’Odile va prendre un nouveau cours. En effet, elle s’investit dans un groupe de priĂšre interconfessionnel, « le SĂ©nevé » oĂč elle transmet son inspiration. Elle dĂ©veloppe une activitĂ© de partage autour de la Bible. Elle allie formation psychologique, expĂ©rience spirituelle et un sens du dialogue empreint d’amour et de respect pour apporter une aide Ă  des personnes en difficultĂ©. Dans une position de responsabilitĂ©, elle participe Ă©galement Ă  l’animation de « TĂ©moins », association chrĂ©tienne interconfessionnelle et Ă  la production de son magazine. Sa vie familiale continue Ă  se dĂ©rouler dans l’amour qu’elle porte aux siens. Ses petits-enfants Ă©taient chers Ă  son cƓur. Elle poursuit une activitĂ© intellectuelle et culturelle dans une vaste gamme de centres d’intĂ©rĂȘt comme en tĂ©moigne « MosaĂŻque itinĂ©raire de lecture » qui exprime aussi sa recherche spirituelle. Elle manifeste Ă©galement un penchant pour l’expression poĂ©tique. Durant les annĂ©es 80 et 90, cette « vie en mouvement » s’exprime dans des textes qui manifestent ces orientations et aussi un approfondissement de sa vie spirituelle.

Dans la derniĂšre dĂ©cennie, la santĂ© d’Odile fut attaquĂ©e sur plusieurs fronts. Face Ă  la remontĂ©e de souvenirs traumatisants issus de son enfance et de son adolescence, elle s’engage dans une psychothĂ©rapie dont elle percevra les bienfaits. BĂ©nĂ©ficiant d’une entraide spirituelle chaleureuse constamment prĂ©sente et d’un suivi mĂ©dical personnalisĂ©, entre autres celui d’un mĂ©decin ami, jusqu’aux tout derniers mois, elle parvient Ă  mener une vie presque normale malgrĂ© les angoisses liĂ©es aux poussĂ©es cancĂ©reuses et à  l’apprĂ©hension des examens et des traitements lourds. C’est dans ce contexte qu’Odile tient un journal spirituel et Ă©crit de nombreux textes concernant son expĂ©rience et sa vision de la « vie en Christ », de la « vie en Dieu ». C’est Ă  partir de ces Ă©crits personnels, expression de sa pensĂ©e en mouvement, sans qu’elle ait pu leur apporter une validation dĂ©finitive, que de nombreux textes ont Ă©tĂ© extraits dans les mois qui ont suivi son dĂ©part, en l’occurrence par son mari.

Dans ce contexte difficile, « la force et la joie de vivre » qui s’y expriment tĂ©moignent Ă  la fois de la profondeur et de la justesse de toute une vie et de la puissance de l’Esprit. Il y a lĂ  aussi une expression d’expĂ©riences nouvelles qui s’expriment avec une particuliĂšre intensitĂ© comme la conscience d’exister, vĂ©cue comme une grĂące. Les proches et les amis qui ont entourĂ© Odile durant ces annĂ©es sont tĂ©moins de cette qualitĂ© d’ĂȘtre, inspirĂ©e par la vie divine. Plusieurs de ces textes exprimant « une confiance dans l’épreuve » viendront rĂ©conforter celles et ceux traversant des difficultĂ©s.

Le lecteur de ce livre dĂ©couvrira par lui-mĂȘme les accents majeurs de la spiritualitĂ© d’Odile. Il pourra suivre le dĂ©veloppement de sa pensĂ©e, nourrie par les diffĂ©rentes cultures auxquelles elle a participĂ©. Elle se prĂ©sente d’ailleurs comme « une chrĂ©tienne interconfessionnelle quelque soit l’institution Ă  laquelle je me rattache Ă  tel ou tel moment » (« Ce que je crois »). En rapport avec son expĂ©rience initiale, un fil conducteur se dĂ©roule Ă  travers tous ces textes : une expression, un ressenti de l’amour et de la bontĂ© de Dieu qui se manifestent Ă  notre intention (« Qui est Dieu ? »). Loin du volontarisme, du lĂ©galisme, du fondamentalisme, de tout ce qui entraĂźne culpabilitĂ© et agressivitĂ©, Odile plaide pour l’accueil de la grĂące de Dieu : « Dire que je suis chrĂ©tienne, c’est dire que Christ est toute ma vie. Non pas un modĂšle que je m’efforce d’imiter, mais une relation constante Ă  Dieu, par Christ ressuscitĂ© : il est la vie, la puissance de vie en moi quand je l’accueille par l’Esprit pour me conduire selon la justesse des lois de vie  » (« Ce que je crois »). Dans un autre texte, elle prĂ©cise : « Notre attitude juste est celle de l’accueil de l’Ɠuvre de JĂ©sus en nous, dĂ©cision qu’elle se fasse en nous par l’Esprit dans l’espĂ©rance, dans notre marche vers  » (« Accueillir l’Ɠuvre de Christ en nous »). Cette attitude se nourrit d’une priĂšre confiante et de la mĂ©ditation de la Parole biblique (« Vivre en Christ. Vivre en Dieu »). Il y a lĂ  une dynamique personnelle qui s’inscrit dans un mouvement d’ensemble. «Dans la rĂ©surrection, une nouvelle Ăšre est ouverte. Ce plan, que Dieu achĂšvera Ă  la fin des temps, consiste Ă  rĂ©unir tout ce qui est dans les cieux et sur la terre sous un seul chef : le Christ. Ainsi JĂ©sus devient le Christ cosmique. (
) Son Ɠuvre se rĂ©alise pour moi quand je la reçois : pardon et guĂ©rison pour une vie nouvelle dans la relation au PĂšre et au Fils qui font leur demeure en moi, qui devient le temple de l’Esprit » (« Il est ressuscitĂ©! »).

Certaines formulations d’Odile peuvent paraĂźtre approximatives pour des thĂ©ologiens professionnels. Elle n’a pas suivi d’études de thĂ©ologie, mais sa pensĂ©e s’est formĂ©e en alliant expĂ©rience spirituelle, mĂ©ditation quotidienne de la Bible et lecture de nombreux livres en rapport avec ses questionnements. Son expĂ©rience et sa rĂ©flexion sont Ă©troitement reliĂ©es. Dans son parcours, elle a trouvĂ© une inspiration fĂ©conde chez deux thĂ©ologiens : Eloi Leclerc, auteur de Le Royaume cachĂ©, et, dans les derniĂšres annĂ©es, JĂŒrgen Moltmann. On pourra voir dans la pensĂ©e de ce dernier un fondement thĂ©ologique Ă  la dĂ©marche d’Odile et Ă  certaines de ses expressions.

La spiritualitĂ© a pu ĂȘtre dĂ©finie comme « une conscience relationnelle avec Dieu, avec la nature, avec les ĂȘtres humains et avec soi-mĂȘme ». Odile a toujours vĂ©cu en relation avec ceux qui l’entouraient et, plus gĂ©nĂ©ralement, elle a Ă©tĂ© attentive Ă  la dimension sociale. Son amour de la nature et sa capacitĂ© d’y percevoir l’animation divine sont prĂ©sents dans de nombreux textes. A maintes reprises, elle s’émerveille du spectacle de la nature Ă  travers les fenĂȘtres de son appartement, des arbres et du ciel. A la suite d’une visite, elle dĂ©crit avec une Ă©motion sensible une grange restaurĂ©e et le jardin qui l’environne : «Au fur et Ă  mesure de la visite, je me laissais imprĂ©gner par la joie profonde que suscite la reconnaissance pour l’harmonie de la vie perçue par-delĂ  le visible ». Et elle conclut par cette parole qui va droit au cƓur : « Bien sĂ»r, il y a bien des malheurs dans le monde, mais il y a toujours des jardins avec des roses. Ces jardins sont une porte vers la vie » (« Quand tout s’agence »).

Elle exprime une vision que l’on peut rĂ©sumer en ces mots : « Tout se tient. UnitĂ© et harmonie en Dieu ». Elle poursuit : « Assez curieusement ma foi en notre Dieu qui est puissance de vie, s’est dĂ©veloppĂ©e Ă  travers la dĂ©couverte des nouvelles approches scientifiques qui transforment notre reprĂ©sentation du monde. Dans cette nouvelle perspective, j’ai compris que tout se relie Ă  tout et que chaque chose influence l’ensemble. Tout se tient, tout se relie. Pour moi, l’action de Dieu s’exerce dans ces interrelations ». (« Dieu, puissance de vie »). Ainsi dĂ©sire-t-elle s’inscrire positivement dans la crĂ©ation : « J’ai Ă©tĂ© secouĂ©e au plus profond de mon ĂȘtre, le jour oĂč j’ai rĂ©alisĂ© que Dieu m’appelait Ă  participer Ă  la gĂ©rance de sa crĂ©ation, Ă  commencer par ma personnalitĂ©. Qui suis-je pour ĂȘtre ainsi « collaboratrice » du crĂ©ateur ? (Psaume 8). Dieu continue Ă  crĂ©er avec chacun de nous et avec moi. « Le PĂšre cĂ©leste agit sans cesse », dit JĂ©sus et il m’invite Ă  participer Ă  la nouvelle crĂ©ation mise en route dans sa rĂ©surrection  » (« Vers une personnalitĂ© unifiĂ©e »).

Dans la communion divine qui nous relie, ce livre exprime  un chemin de vie.

La construction de cet ouvrage traduit Ă  la fois le mouvement de la vie d’Odile, son itinĂ©raire au long des annĂ©es, et l’expression de son vĂ©cu, de son ressenti, de sa pensĂ©e. De fait, ce livre n’est pas un rĂ©cit en continu. C’est un recueil de textes dont chacun a son originalitĂ© et contient un message. Il pourra donc alimenter notre mĂ©ditation, jour aprĂšs jour, selon notre besoin ou notre aspiration du moment. A de nombreuses reprises, Odile exprime  son amour de la vie. Elle nous dit la source de cette attitude : « toi qui me donnes vie », « imprĂ©gnĂ©e de ta prĂ©sence, puissance de vie en moi ». Ainsi ce livre a reçu pour titre : « Sa prĂ©sence dans ma vie ».

Un témoignage vivant

Odile a quittĂ© la vie terrestre le 11 mars 2009. Aujourd’hui, Ă  travers ce livre, nous l’entendons encore nous parler et nous participons Ă  ce dialogue. La communication, qui se poursuit ainsi, s’inscrit dans le cadre d’une communion qui, sur un autre registre, unit les vivants et les morts en Christ ressuscitĂ©. Avec le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann (4), nous croyons que JĂ©sus Christ, par sa rĂ©surrection, a brisĂ© le pouvoir de la mort. En Christ ressuscitĂ©, il n’y a plus de mur de sĂ©paration entre les vivants et les morts. Dans la communion en Christ, les morts n’ont pas disparu. Ils ne sont pas « morts ». Ils manifestent une prĂ©sence. Plus nous nous approchons du Christ, plus nous nous rapprochons aussi de ceux qui ont quittĂ© la vie terrestre (5). Dans cet esprit, dans la communion en Christ ressuscitĂ©, dans l’inspiration de l’Esprit qui porte ce livre, Odile nous accompagne. Ce livre est un tĂ©moignage vivant.

J H

 

(1)            Hassenforder (Odile). Sa prĂ©sence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte. Temps prĂ©sent, 2011. Ce livre est en vente sur Amazon et Ă  la Librairie 7ici. Nous reproduisons ici l’introduction de ce livre : « Odile Hassenforder : sa vie et sa pensĂ©e », p 11-17. Sur ce blog : Vivre et espĂ©rer, la pensĂ©e d’Odile est prĂ©sente Ă  travers la mise en ligne d’extraits de ce livre et de textes inĂ©dits : https://vivreetesperer.com/?s=Odile+hassenforder

(2)            « Confiance ! Le message est passé » : https://vivreetesperer.com/?p=1246

(3)            « Dame confiance » : https://vivreetesperer.com/?p=677

(4)            JĂŒrgen Moltmann. Sa vie et sa pensĂ©e : « Une thĂ©ologie pour notre temps » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=695

(5)            Cette courte rĂ©flexion est textuellement inspirĂ©e par un chapitre de JĂŒrgen Moltmann dans son livre : « In the end
 The beginning » (Fortress Press, 2004), aujourd’hui traduit et publiĂ© en français : « De commencements en recommencements » (Empreinte Temps prĂ©sent, 2012) : « The community of the Living and the Dead » p 135 : « When he « descended into hell » (the realm of the dead), as the creed puts it, Christ broke the power of the death and took the dead in his fellowship. So the community of Christ is in him a community of the living with the dead, and of the dead with the living. In the risen Christ, the wall of death has been broken down. So, in this community with Christ, the dead are not « dead » in the modern sense. They « have a presence »  The closer we come in Christ, the closer the dead come to us  ».

Sur ce blog, à plusieurs reprises, nous avons mis en ligne des articles à ce sujet : « Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338

« Une vie qui ne disparaßt pas » : https://vivreetesperer.com/?p=336

« Une théologie pour la vie » : https://vivreetesperer.com/?p=1917

« Vivants et morts, ensemble en Christ ressuscité » : https://vivreetesperer.com/?p=2221

« Par delĂ  la sĂ©paration. Un tĂ©moignage de JĂŒrgen Moltmann » : https://vivreetesperer.com/?p=2209

Un regard enchanté sur la Californie

Christina’s world

 Au fil des annĂ©es, dans l’attrait pour les photos, j’en ai pu dĂ©couvrir de trĂšs belles Ă  travers la frĂ©quentation du rĂ©seau des sites Flickr. Donc, Ă  plusieurs reprises, j’ai choisi de prĂ©senter sur ce blog des sites dont j’admirais les photos (1), et parfois mĂȘme au delĂ , des sites pour lesquels je ressentais des affinitĂ©s avec l’expression de la personne auteure. Pour ce dernier cas de figure, j’ai mis en Ă©vidence les sites de Julie Falk (Etats- Unis. Michigan) (2), Paula W (Angleterre) (3), Gloria Castro (Espagne. Valencia) (4).  Ce parcours, Ă  la dĂ©couverte de photos du monde entier,  est source d’émerveillement. La beautĂ© nous apparaĂźt dans des pays gĂ©ographiquement trĂšs diffĂ©rents. Aujourd’hui, nous prĂ©sentons le site : « Christina’s world » (le monde de Christina) en Californie (5).

L’auteure se prĂ©sente comme une photographe de longue date. Elle nous apprend la diversitĂ© de ses intĂ©rĂȘts : art,  Ă©criture crĂ©ative, poĂ©sie, lecture, vie au quotidien, spiritualitĂ© et dĂ©veloppement personnel
 Et, en effet, la culture de Christina se manifeste avec bonheur dans la maniĂšre dont elle exprime un sens Ă  propos de ses photos. Autre qualitĂ© : Christina nous raconte souvent le contexte dans lequel elle a pris ses photos en nous partageant ses efforts, ses joies, ses ressentis autant que l’état du climat qui prĂ©vaut Ă  ce moment.

Christina prend en photo des sujets variĂ©s. Elle partage avec nous de superbes portraits, mais elle nous enchante Ă©galement et surtout par de magnifiques photos de nature, et tout particuliĂšrement par la merveilleuse vision des plages californiennes. Ces photos de mer, de terre et de ciel se distinguent par la beautĂ© et l’harmonie des coloris, l’agencement des lignes d’horizon, et la prĂ©sence de quelques ĂȘtres vivant, quelques oiseaux en vol et des humains bien sĂ»r en diffĂ©rentes compagnies et en diffĂ©rentes situations. On ne se lasse de se gorger de la beautĂ© de ces photos et d’y voir les merveilles de  la crĂ©ation.
Voici quelques unes de ces photos qui vont nous amener Ă  regarder sans nous lasser ce merveilleux site.

 

Les couleurs sont les sourires de la nature

« Suivez vos rĂȘves
Ils connaissent le chemin » (anonyme)

 

Inspire, calme, guérit

« L’ocĂ©an inspire, le coucher du soleil calme et l’air salé  guĂ©rit ».

Christina nous parle des pĂ©licans : « Les pĂ©licans ne sont pas comme les aigles qui volent seuls . Ce sont des oiseaux sociaux et ils volent en groupe
. C’est beau de les voir ensemble voler au dessus de l’ocĂ©an sur une longue distance   »

 

Offrande d’amour

« C’est ce cƓur d’or
Et cette Ăąme poussiĂšre d’étoile
Qui fait ta beauté »
r.m. broderick

Comme Tu es grand

«O Seigneur, mon Dieu
Quand avec Ă©merveillement, je considĂšre les mondes que tes mains ont faits
Quand je vois les Ă©toiles, quand j’entends le tonnerre
Ta puissance Ă  travers l’univers s’est dĂ©ployĂ©e »
Cantique chrétien basé sur une mélodie suédoise traditionnelle et un poÚme écrit par Carl Gustav Boberg (1859-1940)

 

Quel monde merveilleux !

« Je vois les arbres en vert, et aussi les roses rouges
je les vois fleurir pour vous et pour moi
Et je me dis : Quel monde merveilleux !
Un chant de Louis Armstrong

 

Un moment précieux dans le temps

« Si vous manquez le moment présent
Si vous manquez votre rendez-vous avec la vie
C’est trĂšs sĂ©rieux ».
Thich Nhat Hanh

 

Gentillesse

« Au delĂ  d’une saine discipline
Sois gentil avec toi
Tu es un enfant de l’univers
Pas moins que les arbres et les Ă©toiles
Tu as le droit d’ĂȘtre là ».
Max Erhmann

 

La mer, le ciel et le goéland

« Ma paix, je vous la laisse. Ma paix, je vous la laisse
Je ne vous la donne pas comme le monde la donne
Que vos cƓurs ne se troublent pas et ne soient pas effrayĂ©s »
JĂ©sus. Bible. Jean 14-27

 

Au commencement

« Rencontre moi lĂ  oĂč le ciel touche la mer
Attend moi lĂ  oĂč le monde commence ».
Jennifer Donnelly

 

L’art de la nature

« L’art prend du temps
Monet a fait pousser ses jardins
Avant de les peindre »
Atticus

Au fur et Ă  mesure que nous avons parcouru les albums, notre Ă©merveillement est allĂ© en grandissant. Car les photos tĂ©moignent d’une vie au rythme des saisons, abreuvĂ©e par la beautĂ© des paysages et de la vĂ©gĂ©tation de la Californie du sud, et plus particuliĂšrement, par l’harmonie des couleurs et des formes qui apparait en parcourant les plages de l’ocĂ©an Pacifique. En photographe expĂ©rimentĂ©e, ,Christina traduit  la variation de la lumiĂšre et la dĂ©licatesse des coloris dans des photos qui rejoignent parfois les chefs d’Ɠuvre de la peinture.

Christina ne sait pas seulement gouter et exprimer les merveilles de la nature ou saisir, dans des portraits, une existence humaine, elle sait aussi en parler Ă  travers des commentaires d’une vaste littĂ©rature de Gandhi Ă  Einstein. La rĂ©flexion philosophique se conjugue avec de superbes poĂšmes et des jaillissements bibliques. Nous y trouvons sagesse de vie et Ă©merveillement en terme d’admiration, de reconnaissance et de louange. En Christina’s world, nous avons dĂ©couvert un trĂ©sor.

J H

 

  1. A la découverte des grands espaces américains : https://vivreetesperer.com/a-la-decouverte-des-grands-espaces-americains/ Comme les oiseaux du ciel : https://vivreetesperer.com/comme-les-oiseaux-du-ciel/                   Couleurs et formes : merveilles en macrophotographie : https://vivreetesperer.com/couleurs-et-formes-merveilles-en-macrophotographie/  Les roses de la paix : https://vivreetesperer.com/les-roses-de-la-paix/                      Et aussi les sites de July Falk, Paula W et Gloria Castro
  2. LumiÚre du matin : https://vivreetesperer.com/la-lumiere-du-matin/ Effets de lumiÚre dans une campagne bocagÚre : https://vivreetesperer.com/effets-de-lumiere-dans-une-campagne-bocagere/
  3. Le jardin de Paula : https://vivreetesperer.com/le-jardin-de-paula/
  4. Un regard lumineux dans un pays lumineux : https://vivreetesperer.com/un-regard-lumineux-dans-un-pays-lumineux/
  5. Christina’s world : https://www.flickr.com/photos/chrissie_bee/

 

 

Philippe Molla, un ami de JĂ©sus

 

Si je suis debout, c’est grñce à l’Evangile !

 

Il y a quelques annĂ©es, j’ai reçu un appel tĂ©lĂ©phonique de Philippe Molla qui m’appelait au cours d’un dĂ©placement professionnel. Dans une pĂ©riode difficile marquĂ©e par la solitude d’un rĂ©cent veuvage, cette reprise de contact m’est apparue comme un don providentiel. Car, aprĂšs plusieurs annĂ©es oĂč notre relation s’était interrompue, l’amitiĂ© Ă©tait lĂ , immĂ©diate et source de comprĂ©hension rĂ©ciproque. Et puis nos conversations sont devenues quasiment hebdomadaires au rythme des dĂ©placements professionnels de Philippe, et chacun pouvait y exprimer ses joies et ses peines, ses questions et ses dĂ©couvertes. Nos vies quotidiennes Ă©taient bien diffĂ©rentes, mais nous pouvions partager nos prĂ©occupations dans un partage et dans une priĂšre commune. Quelle grĂące !

Un jour, la conversation s’est interrompue. Le 16 dĂ©cembre 2014, j’apprend qu’en fin de nuit, sur le plateau de Langres, en se rendant Ă  son travail d’Alsace Ă  la rĂ©gion parisienne, Philippe a Ă©té  tuĂ© dans un accident de la route. J’ai reçu cette nouvelle comme un tremblement de terre. Je pensais Ă  Philippe, Ă  Martine, son Ă©pouse et Ă  leurs cinq enfants. Et, pour moi, qui recevait tant de ces partages, la sonnerie du tĂ©lĂ©phone ne retentirait plus. Il n’y aurait plus ce moment de proximitĂ©, de comprĂ©hension rĂ©ciproque, de priĂšre, source d’encouragement et de paix.

Et pourtant, si la conversation est interrompue, je reçois toujours le message qui inspirait Philippe : la prĂ©sence de Dieu dans la vie quotidienne. Je peux revivre ces moments. Et puis, il n’y a pas un mur de sĂ©paration entre Philippe et nous. Si sa prĂ©sence physique nous est retirĂ©e, si la communication verbale n’est plus possible, je crois qu’en la prĂ©sence de Dieu, la communion se poursuit (1). Les compagnons de JĂ©sus, Ă©clairĂ©s par l’Esprit, aprĂšs sa mort et sa rĂ©surrection, ont, dans l’Esprit, approfondi leur comprĂ©hension du message de JĂ©sus. De mĂȘme, aujourd’hui, je commence Ă  percevoir plus clairement le sens du message de Philippe.

 

Quel a Ă©tĂ© le chemin de Philippe ? A plusieurs reprises, Philippe a racontĂ© combien il avait souffert de l’influence d’un milieu oĂč la religion se vivait trop souvent en terme de conditionnements. Voici quelques lignes significatives d’un mail envoyĂ© le 6 novembre 2013 : « AprĂšs avoir Ă©tĂ© touchĂ© par l’amour de JĂ©sus Ă  l’ñge de cinq ans (1975), mon but Ă©tait de plaire Ă  Dieu. J’ai reçu cette foi inaltĂ©rable en JĂ©sus-Christ . Mais je me suis construit dans une croyance admise, « l’opinion » du milieu chrĂ©tien oĂč j’ai grandi « sous l’emprise des idĂ©es reçues ». Sans m’en rendre  compte, j’ai reçu une Ă©ducation de ce fruit dĂ©fendu : bien/mal. Je me suis donc identifiĂ© Ă  ma capacitĂ© de faire le bien ou pas. Aimer ne puise pas sa source dans l’arbre du bien ou du mal. Notre prochain ne supporte pas un robot qui a un programme amour. Notre prochain est, comme nous, Ɠuvre d’art signĂ©e de la main du MaĂźtre. Il ne change intĂ©rieurement que par l’Amour. J’ai Ă©tĂ© Ă©duquĂ© dans la loi
. Cela ne m’a jamais permis de changer intĂ©rieurement, mais m’a amenĂ© Ă  soigner l’extĂ©rieur. Les seules fois que j’ai changĂ© intĂ©rieurement, c’et quand l’amour de JĂ©sus-Christ a percĂ© mon coeur  ». Le parcours de Philippe est prĂ©sentĂ© dans un article publiĂ© sur le site de TĂ©moins : « Philippe Molla, tĂ©moin de l’amour de JĂ©sus pour les gens d’aujourd’hui, notre ami, notre frĂšre » (2).

 

Aujourd’hui, je repense Ă  nos conversations. Je relis nos Ă©changes de mails. En raison de sa conscience du dĂ©voiement de certaines attitudes religieuses, Philippe s’était Ă©cartĂ© de ceux qui les entretenaient. Il se posait beaucoup de questions sur les origines de ces attitudes, notamment dans l’usage des Ecritures. Mais il Ă©tait enracinĂ© dans une relation avec JĂ©sus et Abba, notre bon PĂšre cĂ©leste. De temps en temps, il envoyait des messages spirituels Ă  ses amis, qui tĂ©moignaient de son enracinement et du fruit qui en ressortait : une attitude d’écoute et d’amour Ă  l’égard d’autrui.

Dans un message envoyĂ© Ă  quelques amis, le 22 septembre 2014, Philippe pose la question : « Je me laisse attirer ou je me laisse convaincre ? ». JĂ©sus n’impose pas une doctrine. Il attire les ĂȘtres par sa prĂ©sence :

« Jean 6.44 :

« Nul ne peut venir Ă  moi, si le PĂšre qui m’a envoyĂ© ne l’attire (helkuo) et je le ressusciterai au dernier jour ».

Jean 12.32 :

« Et moi, quand j’aurai Ă©tĂ© Ă©levĂ© de la terre, j’attirerai (helkuo) tous les hommes Ă  moi ».

Attirer, helkuo en grec. On pourrait le traduire : ĂȘtre attirĂ© par une puissance intĂ©rieure.

Le propre d’un enfant est d’ĂȘtre attirĂ© par une puissance intĂ©rieure. En grandissant, on peut lui construire une Ă©chelle de valeurs. AprĂšs cela, se laisse-t-il attirer ou convaincre ?

La particularité de Jésus dans sa communication : une communication qui libÚre, qui attire.

Il ne cherche pas de la reconnaissance auprĂšs des hommes.

Il ne juge pas, mais rapproche le royaume des Cieux tout prĂšs des hommes pour que les hommes aient la capacitĂ© de juger eux-mĂȘmes.

Il ne rentre pas (ne se cache pas) dans une fonction pour imposer une autoritĂ© « spirituelle » ou « sacerdotale ». Une autoritĂ© ne se dĂ©montre pas, ne s’argumente pas, c’est un don. Il ne menace pas pour susciter la crainte, mais dit la vĂ©ritĂ©.

D’abord, JĂ©sus se construit dans sa relation avec son PĂšre. Il reçoit l’amour. Il est rempli pour dĂ©border. De ce fait, dans sa relation Ă  l’autre, il n’attend pas d’ĂȘtre reconnu, d’ĂȘtre acceptĂ© et ne dĂ©montre aucune autoritĂ©. Son prochain ne se sent pas piĂ©gĂ©, ni contraint. Il n’y a aucune ombre empĂȘchant quelqu’un de se sentir libre pour ĂȘtre attirĂ© par une puissance intĂ©rieure.

JĂ©sus se sent rempli et comblĂ© quand il est accueilli par un enfant, une femme, un homme sans imposer quoique ce soit : la raison d’ĂȘtre de l’amour ».

 

Evidemment, la prĂ©sence et l’Ɠuvre de JĂ©sus se poursuit aujourd’hui Ă  travers sa rĂ©surrection.  Dans un message envoyĂ© Ă  ses amis le 29 mars 2012,  Philippe Ă©voque les consĂ©quences de la rĂ©surrection Ă  travers des textes bibliques et une incitation chaleureuse :

Jérémie 31.33 :

« Le Seigneur dĂ©clare encore : Voici l’alliance que je vais Ă©tablir avec le peuple d’IsraĂ«l Ă  ce moment lĂ .  Je mettrai mes enseignements au fond d’eux-mĂȘmes. Je les Ă©crirai sur leur cƓur. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple ». Le Seigneur dĂ©clare : « Personne n’aura plus besoin d’instruire son prochain ou son frĂšre en disant : « Connaissez le Seigneur ». En effet, tous me connaĂźtront, du plus petit jusqu’au plus grand . Je pardonnerai leurs fautes et je ne me souviendrai plus de leurs pĂ©chĂ©s ».

Parole de Jésus-Christ :

« Le PĂšre enverra en mon nom l’Esprit Saint, celui qui doit vous aider. Il vous enseignera tout et il vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean 14.26)

Commentaire de Philippe à ses amis :

Recherchons notre Parole personnelle que notre Papa céleste veut inscrire avec amour et délicatesse, sans convaincre ni argumenter ».

En relisant les messages d’encouragement que Philippe m’a envoyĂ© durant des annĂ©es, je retrouve la mĂȘme capacitĂ© de parler naturellement de JĂ©sus et du PĂšre :

« Je te souhaite une annĂ©e de renouveau portĂ©e par l’amour et la douceur de JĂ©sus dans tous tes projets » (mail 1er janvier 2014).

« Je te souhaite un week-end dans la paix et l’amour du merveilleux papa qui nous rĂ©vĂšle que nous sommes une crĂ©ature merveilleuse remplie de trĂ©sors cachĂ©s » (mail 24 janvier 2014).

Oui, Ă  travers ces messages, je perçois la prĂ©sence du Christ Ă  travers l’expression de Philippe et je rend grĂące.

 

Un soir de septembre 2014, dans une conversation tĂ©lĂ©phonique avec Philippe, je me sentis incitĂ© Ă  interviewer Philippe sur le fondement de sa foi en vue d’en faire part aux amis de ce blog. Je n’ai pas immĂ©diatement retranscrit mes notes et j’ai Ă©garĂ© les derniĂšres lignes, mais voici le message que Philippe nous donne en partage :

« Si je suis debout aujourd’hui, c’est grĂące Ă  l’Evangile.

Ce qui m’a bouleversĂ© dans l’Evangile et que je n’ai pas trouvĂ© ailleurs, c’est un homme qui montre qu’il a un certain pouvoir. Il ne l’utilise pas pour lui, mais pour les gens qui l’entourent. Il aurait pu faire une dĂ©monstration de son pouvoir auprĂšs des hommes du pouvoir religieux, du pouvoir romain et il n’en fait rien. Il n’est pas impressionnant aux yeux des hommes comme les stars d’Hollywood, mais il impressionne parce que le pouvoir Ă©crasant de vie et de mort qu’il a en face de lui, n’a aucune prise sur ses choix. Et d’ailleurs, cela dĂ©stabilise Ponce Pilate. Et c’est lĂ  un personnage que je n’ai trouvĂ© dans aucune histoire.

En ce JĂ©sus, j’ai trouvĂ© un ami qui, dans des situations trĂšs difficiles, m’a toujours communiquĂ© la non crainte, qui m’a permis quand je me suis trouvĂ© au pied du mur, de continuer tranquillement quoiqu’il arrive. Bien sĂ»r, mon corps sensible est facilement troublĂ©. Mais j’apprend Ă  ne pas dĂ©pendre des circonstances. Bien sĂ»r, cela m’arrive de me laisser piĂ©ger par la crainte, mais de m’entretenir avec mon ami me permet de prendre du recul par rapport aux situations. Avant, on m’apprenait Ă  rechercher une certaine « perfection spirituelle » et maintenant je dĂ©couvre le chemin de la nature. Je ris de mes imperfections, de mes sottises et, si elles sont blessantes, je l’accepte. J’apprend Ă  ĂȘtre une personne responsable. J’apprend Ă  ĂȘtre au cƓur de la situation que je vis. J’apprend Ă  ne plus fuir  ».

Philippe, naturel, authentique dans sa vie spirituelle comme dans son Ă©coute des autres. C’est le fruit d’une relation avec JĂ©sus exprimable et exprimĂ©e . Philippe, ami de JĂ©sus. Je relis cette Parole en Jean : « Je ne vous appelle plus serviteurs parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maĂźtre, mais je vous ai appelĂ© amis, parce que je vous ai fait connaĂźtre tout ce que j’ai appris de mon PĂšre
 Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres (Jean 15 15-17).

En Dieu, communion d’amour, avec nous, Philippe, ami de JĂ©sus.

 

J H

 

1 « Une vie qui ne disparaßt pas » : https://vivreetesperer.com/?p=336

« Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338

« Une dynamique de vie et d’espĂ©rance. De commencements en recommencements » : https://vivreetesperer.com/?p=572

2 « Philippe Molla, tĂ©moin de l’amour de JĂ©sus pour les gens d’aujourd’hui. Notre ami, notre frĂšre » : http://www.temoins.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1101:philippe-molla,-tĂ©moin-de-l’amour-de-jĂ©sus-pour-les-gens-d’aujourd’hui,-notre-ami,-notre-frĂšre&catid=15:parole-ouverte&Itemid=79

 

Contributions de Philippe Molla sur ce blog :

« Un chantier peut-il ĂȘtre convivial ? » : https://vivreetesperer.com/?p=133

« Dedans
 Dehors !… Un chemin de liberté » : https://vivreetesperer.com/?p=444

« Changer ! Oui, mais comment ? Des prescriptions Ă  suivre Ă  l’ouverture du cƓur par la relation » : https://vivreetesperer.com/?p=1227

« D’une religion enfermante Ă  la vie » : https://vivreetesperer.com/?p=1931

L’amour des autres commence par l’amour de soi

Selon Jacqui Lewis

Cette mĂ©ditation publiĂ©e sur le site : Center for action and meditation (1), s’appuie sur la rĂ©flexion de la pasteure et docteure Jacqui Lewis (2) : « Peu importe ce que nous sommes et d’oĂč nous venons, peu importe qui nous aimons et comment nous gagnons notre vie, l’appel Ă  aimer votre prochain comme vous vous aimez vous-mĂȘme, lorsqu’il est vĂ©cu, exprime l’interdĂ©pendance dont les humains ont besoin pour survivre et prospĂ©rer. Et le premier pas, le point de dĂ©part est l’amour de soi. Dans la langue grecque, les expressions : aimer son prochain et s’aimer soi-mĂȘme sont reliĂ©es par le mot ‘os’ qui est comme un signe Ă©gal. Ce qui suggĂšre que s’aimer et aimer son prochain, c’est exactement le mĂȘme mouvement. Lorsque nous ne nous aimons pas nous-mĂȘme, il est impossible d’aimer notre prochain.

Le lien entre l’amour de soi et l’amour des autres remonte du fond des temps. A partir du moment oĂč nous nous sommes levĂ©s et sommes sortis de nos cavernes solitaires et sommes entrĂ©s dans la lumiĂšre de la communautĂ© tribale, les humains ont compris cette unitĂ© inextricable. Nos vies sont tissĂ©es ensemble dans l’amour. Presque toutes les grandes religions du monde nous encouragent Ă  aimer notre prochain comme nous-mĂȘmes. AppelĂ© quelque fois la RĂšgle d’Or, ce bel enseignement invite les humains Ă  se traiter les uns les autres, et dans quelques traditions, toutes les crĂ©atures, comme nous aimerions qu’on nous traite. L’histoire enchĂąssĂ©e dans ces enseignements Ă  travers les fois et les religions est : nous appartenons Ă  un tissu mutuellement bĂ©nĂ©fique de connections, de bien-ĂȘtre et d’amour. A la racine de cette connection, il y a l’empathie ; le rĂ©sultat est la gentillesse, la compassion, le respect et la comprĂ©hension. Quand la religion n’est pas centrĂ©e sur la mutualitĂ©, elle peut devenir un de ces rĂ©cits toxiques qui, Ă  la fin, dĂ©truit l’amour de soi ».

Jacqui Lewis a beaucoup appris Ă  ce sujet en parlant Ă  d’autres. En visitant Robben Island, la prison sud-africaine oĂč Nelson Mandela a Ă©tĂ© enfermĂ© dans une petite cellule pendant 18 ans, elle « a trouvĂ© miraculeux que Mandela puisse voir sa connection inextricable Ă  l’humanitĂ© de ses ravisseurs, ceux qui lui avaient ĂŽtĂ© sa libertĂ© et l’humiliaient quotidiennement. Il observait que personne n’est nĂ© en haĂŻssant l’autre Ă  cause de sa race et de sa religion. Mandela avait compris que, de la mĂȘme maniĂšre que la haine est enseignĂ©e, l’amour peut ĂȘtre enseigné ».

« Pour quelques personnes, parler de l’amour paraĂźt de la faiblesse, mais de mon point de vue, l’amour est la plus grande force sur la planĂšte ». Jacqui Lewis raconte qu’elle appris sa dĂ©finition favorite de l’amour d’un de ses professeurs James E Loder. Il dĂ©finissait l’amour comme : prendre plaisir dans l’originalitĂ© de l’autre d’une façon non possessive, (« non possessive delight in the particularity of the other ». « Des annĂ©es plus tard, je suis encore Ă©mue par ce sentiment . Un plaisir non possessif m’apparaĂźt comme une dĂ©votion. PlutĂŽt que d’essayer de changer, de manipuler ou de dĂ©vorer l’objet de notre affection, le grand amour se rĂ©jouit de ceux auquel il s’attache. Ainsi, quand vous vous aimez vous-mĂȘme, sans jugement, vous prenez plaisir aux particularitĂ©s uniques qui sont rĂ©unies en vous ».

J H

 

  1. Cette mĂ©ditation de Jacqui Lewis s’inscrit dans la sĂ©quence de mĂ©ditations quotidiennes animĂ©es par Richard Rohr sur le site du Center for Action and Meditation : https://cac.org/love-of-others-begins-with-love-of-self-2022-04-12/
  2. Jacqui Lewis est pasteure, prĂ©dicatrice, auteure, thĂ©ologienne dans le champ de la thĂ©ologie publique, militante dans la lutte pour la justice sociale et contre le racisme. Elle est docteure en psychologie. Elle participe Ă  un mouvement en faveur d’un amour rĂ©volutionnaire Ă  mĂȘme de changer la sociĂ©tĂ©. Elle a Ă©crit plusieurs livres rĂ©cemment : « Fierce love. A bold path to ferocious courage and rule-breaking kindness that can heal the world ». Ce livre a Ă©tĂ© commentĂ© dans le New York Times dans les termes suivants : «  un antidote guĂ©rissant pour notre culture porteuse de division, plein de rĂ©cits Ă©vocateurs, de sagesse spirituelle et de neuf pratiques quotidiennes essentielles » https://www.middlechurch.org/jacqui/

 

Sugata Mitra : un nouveau processus pédagogique

Sugata Mitra : un nouveau processus pédagogique

La rĂ©ussite d’enfants apprenant librement en petit groupe auprĂšs d’un ordinateur en puisant dans le savoir d’internet.

Comment l’expĂ©rimentation de Sugata Mitra s’est propagĂ©e en Inde et Ă  travers le monde : des environnements d’apprentissage auto-organisĂ©s, une Ă©cole dans le nuage (school in the cloud).

Il y a une dizaine d’annĂ©es, le nouveau processus pĂ©dagogique initiĂ© et propagĂ© par un ingĂ©nieur indien, Sugata Mitra, Ă  partir d’une expĂ©rience initiale en 1999 : la rĂ©ussite d‘un groupe d’enfants d’un bidonville indien Ă  utiliser un ordinateur mis Ă  leur portĂ©e ‘The hole in the wall’, Ă©tait reconnue par le dispositif Ted qui diffuse les idĂ©es nouvelles dans l’univers anglophone Ă  travers des ‘talks’, courtes interventions en vidĂ©o ; en 2013, Ted lui dĂ©cerne un prix accompagnĂ© d’un crĂ©dit qui va lui permettre d’engager une expĂ©rimentation Ă  grande Ă©chelle en crĂ©ant sept espaces propices Ă  cette pĂ©dagogie : 2 en Grande-Bretagne et 5 en Inde. Nous avons rendu compte de la premiĂšre Ă©tape du parcours de Sugata Mitra, celle des grandes innovations qui, durant la premiĂšre dĂ©cennie du XXIe siĂšcle, ont engendrĂ© un nouveau processus pĂ©dagogique (1). Or en 2019, Sugata Mitra publie un livre qui dresse le bilan de l’ensemble de l’innovation et trace des perspectives d’avenir : « The school in the cloud. The emerging future of learning » (2). « L’Éducation a essayĂ© d’exploiter la “promesse” de la technologie de l’éducation pendant des dĂ©cennies pour aucun profit, mais nous avons appris que des enfants en groupe – quand l’accĂšs Ă  internet leur est donnĂ© – peuvent apprendre par eux-mĂȘmes n’importe quoi (learn anything by themselves)  » En 1999, Suga Mitra a menĂ© la fameuse expĂ©rience du ‘trou dans le mur’ qui a donnĂ© matiĂšre Ă  trois causeries TED et lui a permis de gagner le premier prix TED d’un million de dollars pour la recherche. Depuis lors, il a menĂ© une nouvelle recherche Ă  propos des environnements d’apprentissage auto-organisĂ©s (self-organized learning environments, SOLE), construisant des ‘Écoles dans le Nuage’ (Schools in the Cloud) Ă  travers le monde. Ce nouveau livre partage les rĂ©sultats de cette recherche
 Dans ce livre rĂ©volutionnaire, vous  apercevrez le futur Ă©mergent de l’apprentissage avec la technologie. Il en ressort que la promesse n’est pas dans la technologie elle-mĂȘme. Elle est dans « un apprentissage dirigĂ© par les enfants eux-mĂȘmes utilisant la technologie » (page de couverture).

Cet ouvrage se dĂ©roule en trois grandes parties : Qu’est ce qui arrive quand les enfants rencontrent internet ? – Les Ă©coles dans le nuage – Aperçus sur le futur de l’apprentissage.

 

Internet peut ĂȘtre un fabuleux moyen d’apprentissage pour les enfants

Avec son esprit curieux, en mettant un ordinateur en accĂšs Ă  des enfants d’un bidonville indien, l’ingĂ©nieur Sugata Mitra a fait apparaitre un phĂ©nomĂšne insoupçonné : la capacitĂ© d’enfants dĂ©favorisĂ©s et sans instruction, mais s’entraidant les uns les autres de dĂ©couvrir le fonctionnement d’un ordinateur et d’apprendre Ă  partir d‘internet. A l’entrĂ©e de son premier chapitre intitulé : ‘Self–organizing systems in learning’ (les systĂšmes d’apprentissage s’organisant eux-mĂȘmes), Sugata Mitra rĂ©sume en ces termes le nouvel horizon : « Quand on leur donne l’accĂšs Ă  internet en groupe, les enfants peuvent apprendre n’importe quoi tout seuls » (p 3). Il dĂ©cline ensuite ce constat Ă  travers les rĂ©sultats d’expĂ©rimentation auprĂšs d’enfants d’ñge divers en des lieux diffĂ©rents et dans des conditions variĂ©es. En Inde, dans les rĂ©gions rurales ou les faubourgs misĂ©rables, puis dans d’autres pays, au Bhutan, au Cambodge et en Afrique du sud, « les rĂ©sultats ont toujours Ă©tĂ© les mĂȘmes : la capacitĂ© digitale a jailli de ce qui paraissait de nulle part » (Digital literacy sprang out of seemingly nowhere) (p 4). Sugata Mitra en prĂ©cise les conditions : « Au cours des annĂ©es, nos expĂ©riences ont montrĂ© que des groupes d’enfants, se voyant donner accĂšs Ă  internet dans des espaces publics et sĂ»rs apprendrons Ă  utiliser les ordinateurs et internet sans instruction venant des adultes. Nos expĂ©riences montrent que les enfants en groupe apprennent Ă  des vitesses beaucoup plus grandes que des enfants travaillant individuellement par eux-mĂȘmes. La mentalitĂ© de la ruche collective se montre un enseignant efficace. Il m’a fallu des annĂ©es pour rĂ©aliser que cette situation collective d’apprentissage Ă©tait un exemple d’un systĂšme s’auto-organisant  » (p 7).

 

Des environnements d’apprentissage auto-organisĂ©s

NommĂ© professeur de technologie de l’éducation Ă  l’universitĂ© de Newcastle en novembre 2006, Sugata Mitra arrive en Angleterre. En 2009, un film indien cĂ©lĂ©brant un effet de promotion sociale de l’expĂ©rience, ‘The hole in the wall’, le rend cĂ©lĂšbre et il est contactĂ© par une institutrice anglaise d’une petite Ă©cole Ă©lĂ©mentaire Saint-Alban Ă  Gateshead. Il engage la conversation avec des Ă©lĂšves de huit ans et leur propose d’essayer une expĂ©rience d’apprentissage avec des ordinateurs. Le 6 juillet 2009, les 24 Ă©lĂšves enthousiastes, ĂągĂ©s de huit ans, se voient proposĂ©s cinq questions concernant les avantages de l’adaptation pour la survie, questions correspondant Ă  un niveau supĂ©rieur de quatre annĂ©es. « Les enfants ont accĂšs Ă  un ordinateur par groupe de quatre en toute libertĂ©. Au bout de trente minutes, les enfants reviennent avec leurs rĂ©ponses sur un bout de papier. Puis, on demanda Ă  chaque groupe de poser sa propre question. Il fut demandĂ© Ă  l’institutrice de retenir les rĂ©ponse et de reposer individuellement et sans recours Ă  l’ordinateur, les mĂȘmes questions deux mois aprĂšs (p11). Les rĂ©sultats furent remarquables : « Les groupes peuvent rĂ©pondre aux questions de l’examen classique, avec des annĂ©es d’avance. Et, aprĂšs avoir appris en groupe, beaucoup d’entre eux peuvent assimiler leur rĂ©ponse dans une comprĂ©hension personnelle. Et deux mois aprĂšs, ils ont retenu les rĂ©sultats » (p 12). Ce fut lĂ  une nouvelle ouverture pour la recherche. L’expĂ©rience a ensuite Ă©tĂ© de nombreuses fois rĂ©pĂ©tĂ©es montrant que les enfants pouvaient rĂ©pondre Ă  des questions encore plus difficiles correspondant Ă  un niveau d’ñge plus Ă©levĂ©. Sugata Mitra a trouvĂ© un nouveau nom pour dĂ©signer cette mĂ©thode. Dans ces classes, l’ordre avait Ă©tĂ© remplacĂ© par un doux chaos dans l’espoir d’un ordre Ă©mergeant spontanĂ©ment. J’ai trouvĂ© un nouveau nom pour ce que nous avions rĂ©alisé : nous avions dĂ©couvert le « Self-organized learning environment » (SOLE) (Environnement d’apprentissage auto-organisé )» (p 14).

A partir de là, Sugata Mitra a développé quelques environnements expérimentaux en Inde.

En récapitulant les résultats obtenus par les enfants durant plusieurs années, Sugata Mitra peut mettre en évidence des gains remarquables :

  • Devenir un bon usager autonome d’internet
  • Apprendre assez d’anglais pour utiliser les moteurs de recherche ou un chat en mail
  • Apprendre Ă  chercher sur internet pour rĂ©pondre aux questions
  • AmĂ©liorer sa prononciation anglaise
  • AmĂ©liorer ses scores en mathĂ©matiques et en sciences Ă  l’école
  • Évaluer les opinions et dĂ©tecter l’endoctrinement et la propagande (p 15)

 

Les enfants à qui on donne accùs à internet en groupe peuvent apprendre n’importe quoi tout seuls

 DĂšs lors, Sugata Mitra s’est posĂ© la question : « Y a-t-il une limite Ă  ce que les enfants peuvent comprendre en utilisant internet ? ».

Pour rĂ©pondre Ă  cette nouvelle question, une nouvelle expĂ©rience a Ă©tĂ© entreprise Ă  kalikuppam, un village de l’Inde du sud. « Nous avons posĂ© une question dont nous pensions que les enfants ne parviendraient pas Ă  y rĂ©pondre : quel est le processus de rĂ©plication de l’ADN ? Est-ce que des enfants Tamil ĂągĂ©s de 12 ans Ă  Kalikuppan peuvent apprendre et comprendre le processus de rĂ©plication de l’ADN en anglais Ă  partir d‘un ordinateur, trou-dans-le-mur, sans guidance d’un adulte ? A ma stupĂ©faction la rĂ©ponse a Ă©té : oui » (p 15) ». Un matĂ©riel universitaire de biotechnologie avait Ă©tĂ© dĂ©chargĂ© sur l’ordinateur. Au bout de deux mois, ces enfants qui comprenaient Ă  peine ce langage sur un sujet bien en avance de ce qui leur Ă©tait enseignĂ© Ă  leur Ăąge, sont parvenus tout seuls Ă  un score de 30%. Puisqu’on ne pouvait trouver un professeur de biochimie pour cette Ă©cole, Sugata Mitra a eu l’idĂ©e de chercher une ‘mĂ©diatrice’. « Cette personne Ă©tait juste une figure adulte amicale qui encouragerait les enfants Ă  aller plus loin, simplement Ă  travers des expressions chaleureuses comme : ‘Formidable. Comment tu as pu comprendre cela ?’ ou ‘Je n’aurais jamais pu comprendre cela tout seul’
 pareil Ă  la maniĂšre dont une grand-mĂšre admire ses petits-enfants. La mĂ©diatrice n’avait aucune connaissance du sujet. Elle avait de l’affection pour les enfants et elle les admirait. J’ai appelĂ© cela la ‘mĂ©thode de la grand-mĂšre’. En quelques semaines, la ‘mĂ©thode de la grand-mĂšre’ a menĂ© les enfants de Kalikuppan au mĂȘme niveau que des enfants plus ĂągĂ©es qui recevaient l’enseignement d’un professeur formĂ© de biochimie dans un Ă©cole urbaine de Delhi ».

Cette expĂ©rience de Kakikuppan a appris deux grandes leçons à partir desquelles Sugata Mitra a pu dĂ©clarer : « Les enfants Ă  qui on donne accĂšs Ă  internet en groupes peuvent apprendre n’importe quoi tout seuls ». DĂšs lors, les dĂ©clarations de Sugata Mitra ne sont plus apparues comme naĂŻves, mais comme dangereuses. Cette expĂ©rience a Ă©galement montrĂ© que l’admiration est un puissant outil d’apprentissage. L’apprentissage auto-organisĂ© est tout au long aidĂ© par l’admiration. J’ai appelĂ© cette mĂ©thode : ‘Une Ă©ducation envahissante au minimum’ (minimally invasive education) » (p 16).

 

Comment des grands-mĂšres viennent encourager les enfants sur skype

A partir de lĂ , Sugata Mitra s’est dit que la ‘mĂ©thode des grands-mĂ©res’ Ă©tait efficace et il a dĂ©cidĂ© d’essayer Ă  nouveau. Est-ce que cette pratique pourrait se rĂ©aliser avec skype ? En 2009, comme Sugata Mitra est interviewĂ© par le ‘Guardian’, il fait savoir que son dispositif est associĂ© Ă  un service de tĂ©lĂ©phone skype Ă  Hyderabad comme prĂšs de Newcastle. Et il raconte : « Quand je suis allĂ© en Inde rĂ©cemment, j’ai demandĂ© aux enfants comment ils aimeraient utiliser skype au mieux et ils m’ont rĂ©pondu qu’ils souhaiteraient que des grands-mĂšres anglaises leur lisent des contes de fĂ©e ». L’intervieweur en a fait part dans le Guardian et du coup des mails sont arrivĂ©s. Sugata Mitra s’est adressĂ© aux volontaires pour leur donner les principes de la ‘mĂ©thode des grands-mĂšres’ : ne pas enseigner, entrer en conversation, poser des questions et demander aux enfants d’éventuelles rĂ©ponses. En d’autres mots, elles peuvent conduire une session SOLE sur skype. Nous dĂ©cidĂąmes d’appeler ce groupe de volontaires ‘The Granny Cloud’ (le nuage de la grand-mĂšre). Parmi ces volontaires, certaines personnalitĂ©s se sont rĂ©vĂ©lĂ©es particuliĂšrement ajustĂ©es. Aujourd’hui, des ‘grannies’ opĂšrent Ă  l’échelle mondiale (p 17-18). Cette intervention a eu notamment un effet bĂ©nĂ©fique sur le langage des enfants (p 32).

 

Les Écoles dans le Nuage

Dans ce livre, Sugatra Mitra nous rapporte comment l’expĂ©rimentation s’est poursuivie Ă  travers l’implantation d’ ‘environnements d’apprentissage auto-organisĂ©s’ (SOLE) Ă  travers le monde ; effectivement, des expĂ©riences sont apparues dans de nombreux pays : Australie, Argentine, Uruguay, Chili, Etats-Unis. Et bien sĂ»r, elle a continuĂ© Ă  s’étendre en Angleterre et surtout en Inde. L’Inde a Ă©tĂ© le grand champ d’expĂ©rimentation des ‘Schools in the Cloud’. Ce livre nous rapporte, par le menu, l’histoire de chaque innovation dans son environnement spĂ©cifique : les atouts, les oppositions, les difficultĂ©s, les gains qui, Ă  chaque fois, viennent confirmer la rĂ©ussite de cette nouvelle approche.

Au total, Sugata Mitra peut dresser un bilan : « Qu’est-ce que nous avons appris des Ă©coles dans le nuage ? » (p 125-140). « Nous savons maintenant que les enfants peuvent apprendre Ă  se servir des appareils tout seuls. Ils peuvent mĂȘme apprendre plus vite dans des groupes non supervisĂ©s
 Ils peuvent aussi enseigner aux adultes les usages de la nouvelle technologie. Nous voyons lĂ  une gĂ©nĂ©ration qui peut utiliser n’importe quelle technologie digitale pour rĂ©soudre des problĂšmes
 Ils peuvent calculer (compute) des solutions aux problĂšmes. Calculer est la nouvelle arithmĂ©tique (Computing is the new arithmetic). On constate Ă©galement une amĂ©lioration de la ‘comprĂ©hension de lecture’ lorsque les enfants utilisent l’Ecole dans le Nuage. « Il est important de noter que la ‘comprĂ©hension de lecture’ est seulement un des aspects de la comprĂ©hension des contenus. En plus des textes imprimĂ©s, les enfants ont affaire Ă  beaucoup d’autres genres de mĂ©dias incluant des reprĂ©sentations visuelles, audio et vidĂ©o ». « Ainsi il vaudrait mieux parler de ‘comprĂ©hension de multimĂ©dias’. Dans les ‘Écoles dans le Nuage’, cette comprĂ©hension s’amĂ©liore Ă  des niveaux au-dessus de celle qui prĂ©vaut dans l’éducation standard ». Au total, les enfants apprennent Ă  lire mieux et plus vite dans l’École du Cloud. Il est peut-ĂȘtre possible de commencer avec des enfants aussi jeunes que cinq ans. Voici une gĂ©nĂ©ration qui peut comprendre le monde Ă  partir du nuage massif de donnĂ©es qui les entoure ».

« Nous savons que des groupes d’enfants cherchant sur internet rĂ©ussissent mieux dans leur recherche et habituellement dĂ©tectent les erreurs dans l’information ou dans leur perception. A la diffĂ©rence des Ă©coles traditionnelles, dans les Ecoles dans le Nuage, les enfants apprennent Ă  chercher en groupe, se corrigent les uns les autres, et discutent entre eux quelle dĂ©couverte est la plus authentique. En se comportant ainsi, les enfants apprennent Ă  communiquer avec le rĂ©seau, Ă  rĂ©pondre aux bonnes questions de la bonne maniĂšre, et expliquer et discuter leurs dĂ©couvertes les uns avec les autres. Communiquer est la nouvelle Ă©criture.

Quand les enfants recherchent sur internet et sont complimentĂ©s sur leurs dĂ©couvertes, il est naturel de s’attendre Ă  ce que la confiance en eux-mĂȘmes s’accroisse
 VoilĂ  une gĂ©nĂ©ration qui a confiance dans ses capacitĂ©s digitales.

Les enfants n’ont pas peur de la technologie moderne. Ils ont seulement besoin d’y avoir accùs. C’est une vision d’espoir.

Finalement, ‘le Trou dans le Mur’ et ‘l’École dans le Nuage’ nous montrent qu’il y a un changement fondamental dans les capacitĂ©s dont les enfants ont besoin pour la nouvelle Ă©poque dans laquelle ils sont en train de grandir. Une transition se produit : un mouvement de la lecture, l’écriture, l’arithmĂ©tique Ă  la comprĂ©hension, la communication et le calcul ».

 

Une réflexion prospective

Dans un dernier chapitre, Sugata Mitra s’engage dans une rĂ©flexion prospective ‘Looking for the future’. Sugata Mitra est impressionnĂ© par la rapiditĂ© du changement technologique. « Nous sommes dans une trajectoire technologique pour le dĂ©veloppement humain qui est maintenant dans une phase exponentielle » (p 166). Son attention se porte sur l’organisation des rĂ©seaux et de leur Ă©volution. Comme physicien, il envisage les ‘systĂšmes dynamiques complexes’ et il rapporte des changements oĂč on passe spontanĂ©ment d’une situation chaotique Ă  un ordre supĂ©rieur. « Quand des systĂšmes complexes passent du chaos Ă  l’ordre, nous les appelons des systĂšmes s’auto-organisant » (p XXXVIII). Sugata Mitra entrevoit cette rĂ©alitĂ© dans la nature et il la perçoit dans son expĂ©rimentation pĂ©dagogique dans un processus oĂč on passe du brouhaha Ă  une construction collective. Il aperçoit un phĂ©nomĂšne analogue dans l’émergence d’internet aujourd’hui. « Cette Ă©poque est caractĂ©risĂ©e par un ordre spontanĂ© dans un rĂ©seau global de gens » (p 173). Nous ne le suivons pas dans des extrapolations qui apparaissent aujourd’hui dans le courant transhumaniste. Nous ne nous arrĂȘtons donc pas Ă  ce court Ă©pilogue, car il ne rapporte en rien l’apport majeur de ce livre : l’invention d’une pĂ©dagogie nouvelle fondĂ©e sur la crĂ©ativitĂ© des enfants dans des petits groupes en phase avec internet. La recherche et l’innovation menĂ©es par Sugata Mitra nous paraissent Ă  la fois spectaculaires et rĂ©volutionnaires.

Dans cette innovation Ă©pique, le nouveau processus pĂ©dagogique initiĂ© par Sugata Mitra s’appuie sur l’élan crĂ©atif des enfants et, Ă  cet Ă©gard, on peut y voir une parentĂ© avec d’autres formes d’éducation nouvelle, comme l’invention montessorienne (3). Cependant, comme les innovations prĂ©cĂ©dentes, celle-ci s’est heurtĂ©e et se heurte encore Ă  un systĂšme scolaire marquĂ© par la hiĂ©rarchie, la compĂ©tition, l’individualisme. Certes, ce systĂšme est de plus en plus contestĂ© dans l’aire anglophone comme dans l’aire francophone. En l’occurrence, Sir Ken Robinson, qui remit le prix TED Ă  Sugata Mitra, auteur et confĂ©rencier anglais, expert dans le domaine de l’éducation artistique, a frĂ©quemment dĂ©noncĂ© les effets pervers des systĂšmes scolaires forgĂ©s Ă  l’image de la production industrielle (4). Il dĂ©clarait ainsi : « L’école nous introduit dans une voie standardisĂ©e et annihile la crĂ©ativitĂ© que chaque enfant porte en lui Ă  la naissance ». Ken Robinson montrait comment le systĂšme scolaire actuel est le produit d’une autre Ă©poque oĂč un intellectualisme individualiste issu du XVIIIe siĂšcle s’est combinĂ© Ă  une organisation industrielle associant uniformisation, standardisation et division du travail. Aujourd’hui, nous avons besoin de passer d’un « processus mĂ©canique » Ă  un « processus organique ». Les nouveaux modes de communication changent la donne et permettent le changement. Sans doute, percevons-nous aujourd’hui davantage non seulement les bienfaits d’internet, mais Ă©galement les risques potentiels. Cependant, cette analyse nous permet de comprendre en quoi l’innovation de Sugata Mitra s’est heurtĂ©e au conservatisme de l’institution scolaire. Cette opposition apparait bien dans le commentaire d’un chercheur anglais, James Nottingham : « Ce livre met en question une reprĂ©sentation conventionnelle et vous pousse Ă  entrer dans une nouvelle maniĂšre de penser au sujet du comment apprendre. Par exemple, pensez aux millions dĂ©pensĂ©s pour fournir un ordinateur Ă  chaque Ă©tudiant alors que Sugar Mitra montre que les enfants apprennent mieux lorsqu‘ils se rassemblent auprĂšs d’un grand Ă©cran  » Et de mĂȘme, cet auteur fait ressortir la vanitĂ© du bachotage des tests au regard des rĂ©sultats durables obtenus dans les ‘environnements d’apprentissage auto-organisĂ©s’. Une caractĂ©ristique majeure de cette innovation Ă©ducative est l’apprentissage en petits groupes. C’est aussi un Ă©lĂ©ment majeur de sa rĂ©ussite. Ainsi la rupture avec le systĂšme traditionnel n’est pas seulement technique, elle est aussi sociale.

J H

 

  1. Sugata Mitra , un avenir pédagogique prometteur https://vivreetesperer.com/sugata-mitra-un-avenir-pedagogique-prometteur-a-partir-dune-experience-dauto-apprentissage-denfants-indiens-en-contact-avec-un-ordinateur/
  2. Sugata Mitra. The School in the Cloud. The emerging future of learning. Corwin, 2020. On pourra voir parallÚlement un film documentaire réalisé par Jerry Rothwell : https://www.platform-mag.com/film/the-school-in-the-cloud.html
  3. L’invention montessorienne : https://vivreetesperer.com/linvention-montessorienne-2/
  4. Une révolution en éducation : https://vivreetesperer.com/une-revolution-en-education/