Cultiver la terre en harmonie avec la nature

 La permaculture : une vision holistique du monde

 Aujourd’hui, nous savons que la terre est menacée. C’est le changement climatique et le recul de la biodiversité. Et nous, nous prenons conscience de tout ce que nous recevons de la nature, une symbiose elle aussi en danger. En regard, à travers de multiples organisations, un puissant mouvement écologique est apparu. Les états entrent peu à peu dans cette mobilisation pour ce qu’on peut appeler la sauvegarde de l’humanité. Nous sommes tous concernés. C’est un appel pressant à changer de genre de vie. L’agriculture est particulièrement concernée. Au cours des dernières décennies, elle a été entrainée dans une escalade productiviste en rupture avec une relation équilibrée et durable avec l’environnement naturel. En regard, on a pu observer un engagement militant dans une manière nouvelle de vivre et de cultiver la terre. Cette approche est illustrée notamment par la grande figure de Pierre Rabhi. On assiste par ailleurs à l’invention de nouvelles pratiques qui allient efficacité accrue et respect de la nature. C’est un lieu d’innovation, c’est un front pionnier qui attire de nouveaux acteurs à la recherche d’une vie plus proche de la nature.

Ce courant est porteur d’espérance et il nous a par utile d’en faire mention sur ce blog. Nous avons déjà décrit l’apparition et le développement des « Incroyables comestibles » en France (1). Un ami engagé dans un « Jardin de Cocagne » (2), nous a récemment fait connaître cette belle innovation. Aujourd’hui, nous découvrons une nouvelle manière de cultiver la terre en harmonie avec l’environnement naturel. Ces initiatives innovantes sont « des fermes d’avenir ». Elles apparaissent et se développent dans des formes diverses selon la personnalité des intervenants et les caractéristiques de l’environnement.

 

La ferme biologique du Bec Hellouin

En naviguant sur le web, une expérience s’impose, celle de la ferme biologique du Bec Hellouin en Normandie. Cette réalisation est le fruit d’un itinéraire singulier. Au début des années 2000, Perrine et Charles  Hervé-Gruyer s’installent en ce lieu avec le désir d’y vivre une vie de famille. Au départ, pour assurer leur subsistance alimentaire, ils s’engagent progressivement dans une aventure agricole, découvrent en 2008 la permaculture et, à partir de là, développent une microagriculture intensive en s’inspirant à la  fois de pratiques ancestrales et de recherches innovantes .

Aujourd’hui, « la ferme biologique du Bec Hellouin est une ferme expérimentale fonctionnant selon les principes de la permaculture… Nous mettons en pratique un ensemble de solutions inspirées du fonctionnement des écosystèmes naturels, qui permettent de produire en abondance des fruits et des légumes sains : cultiver en buttes, agroforesterie, cultures associées, traction animale… La production maraichère de la ferme est plusieurs fois supérieure à la moyenne nationale par unité de surface, pratiquement sans recours aux énergies fossiles… L’herbage, situé en zone protégée Nature 2000, où nous avons créé les jardins, est devenue une oasis de vie où se côtoient un grand nombre d’espèces végétales et animales : 800  végétaux différents environ sont cultivés sur la ferme. Les deux iles-jardins, le jardin mandala, les mares, la foret nourricière, les vergers forment un agro-écosystème hautement productif et durable » .

Depuis fin 2011, la ferme du Bec Hellouin est engagée dans un programme de recherche avec l’INRA (Institut national de recherche agronomique) et AgroParis Tech. Elle met en oeuvre également un programme de formation. (3) Il y a là une belle dynamique que Perrine et Charles Hervé-Gruyer nous communiquent dans une vidéo (4).

 

 

Une approche holistique : la permaculture

Cette entreprise innovante s’inspire d’une vision évoquée par le terme de permaculture. Différentes définitions ont été proposées pour décrire cette approche. Nous reprenons ici la présentation qu’en donne Perrine et Charles Hervé-Gruyer, eux-mêmes auteurs d’un livre sur la permaculture.

« Créée dans les années 90 en Australie par Bill Molisson et David Holmgren, la permaculture est un système conceptuel inspiré du fonctionnement de la nature. Depuis des centaines de millions d’années, la nature crée des écosystèmes harmonieux et durables, qui génèrent eux-mêmes les conditions favorables au développement de formes de vie plus évoluées. Permaculture signifiait, à l’origine, agriculture permanente, puis le concept s’est élargi pour devenir culture permanente dans le sens de durable.

L’être humain, particulièrement en Occident, durant les derniers siècles, artificialise les écosystèmes et s’impose de ce fait l’obligation de devoir compenser par son travail et par des entrants les fonctions remplies naturellement par le vivant… La permaculture cherche à concevoir des installations harmonieuses, durables, résilientes, économes en travail comme en énergie, à l’instar des systèmes naturels. Son concept de design repose sur un principe essentiel : positionner au mieux chaque élément de manière à ce qu’il puisse agir positivement avec les autres…

La  permaculture repose sur trois principes : prendre soin de la terre, prendre soin des hommes, partager équitablement les ressources. La permaculture a un objet large : elle intègre l’agro-écologie, la construction écologique, les énergies renouvelables… dans une vision pragmatique et souple pouvant être adaptée à chaque territoire, aux besoins et aux aspirations de chaque personne ou communauté.

A la ferme du Bec Hellouin, nous étudions particulièrement les adaptations de la permaculture à l’agriculture biologique. Contrairement à une idée trop répandue, la permaculture n’est pas un ensemble de techniques de jardinage, mais bien un système conceptuel. Ces applications sont toutefois particulièrement pertinentes dans le domaine de la production agricole. La permaculture permet de concevoir des agro-systèmes tout à la fois harmonieux, durables, économes et productifs ».

 

Fermes d’avenir

On constate aujourd’hui que la vision éthique d’une activité humaine en phase avec la nature inspire beaucoup de gens et suscite un attrait pour de nouvelles formes de travail agricole. Dans un monde troublé, on peut y voir un désir d’enracinement. Ainsi, de nouvelles initiatives apparaissent comme celle des « fermes d’avenir.

Une association s’est créée pour favoriser le développement de ces fermes (5). Quelle est la vision de cette association ?

« Nous souhaitons  donner au plus grand nombre l’envie et les moyens de lancer leur propre projet agricole, écologique et rentable. Notre démarche touchera en particulier les agriculteurs souhaitant effectuer leur transition, les citadins souhaitant lancer une activité de maraichage et  les propriétaires fonciers soucieux de valoriser une partie de leurs terres… L’objectif primordial est de montrer qu’il est possible, sur un hectare, de créer un emploi pérenne de maraichage biologique…Dans un premier temps, notre défi est donc de créer une microferme exemplaire en maraichage, s’inspirant de la permaculture et de l’ensemble des techniques efficaces de l’agro-écologie…L’association Fermes d’avenir s’est développée autour d’un projet fondateur : la création de la microferme expérimentale de la Bourdaisière (37). Mais, au demeurant, de nombreuses fermes partout en France sont engagées dans une démarche exemplaire  respectant la terre, respectant les hommes et imprégnée d’une forte dimension éthique ».

 

 

Action pionnière : Maxime de Rostolan

Dans ce mouvement, les itinéraires des acteurs sont significatifs. C’est le cas pour Maxime de Rostolan, fondateur et dirigeant de l’association « Fermes d’avenir ». « Ingénieur chimiste de formation, Maxime de Rostolan, son diplôme en poche, s’intéresse au traitement de l’eau et s’engage alors dans un tour du monde afin de sensibiliser le public à cette question. A son retour dans l’hexagone, il se passionne pour la biomimétisme et crée l’association : « Biomecry France » qui encourage les entreprises à transformer leurs produits et métiers en s’inspirant de la nature. Il planche ensuite sur le financement participatif et lance « Blue Bees », une plateforme dédiée aux projets d’agriculture et d’écologie. Aujourd’hui, Maxime dirige « Fermes d’avenir ». Son nouveau défi : déployer un modèle agricole écologique et rentable à grande échelle ».

Maxime de Rostolan nous parle de son projet dans un exposé (vidéo) lors d’un colloque Ted X à Tours (6). « Depuis que j’ai vingt ans, j’essaie de trouver des solutions pour changer le monde… A force de chercher, j’ai découvert qu’il existe un partenaire de choix : le laboratoire du vivant ». Effectivement, on peut s’inspirer de la nature comme nous l’enseigne le biomimétisme. Maxime a pris conscience de l’impasse où se trouve aujourd’hui l’agriculture classique qui abuse de la mécanisation et des produits chimiques. « En 50 ans, on a divisé par 25, notre efficacité énergétique pour produire de l’alimentation ». Maxime se réfère lui aussi à la vision nouvelle ouverte par la permaculture. En 2010, il en découvre les potentialités à la ferme du Bec Hellouin.

Mais comment déployer ce type de ferme sur le territoire ? Les chercheurs de l’INRA sont intéressés par la possibilité de suivre une ferme de ce genre en phase d’installation. Maxime va donc se lancer dans l’innovation. Il se forme en conséquence et il s’engage dans le développement d’une ferme expérimentale de 1 ha 4, la ferme de la Bourdaisière à Montlouis sur Loire. Premier objectif : fournir les données correspondantes aux chercheurs de l’INRA. Deuxième objectif : créer une boite à outils qui permette à toute personne qui le souhaite de reproduire cette expérience. Troisième objectif : évaluer les services écosystémiques rendus par ce type d’agriculture : préserver la diversité, entretenir la qualité de l’eau, favoriser le paysage, créer une dynamique sur les territoires… ». Dans cet entretien en 2015, Maxime de Rostolan nous dit que depuis un an et demi, l’objectif a été tenu. « La nature est généreuse ! ». Et il a découvert un métier dans lequel il se trouve à l’aise.

 

Manifestement, les fermes d’avenir ouvrent une voie nouvelle en permettant à de nombreux acteurs de s’engager dans ce nouveau métier. « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que l’homme n’écoute pas » a écrit Victor Hugo. Aujourd’hui, ce constat est battu en brèche.  La permaculture témoigne d’une vision nouvelle qui est en train de se communiquer et de se répandre. De la ferme du Bec Hellouin à celle de la Bourdaisière, un puissant mouvement d’innovation apparaît et porte une nouvelle conception des rapports entre l’homme et la nature. C’est une nouvelle éthique.

 

J H

 

(1)            « Incroyable, mais vrai ! Comment « Les incroyables comestibles » se sont développés en France » : https://vivreetesperer.com/?p=2177

(2)            Réseau Cocagne : http://www.reseaucocagne.asso.fr

 

(3)            Le site de la ferme du Bec Hellouin ne présente pas seulement les activités de la ferme, mais aussi les principes de la permaculture et de l’agroécologie : http://www.fermedubec.com

(4)            Histoire et présentation de la ferme du Bec Hellouin par les créateurs : Perrine et Charles Hervé-Gruyer. Cette vidéo montre concrètement les différents visages de la ferme et exprime l’inspiration de cette innovation : https://www.youtube.com/watch?v=5w3VqluGfGY

(5)            Fermes d’avenir : http://www.fermesdavenir.org

(6)            « La terre et l’éthique » : Maxime de Rostolan à TEDx Tours : https://www.youtube.com/watch?v=2qWKKQowguM

 

 

Sur ce blog, voir aussi :

« Pour une conscience écologique » : https://vivreetesperer.com/?p=694

« Vivre en harmonie avec la nature » :

https://vivreetesperer.com/?p=757

« Anne-Sophie Novel, militante écologiste et pionnière de l’économie collaborative » : https://vivreetesperer.com/?p=1975

« Convergences écologiques : Jean Bastaire, Jürgen Moltmann, Pape François, Edgar Morin » : https://vivreetesperer.com/?p=2151

 

Thomas d’Ansembourg : « Un citoyen pacifié devient un citoyen pacifiant »

Une campagne du mouvement Colibris pour une (r)évolution intérieure.

Face aux dysfonctionnements de notre société, le mouvement Colibris, qui puise son inspiration tout particulièrement chez Pierre Rabhi, appelle ses membres à des voies alternatives de reconstruction. « Soyons le changement ! ». Et « si la plus importante révolution à mener était votre (r)évolution intérieure ! ». Le mouvement Colibris vient donc de lancer une nouvelle campagne citoyenne dans ce sens. « Dans la continuité du travail réalisé autour des principaux leviers de la société : économie, agriculture, démocratie, énergie, Colibris souhaite passer un message fort et montrer que la vraie (r)évolution est celle qui nous amène à nous transformer nous mêmes pour transformer le monde » (1). Le mouvement Colibris a donc suscité une rencontre où une douzaine de participants ont apporté leur témoignage sur leur évolution intérieure. Ces messages ont été enregistrés sur de courtes vidéos que nous pouvons regarder avec respect et reconnaissance (2).

On trouvera parmi ces témoignages une intervention de Thomas d’Ansembourg. Sur ce blog, à deux reprises, nous avons fait connaître des vidéos de Thomas d’Ansembourg particulièrement éclairantes (3). Thomas sait nous parler de son expérience de vie et des clés de compréhension et de transformation dont il fait usage en psychothérapie. On trouvera ces mêmes qualités dans la vidéo que nous présentons ici, et qui, en quelques minutes, nous ouvre un chemin (4).

L’itinéraire de Thomas d’Ansembourg est rappelé au préalable en ces termes : « Thomas d’Ansembourg a exercé la profession d’avocat. Parallèlement, il s’est engagé dans une association d’aide concrète aux jeunes qui connaissent des problèmes de délinquance, violence, prostitution et dépendances de toutes sortes. Par cette double approche juridique et sociale, il s’est impliqué dans la gestion des conflits et la recherche de sens. Dans le souhait de comprendre la difficulté d’être en général et particulièrement la violence, Thomas a entrepris une psychothérapie. Il découvre alors la liberté de prendre du champ sur l’inconscient et mesure qu’il aurait pu passer sa vie, se croyant libre, alors qu’il était pris au piège de ses conditionnements éducatifs, habitudes de pensée et systèmes de croyances. Il décide de devenir psychothérapeute pour partager ces prises de conscience et accompagner d’autres personnes dans ces processus de cœur et de conscience. Il se forme à différentes approches et particulièrement à la méthode de communication non violente (CNV) avec son fondateur Marshall Rosenberg.

 

Quel est le message de cette vidéo ? Nous présentons ici quelques citations qui en sont extraites pour qu’elles nous accompagnent dans le chemin de réflexion ouvert par Thomas d’Ansembourg.

Evoquant son expérience d’avocat, Thomas d’Ansembourg évoque un manque de formation pour l’exercice de cette profession : « Nous éviterions bien des conflits si nous avions quelques clés de connaissance de soi, de compréhension des émotions, de capacité à mieux les gérer et les exprimer sans agresser, à exprimer ses besoins et à être à l’écoute des besoins des autres d’une façon ouverte et empathique et que cela faisait très clairement défaut dans nos éducations. Moi-même comme avocat, je n’ai pas reçu une clé d’écoute, pas une clé de compréhension de la mécanique relationnelle, pas une clé de gestion des émotions. J’étais éduqué pour faire des contrats, des plaidoiries, mais pas pour être à l’écoute d’un humain en difficulté ».

En s’orientant, parallèlement à son travail d’avocat, vers l’accompagnement de jeunes en difficultés, il s’est « vite rendu compte que quelques clés de connaissance de soi faciliteraient la vie collective : Apprendre à connaître ses émotions, à les démélanger les unes des autres, à identifier nos besoins, à leur donner des priorités, à ne pas les confondre avec nos envies, nos désirs qui sont changeants, multiples et dispersants, à être capables d’exprimer cela par des demandes tout en étant en empathie avec le besoin de l’autre dans la capacité d’écouter ce besoin même si il est différent, tolérer le désaccord et la différence et chercher ensemble des solutions négociées qui seraient satisfaisantes pour chacun ».

Thomas s’est alors engagé dans une psychothérapie. Il a senti « un pivotement intérieur » en prenant du champ sur l’inconscient : « J’aurais pu passer ma vie dans des enfermements » avec la prise de conscience que le mot : « enfer » peut s’appliquer à ceux-ci. Thomas d’Ansembourg est maintenant psychothérapeute depuis plus de vingt ans. Il encourage le développement d’une « intériorité citoyenne », une vie intérieure qui peut s’exprimer au service de la vie communautaire. « Je fais le lien avec ce que la plupart des spiritualités nous disent de façon concordante : si nous prenons du temps d’écoute intérieure, de discernement et d’entrer dans un puits de connaissance universelle qui est, semble-t-il, au cœur de chacun de nous, nous nous relions, nous appartenons ». « Et voilà, il m’est donc apparu qu’un citoyen pacifié devient un citoyen pacifiant (5). Il s’implique. Il laisse un sillage de bienveillance, de bienfaisance, de douceur, de générosité, de collaboration, de synergie. Il donne envie qu’on aille avec lui. En se sentant pacifié, il donne envie d’être pacifiant à notre tour ».

J’ai la conviction que cette vie intérieure peut se nourrir de multiples façons. Bien sûr, je recommande de porter régulièrement des moments de gratitude (6). Toutes les personnes qui pratiquent régulièrement des moments de gratitude sentent une énergie, une vitalité, une joie d’être au monde ». Cela ne vient pas nécessairement immédiatement, mais cela « ne manque pas de venir si on jardine cette vie intérieure avec suffisamment de bienveillance et d’attention ».

Dans ce travail, je propose également un exercice, c’est de se poser cette simple petite question que l’on pose autour de soi une dizaine de fois par jour : Comment cela va ? Comment te sens-tu ? Se poser à soi cette question : Comment vas-tu ? Comment te sens-tu ? Qu’est-ce qui est heureux dans ton cœur ? Célébrer ce qui va bien.  Commencer par ce qui va bien. Il y a des chose qui vont bien même si nos vies sont tragiques ».  Repérons ce qui correspond à nos aspirations profondes et qui nous procurent du contentement. Quand ces aspirations sont nourries en moi, je vais bien. « Je tend donc vers cela. Si ce qui me correspond, c’est « le partage, l’écoute et la sincérité », je vais chercher à créer ces conditions. « Ainsi nous apprenons à nous centrer. Il y a les choses joyeuses qui vont bien dans mon cœur. Je les honore, les célèbre et j’oriente ma vie dans ce sens. Et puis il y a les choses moins joyeuses, plus difficiles, plus éprouvantes. Je les accueille, je les écoute et j’essaie de les comprendre. Petit à petit, j’oriente ma vie pour ne plus retomber dans les circonstances dont je sais par expérience qu’elles ne m’apportent pas de bien-être. Et ainsi, je récupère les manettes de mon existence.

Qu’est ce qui arrive à la plupart de nos contemporains ? Ils n’ont pas les manettes pour orienter leur vie. Or ce n’est pas compliqué. Cela demande juste un peu de jardinage intérieur ».

 

 

Ce message est porteur car il se développe à partir d’une expérience et il s’exprime sur un ton qui suscite la sympathie. Il aide à mieux interpréter nos situations de vie et à y faire face. Il nous encourage. Un changement est possible. Oui, nous pouvons !

Bien sûr, dans ce court message, Thomas d’Ansembourg n’a pas le temps d’aborder des situations critiques ou d’entrer dans une réflexion approfondie sur la manière dont nous percevons le sens profond de nos existences, lequel a tant d’importance dans la dynamique de notre vie.

Il s’exprime cependant sur le rapport entre psychologie et spiritualité.

« Je fais le lien avec ce que la plupart des spiritualités nous disent de façon concordante. Si nous prenons un temps d’écoute intérieure, de discernement et d’entrer dans un puits de connaissance universelle qui est, semble-t-il, au cœur de chacun de nous, nous nous relions, nous appartenons ».

Cette conscience d’une relation, d’une appartenance à plus grand que soi, nous paraît essentielle. Et il en est de même du fil conducteur que nous pouvons suivre dans le monde. Sommes-nous inspirés par la sympathie et l’amour ? A certains moments et dans certaines conditions, certains milieux religieux ont pu être pollués par des représentations négatives. Mais aujourd’hui ce n’est pas le courant principal. Thomas d’Ansembourg évoque les bienfaits de la gratitude. A ce sujet, un remarquable article est paru dans Wikipedia. Free encyclopedia (anglophone) (6). « L’étude systématique de la gratitude à l’intérieur de la psychologie a commencé seulement autour des années 2000, peut-être parce ce que la psychologie traditionnellement se focalisait sur les situations de détresses… ». Des études récentes suggèrent que les gens reconnaissants sont aussi plus altruistes et vivent dans un état de bien être subjectif plus élevé.  Cependant cet article met également l’accent sur la manière dont la gratitude et la reconnaissance sont au cœur des pratiques de vie chrétiennes et juives. « Dans le judaïsme, la gratitude est une part essentielle de l’acte d’adoration et de la vie du croyant. De même l’expression de la gratitude modèle et donne sa forme à la pratique de vie chrétienne ». Ainsi, sur des registres différents, l’expression de la gratitude est bien une démarche fondamentale. Elle éclaire la relation positive et débouche sur une harmonie.

Dans la gratitude comme dans la démarche de prendre soin de nous-même, il y a un mouvement commun qui est la bienveillance. Dans son livre : « Oser la bienveillance », Lytta Basset a mis en valeur cette dimension essentielle de notre existence : « Bienveillance humaine, bienveillance divine » (7).

Cette vidéo de Thomas d’Ansembourg nous invite à fréquenter ses autres enseignements et notamment les deux autres vidéos rapportées sur ce blog (3). Dans ce monde où nous pouvons être tenté par le pessimisme, l’agressivité ou le repli, cette vidéo contribue à la campagne du mouvement Colibris : « Faisons notre part ! Soyons le changement ! Engageons-nous dans une (r)évolution intérieure ». Thomas d’Ansembourg nous apporte un message tonique. Oui, cette évolution positive est possible. Il y a de l’espoir !

 

Jean Hassenforder

 

(1)            « Une (r)évolution intérieure » : https://www.colibris-lemouvement.org/revolution/une-revolution-interieure

Sur ce blog, un regard sur le mouvement Colibris : « une jeunesse engagée pour une société plus humaine et plus durable » : https://vivreetesperer.com/?p=1780

(2)            « Entretiens : ma ®évolution intérieure » : https://www.colibris-lemouvement.org/revolution/une-revolution-interieure/entretiens-ma-revolution-interieure

(3)            « Femmes et hommes. Monde nouveau. Alliance nouvelle » : https://vivreetesperer.com/?p=1791 « Vivant dans un monde vivant. Changer intérieurement pour vivre en collaboration » : https://vivreetesperer.com/?p=1371

(4)            « Thomas d’Ansembourg : ma (r)évolution intérieure » : vidéo You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=gWLoMcVoHaU

(5)            Dans son livre : « la guérison du monde», Frédéric Lenoir met en évidence le développement d’un courant spirituel qui allie intériorité et engagement collectif. Sur ce blog : « Un chemin de guérison pour l’humanité » : https://vivreetesperer.com/?p=1048

(6)            « Gratitude. From Wikipedia. The free encyclopedia » : https://en.wikipedia.org/wiki/Gratitude Sur ce blog, « Avaaz : Transformation sociale et transformation personnelle vont de pair » : des moments de gratitude sont envisagés dans ce processus : https://vivreetesperer.com/?p=2034

(7)            Sur ce blog : Lytta Basset. « Oser la bienveillance ». « Bienveillance humaine. Bienveillance divine. Une harmonie qui se répand » : https://vivreetesperer.com/?p=1842

Pour une conscience écologique

Une expérience de terrain

 

J’ai poursuivi mes études universitaires jusqu’au doctorat en écologie. J’ai mené mon travail de thèse dans un laboratoire du CNRS, dans le cadre d’un programme européen de recherche sur la biodiversité des plaines inondables, avec des équipes de recherche d’Umea en Suède, de Cambridge au Royaume-Uni et de Grenoble.

Cette thèse a été un réel voyage initiatique. J’ai été confrontée à l’immense complexité de la nature, à l’impossibilité de l’appréhender dans sa globalité et au constat, que « plus on sait… moins on sait« … car on prend conscience de l’immensité des connaissances qui nous échappent. Chaque question à laquelle on parvient à répondre, même partiellement, ouvre vers un horizon de milliers d’autres…

A cette époque, certains de mes collègues chercheurs participaient à des projets avec des non-chercheurs, notamment des techniciens de collectivités. Ils relataient souvent la difficulté de transmettre les connaissances scientifiques à des gens étrangers au monde de la recherche.

C’est ce qui m’a motivée à entreprendre un DESS en communication scientifique alors que je terminais ma thèse en parallèle. Après avoir obtenu ces deux diplômes, j’ai trouvé un premier poste comme directrice d’une association en charge de la gestion d’un espace naturel en bordure d’un grand fleuve.

 

Préserver la biodiversité.

 

Cette expérience a été difficile, mais très formatrice. J’ai notamment eu l’occasion de m’impliquer dans des projets de développement du territoire, avec les collectivités territoriales locales. Cette découverte a confirmé l’envie de m’orienter vers un travail dans la fonction publique territoriale. Après avoir quitté mon poste de directrice, j’ai donc passé le concours d’ingénieur territorial puis obtenu un poste comme chargée de mission patrimoine naturel dans une importante collectivité. Au sein d’une équipe d’une douzaine de personnes, je suis chargée de mettre en oeuvre la politique décidée par les élus en matière de biodiversité. Je travaille sur de nombreux projets en lien avec la restauration et la protection des milieux naturels, de la faune et de la flore. Mon travail consiste à financer et accompagner le montage des projets menés par différentes types de structures, principalement des associations ou d’autres collectivités (communes, communautés de communes,…).

 

Biodiversité… au bord d’une route ardéchoise

 

J’ai aussi la chance de mener certains projets en direct, notamment ceux qui concernent la trame verte et bleue. Ce terme traduit en fait une nouvelle stratégie qui émerge pour préserver la biodiversité. Jusqu’à il y a quelques années, les actions étaient surtout focalisées sur la protection de milieux naturels dits « remarquables », car constitués d’espèces ou d’habitats naturels rares ou menacés. Mais le constat mondial de l’érosion de la biodiversité, combiné aux avancées des connaissances scientifiques notamment de l’écologie du paysage, ont montré que les causes principales de cette érosion de la biodiversité était la disparition des milieux naturels, et leur fragmentation, résultant des activités humaines (infrastructures toujours plus nombreuses, urbanisation galopante, modification des pratiques agricoles et notamment intensification des cultures,…). Aujourd’hui, on change de stratégie en cherchant à reconnecter les milieux naturels entre eux, ou en préservant les connexions qui subsistent, afin de permettre aux espèces de se déplacer, ce qui leur est nécessaire pour accomplir les différentes phases de leur cycle de vie.

 

L’homme et la nature.

 

Mon travail est passionnant à de nombreux titres. Si l’on y réfléchit bien, il concerne en premier lieu les relations.

 

        Les activités humaines fragmentent les milieux naturels

 

La nature : un milieu interactif

 

Avant d’être un mouvement politique, l’écologie est la science qui étudie les interactions entre les différents compartiments du vivant. La nature qui nous entoure est caractérisé par un grand nombre d’interactions complexes, entre les espèces entre elles, entre les espèces et le monde physique… Beaucoup de choses sont reliées, et perturber ou supprimer un maillon de la chaîne affecte l’ensemble…

Le fonctionnement de la nature est dynamique… une dynamique dans l’espace et dans le temps. Les espèces se déplacent pour s’alimenter, se reproduire, migrer ; sous nos climats, les saisons s’enchaînent et chacune d’entre elles correspond à des processus du vivant particuliers ; les générations d’individus se succèdent à des échelles de temps très différentes selon les espèces (de la bactérie, à l’éléphant !). Bien que l’homme aime comprendre, acquérir de nouvelles connaissances, le fonctionnement de la nature nous reste encore bien mystérieux, et surtout échappe à notre contrôle.

 

       Des plantes carnivores en France… oui, ça existe ! (Drosera rotundifolia)

 

Des limites au contrôle de l’homme.

 

La nature rappelle à l’homme son incapacité à tout contrôler…. ce qu’il a parfois bien du mal à accepter. Nous avons essayé de « domestiquer » la nature. Nous avons canalisé les fleuves, construit des digues, mais les inondations continuent… car elles sont normales, et font partie des processus naturels qui créent la vie en transportant des sédiments, en créant de nouveaux milieux,… Mais nous avons essayé de contrôler ce processus, nous avons construit nos habitations en zones inondables, nous avons créé de nombreux barrages pour créer de l’électricité… Intentions louables et légitimes, mais décisions souvent excessives que nous avons prises sans en mesurer suffisamment les impacts… Par exemple, les nombreux barrages ont perturbé le transport des sédiments qui se trouvent piégés derrière… Comme conséquence, on a constaté des phénomènes d’érosion en aval des barrages, les rivières « s’enfoncent » et les niveaux de nappe phréatique en font de même… du coup, plus de sécheresse, besoin de plus d’irrigation, cercle vicieux…

 

       Les tourbières… des milieux fragiles mais essentiels

 

L’homme contrôle, domine, veut exercer un pouvoir sans limite, et quand le fonctionnement de la nature se rappelle à lui, sous forme catastrophique bien souvent, l’homme considère la nature comme « hostile »…. Il oublie sa responsabilité dans ces phénomènes.

Je trouve que ces constats, que je rapporte ici de manière rapide et caricaturale, peuvent amener des réflexions d’ordre plus spirituel… Soigner les relations, plus que la domination… Quand nous contrôlons les autres, de manière consciente ou inconsciente, nous sommes souvent confrontés à des retours de bâtons parfois violents…

La recherche de l’harmonie, entre humains, ou entre l’homme et la nature, demande un état d’esprit particulier : persévérance, humilité…

 

Au delà de l’immédiat, penser dans la durée.

 

Dans l’exercice de mon métier, je suis parfois découragée en me disant que ce je fais, c’est une goutte d’eau dans l’océan… Il faut déployer tellement d’énergie pour protéger quelques hectares ! On se heurte à tellement d’obstacles, un pas en avant, quatre en arrière… Malgré sa conscience de l’avenir, j’ai parfois l’impression que l’être humain ne se comporte pas plus intelligemment (voire moins) que les animaux. Il « consomme » les ressources à sa disposition, sans se préoccuper ou si peu, de ce qui va se produire lorsque ces ressources deviendront insuffisantes.

 

        Les rivières, une écologie dynamique !

 

Je crois qu’on touche là à une question un peu existentielle… Les processus écologiques se déroulent bien souvent à des échelles de temps qui dépassent la durée d’une vie humaine. Penser à l’avenir de notre planète (donc à celui de l’espèce humaine), c’est intégrer l’idée de sa propre mort et agir en sachant qu’on ne verra sans doute pas le résultat de son action. On touche à l’idée du temps, de l’éternité…

 

Céleste

 

Merci à Céleste, qui, à partir de son expérience, nous fait entrer dans une prise de conscience écologique. Les titres et l’accentuation de certains passages en caractères gras relèvent de la rédaction.

Les photos ont été prises par Céleste.
On peut la joindre à l’adresse mail suivante: despiedsetdesailes@gmail.com

Coach pour une vie en rebondissement : L’hypnose comme un outil thérapeutique

 

 

Interview de Béatrice Ginguay

Béatrice, depuis plusieurs années, tu t’es engagée professionnellement vers un accompagnement en tant que coach. Peux-tu nous rappeler ton passage de cadre infirmier à la profession de coach (1) ?

Après avoir exercé 30 ans, dont 20 en tant que cadre Infirmier, dans le secteur sanitaire (hospitalier, extra-hospitalier) et médico-social, j’ai éprouvé le besoin d’établir des relations plus proches et plus personnalisées avec les personnes accueillies.
En effet, l’évolution de la situation dans les institutions de Santé et notamment  du contexte hospitalier, ne correspondait plus à ce que je souhaitais vivre au niveau humain et ne me permettait plus un exercice professionnel en accord avec mes valeurs de respect, de qualité, d’écoute, d’accompagnement…
J’ai donc suivi une formation afin de me réorienter vers le Coaching. Puis j’ai pris la difficile décision de « lâcher » la sécurité « salariée » pour une réorientation professionnelle : m’établir en libéral et mettre à profit mes expériences personnelles et professionnelles.

Mon cœur de métier et mon parcours professionnel me permettent d’accompagner les personnes confrontées à des accidents de la vie : situations de Handicap, graves maladies, maladie d’Alzheimer, burn out…

De plus, ayant expérimenté personnellement les bienfaits des contacts avec l’animal, et ayant suivi une double formation de thérapie par le biais du cheval et du chien, c’est donc tout naturellement que je propose pour ceux qui le désirent que les séances de coaching puissent se dérouler avec Médiation Animale (2).

En fonction de tes compétences, tu as choisi d’orienter ta fonction de coach vers un accompagnement aux personnes en difficulté, en recherche d’un second souffle, d’un rebondissement. Peux-tu décrire ton expérience ?

En effet, parfois le tourbillon des événements nous blesse profondément et nous entraîne, malgré nous, au fond du trou. Il est alors difficile de se ressaisir, de relever la tête. Nous avons alors souvent besoin d’une main tendue, d’un coup de pouce.
Ma certitude absolue est que nous avons TOUS, au fond de nous, une pulsion de vie qui parfois baisse en intensité, mais qui jamais ne s’éteint.
En tant que professionnelle, il m’appartient de créer ce lien, de redonner confiance à la personne, et de l’accompagner pour retrouver foi en Sa propre Force.

Le nom de REBONDIR m’est venu en voyant des enfants jouer et sauter sur un trampoline. S’ils restent statiques, aucun mouvement ne se produit. En revanche, une chute engendre un système de réaction physique qui le fait, à un moment donné, rebondir.
Et si vraiment la personne reste allongée sur le trampoline sans pouvoir se relever, le mouvement, impulsé par une tierce personne à côté d’elle, suffit à remettre en mouvement ce mécanisme physique de rebond, dont va pouvoir bénéficier la personne qui jusque-là était  « inerte » par épuisement.
Cette observation illustre pour moi le mouvement interne à chaque individu, ainsi que l’aide potentielle apportée par le professionnel.

Une fois « remise sur pied », la personne a, comme face à toute difficulté, un choix à faire :

  • l’abandon – la capitulation,
  • ou bien la résistance et l’engagement par l’action.

La première option peut sembler la voie la plus facile. Néanmoins, elle conduit souvent, à plus ou moins long terme, à une sorte de Mort.
La deuxième option, si elle est plus difficile à court terme, ouvre vers la Vie.

L’impasse dans laquelle nous avons parfois l’impression de nous trouver, vient en partie de notre propre perception.

Un regard extérieur, un accompagnement permet alors de sortir la tête de l’eau, et de percevoir cet entrefilet de lumière, qui pourtant existait bien, mais qu’on ne voyait plus, empêchés par nos larmes de honte, de désespoir, de rage… ., ou notre état de sidération.

Alors, n’hésitons plus ! Il nous faut demander de l’aide.
Que le problème soit matériel, organisationnel, affectif, relatif à la santé…., nos émotions prennent parfois le dessus, nous rendant aveugle à toute issue potentielle, nous laissant penser que plus rien n’est possible.

En réalité, mes différentes formations me permettent de proposer trois approches possibles pour pouvoir REBONDIR :

  • par un accompagnement en Coaching, en revisitant votre passé, en trouvant vos forces profondes qui vous permettront de poser des objectifs et de vous projeter dans le futur, et d’avancer, un pas après l’autre,
  • grâce à la Médiation Animale, en vous remplissant « d’Ici et Maintenant », en reprenant confiance en vous grâce à l’acceptation inconditionnelle de mes chiens, à leur témoignage débordant de sympathie. Il est parfois, en fonction de notre passé, plus facile de mettre sa confiance, dans un premier temps, dans les animaux que dans les humains.
  • en découvrant, grâce à l’Hypnothérapie, la source profonde des freins et des blocages qui nous poursuivent.

C’est alors que ce filet, de manière certaine, va aller en grandissant, au fur et à mesure que nous avançons.

Justement, tu as suivi récemment une formation en hypnose devenir hypno-thérapeute. Pourquoi as-tu choisi cet outil parmi les autres disponibles aujourd’hui ?

Mon expérience de coach m’a permis de constater que lorsque nous sommes accompagnés en coaching, ou même lorsque suivons une thérapie, le matériel avec lequel et sur lequel nous travaillons, ce que nous apportons, « se limite » à ce dont nous avons conscience.
Il s’agit de nos souvenirs, notre expérience professionnelle, personnelle, nos difficultés ou richesses actuelles… Tout ceci est très riche. Néanmoins, cela ne constitue qu’une partie de nous-même.
Notre psychisme est constitué de notre conscient (ce dont nous avons conscience), et de notre inconscient.
Je vais me permettre une comparaison avec un ordinateur :

  • notre conscient, c’est l’ensemble des dossiers qui sont sur le bureau, c’est-à-dire, ce qui est à portée de main de façon immédiate, à portée de vue et de mémoire.
  • notre inconscient, correspond au disque dur de l’ordinateur. Aucune de nos manipulations effectuées sur l’ordinateur, aucune recherche internet … rien ne lui échappe. Le disque dur de l’ordinateur garde une trace de tout, absolument tout ! C’est ce que fait notre inconscient : il garde une trace de chaque événement de notre vie, de nos émotions, y compris de notre vécu in utéro.

J’ai donc éprouvé le besoin de me former à un outil que je pourrais proposer, outil qui permette à la personne d’accéder à cette partie d’elle-même qui renferme tant d’informations, dont certaines sont les origines et sources profondes de nos malaises, blocages….à  savoir notre inconscient.
L’hypnose n’est pas uniquement un outil de remémoration, de prise de conscience. L’hypnose permet également de guérir, de réparer.

Sur le marché des soins, nous disposons de nombreux outils pour accompagner les patients/clients dans le besoin. Certains professionnels optent pour se former en sophrologie, kinésiologie, shiatsu, EMDR, etc …. L’éventail disponible en  est large.
Chaque outil peut être plus spécifiquement indiqué pour telle ou telle situation.
Certaines de ces méthodes proposent préférentiellement une approche corporelle, psychocorporelle, psycho neurobiologique, etc …

En tant que professionnels, il nous faut faire un choix, ou en tous les cas, prioriser nos choix de formations, car elles ont un coût, au niveau financier et temporel.
J’ai donc opté pour l’hypno-thérapie. Outre l’outil en lui-même, qui permet d’accéder à notre inconscient, de revivre des situations enfouies…, j’ai été convaincue par la qualité des formateurs, leur exigence éthique, et l’orientation spécifique dans la prise en charge des psycho-traumatismes.
Je ne prétends pas que l’hypnose soit le seul outil possible, valable, efficace. Il est celui que je peux offrir aujourd’hui, et avec lequel je suis en parfait accord.
Il est, à mon sens, fondamental que le thérapeute se sente en cohérence avec l’outil qu’il propose à ses patients/clients, qu’il soit à l’aise avec la méthode utilisée et qu’elle ne s’entrechoque pas avec ses valeurs. Faute de quoi, le thérapeute ne pourra pas se l’approprier parfaitement, et risque de vivre une discordance qui nuira au patient/client.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est l’hypnose ? Quelle pratique en as-tu choisi ?

La terminologie exacte lorsqu’on parle d’hypnose, c’est de parler « d’état de transe ». Il s’agit du terme technique exact. Pour ma part, je préfère utiliser le terme d’« état hypnotique ».
En effet, la notion de transe, dans certains milieux culturels, peut être connotée : transe convulsive, chamanique, de possession …… Or l’état dans lequel nous nous trouvons en hypnose, lorsqu’elle est menée par un professionnel qualifié, n’est en rien semblable avec cela.

Avant toute chose, il est important de préciser que « l’état hypnotique » est un phénomène « naturel ». Nous passons tous, à certains moments, par de tels états sans en avoir conscience. Simplement, cela se produit de manière plus superficielle, et sur une durée plus courte.
Dans notre cas d’hypno-thérapie, il s’agit d’aider la personne à être dans un état hypnotique plus profond et sur une durée plus longue.
Le but est de permettre un état de dissociation qui donne, à la personne, accès à son  inconscient. Si je veux prendre une image, c’est un petit peu comme une poupée russe. La poupée extérieure représente notre conscient. L’état hypnotique permet de faire coulisser le chapeau/ couvercle de la poupée extérieure, et ainsi d’avoir accès à la poupée plus interne qui représenterait notre inconscient.

Pour ma part, professionnelle de santé, je me suis formée à l’hypnose éricksonienne.
Le client/patient peut choisir de se laisser conduire par son inconscient, sans but précis.
Cependant la plupart des cas, le client /patient consulte par rapport à un objectif très précis. Nous travaillons donc à cet objectif, avant de démarrer l’hypnose à proprement parlé.
Les objectifs peuvent être très variés : vouloir « arrêter de fumer », « perdre du poids », « lever des freins, des peurs », «  se sentir mieux », « réparer un dommage corporel » ….
L’objectif peut-être d’ordre physique, psychique, émotionnel…

Ma formation me permet également de traiter les psycho-traumatismes. Dans certains cas, le client/patient n’en a même plus le souvenir. Et pourtant, c’est bien ce trauma enfoui qui est la cause de bon nombre des difficultés de sa vie actuelle. Il le découvrira au fur et à mesure des séances.
L’état  hypnotique permet des phénomènes de régression, nous retrouver enfant, bébé. Nous pouvons revivre des situations « in utéro ».

Il est important de se rappeler que l’inconscient est toujours BIENVEILLANT. L’absence de souvenir d’un événement que notre entourage peut nous relater comme ayant été traumatisant, est l’œuvre « bienveillante » de notre inconscient qui a voulu nous protéger au moment « t » de cet événement. La réminiscence en travail d’hypnose se fera au fur et à mesure de nos capacités émotionnelles à gérer cela.
Comme Paul l’écrit dans l’une de ses lettres (l’épitre de Paul aux Corinthiens, chapitre 10, verset 13), « Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. », notre inconscient ne fera pas remonter au niveau de notre conscience un événement, une situation… si nous ne sommes pas à même de les supporter ou de les gérer. Il agira de manière fragmentée, jusqu’à la reconstitution du puzzle.

Dans le contexte d’un « état de conscience modifié », l’hypno-thérapie ne présente-t-il pas un danger d’assujettissement ou celui de l’intrusion de pensées négatives ? ou de résurgence de pensées négatives ? Quelle est l’éthique apportée dans ta formation en hypnose ?

Pour ma part, j’ai été formée par des hypno-thérapeutes, professionnels de santé (médecin généraliste et psychomotricienne), enseignants en université (faculté de médecine).
Les participants à cette formation ont été sélectionnés : nous étions tous des professionnels de santé.
Tout ceci constituait un « cadre » qui était pour moi un gage de sérieux et une garantie que cette formation s’inscrivait dans une perspective éthique, de grand respect du patient accompagné.
L’accompagnement par le thérapeute se fait de manière respectueuse, au rythme du patient. Cet accompagnement se déroule dans un climat bienveillant, soutenant, inconditionnellement positif.
En situation ordinaire, nous avons le sentiment de penser par nous-même, d’analyser, de faire des choix et agir suite à nos réflexions, à notre conscience. En réalité, notre inconscient a un impact certain sur notre vie, nos pensées, nos actions…. sans que nous n’en ayons pleinement conscience.
C’est la raison pour laquelle, il me semblait important de pouvoir proposer à mes clients/patients cet accompagnement, afin de trouver l’origine de leurs freins, de leurs peurs…
En « état hypnotique, de par la dissociation entre notre conscient et notre inconscient (explicitée précédemment), notre inconscient devient plus accessible, et fait « remonter à la surface », au niveau de notre conscience, des souvenirs, des émotions, des sensations oubliées et enfouies, parfois très loin. Rappelons que notre inconscient avait agi comme cela pour nous protéger.

Lorsque je parle de mon activité professionnelle, j’entends beaucoup de crainte, de questions à propos de l’hypnose. Je vais en évoquer quelques-unes, des plus fréquentes.

1 : « Moi je ne peux pas rentrer en hypnose…. ». « et si je n’arrivais pas à rentrer dans cet état ? ». Et bien, on ne peut pas le savoir sans avoir essayé. Et si cet outil qu’est l’hypnose ne vous convient pas, dans ce cas, vous pourrez toujours vous orienter vers une autre approche de soin.

2 : « Je ne suis plus tout à fait moi-même, donc on risque de me faire faire des choses que je ne voudrais pas…. ».

Cette crainte est légitime. Elle prend racine dans une représentation répandue par « l’hypnose spectacle ». Dans ces situations en effet, la personne est « soumise » à l’hypnotiseur, elle est sous son emprise, faisant des choses sous les ordres de « l’hypnotiseur », choses qu’elle ne ferait pas d’elle-même. Il s’agit d’une forme de manipulation
Et ce qui est en cause dans cette situation-là, ce n’est pas l’hypnose, mais la personne qui l’utilise. Ne nous trompons pas d’adversaire.
Moi je parle de SOIN, non de spectacle. L’hypnose que je pratique est un outil thérapeutique, utilisé à des fins thérapeutiques, donc pour améliorer une situation dont le client/patient est acteur, dont il souffre, et pour lequel il désire un changement.
Nous travaillons à partir d’un objectif précis, défini par le client/patient, par lui-même, pour lui-même. C’est lui qui va mettre cela au travail.
L’hypno-thérapie n’a donc rien à voir avec cette « hypnose spectacle », même si elle utilise le même outil. Pour prendre une image, l’outil seringue peut servir à soigner, à se droguer ou à tuer. Faut-il pour autant bannir les seringues ?
L’hypno-thérapie s’inscrit dans un objectif de THERAPIE. Il est donc effectivement fondamental de s’assurer de l’éthique de la personne que nous consultons.

3 : « et si je découvrais des choses épouvantables » : si nous avons une douleur abdominale qui ne cède pas à un traitement médicamenteux, nous pouvons craindre les résultats révélés des examens complémentaires (radio, scanner …).Et pourtant, ils sont nécessaires pour investiguer et aller sur le chemin de la guérison.
Il en est de même en hypnose. Notre mal-être, nos problématiques… peuvent nous handicaper, rendre notre vie terriblement difficile. Si nous n’allons pas à la source, là où tout est inscrit, nous laissons alors passer une chance d’amélioration, voire de guérison.
Si certains événements ont été « enfouis » bien malgré nous au niveau de notre inconscient, il s’agit d’un mécanisme de PROTECTION induit par notre inconscient : certaines choses sont trop douloureuses pour rester au niveau de notre conscience. Il faut alors les mettre sous le tapis. Mais arrive un moment, où elles parasitent bon nombre de nos pensées et actions. Et il faut y travailler.
Une des autres caractéristiques de l’inconscient, c’est qu’il est toujours BIENVEILLANT :
il ne fera remonter au niveau de notre conscience que ce que nous sommes en état de gérer et de supporter. Par exemple, un traumatisme grave ne « resurgira » pas comme cela, comme si on ouvrait une boite renfermant un petit diablotin monté sur ressort.
Notre inconscient le fera alors, petit à petit, en fonction de notre capacité à gérer les souvenirs enfouis. Cela peut se faire en plusieurs séances, sur plusieurs semaines.
De plus, il ne suffit pas d’avoir ramené à notre conscience certains épisodes plus ou moins douloureux. Cela serait inutile, voire difficilement supportable s’il n’y avait pas de possibilité de traitement, de guérison.
Or par l’hypnose, nous pouvons guérir ces événements, ces relations, ces traumatismes.

4 : « j’ai peur de ne plus être moi-même après une séance, que le thérapeute ait changé des choses en moi … ». En hypnose thérapeutique éricksonnienne, c’est le client/patient qui travaille. En tant que thérapeute, je l’accompagne dans son travail personnel. C’est son inconscient qui travaille. Ce n’est pas moi, thérapeute, qui impulse mes idées, mes pensées. Mon rôle est un rôle d’accompagnateur soutenant. L’évolution du client/patient viendra de ses profondeurs à lui, pour un mieux. C’est sa véritable identité qui se révèlera.

5 : « je refuse de consulter un thérapeute car je ne veux pas étaler ma vie, mes problèmes… Je n’ose pas / je ne sais pas parler de moi….  Je suis coincé dans mon corps …. Je ne veux pas qu’on me touche …». Alors l’hypno-thérapie est une bonne orientation. Il s’agit d’une thérapie « non corporelle », « non verbale ». Personne ne vous touchera. Vous ne serez pas tenu de « vous raconter », de parler, de vous dévoiler…. ni pendant, ni à la fin de la séance. C’est un travail entre vous et vous. Pendant la séance, vous vivrez votre présent, votre passé. Et en fin de séance, libre à vous de parler de ce que vous venez de vivre, … ou pas… . Vous pourrez l’évoquer lors de la séance suivante …  ou pas.
Vous préserverez totalement votre intimité corporelle, émotionnelle, psychique.

6 : Je souhaiterais enfin à cette occasion, évoquer une question difficile : celle de la Foi. Il s’agit de questions fréquentes et récurrentes dans certains milieux : « je suis chrétien, puis-je utiliser l’hypnose pour me soigner ? ». « Puis-je pratiquer l’hypnose en tant que thérapeute chrétien ? ».
A cela, en tant que chrétienne, je réponds, « OUI ».
Oui, mais pas dans n’importe quelles conditions, et pas avec n’importe qui.
L’hypnose est un outil. Comme tout outil, il ne faut pas le mettre entre les mains de n’importe quelle personne, et il ne faut pas s’y soumettre dans n’importe quelles conditions.

  • j’ai évoqué précédemment la nécessité absolue de se former, l’importance des formateurs et de leur éthique, et notre éthique personnelle.
  • pour franchir le cap et se laisser aller à rentrer dans cet état d’hypnose, la confiance dans le thérapeute est fondamentale. Celle-ci est la conséquence d’un bon lien qui s’est établi entre les deux personnes. Ceci est valable pour toute relation de soin. Encore plus dans le domaine de l’hypnose, compte tenu de l’état dans lequel nous nous trouvons.
  • Le Créateur sait de quoi nous sommes faits. Il connait parfaitement ce qui s’est inscrit sur « notre disque dur », comme évoqué plus haut. Ce qu’Il souhaite, c’est notre bonheur, notre paix intérieure. Les chemins pour y arriver sont multiples. Les professionnels de santé (que ce soit dans le domaine physique, psychologique, médecine parallèle…) peuvent être utilisés par le Seigneur pour participer à notre guérison. En fonction de ce que nous sommes, de notre problématique, de notre personnalité, de nos blocages…. l’outil « Hypnose » et le thérapeute sont,  dans ce cas, au service de la foi, pour aboutir à une amélioration de leur état, voire à leur guérison.  Parler du fait que je sois chrétienne

Peux-tu nous donner quelques exemples de pratiques  ayant entrainé des changements positifs d’attitudes et de comportement ?

1-Une personne est venue me voir suite à des menaces de mort proférées à son encontre dans le cadre d’un conflit. Cela engendrait des peurs, perturbations de son sommeil … En état d’hypnose, elle a revécu une situation de grande détresse alors qu’elle était enfant : elle avait fait une réaction allergique très forte à la suite d’une anesthésie. Dans ce contexte, elle avait frôlé la mort et s’était sentie partir. Je l’ai accompagnée en hypnose pour réparer ce traumatisme d’enfant. Cette démarche l’a aidé à surmonter cette nouvelle angoisse liée à la menace de mort récente.

2-Une personne souffrait de douleur d’épaule. L’hypnose l’a fortement soulagée et elle a recouvré une aisance fonctionnelle.

3-Une personne souffrait d’un mal-être récurrent engendrant des difficultés relationnelles. En état d’hypnose, elle a réussi à revivre des situations in utéro (lorsqu’elle était encore dans le ventre de sa maman). Elle a ressenti, revécu l’angoisse de sa maman qu’elle avait « absorbée » à l’époque en tant que fœtus, bébé en formation. L’accompagnement en hypnose lui a permis de faire le tri et de se détacher de l’angoisse de sa maman lors de sa grossesse, pour devenir plus sereine dans sa vie actuelle.

4-Une dame s’est fracturée plusieurs vertèbres suite à une chute de cheval. L’hypno-thérapie a réduit de moitié le temps de consolidation.

5-Une personne a trouvé grâce à l’hypnose l’origine de son état de mal-être, de ne pas être à sa place, sentiment permanent de vide, de manque: elle a découvert qu’elle avait eu un jumeau décédé prématurément in utéro

6-Une personne a revécu des traumatismes d’enfance (maltraitance et abus) enfouis profondément. La réparation en hypnose lui a permis d’être plus épanouie dans sa vie d’adulte. Elle a retrouvé confiance, et ce travail l’a libérée.

Conclusion

Les différentes parties de notre être (physique, psychique, émotionnel, spirituel …) constituent un tout en interaction. Plusieurs entrées sont donc possibles.
Mon parcours m’a fait rencontrer tellement d’humains en souffrance. Et je sais combien un état intérieur blessé peut constituer un véritable handicap dans la vie quotidienne.
Mon activité professionnelle actuelle me permet d’offrir un accompagnement individualisé, dans le respect de ce que mes clients sont personnellement. J’ai vraiment à cœur de pouvoir les aider en profondeur.
La Thérapie par l’Hypnose répondant à ces objectifs, je suis vraiment heureuse de pouvoir leur proposer et utiliser cet outil qui couvre une multitude de champs d’application,

Béatrice GINGUAY
Hypnothérapeute

  1. De cadre infirmier à coach de vie : https://vivreetesperer.com/de-cadre-infirmier-a-coach-de-vie/
  2. Médiation animale : https://vivreetesperer.com/mediation-animale/

Ce matin …

 

En regardant le ciel au lever du jour.

Il fait sombre. Le ciel est très gris, parsemé de nombreuses taches noires. Les nuages paraissent nombreux au ¾ de la surface.

Un mince croissant de lune attire mon attention par sa luminosité.

C’est très beau.

photo 1

Dix, quinze minutes passent.

Je lève à nouveau les yeux sur un ciel un peu plus dégagé, mais sombre. Et… la lune au-dessus de la zone nuageuse signale un ciel totalement dégagé.

A l’horizon, le ciel commence à s’éclairer.

On peut deviner une source lumineuse à l’Est.

 

Bien sûr, nous savons tous que le soleil se lève. Drôle d’expression du reste, car nous savons que cet astre n’a pas bougé puisqu’on nous a appris que c’est la terre qui tourne.

 

Nous avons appris, mais nous avons aussi constaté qu’imperturbable chaque jour succède à la nuit.

 

Image de la FOI.

Nous avons appris

Nous savons par expérience

Que Dieu, auteur de la création

Est imperturbable : « fidèle et bon ».

Les nuages passent : les circonstances de la Vie.

 

25-30 minutes.

A l’Est, ciel rouge magnifique.

Toute la journée, le soleil va colorier différemment.

 

Odile Hassenforder

 

Pendant des années, Odile levée tôt le matin, voyait le ciel de son fauteuil, par la fenêtre orientée vers l’est.

 

 

Texte d’Odile publié dans son livre : Sa Présence dans ma vie. Empreinte Temps présent. 2011 (p 177)

Photo de lever de soleil prise récemment du même point de vue

 

Sur ce blog, précédent article d’Odile Hassenforder :

« La prière. Une expérience familière en Christ »

https://vivreetesperer.com/?p=2588

Autres articles :

https://vivreetesperer.com/?s=Odile+Hassenforder