Comment la bienveillance peut transformer nos relations

 

La stratégie de la bienveillance, selon Juliette Tournand

 

Une intervention dans un colloque TEDx Rennes (1) commence, avec beaucoup d’humour, par l’évocation d’une petite scène de la vie quotidienne. A partir de cet exemple, Juliette Tournand nous explique comment elle a  créé et développé une stratégie de la bienveillance dans le cadre de sa profession  de coach dans les milieux d’entreprise (2). Avec beaucoup de finesse, de compréhension et d’humour, elle nous permet de découvrir le rôle moteur de la bienveillance dans la manière de communiquer. Juliette Tournand nous explique comment elle est parvenue à élaborer une « stratégie de la bienveillance » (3), capable d’induire des relations positives dans le champ professionnel.

 

Au départ, Juliette Tournand nous raconte une rencontre familiale. « Vous êtes invité chez une tante que vous aimez beaucoup et, quand vous arrivez chez elle, lorsqu’elle  vous accueille, adorable : « Ma chérie, j’espère que tu aimes les tripes »… Imaginez que vous ayez horreur des tripes… Cette situation, pour modeste qu’elle soit, vous dépasse et vous obligez à vous dépasser ». La nièce est confrontée à un dilemme. Si par peur de contrarier ou par politesse, elle ne dit rien, alors elle va manger des tripes, et même entrer dans un engrenage : « C’est bon, alors reprends en ! ». Et si cette nièce réagit vivement : « Les tripes, j’ai horreur de ça », alors, vous n’y pouvez rien, votre tante entendra qu’elle vous fait horreur ». « Dans les deux cas, vous aurez dépassé les limites de l’affection qui vous lient à cette adorable tante ».

 

 

Comment sortir de ce dilemme ? « Il y a forcément une solution, mais de quel coté se tourner pour la trouver ? J’ai commencé à me poser cette question à l’âge de 15 ans. La question a pris de l’ampleur quand je suis devenu salariée et que j’entendais : « il faut respecter le cadre ». Et puis, un beau matin, « Mais voyons, il faut savoir sortir du cadre ! ». Oui, mais dans quelle direction ? ». Juliette Tournand s’est donc beaucoup interrogé jusqu’au jour où elle a découvert une stratégie, c’est à dire « une ligne de conduite constante pour réussir ». C’était une stratégie biomathématique, les mathématiques de la vie. Mais en fait, elle se réduisait à du donnant-donnant ; « Si tu es sympa, je suis sympa. Si tu tapes, je tape. La cour de récré ! Il n’y a pas besoin de mathématiques pour en arriver là ! ». Et pourtant, cette stratégie avait été championne dans un tournoi organisé à l’université du Michigan en 1979 précisément sur la gestion des relations humaines (4). Et son auteur, Anatol Rapoport, russe, puis américain et canadien, avait fait une brillante carrière : pianiste virtuose, docteur en biomathématique, puis professeur émérite à l’université de Toronto. Et, bien plus, il avait fait partie du petit groupe de négociateurs pour la paix nucléaire dans les dernières années de la guerre froide de 1975 à 1985. Quoiqu’il en soit, cette stratégie avait deux grandes limites. Si, dans un environnement compétitif, elle réussissait à attirer le plus grand nombre de coopérateurs, elle ne pouvait pas amener quelqu’un en particulier à coopérer. Et, si elle avait été gagnante dans un jeu de tournoi, ce jeu modélisait la vie, mais ce n’était pas la vraie vie.

 

Alors, Juliette Tournand a continué à s’interroger « jusqu’au jour où elle a commencé à voir cette stratégie comme une enveloppe, une carrosserie ». « J’ai ouvert le capot et j’ai trouvé trois forces très simples, si simples qu’on passe à coté lorsqu’on n’y prend pas garde ». « La première, ce n’était pas la réciprocité qu’on entend dans le terme de donnant-donnant. La première, la force majeure, l’axe, le nord de la boussole, c’était la bienveillance. La réciprocité arrivait après en deuxième. Et ça change tout. La réciprocité arrive en face de la bienveillance déjà émise à l’autre, aux autres. Et la troisième force, c’était la clarté qui permet de repérer le point où bienveillance et réciprocité se rejoignent. C’était clair. La bienveillance, accompagnée de ses deux dames de compagnie : la réciprocité et la clarté, constituaient l’axe que je cherchais.

 

Et ça marche bien dans la vraie vie, parce que ce que vous réussissez spontanément, facilement, longtemps, vous le réussissez depuis le centre de ces trois forces ! ». Alors Juliette Tournand revient à la petite scène de vie par laquelle elle avait commencé sa causerie : La visite chez une tante qui a préparé pour vous un plat que vous détestez. Un bon test pour cette stratégie n’est-ce pas ? Et un test qu’on se plait voir raconter avec un tel humour. « Alors bien sur, il restait à faire passer à ces trois forces les limites de la vraie vie pour le jour où vous allez chez une tante que  vous aimez beaucoup et qui vous fait un plat que vous détestez. A ce moment, vous êtes tenté de vous dire :  tout ça, c’est de la théorie, mais soyons pragmatique. Soit je m’écrase. Soit je t’écrase. Mais soyons plutôt vraiment pragmatique. Laissez-vous inspirer par ces trois forces. Et si vous disiez à votre tante : »Des tripes, mais je déteste ça autant que je t’aime toi ». Alors, chez certains d’entre vous, une petite voix malveillante retient l’idée en disant : « Les déclarations d’amour pour un plat de tripes, n’est-ce pas un peu gros ? N’est-ce pas un peu facile ? Non ce n’est pas trop facile : vous détestez les tripes et vous aimez votre tante. C’est clair. Cette réponse est bienveillante pour vous : vous ne mangerez pas de tripes, bienveillante pour votre tante. Et elle est parfaitement claire. Alors, peut-être que dans votre famille, on ne se dit pas qu’on s’aime comme cela. Ce ne sont pas des mots qu’on dit, mais justement, votre tante, surprise par cette réponse qui l’étonne et, bien sur, l’enchante, éclate de rire et décide de battre une omelette à votre intention… ». A cette configuration, s’ajoute ainsi « la force de la vie, la liberté d’innover qui « s’appuie sur la situation pour rejoindre bienveillance, clarté et réciprocité ».

 

Juliette Tournand nous rapporte que cette nouvelle vision a trouvé très vite écho chez les clients du cabinet de consultants dans lequel elle travaillait. Cela a suscité de beaux contrats. Mais cela a suscité de la jalousie envers elle dans toute la ligne hiérarchique de son entreprise. « Incroyable, mais banal ! ». Un conflit est apparu. Juliette s’est laissée entrainer dans « une réciprocité de la malveillance ». Quand elle en a pris conscience, elle a réagi. Elle est sortie du système et finalement cette épreuve a concouru au projet qu’elle entretenait de devenir un jour son propre patron. Elle pouvait s’appuyer sur la confiance des clients. Le système qui l’avait servi, puis desservi, avait été une étape qui lui permettait de réaliser son rêve. « La voie de la bienveillance stratégique m’avait poussé à l’endroit particulièrement ajusté à ma situation ».

 

« Depuis dix ans que j’accompagne des dirigeants d’entreprise et aussi des sportifs de haut niveau, je me suis aperçu que les stratégies qui réussissent prennent toutes appui sur l’originalité, la singularité de situations difficiles qui sont regardées depuis la bienveillance stratégique : bienveillance, clarté et réciprocité… La bienveillance qui réussit, c’est la bienveillance qui part de vous pour rejoindre les autres. Entrainez vous dans des situations familières, avec des gens qui ne vous font pas peur. Entrainez-vous au plaisir qu’il y a, dans des situations difficiles, de vous arracher à la frustration pour savourer le plaisir qu’il y a à faire mieux que gérer les conflits, les dépasser pour aller jouir de la liberté d’innover et de rencontrer le concours des autres. Mon rêve, c’est que nous soyons nombreux à partager cette vision et cette pratique, à découvrir que nous avons le pouvoir de modifier notre microclimat, que nos microclimats se rejoignent ».

Et on peut considérer le monde dans cet esprit. Aujourd’hui, le climat est un enjeu planétaire et cet enjeu est entre nos mains. Développer une ambiance de bienveillance et de collaboration entre nous,  nous dit Juliette Tournand,  c’est aussi réduire les frustrations et le besoin de nous en consoler dans une consommation excessive.  Dans cette esprit, « il y a des chances que « bienveillants mutuellement entre nous les humains, nous le devenions naturellement  vis à vis de notre planète ». Si cet objectif peut paraître ambitieux, tout ce qui concourt à un changement de mentalité est précieux. La stratégie de la bienveillance est une démarche qui participe à une évolution positive de notre vision du monde et y concourt.

 

La causerie de Juliette Tournand est particulièrement attirante parce que celle-ci s’exprime avec beaucoup de finesse, d’empathie, d’humour, et parce qu’à travers son analyse, elle nous ouvre un horizon et un chemin pour de meilleures relations humaines.

Aujourd’hui, nous assistons à une prise de conscience. On perçoit mieux les effets positifs d’attitudes classiquement reconnues comme ayant une valeur spirituelle, religieuse ou morale. Cette évolution avait déjà été remarquée, il y a quelques années, dans les écrits en sciences humaines. Ainsi, en février 2011, le magazine : Sciences humaines a publié un dossier : « Retour de la solidarité, empathie, altruisme, entraide » (5). Récemment, un des pionniers de la psychologie positive en France, Jacques Lecomte a écrit un livre sur « Les entreprises humanistes » (6) dans lequel il montre comment « certaines valeurs et attitudes fondamentales (confiance en l’autre, empathie, respect, coopération, bienveillance, esprit de service etc) peuvent avoir un impact positif au sein des organisations ».  La « stratégie de la bienveillance » s’inscrit dans cette évolution en cours et y contribue.

Bien entendu, la bienveillance a toujours été présente dans les relations lorsque des personnes bienveillantes s’y exprimaient. Et on peut s’interroger sur le danger d’instrumentalisation de certaines valeurs. Cependant, leur affirmation dans des formes élaborées est généralement positive.   Et, au total, nous percevons dans ce mouvement , une inspiration. Si Juliette Tournand a mis en forme l’efficacité de la bienveillance, n’est-ce pas parce qu’elle était elle-même prédisposée à en vivre et à en percevoir la valeur. Il y aujourd’hui une prise de conscience renouvelée de ce qui élève l’humanité à travers les siècles. A propos de sa démarche, Juliette Tournand a pu écrire par ailleurs : « En mettant cette stratégie en tension avec le texte biblique relu par une psychanalyste laïque, j’avais ainsi l’accord rarissime de deux grandes directions de conscience ». Pour nous, nous trouvons un éclairage dans un récent livre de Lytta Basset qui, en théologienne, nous invite à « oser la bienveillance » (7). Bienveillance humaine. Bienveillance divine. Une harmonie qui se répand.

La bienveillance est une force motrice. Voilà une dynamique qui apparaît dans « la stratégie de la confiance » mise en œuvre par Juliette Tournand.

 

J H

 

(1)            Stratégie de la bienveillanee. Juliette Tournand à TEDx Rennes : https://www.youtube.com/watch?v=7G-a2A9faK4

(2)            Site de Juliette Tournand : « Juliette Tournand. Coopération et réussite durable avec la stratégie de la bienveillance » : http://www.juliette-tournand.com

(3)            Juliette Tournand est l’auteur de plusieurs livres dont :                      La stratégie de la bienveillance ou l’intelligence de la coopération. 3è éd. Interéditions, 2014

(4)            Coopération, réciprocité, pardon. La théorie d’Anatol Rapoport sur Wikipedia :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Coopération-réciprocité-pardon

(5)            Sur ce blog :  « Quel regard sur la société et sur le monde ? » : https://vivreetesperer.com/?p=191

(6)            Sur ce blog : « Vers un nouveau climat de travail dans des entreprises humaniste et conviviales : un parcours de recherche avec Jacques Lecomte » : https://vivreetesperer.com/?p=2318

(7)            Sur ce blog : « Bienveillance humaine. Bienveillance divine. une harmonie que se répand. Lytta Basset : Oser la bienveillance » : https://vivreetesperer.com/?p=1842

 

De la vulnérabilité à la sollicitude et au soin

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Un manifeste de Cynthia Fleury : « Le soin est un humanisme ».

https://www.laprocure.com/cache/auteurs/images/Fleury-Cynthia.jpg Plus ou moins, nous ressentons notre fragilité. Si nous sommes tous des êtres vulnérables, nous pouvons ressentir cette vulnérabilité comme une charge, comme un poids, comme une épreuve. L’aide réside dans un environnement relationnel. Et cette relation est évoquée dans différents contextes. En christianisme, par exemple, c’est l’aide que vient apporter le « bon  samaritain », dans la parabole du même nom. C’est l’aide qui se trouve dans la relation avec Dieu, telle qu’elle est annoncée dans la Parole biblique dans une multitude de passages.

Si la compassion est également enseignée dans d’autres traditions,  les références chrétiennes ont inspiré un mouvement qui va bien au delà du christianisme et nous permettent d’y reconnaître l’œuvre de l’Esprit. Michel Serres, dans son livre : « Une philosophie de l’histoire » (1), nous parle de la venue d’un âge doux par rapport à un âge d’oppression qui a duré pendant des siècles en pression de la violence et de la maladie. Effectivement, dans les dernières décennies, il y a bien des signes qui traduisent une profonde transformation des mentalités dans une expression croissante d’empathie et de sollicitude. C’est, entre autres, le mouvement du Care qui est apparu aux Etats-Unis au début des années 1980, un courant de pensée et de pratique initié par Carol Gilligan (2).

Philosophe et psychanalyste, Cynthia Fleury (3) intervient aujourd’hui en France dans le champ du soin et de la santé. Elle a fondé la première chaire de philosophie dans un hôpital français, l’hôpital Sainte Anne. Elle est professeure au Conservatoire National des Arts et Métiers, dans une chaire : Humanités et santé et s’emploie à promouvoir une pensée humanisante dans le système médical français. A une époque de grandes mutations sociales et technologiques, cette pensée humanisante est bien  exprimée dans son récent livret : « Le soin est un humanisme » (4). Elle nous y parle de la vulnérabilité humaine et de la sollicitude que celle-ci appelle en regard. Quelques citations ici rapportées nous éclairent sur la démarche de Cynthia Fleury et nous encouragent à entrer dans une lecture approfondie de ce livret.

 

Reconnaître la vulnérabilité

 Cynthia Fleury met en évidence la vulnérabilité humaine comme un point de départ de l’approche humanisante du soin .

« La vulnérabilité est consubstantielle à tout homme et finalement assez peu spécifique ». « La vulnérabilité invite l’homme à inventer un « éthos », à produire un geste soucieux de la différence de l’autre. Elle fait naitre chez nous une préoccupation, une attention, une qualité inédite de pensée au monde et aux autres » (p 8).

« Reconnaître nos limites, c’est faire quelque chose, bâtir une société qui ne soit pas celle du ressentiment, et un être humain, qui ne soit pas, lui non plus l’objet – ou le sujet – de pulsions mortifères » ( p 7). « Il faut, dès lors, se soucier de rendre « capacitaires » les individus, c’est à dire leur redonner aptitude et souveraineté dans ce qu’ils sont ». ( p 7). C’est prendre en charge la vulnérabilité sans s’y enfermer et sans y enfermer les autres, au contraire en ouvrant des voies de libération. « Je souhaite porter et promouvoir une vision de la vulnérabilité qui ne soit pas définitive, mais, tout au contraire, inséparable d’une nouvelle puissance régénératrice des principes et des usages. La vulnérabilité est une combinaison d’hypercontraintes qui sont souvent, d’emblée, dévalorisées, stigmatisées par la société comme étant non performantes, invalidantes et créatrices de dépendances. Mais elle nous invite, nous, les « autres », à mettre en place des manières d’être et de se conduire, précisément autres, aptes à faire face à cette fragilité pour ne pas la renforcer, voire pour la préserver au sens où cette fragilité peut être affaire de rareté, de beauté, de sensibilité extrême » ( p 7-8).

 

La dignité de l’être humain, c’est d’être irremplaçable.

Cynthia Fleury se fonde sur une vision de « l’exceptionnalité de l’homme », selon elle, « la seule manière d’imaginer et de maintenir l’humanisme du genre humain » ( p 6).

C’est dans cette perspective que Cynthia Fleury s’est engagée dans le domaine du soin. « La notion d’humanités fait le lien avec le premier territoire de recherche qui a été le mien : la Renaissance, les Lumières et bien au delà. Poser les humanités au cœur de la santé, c’est se rattacher à cette histoire par laquelle l’homme ne demeure humain qu’à condition de refuser de se dessaisir de sa propre faculté de  jugement » ( p 9).

Cynthia Fleury s’inquiète de la démission de la personne, de la démission du patient et veut l’aider à y échapper. « Je pense être devenu psychanalyste sur le tard pour me tenir au plus près de cette volonté flirtant avec l’appel à l’aide et la tentation de la disparition » ( p 9).

Si l’humain ne se sent plus reconnu dans sa valeur propre, alors, il perd le goût de la vie. « Quant à la notion d’irremplaçabilité, je l’ai expérimenté par défaut, en clinique, avec mes patients. Les individus qui ont un sentiment de remplaçabilité tombent malades et peuvent opérer des passages à l’acte contre eux-mêmes ou autrui… Il y a comme une détérioration du sujet en eux… » (p 10).

 

Le soin, une fonction en partage

 Un soin véritable requiert une relation, un dialogue, un partage. Ce ne peut être une pratique imposée d’en haut sans consensus.

« Le soin n’appartient pas à une caste de soignants qui distribueraient leurs soins comme d’autres de bonnes paroles, à des patients incapables d’être actifs dans la démarche du soin. Le soin est une fonction en partage relevant de l’alliance dialectique, créative, des soignants et des soignés qui ensemble font éclore une dynamique, notamment tissée grâce à la spécificité des sujets qu’ils sont .

Si le soin est central pour le sujet… le sujet est également central pour le soin – au sens où « le colloque singulier » ou encore la qualité  des relations intersubjectives entre soignés et soignants, entre soignants eux-mêmes, sont déterminants, tout comme la reconnaissance subjective réciproque entre patients et soignants » ( p 20-21).

 

Sollicitude et patience des soignants

Une attitude empathique et relationnelle joue un rôle essentiel dans la réussite du soin.  C’est « une sollicitude et une patience de la part des soignants » . Voilà qui permet de développer une dynamique de vie.

« Veiller, dans la santé, à construire une « vérité capacitaire » qui donne au malade les moyens physiques et psychiques de dépasser sa maladie est un fait de toute importance pour le médecin. Dire la vérité au malade est certes nécessaire. Cependant, la nécessité de veiller à ce que cette vérité n’affaiblisse pas le sujet et les aidants, mais au contraire les renforce dans leur quête de traitement et de guérison est tout aussi  décisive, d’autant que le régime d’incertitude dans lequel évolue la médecine invite à quelque humilité par rapport à la perception de ce qui est la vérité » ( p 23).

« Sollicitude et prudence, articulées à des savoir-être et des savoir-faire spécifiques sont déterminants pour créer l’optimisation du soin, les conditions d’acceptabilité du traitement et son observance  comme les conditions qui peuvent en découler » ( p 23).

La technicisation croissante de la médecine peut engendrer une impression d’impuissance chez le patient et une angoisse vis à vis de mécanismes dominateurs. « Dans un univers de soin de plus en plus technicisé, le sentiment de déshumanisation peut être fort et le sentiment d’abandon renforcé chez le patient. L’accompagnement humain pour une meilleure appropriation de la technicité des soins et des traitements est donc essentiel pour éviter chez le patient, un sentiment de chosification ou tout simplement de perte d’autonomie ou la perception d’un consentement bafoué, car non suffisamment informé ». (p 24-25)

 

Des institutions Ă  humaniser

On sait combien l’environnement a une influence sur ceux qui y participent. C’est dire l’importance de l’ambiance dans les hôpitaux.

« La conception d’une fonction soignante en partage invite à étudier les organisations institutionnelles sociales et sanitaires et à vérifier qu’elles soient compatibles avec une éthique de soin » (p 26)

 

Maladies chroniques et continuité des soins

 Au cours des dernières années, nous sommes entré dans une période nouvelle. « la définition de la maladie a profondément changé. La maladie n’a pas basculé du côté de la mort, mais du côté de la vie. Etre malade signifie désormais plus souvent vivre avec un mal qu’y succomber directement, voire vivre mal avec un mal qui vit » (p 29).

Que faire aujourd’hui par rapport à cette omniprésence des maladies chroniques ? Elle pose question, non seulement au corps médical, mais à ceux qui y sont confrontés et cherchent une nouvelle approche. « Comment mieux soigner cela et accompagner ces sujets ? Là encore, il convient de se remémorer qu’il n’y a pas de maladie, mais seulement des sujets qui tombent malade et que la reconnaissance de cette subjectivité est la seule opérationnelle pour la production du soin …Tout est là pour complexifier le rapport

à la santé et à la guérison, et pour montrer qu’un soin demain réellement efficace pour le patient saura concilier guérison et rétablissement » ( p 30).

De même, le tournant ambulatoire de l’hôpital requiert un changement d’attitude vis à vis des patients. On doit reconnaître celui-ci « en tant que sujet et porteur d’un savoir spécifique nécessaire à la compréhension de son mal. Si le patient n’est pas considéré comme un « agent »,  un acteur de son traitement, le tournant tournera court » (p 31).

 

Une voie ouverte

Cynthia Fleury se fonde sur l’exceptionnalitĂ© de l’humain. « Je considère pour ma part que la dĂ©fense de l’exceptionnalitĂ© de l’homme reste la seule manière d’imaginer et de maintenir l’humanisme du genre humain » (p 6).  Dans un autre langage, la vision chrĂ©tienne proclame que le vie humaine est sacrĂ©e.  « Toute personne est une histoire sacrĂ©e », tel est le titre d’un livre emblĂ©matique de Jean Vanier (5), le fondateur de l’Arche, une Ĺ“uvre ou les plus vulnĂ©rables, des dĂ©ficient mentaux sont reconnus comme des personnes Ă  part entière (6). Le discours de Cynthia Fleury s’inscrit sur le seul registre de la philosophie. Il procède d’une approche existentialiste. « L’homme se fait. Il est ce qu’il fait. Se faire, c’est se former. C’est prendre soin de. Et le travail ne se rĂ©sume pas Ă  une tâche de gestionnaire. Il est prĂ©alablement – et devrait ĂŞtre en dernière instance – un mode d’attention aux choses et aux usages » (p 6). Dans ce livret, Cynthia Fleury nous expose son parcours de philosophe et de psychanalyste dans les chaires oĂą elle expose les rapports entre les humanitĂ©s et la santĂ© (p 14-16). Sa vision du soin s’inscrit dans une perspective de sociĂ©tĂ©. « s’informer, (se) former,, (se) transformer, voilĂ  ce que l’épistĂ©mologie de la dĂ©mocratie enseigne Ă  la politique. Et c’est ce qu’il y a derrière le grand continuum du soin : l’attention aux idĂ©es, Ă  la connaissance, et l’attention aux ĂŞtres et au monde » (p 32).

Dans ce livret, Cynthia Fleury nous communique la dynamique de sa pensée. Certaines de ses expressions nous paraissent signifiantes et éclairantes. Et ainsi, elles nous permettent de mesurer la réalité à laquelle nous sommes tous confrontés, et, dans cette conscience, de mieux influer et de mieux intervenir dans cette réalité.

Et, parce qu’elle met en valeur de bonnes pratiques visant à « donner au malade  les moyens physiques et psychiques de dépasser sa maladie » et ce que cela requiert en terme d’encouragement et d’accompagnement, monte en nous le désir de participer à cette tâche de soutien dans les limites de notre condition, et s’éveille en nous la mémoire de soignants que nous avons rencontrés ou rencontrons dans nos vies, et auxquels nous devons tant.

J H

  1. Michel Serres. darwin, bonaparte et le samaritain. Une philosophie de l’histoire. Le pommier, 2016 https://vivreetesperer.com/une-philosophie-de-lhistoire-par-michel-serres/
  2. Ethics of care : https://en.wikipedia.org/wiki/Ethics_of_care
  3. Vie et œuvre de Cynthia Fleury : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cynthia_Fleury
  4. Cynthia Fleury. Le soin est un humanisme. Tracts Gallimard N° 6, mai 2019  Un podcast de France Culture : « Eduquer, soigner sont les gestes paradigmatiques de la société » :  https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-actu/cynthia-fleury?fbclid=IwAR3PxZuELDtmP5BxHCiCdAKPSq0vyHRAGDGCu67pcoItk9tt2SpaCZgmKnY
  5. Jean Vanier. Toute personne est une histoire sacrée, 1994 Voir aussi sur ce blog : « Devenir plus humain » : https://vivreetesperer.com/devenir-plus-humain/
  6. L’Arche : https://www.larche.org/fr/web/guest/accueil?gclid=CjwKCAjwuqfoBRAEEiwAZErCsk0rwpWzj48z-j9y32algHh0dwOrTYw9qDcJ2lwhUzSykZTySKUcBhoCqcsQAvD_BwE

Voir aussi :

« Médecine d’avenir, médecine d’espoir. « La médecine personnalisée », d’après Jean-Claude Lapraz » : https://vivreetesperer.com/medecine-d’avenir-medecine-d’espoir/

« Les plantes médicinales au cœur d’une nouvelle approche médicale. Phytothérapie clinique intégrative et médecine endobiogénique » . https://vivreetesperer.com/les-plantes-medicinales-au-coeur-dune-nouvelle-approche-medicale-phytotherapie-clinique-integrative-et-medecine-endobiogenique/

« Les  progrès de la psychologie. Un grand potentiel de guérison ».  https://vivreetesperer.com/les-progres-de-la-psychologie-un-grand-potentiel-de-guerison/

Vivants et morts, ensemble en Christ ressuscité.

 

En ce début de novembre où le souvenir des morts est évoqué, et tout au long de l’année où le mot  de « disparition » de tel ou tel résonne dans les médias, il est vital de trouver une réponse qui n’accepte pas un sort qui réduirait l’homme au néant, en annihilant ainsi toute espérance personnelle ou collective, ou se satisferait d’une échappée vers un au delà qui serait radicalement séparé.

 

En quelques mots, Ă  partir de textes bibliques, JĂĽrgen Moltmann nous apporte un Ă©clairage dynamique (1).

 

« C’est pour être Seigneur des morts et des vivants que Christ est mort et qu’il a repris vie » (Romains 4.9). Le sens de la foi qui justifie « est la Seigneurie salvatrice du Christ sur les morts et les vivants. Dans la communauté avec lui, ceux qui sont séparés par la mort retrouvent la communauté qui existait entre eux. Le Christ passé par la mort est devenu le frère des morts. Le Christ ressuscité rassemble les vivants et les morts dans sa communauté d’amour, parce qu’il représente la communauté dans l’espérance commune. Il est la tête de l’humanité nouvelle et l’avenir de ce qui est présent et de ce qui est passé ».

 

« Mais il faut que le Christ règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds ; le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort… pour que Dieu soit tout en tous » (1 Cor 15. 25, 26, 28). La communauté du Christ avec les morts et les vivants n’est pas une fin en elle-même, mais c’est une communauté en chemin vers la résurrection de tous les morts pour la vie éternelle et vers la destruction de la mort dans la création nouvelle de toutes choses. C’est alors seulement que seront « essuyées toutes les larmes » et que la joie parfaite unira toutes les créatures avec Dieu et entre elles. C’est pourquoi, si le sens de la foi qui justifie est la communauté des morts et des vivants avec le Christ, le sens de cette communauté est la création nouvelle dans laquelle la mort ne sera plus » (2).

 

Ainsi, nous nous inscrivons dans un mouvement. « Ce n’est pas la mort qui a le dernier mot dans l’histoire, mais la justice de Dieu. « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21.5) . Si cela est vrai eschatologiquement, rien n’est perdu historiquement et tout est « rétabli ». Sous cet horizon d’attente, « l’histoire comme souvenir » conduit elle-même à une sorte de « ré-éveil des morts ». Tout le passé se tient dans la lumière de l’avenir qui réveille les morts … La rétrospective historique doit donner à reconnaître et à actualiser les perspectives passées. C’est alors seulement qu’il est possible d’articuler ensemble les espérances brisées, omises ou étouffées de ceux du passé et les espérances de ceux du présent et de les inclure  dans le projet d’avenir présent ».

 

Cette vision des rapports entre histoire et résurrection est éclairante parce qu’elle nous permet, individuellement et collectivement, de nous situer dans un processus et de mieux reconnaître la présence de Dieu à l’œuvre dans le cours du temps. Ce discernement s’applique à nos vies personnelles en pensant à notre histoire familiale, et en nous percevant comme des êtres engagés dans des projets et portés par eux. Cet éclairage nous permet de regarder différemment notre environnement social et de percevoir l’œuvre de l’Esprit de génération en génération. En Christ ressuscité, dans l’Esprit, nous sommes en marche.

 

J H

 

(1)            Le blog : « L’Esprit qui donne le vie » présente une introduction à la pensée théologique de Jürgen Moltmann : http://www.lespritquidonnelavie.com. La vision de Moltmann, notamment sur le thème de la vie après la mort, est présentée, en termes aisément accessibles dans le livre livre : « De commencements en recommencements » : sur ce blog :  « Une dynamique de vie et d’espérance » : https://vivreetesperer.com/?p=572 Les textes cités dans cet article sont extraits du livre : Jürgen Moltmann. Jésus, le messie de Dieu, Cerf, 1993 : p 258 et p 332

(2)            Sur ce thème, voir aussi sur ce blog : « Sur la terre comme au ciel » : https://vivreetesperer.com/?p=338  « Une vie qui ne disparaît pas » : https://vivreetesperer.com/?p=336   En Christ ressuscité, par delà la séparation, une communion demeure avec les êtres chers qui sont partis.

(3)            « En marche » : http://www.lespritquidonnelavie.com/?p=848

« Tu regardes jusqu’au fond de mon cœur et tu me connais »

 

Autour du psaume 139

 

Dans  une brève vidéo de la série : « Pasteur du dimanche » (1), Ingrid Prat nous dit, avec les paroles du cœur, comment elle ressent et vit le psaume 139 (2). Dieu n’a pas  sur nous un regard intrusif. « Dans la Bible,  connaître c’est rencontrer. Ce psaume nous parle d’un Dieu qui connaît, qui entre en relation, qui partage une existence. Oui, Dieu nous connaît. Il veut nous accompagner, nous rencontrer pour de vrai….

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Ide a regardé cette vidéo et entendu ce commentaire.  Et cela a éveillé en elle une mémoire joyeuse de tout ce qu’elle a reçu à travers ce psaume 139. Elle partage avec nous son expérience :

 

« Pour moi, la psaume 139 a été très, très important.

 

En 1981, j’ai suivi une retraite à la Roche d’or.  J’étais à la chapelle et j’ai reçu cette parole intérieure : « Va et ne pèche plus. Et moi, je t’aime telle que tu es et je serai avec toi tous les jours de ta vie ». Je suis allé en parler avec le conseiller de la retraite et il m’a suggéré de méditer le psaume 139 dans la chapelle. J’ai reçu plusieurs éclairages : remettre de l’ordre dans ma vie, mais aussi la certitude que, même si j’étais handicapée, j’avais du prix aux yeux de Dieu. Je comptais pour lui et il avait besoin de moi.. Il m’avait accompagné depuis le début « en me tissant dans le ventre de ma mère » et je n’avais plus à me révolter contre mon handicap et la manière dont celui-ci avait été reçu dans ma famille.

 

Ce psaume a continué son œuvre. Quand je suis venu accompagner ma mère malade et âgée à partir de 2002, il y avait encore chez moi un peu de ressentiment vis-à-vis de mes parents. A cette époque, je suivais régulièrement des retraites et, à l’une d’elle, j’ai eu la conviction que je devais entièrement pardonner à mes parents. J’ai rencontré à nouveau le psaume 139 : « Si  je dis : « Que l’obscurité m’engloutisse, qu’autour de moi, le jour se fasse nuit », pour toi, l’obscurité devient lumière et la nuit, claire comme le jour ; ténèbres et lumière,  pour toi, c’est pareil » (traduction en français courant). En lisant et en   relisant ces versets, mon amertume a complètement disparu.

 

Quelques années plus tard, à l’occasion d’une maladie, ce psaume m’a à nouveau parlé : « O Dieu, regarde jusqu’au fond de mon cœur et sache tout de moi. Mets moi à l’épreuve. Reconnais mes préoccupations profondes. Vois bien que je n’ai pas adoré de faux dieux et conduis moi sur le chemin qui a toujours été le tien ». J’avais subi un examen et on ne voulait pas me donner les résultats en mains propres. Je me suis douté que mon  problème de santé était sérieux. C’était effectivement un cancer. A partir de là parole de ce verset, j’ai ressenti une protection et je me suis senti protégée et portée pendant toute la période critique jusqu’à la guérison complète.

 

En écoutant aujourd’hui ce psaume 139 et le commentaire d’Ingrid Prat en vidéo, la mémoire de tout ce que j’ai reçu à travers ce psaume est remontée.  Ce psaume m’a rappelé que Dieu m’aimait et m’avait créée telle que je suis, handicapée, limitée, mais sous son aile protectrice. J’ai du prix à ses yeux.  Ingrid Prat nous dit très justement que Dieu est toujours là, et qu’en nous connaissant, il partage notre existence et veut nous rencontrer pour de vrai. C’est bien ainsi qu’on choisit la vie… »

 

Ide

 

(1)            « Pasteur du dimanche » : chaque semaine, une brève méditation en vidéo : https://www.youtube.com/playlist?list=PL6F0WgMatbJUxPNorU-tyfYon2NQBXsRG

(2)            « Un Dieu qui VOIT tout ? » Ingrid Prat 15 février 2015 : https://www.youtube.com/watch?v=lWdXSnmu6Cs

 

Sur ce blog : présentation d’une autre méditation vidéo de la chaine : Pasteur du dimanche : « Face à la détresse du monde » (« Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » par Nadine Heller) : https://vivreetesperer.com/?p=1643

 

Sur ce blog, voir aussi d’autres contributions de Ide :

« La traversée d’une maladie » : https://vivreetesperer.com/?p=566

« Passer du temps avec des malades alzheimer » : https://vivreetesperer.com/?p=559

 

Partager un ressourcement

Une expérience d’accueil et d’accompagnement partagée par Cécile Entremont, psychologue, animatrice et théologienne.

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         Pendant plus de trente ans, en Savoie, dans la région de Chambéry, Cécile Entremont a exercé la profession de psychologue . Peu à peu,  elle en est venue à souhaiter élargir sa relation d’aide dans une dimension d’accueil. C’est pourquoi, elle s’est installée aujourd’hui en Bourgogne du sud, entre Châlon-sur-Saône et Lons-le-Saunier, où avec son mari, elle a pu acquérir et restaurer une grande maison bressanne pour en faire un gîte d’accueil capable de recevoir une quinzaine de personnes.

Cette maison est située en pleine campagne parsemée de bois et d’étangs où on trouve la nature authentique et le silence. La maison est connue sous le nom de « La Reure » et est située sur la commune de La Chapelle Saint-Sauveur. Au long des années, parallèlement à l’exercice de sa profession de psychologue, Cécile est entrée de plus en plus dans un champ spirituel et théologique. Elle a soutenu une thèse en théologie à Strasbourg sur le thème : apprendre la fraternité (1).  Et, par ailleurs, elle anime des sessions dans le domaine de  l’accompagnement spirituel.

          A partir du lieu d’accueil qui s’est ainsi développé à la Reure, deux activités majeures se sont mises en place : réception et organisation de sessions (2).

         Pour le moment, il y a ainsi un accueil régulier de vacanciers à la semaine ou pour des week-ends prolongés. « Les gens viennent beaucoup par l’intermédiaire des Gîtes de France et ils nous choisissent pour le cadre naturel, la qualité de l’hébergement et notre position centrale au milieu de la France ». Par ailleurs, il y a également trois appartements qui permettent d’accueillir,  pendant  une période de une à plusieurs semaines, des personnes qui y viennent pour un suivi d’ordre psychologique et  spirituel. Ces personnes participent au réseau que Cécile entretient à travers ses activités professionnelles ou militantes.

         Parmi les sessions organisées par Cécile, certaines sont animées par des professionnelles amies, par exemple dans le domaine du yoga, du qi gong et de la peinture. Cécile anime deux types de sessions. Il y a des sessions de thérapie de groupe et d’autres, à visée plus spirituelle, telles qu’une session de jeûne, une session de pleine conscience,  une session de ressourcement à partir des éléments de la nature et de la symbolique biblique correspondante (Jardiniers de l’âme). Cécile pense s’orienter de plus en plus vers des propositions qui associent la méditation en pleine conscience et des temps de partage sur le ressenti. Les sessions de thérapie de groupe ne sont pas seulement centrées sur la parole, mais proposent des expériences corporelles et émotionnelles pour prendre en compte la globalité de la personne.  Au total, chaque année, Cécile anime une dizaine de sessions auxquelles participent, à chaque fois, une dizaine de personnes d’horizons variés.

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         « Les personnes cherchent aujourd’hui de plus en plus une voie leur permettant de se recentrer, en prenant en compte les différents aspects de leur histoire et en associant corps et esprit. La méditation en pleine conscience permet ce recentrage dans l’expérience vécue de l’ici et maintenant, et une meilleure présence au monde, un meilleur équilibre mental face aux stress et aux angoisses générées par la société actuelle.  La pratique de la pleine conscience en sessions de groupe permet aussi de développer un sens du vivre ensemble, de la convivialité et même de la fraternité ».

         « Les gens qui viennent sont en recherche de profondeur, d’intériorité et d’authenticité. Leur chemin d’évolution commence souvent par une recherche de développement personnel pour continuer dans un approfondissement spirituel ». Dans le dialogue correspondant, Cécile explicite ses références parmi lesquelles figurent son identité chrétienne et sa formation de théologienne.   « Si j’accompagne quelqu’un qui est chrétien, je prie avec lui, relie ce qu’il vit à des textes bibliques. Pour les autres, en respectant la voie de chacun, il est tout à fait possible pour moi de méditer avec lui sur un texte du trésor spirituel de l’humanité ».

         Quelles sont les évolutions et les découvertes des participants au cours de ce temps partagé ?  « Chez beaucoup, il se produit une réconciliation avec l’intérieur de soi, l’ouverture aux autres et un  désir de continuer ce chemin d’ouverture, y compris dans la vie quotidienne ».

          « En faisant des études de théologie, je me suis sentie interpellée par le fait que la plupart des institutions chrétiennes n’offrent pas de ressources spirituelles en phase avec l’attente de nos contemporains. Je ressens la distance, et même le fossé qui existe entre beaucoup de personnes et ce qu’elles ont vécu ou ce qu’elles perçoivent dans les institutions religieuses. Aussi, ma réponse se situe sur un plan plus personnel, et pour les chrétiens sur le plan de la spiritualité chrétienne. Dans les sessions que j’anime, j’essaie de répondre à la demande de ressourcement et de sens que je peux percevoir. Le lieu d’accueil que nous avons ouvert, mon mari et moi,se veut un  espace d’accueil et de respiration où tout soit en harmonie, y compris la prise en compte de la dimension écologique ».

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Propos recueillis auprès de Cécile Entremont

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(1)            Thèse de doctorat soutenue par Cécile Entremont : De l’intériorité à l’altérité. Evolution de petits groupes d’adultes aux frontières de l’Eglise. http://www.temoins.com/enqu-tes/de-l-interiorite-a-l-alterite-evolution-de-petits-groupes-d-adultes-aux-frontieres-de-l-eglise.html

(2)            http://amisdelareure.fr

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On pourra lire également sur ce blog :

Des expériences de transcendance, cela peut s’explorer. https://vivreetesperer.com/?p=1505

Et si je tentais d’exposer ce que je ressens par la peinture ou le graphisme pour y voir plus clair !

https://vivreetesperer.com/?p=1428

Vivant dans un monde vivant !

https://vivreetesperer.com/?p=1371

Accéder au fondement de son existence.

https://vivreetesperer.com/?p=1295

Apprendre à écouter son monde intérieur et à le déchiffrer.

https://vivreetesperer.com/?p=959