Témoignage et enseignement d’Elisabeth Grimaud, neuropédagogue
L’aspiration au bonheur est naturelle chez l’homme. Cette recherche prend des formes différentes. Elle est plus ou moins profonde, plus ou moins exigeante. Et, de même, les réponses se situent à différents niveaux et sur différents registres. Neuropsycholinguiste, Elisabeth Grimaud nous apporte une approche empirique. Qu’est-ce qui nous rend plus heureux ? Comment identifier et développer les attitudes qui contribuent au bonheur ? Et, dans une personnalité humaine où différentes composantes interviennent, comment le cerveau participe-t-il à la réalisation du bonheur ? « Le bonheur est un état d’esprit », nous dit Elisabeth, « mais cela se travaille ». Cette approche met en avant l’expérience et elle rencontre la notre. Elle appelle une expression du ressenti. Elle aide à mieux comprendre les interrelations entre nos attitudes, nos pratiques et l’activité de notre cerveau, notamment à travers la production de neurotransmetteurs. Dans cette perspective, les activités qui mettent en œuvre le beau, le bien et le bon apparaissent comme ayant un rôle moteur dans la réalisation du bonheur.
Dans son « talk » à Ted X Roanne, Elisabeth Grimaud, chercheur en psychologie cognitive (1), explique comment le cerveau correspond avec certaines attitudes à travers des secrétions qui suscitent du bien-être. Ainsi a-t-elle intitulé sa communication : « Programmez votre cerveau pour le bonheur » (2). Cependant, si cet exposé débouche sur une analyse scientifique, il procède à partir du témoignage de l’intervenante nous rapportant la manière dont elle a ressenti sa visite d’un chef d’œuvre de l’architecture espagnole : l’Alhambra à Grenade. Elle nous fait part d’un enthousiasme communicatif. Cette expression chaleureuse nous invite à entrer dans une pratique du beau, du bien et du bon, à en percevoir les effets et à comprendre, en regard, les processus en cours dans le cerveau.
La visite de l’Alhambra
Comment Elisabeth Grimaud a-t-elle vécu sa visite à l’Alhambra ? Auteur d’une recherche sur l’enseignement cérébral par les jeux, Elisabeth a donc participé à un colloque scientifique international à Grenade. Et c’est à cette occasion que le troisième jour, elle a pu visiter « ce monument extraordinaire : l’Alhambra » .
Elle a commencé par les jardins. Ainsi est-elle d’abord rentrée « dans une grande allée tapissée d’arbres ». « En avançant, je me suis sentie entrer dans un univers »… Puis, en arrivant, il y avait un parterre de fleurs. « Je suis passée à coté d’une rose. Je me suis arrêtée. Cette rose m’a frappée parce qu’elle avait une couleur intense. A ce moment là, j’étais avec la fleur et rien d’autre… J’ai continué la visite. Je me suis rendu compte qu’il y avait une odeur qui se dégageait. Cela sentait bon. Il y avait une odeur d’été. C’était du chèvrefeuille. Je ressentais du bien-être ».
« En continuant la visite, j’ai accédé au monument. Le palais de l’Alhambra est constitué de différents espaces et de différentsbâtiments. Et ces bâtiments ont tous une spécificité. Ils sont immenses, et, en même temps, dans cette immensité, il y a du détail, infiniment de détails. La sculpture est partout. L’immensité se conjugue avec une précision extraordinaire. Pendant plusieurs heures, j’ai monté des marches et, à chaque fois, l’effort en valait la peine…
Quand je suis passé devant le magasin de souvenirs, j’ai eu envie d’acheter quelque chose pour mon conjoint, mes enfants. J’ai trouvé un livre où il y avait des photos correspondant à ce que j’avais vu, suscitant des émotions ressemblant à celles que j’avais ressenties. Quand je suis ressorti de ce magasin, j’étais heureuse. Je l’avais fait pour ceux que j’aime.
Et pendant toute cette visite, j’ai vécu ce que j’appelle le bonheur, ce que j’enseigne et dont je parle beaucoup ».
Correspondance entre le vécu et les activités cérébrales
Elisabeth Grimaud revient ensuite sur ce vécu et en analyse les différents aspects en les mettant en relation avec les activités du cerveau. « Les différentes manières dont j’ai vécu ce bonheur s’expriment par l’émotion et s’expliquent grâce aux mécanismes du cerveau ». Ainsi, en terme de « d.o.s.e », elle énonce les différents neurotransmetteurs qui ont été émis par le cerveau : dopamine, ocytocine, sérotonine, endorphine. Et elle nous apprend en quoi l’apparition de chaque neurotransmetteur correspond à une de ces activités durant cette visite de l’Alhambra.
« La dopamine est le neurotransmetteur de la réussite. Je montais les marches parce qu’à chaque fois, je sentais que j’allais vers une réussite. Ce que j’allais voir méritait un effort.
Dans le magasin, il y a eu activation de l’ocytocine qui correspond à l’attachement, à la reliance. A chaque fois que vous vous reliez à quelqu’un : famille, enfants, un bon copain, vous êtes heureux. Qu’est-ce que cela fait du bien de se voir ! Ma famille n’était pas là. mais je pensais à eux. J’étais avec eux.
A la fin de mon parcours, j’avais coché toutes les cases du programme. J’étais contente de moi. J’étais satisfaite. La sérotonine correspond à cette satisfaction de voir la tâche accomplie.
Enfin, l’endorphine agit en contraste. Elle amortit la douleur. Vous êtes fatigué. Et à ce moment, vous ne le ressentez plus. Cette gestion de votre fatigue vous permet de continuer. Vous sentez à nouveau un peu de bien-être ».
Cette analyse nous permet de mieux comprendre ce qui se passe en nous dans nos propres expériences. Mais Elisabeth Grimaud nous invite également à développer notre capacité d’activer ces neurotransmetteurs. Ils découlent de certaines activités mentales, mais ils peuvent aussi les stimuler. « Vous avez la possibilité d’activer les neurotransmetteurs et l’entrainement cérébral peut vous aider en ce sens ».
Le beau, le bien et le bon
Elisabeth Grimaud nous présente ainsi une approche à travers laquelle il est possible de développer une disposition au bonheur à travers une aptitude à produire les neurotransmetteurs correspondants. Mais dans quel esprit ? C’est ici qu’en évoquant son expérience de la visite de l’Alhambra, Elisabeth Grimaud nous invite à nous exercer dans le sens du beau, du bien et du bon. « Lorsque vous mettez en activité ces trois mots simples, tous les jours dans votre quotidien, vous activez un peu de cette dose de bien-être qui va vous apportez du bonheur ».
« Le beau, c’est savoir s’émerveiller. Lorsque j’étais avec cette rose, le l’ai sentie, je l’ai vue. Je me suis émerveillée. Qu’est-ce que cela a suscité dans mon corps ? Cela a fait monter le niveau d’ocytocine qui permet à la dopamine d’être davantage présente et d’apporter du bien-être. Cet émerveillement peut s’opérer à partir de nos cinq sens.
Le bien, c’est le fait de s’appliquer et de s’impliquer. Lorsque vous vous appliquez et que vous vous impliquez, vous recevez de la sérotonine. C’est le plaisir et la fierté de la tâche accomplie. Cela peut se réaliser dans le quotidien jusque dans de tout-petits riens ».
Le bon, c’est entrer en relation. « Dans ma visite, lorsque je suis entré au magasin, je me suis tournée vers les autres en pensant aux miens. Quand on se tourne vers les autres, selon la psychologie positive, on augmente son propre niveau de bien-être ». On peut être aussi un ami pour soi-même. Elisabeth est sensible aux dangers du narcissisme et d’un développement autocentré. Ainsi met-elle l’accent sur les bienfaits de la relation.
Au total, « quand on considère l’augmentation du bien-être dans le corps, il se fait en étant en lien avec les autres, avec l’environnement par les cinq sens, avec ce que l’on fait. C’est avec le beau, le bien, le bon que vous développez votre bonheur au quotidien ».
Echos
Nous écoutons Elisabeth Grimaud comme une amie qui nous raconterait un moment heureux de sa vie. Et en même temps, elle nous éclaire sur les ressorts de nos émotions et de nos comportements. Quelque part, on ressent là une harmonie.
Ce commentaire ajoute ici un autre angle de vue qui nous paraît complémentaire.
La neuropédagogue met l’accent sur le rôle du cerveau et la manière d’en tirer parti à travers des comportements positifs puisqu’il les répercute en effets bienfaisants. Cependant, à notre sens, le cerveau n’est pas le maître du jeu. C’est notre pensée qui oriente. Nous nous émerveillons. Nous aimons. Et, comme dans le cas de la gratitude (3), ces émotions positives entrainent des réactions neuronales qui se traduisent en effets bienfaisants. Et de fait, il y a interaction. Une bonne habitude s’ancre et va s’amplifier à travers cet ancrage. On découvre aujourd’hui la puissance de la pensée. Avec le chercheur en neurosciences, Mario Beauregard, on peut voir que « l’esprit humain a une grande capacité d’influence au niveau du corps, du cerveau et de tous les systèmes physiologiques qui sont connectés » (4).
Cependant, nous vivons dans une culture qui a longtemps été influencée par un héritage philosophique et religieux où l’âme et le corps étaient séparés et le corps dévalorisé. On peut ajouter à cela un point de vue pessimiste sur la nature humaine (5). Ce contexte est réfractaire à une approche telle que celle qui nous est présentée ici.
Dans son livre : « Dieu dans la création » (6), Jürgen Moltmann (7) ouvre la voie d’une approche théologique globale, holistique : « Les recherches actuelles mettent en valeur les interactions entre le psychisme et le corps ». Ce phénomène est bien reçu dans la vision d’une anthropologie biblique où « l’homme apparaît toujours comme un tout ». « L’homme est une totalité qui s’exprime à travers son corps. La corporéité est la fin de toutes les œuvres divines ». « La présence de Dieu dans l’Esprit n’est plus localisée uniquement dans la conscience ou dans l’âme, mais dans la totalité de l’organisme humain ».
Nous faisons référence ici à l’expérience spirituelle d’OdileHassenforder (8) en phase avec la vision interactive qui se développe aujourd’hui : « Ma foi en notre Dieu, qui est puissance de vie, s’est développée à travers la découverte des nouvelles approches scientifiques qui transforment nos représentations du monde. Dans cette nouvelle perspective, j’ai compris que tout se relie à tout et que chaque chose influence l’ensemble. Tout se tient. Tout se relie. Pour moi, l’action de Dieu s’exerce dans ces interactions ».
En entendant Elisabeth Grimaud nous parler de la prédisposition du cerveau à exercer des effets positifs en rapport avec la mise en œuvre du beau, du bien et du bon, on peut s’écrier avec un psaume (139. 14) : « Je te loue que je suis une créature si merveilleuse ».
Dans une épitre du Nouveau Testament (Philippiens 4. 8), on trouve cette recommandation : « Que tout ce qui est bon, tout ce qui est vrai, juste, agréable… soit l’objet de vos pensées ». Cette recommandation, cette expression de sagesse va de pair avec le « beau, le bien, le bon » au cœur du processus mis en valeur par Elisabeth Grimaud. Ainsi pourrait-on avancer que dans son exposé, on peut voir une rencontre entre neurosciences, psychologie positive et sagesse. C’est une rencontre qui s’effectue ici dans une expérience relatée avec simplicité et enthousiasme, de quoi éveiller en écho un accueil chaleureux.
(2) La rencontre avec Elisabeth Grimaud à Ted X Roanne : « Beau, bien, bon, programmez votre cerveau pour le bonheur » (Nous en rapportons quelques extraits) https://www.youtube.com/watch?v=tKIYGevgAxA
(6) Jürgen Moltmann. Dieu dans la création. Traité écologique de la création. Cerf, 1988. Chapitre : « La corporéité est la fin de toutes les œuvres divines » (p 311-349)
« Espérer : considérer ce qu’on désire comme devant se réaliser » (Petit Robert). Je m’attends à toi. J’ai confiance.
Souffrance. Angoisse. Déprime. Malgré tout. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous » (Rom. 8.31)). « J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie » (Deut. 30.19).
Amour. Communion. Sur la terre comme au ciel. « Dieu fait pour nous des projets de bonheur et non de malheur » (Jér. 29.11).
Promesse. « Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient » (Rom. 4.7)). Christ ressuscité. Vie . Puissance de Vie. « Il souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint Esprit » (Jean 20.22). Souffle du Dieu Vivant.
« Il est au milieu de vous et dans le monde entier. Il porte des fruits et Il va grandissant » (Colossiens 1.6). Nouvelle création. « Dieu tout en tous » (1 Cor.15.26). « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Ap. 21.5).
En marche. « Abonder en espérance par la puissance du Saint Esprit » (Rom.15.13).
Une vision politique. Des chemins qui convergent. Une œuvre de l’Esprit.
https://youtu.be/5OUfV1T8UkI
Dans ce monde où les menaces abondent, y a-t-il des hommes en responsabilité inspirés par l’Esprit pour chercher et promouvoir les voies de la paix et de la justice ? La réponse est positive, et, dans certains cas, elle apparaît au grand jour, quelque soit la subjectivité de notre regard.
Les troubles qui affectent notre humanité sont liés, pour une part, au manque de sens. Mais légitimement, on attend authenticité et empathie de ceux qui peuvent répondre à cette question du sens.
Et voici que dans une institution où on perçoit, pour le moins, des aspects archaïques, un homme apparaît qui échappe au formalisme et s’affirme comme un homme en relation, simple, attentif et bon. Alors ses paroles portent, d’autant qu’elles sont engagées pour la paix et la justice. C’est le pape François.
Dans un passé récent, on a vu les dégâts entraînés par une politique dominatrice lorsqu’elle émanait d’une grande puissance. C’est dire la responsabilité des peuples lorsqu’ils choisissent leurs dirigeants. Nous savons ce qu’il y a de meilleur dans la tradition politique américaine, mais nous voyons également les menaces du pire qui existent dans ce pays, comme dans tout autre et qui sont d’autant plus à considérer qu’il exerce une influence majeure dans le monde. C’est pourquoi, nous avons salué l’accès de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis (1). Et quelque soient ses limitations, nous voyons en lui, non seulement un homme intelligent, mais un homme de bonne volonté qui porte des valeurs morales et spirituelles (2).
Le pape François vient d’être accueilli par le président Obama à Washington. Nous ne nous étendrons pas sur cette visite abondamment couverte par les médias. Nous voulons simplement présenter ici quelques unes des paroles de Barack Obama à l’intention du pape François lors de la rencontre publique qui a marqué l’accueil de celui-ci à la Maison Blanche. En effet, ces mots nous parlent à la fois de celui qui les prononce et de celui qui les reçoit. Et ils nous parlent à nous aussi, et comme nous le ressentons, à notre cœur profond et à notre intelligence.
Voici donc quelques extraits du message d’accueil du président Obama (3)
« Je crois, Saint Père, que l’excitation suscitée par votre visite, doit être attribuée non seulement au rôle que vous jouez comme pape, mais à vos qualités uniques en tant que personne. Dans votre humilité, votre simplicité, dans la gentillesse de vos paroles et la générosité de votre esprit, nous voyons en vous un exemple vivant des enseignements de Jésus, un leader dont l’autorité morale ne vient pas juste à travers des paroles, mais aussi à travers des actions.
Vous nous appelez tous, catholiques et non catholiques, à mettre « le moindre de ces petits » au centre de nos préoccupations. Vous nous rappelez qu’aux yeux de Dieu, notre valeur comme individu, et notre valeur comme société, ne sont pas déterminées par la richesse, le pouvoir, la position ou la célébrité, mais par la manière dont nous répondons à l’appel de l’Ecriture d’élever les pauvres et les marginaux, de lutter pour la justice et contre les inégalités, et d’assurer à chaque être humain la possibilité de vivre dans la dignité, parce que nous sommes tous faits à l’image de Dieu.
Vous nous rappelez que le plus grand message du Seigneur est la miséricorde. Cela veut dire accueillir l’étranger avec empathie et un cœur vraiment ouvert, depuis les réfugiés qui fuient un pays déchiré par la guerre jusqu’aux immigrants qui quittent leur foyer en quête d’une vie meilleure. Cela veut dire montrer de la compassion et de l’amour pour les marginalisés et les rejetés, pour ceux qui ont souffert et pour ceux qui ont causé de la souffrance et cherchent une rédemption. Vous nous rappelez le coût des guerres, particulièrement pour les gens faibles et sans défense et vous nous pressez à rechercher la paix……..
Vous nous rappelez que les gens ne sont vraiment libres que quand ils peuvent pratiquer leur foi. Ici, aux Etats-Unis, nous chérissons la liberté religieuse. C’est le fondement de tant de choses qui nous rassemblent. Mais, dans le monde, en ce moment même, des enfants de Dieu, y compris des chrétiens, sont ciblés et même tués en raison de leur foi… Les fidèles sont emprisonnés et les églises détruites. Nous nous dressons avec vous pour défendre la liberté religieuse et promouvoir le dialogue interreligieux en affirmant que les gens doivent pouvoir vivre librement leur foi sans peur et sans intimidation.
Vous nous rappelez le devoir sacré de protéger notre planète, ce merveilleux don de Dieu. Nous soutenons votre appel à tous les dirigeants du monde de venir en aide aux communautés les plus vulnérables au changement climatique et de nous rassembler pour protéger ce monde si précieux à l’intention des générations futures.
Par vos paroles et par vos actes, vous apportez en profondeur un exemple moral. Et dans vos rappels empreints de gentillesse, mais fermes de nos devoirs envers Dieu et envers nous-mêmes, vous bousculez notre autosatisfaction. Chacun de nous, par moment, peut ressentir un malaise quand nous voyons la distance entre la manière dont nous menons nos vies quotidiennes et ce que nous savons être vrai et être juste. Mais je crois qu’un tel malaise est une bénédiction, car cela nous amène à aller vers ce qui est meilleur. Vous nous secouez pour sortir notre conscience du sommeil. Vous nous appelez à nous réjouir des bonnes nouvelles et vous nous donnez confiance pour que nous puissions avancer ensemble dans l’humilité et le service et œuvrer pour un monde plus aimant, plus juste et plus libre. Qu’ici chez nous et dans le monde, puisse notre génération entendre votre appel et à ne jamais rester sur la touche de cette marche animée par une espérance vivante.
Pour ce grand don de l’espérance, Saint Père, nous vous remercions et nous vous accueillons aux Etats-Unis d’Amérique avec joie et gratitude ».
Le président Obama et le pape François : des parcours bien différents et pourtant une communion qui tient à une empathie et à une proximité fondées sur des valeurs communes.
Dans l’environnement américain, Barack Obama a pu exprimer en profondeur sa foi chrétienne telle qu’elle se manifeste dans l’exercice de sa fonction. Son allocution nous paraît énoncer en termes forts la manière dont une inspiration chrétienne peut éclairer un homme politique dans le monde d’aujourd’hui tant dans la définition des priorités que dans la conduite de son action. Ce texte témoigne d’une conscience en éveil et d’une grande qualité humaine. Et, dans cette rencontre, une correspondance s’établit ainsi avec le pape François, qui lui-même par les qualités qui lui sont, à juste titre, attribuées, éveille et encourage une telle expression de foi.
Bien sûr, pour l’un comme pour l’autre, cette orientation spirituelle n’exclut pas des limitations ou des erreurs, mais elle appelle le désir de les reconnaître. Certes, dans ce monde, cet idéal se heurte à des oppositions, et pire à la manifestation de la haine et de la violence. Jésus lui-même a été victime de ces forces obscures, mais, à travers sa mort et sa résurrection, il a ouvert une dynamique d’espérance. A ceux qui s’enferment dans le cynisme, on peut objecter qu’il y a aussi chez les hommes une aspiration au bien et une capacité de le reconnaître : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » ( Matthieu 5.15), nous dit Jésus. Dans un monde fragile, cette rencontre de deux personnalités influentes, chacune dans son ordre, nous paraît témoigner de l’œuvre de l’Esprit qui rassemble les hommes de bonne volonté pour faire face aux menaces et promouvoir une humanité plus solidaire et plus libre.
On pourrait également commenter cette intervention dans une réflexion sur le rapport entre le politique et le religieux. Ce rapport dépend du contexte historique et prend donc une forme spécifique aux Etats-Unis. En France, la séparation entre l’Eglise et l’Etat, advenue en 1905 en réaction contre l’emprise de l’Eglise catholique s’est exprimée dans les termes de la laïcité. Aujourd’hui, en regard des reliquats d’une tonalité antireligieuse présente dans certains cercles, une conception ouverte de la laïcité répondant à l’évolution du socioreligieux et d’une société en recherche de sens est en train de se manifester. A cet égard, le discours de Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, le 4 octobre 2015, aux Etats généraux du christianisme organisés par « La Vie » à Strasbourg, nous paraît tout à fait remarquable et de grande importance. C’est l’affirmation d’une laïcité ouverte, inclusive, fondée sur le respect. C’est une prise en compte par l’Etat de l’apport du spirituel. C’est la reconnaissance de la parenté entre les valeurs républicaines et les valeurs de l’Evangile. C’est une affirmation déterminée de la reconnaissance du fait religieux. Ce discours n’est pas seulement une réflexion sur le passé et le présent, c’est une orientation pour l’avenir et, par là, il nous paraît avoir une portée historique.
Et si nous reconnaissions aujourd’hui tout ce que nous avons reçu des autres et qui fait que nous sommes là, vivant, tout ce qui nous a permis de grandir en amour, en joie, en compréhension, en confiance (1). Et si nous exprimions cette reconnaissance dans un mouvement de vie bienfaisant à la fois pour ceux à qui nous l’exprimons, mais aussi pour nous-même. Car au cœur de ce mouvement, il y a une dynamique à la fois personnelle et collective où nous pouvons percevoir l’inspiration de l’Esprit. C’est dire combien il est bon d’entendre parler de gratitude, d’en découvrir la portée et les effets. C’est pourquoi l’intervention de Florence Servan-Schreiber à Ted X Paris sur « le pouvoir de la gratitude », accessible en vidéo sur internet (2) est particulièrement bienvenue. Cet exposé est remarquable parce qu’il allie une compétence de psychologie ayant accès aux meilleures sources et une démarche personnelle exprimée dans un esprit de recherche, de dialogue, de conviction et d’authenticité. Cousine de David Servan-Schreiber (3), un médecin particulièrement innovant, dont en sait l’intelligence et le courage dans sa lutte contre la maladie, Florence s’est formée à la psychologie transpersonnelle en Californie et elle s’inscrit aujourd’hui dans le courant de la psychologie positive à la fois par sa pratique et par ses écrits qui en diffuse les apports auprès du grand public (4). Cependant, dans cet exposé, Florence Servan-Schreiber s’implique personnellement et elle nous décrit comment elle a vécu la découverte de la gratitude, une dimension bien souvent méconnue dans certains contextes culturels.
Florence commence son « talk » en nous parlant de son cousin, David Servan-Schreiber, un jeune psychiatre, qui, à 30 ans, menacé par un cancer au cerveau, « a mobilisé toutes les connaissances, toute son énergie pour essayer de voir comment, dans ces circonstances, il pouvait vivre, non seulement le plus longtemps possible, mais surtout le mieux possible ». On sait qu’en conséquence, il a adopté de nouvelles pratiques de vie. « Mais ce que l’on sait moins, parce qu’il ne l’a pas publié, c’est l’attention qu’il a porté aux détails et aux petites choses de la vie. Jusqu’à son dernier souffle, David a été un phénomène de gratitude ». Ainsi, la gratitude, c’est une disposition extrêmement concrète. « La gratitude, c’est un sentiment de reconnaissance lorsque nous réalisons la saveur ce que nous vivons. C’est, par exemple, un rayon de soleil sur la joue. C’est l’odeur d’un bébé surtout quand c’est le sien… C’est le fait de se déplacer pour vous apprendre des choses… ». Pourquoi David m’a-t-il mis sur la voie de tout cela ? Parce que nous parlions beaucoup de psychologie ensemble. Parce que, aux Etats-Unis, il existe des laboratoires entiers qui étudient les circonstances et les conséquences de la gratitude ».
Ainsi, depuis douze ans, au centre de recherche « Greatergood » de l’Université de Berkeley, Robert Emmons (5) travaille dans le courant de la psychologie positive pour essayer de comprendre, le processus de la gratitude et les effets que cela peut avoir sur nous. Florence nous rapporte les conclusions de ses recherches. « D’abord, sur le plan psychologique, quand nous savons nous émerveiller des petites choses… ne serait-ce que la température qu’il fait dans cette salle, le fait que nous ayons pu arriver à l’heure… ne serait-ce que cela… Et bien, nous nous sentons plus heureux, plus relié aux autres, plus vivants. Ensuite, les bénéfices sur le plan relationnel, sont, en tout premier, de nous sentir beaucoup moins seul parce que la gratitude provient toujours de quelque chose ou de quelqu’un qui est à l’extérieur de nous.C’est un sentiment qui nous rend humble, qui nous donne envie de donner à notre tour ».
Et puis, il y a aussi des conséquences positives sur le plan physiologique. Florence évoque une recherche menée depuis 1986 dans un centre universitaire au Minnesota (USA). Un chercheur a émis l’hypothèse d’un lien entre le fait d’éprouver de la gratitude, de savoir s’émerveiller et la longévité. Mais comment trouver deux populations comparables en tous points, excepté l’attitude à tester ? « Ils ont trouvé dans un couvent où on conserve 150 ans d’archives. La première chose qu’on demande aux jeunes femmes entrant au couvent à l’âge de 20 ans, c’est d’écrire une lettre qui les présente, qui raconte leur vie. Elles refont la même chose à 40 ans et à 70 ans. Et parallèlement, les dossiers médicaux ont été archivés. On a remis ces lettres à des sémanticiens qui étudient la teneur du vocabulaire et on leur a demandé de quantifier la nature des mots qui expriment de l’émerveillement, de l’optimisme et de la gratitude. Et ensuite on a corrélé la densité de gratification de ces femmes avec leur état de santé et la durée de leur vie. On s’est aperçu que plus il y avait de termes qui expriment de la gratitude et de l’émerveillement, plus elles ont vécu longtemps. Et ainsi, on a trouvé un écart de sept ans entre les deux groupes contrastés. Dans des enquêtes menés dans d’autres milieux, on a obtenu les mêmes résultats ».
Cette valorisation du positif n’est pas toujours bien reçue dans certaines formes de culture, en particulier en France. « Moi, je suis née à Paris. J’ai grandi à Paris. Ici, cela ne va pas de soi de parler de ce qui va bien, de ce qui nous émerveille. Mais à force d’avoir fréquenté David, d’avoir lu toute cette documentation, j’ai quand même voulu essayer. Chercheur à l’Université de Pennsylvanie (et leader dans le courant de la psychologie positive), Martin Seligman (6) nous propose une méthode adaptée. Il suffit de repérer dans sa journée trois situations : moments, interactions, goûts, sensations qui vous ont fait du bien et pour lesquelles vous avez envie de dire : « Alors là, merci ! », pour faire progresser son niveau de bonheur d’une façon durable ».
Florence nous raconte comment, rentrée à la maison, elle parle de tout cela à table avec son mari et ses trois enfants qui, à ce moment là, ont entre 8 et 14 ans. « Si on sait repérer 3 kifs (7) dans sa journée, on vivra plus longtemps, on vivra en meilleure santé, on sera plus heureux. On s’est lancé. Ce n’est pas facile pour tout le monde. Notre rapport avec la gratitude est un peu différent. Pour Léon, le plus jeune, c’était très difficile. Mais une des plus grande fierté de maman, c’est qu’aujourd’hui, Léon a 14 ans et qu’il a adopté cette pratique. Il peut vous dire les 3 kifs de sa journée. Quand on fait cela avec les gens qu’on connaît, avec les gens avec lesquels on travaille, il se passe quelque chose de particulier, parce que ce n’est pas un sujet courant de conversation. Si cela vous touche, cela me touche. Il y a une règle. Un kif, cela ne se commande pas, cela ne se critique pas si on le fait publiquement. On écoute les autres et, éventuellement, on peut y ajouter le sien ».
Mais on peut aller plus loin. Si on n’a pas envie de parler, on peut avoir, sur sa table de nuit, un carnet de kifs, un journal degratitude qui permet de tout noter avant de se coucher. Robert Emmons s’est aperçu que si c’est la dernière chose que je fais dans la journée, le sommeil est plus profond, le sommeil est plus long et,
si on souffre de douleurs chroniques, les douleurs se dissipent.
Et ensuite, il y a le niveau suivant. C’est « la lettre de gratitude ». Quand nous sommes habités par un sentiment de reconnaissance, le cerceau ne peut pas éprouver en même temps du ressentiment et de la colère. Pendant un an, je n’ai fait aucun cadeau. Le seul cadeau que j’ai fait pour l’anniversaire de mes amis, c’est de leur écrire une lettre de gratitude. J’ai donc revisité mes relations et je me suis rendu compte de la chance que j’avais. « Si tu n’étais pas dans ma vie, voilà ce que je ne serais pas ». Cela permet de mesurer la profondeur de la relation avec les amis ». On peut aller plus loin encore. « Martin Seligman a suggéré des visites de gratitude. Vous préparez la lettre, vous prenez rendez-vous et vous lisez votre lettre. J’ai écrit une lettre de gratitude à mon mari. Nous sommes ensemble depuis 25 ans. En 25 ans de vie commune, ma liste des reproches est facile à faire. Mais là, il ne s’agit pas de cela. « Si tu n’étais pas dans ma vie, si je ne t’avais pas rencontré ce jour là, voilà ce que je ne serais pas devenu, tout ce qui m’aurait manqué… ».
« Voilà ce quoi cela sert la gratitude. C’est simplement vivre exactement la même vie, mais en mieux. Je ne change pas les personnages. Je ne change pas le décor. Et cela devient extraordinairement utile lorsque cela ne va pas, lorsque la vie ne vous donne pas ce que vous voulez, vous donne le contraire de ce que vous voulez, lorsque le temps que vous avez à passer avec quelqu’un que vous aimez est compté, alors, en appliquant ce filtre là, on réalise, malgré tout cela, la chance que l’on a ».
Le message que nous communique Florence sur « le pouvoir de la gratitude » passe d’autant mieux qu’il est le fruit d’une expérience personnelle et qu’il nous est communiqué avec beaucoup de convivialité, de simplicité et d’authenticité. Ce message parle à notre intelligence, mais il parle aussi à notre cœur.
Les sources citées par Florence Servan-Schreiber s’inscrivent dans le courant de la psychologie positive. Et lorsqu’on va à la rencontre de ces sources sur internet, à travers les personnalités de Roger Emmons (5) et de Martin Seligman (6) et des centres de recherche où ils travaillent, on découvre une approche de recherche qui porte un véritable changement de paradigme en psychologie. Comme le déclare Martin Seligman (6), il s’agit de ne plus se focaliser uniquement sur ce qui ne va pas, mais de prendre en compte également ce qui va pour le mettre en valeur et en tirer des enseignements. Ce développement de la psychologie positive (8), témoigne d’une évolution actuelle dans les mentalités qui rend possible un changement de regard. C’est le passage d’un regard pessimiste sur la nature humaine et peu sensible au potentiel humain à un regard qui met en valeur un processus reconnaissant et développant le positif dans l’existence humaine. Ce mouvement est profond. Dans son livre : « Vers une civilisation de l’empathie » (9), Jérémie Rifkin nous montre comment nous sortons d’une idéologie qui a assombri la psychologie à la prise de conscience d’un potentiel jusque là méconnu. Et ce mouvement commence à se faire sentir en France dans le champ des sciences humaines (10).
Ce changement nous paraît se manifester également dans une transformation profonde qui est en train de s’opérer dans le champ religieux. Comme le fait remarquer la théologienne Lytta Basset, la conception du péché originel, telle que l’a développé Saint Augustin, a assombri le christianisme occidental pendant des siècles en induisant la culpabilisation et la peur. Lytta Basset nous invite à sortir de cette emprise dans un livre : « Oser la bienveillance » (11) qui montre combien celle-ci est au cœur d’un message évangélique bien entendu.
Avec du recul, on comprend mieux ce qui a été et est contesté dans l’héritage religieux traditionnel. Cependant, les idéologies adverses qui ont prospéré, sont, elles aussi, en perte de vitesse. Ainsi, un nouveau regard sur le monde est en train d’apparaître dans une vision holistique. On a pu définir la spiritualité comme « une consciencerelationnelle » qui s’exerce dans le rapport ave soi-même, avec les autres, avec la nature et avec Dieu (12). En christianisme, JürgenMoltmann ouvre des pistes nouvelles dans une théologie de l’Esprit attentive à l’émergence et la présence de Dieu dans l’immanence et une théologie de l’espérance ouverte aux potentialités de l’avenir (13).
Dans un contexte où les anciennes barrières s’affaissent et où une interconnexion s’opère, Martin Seligman s’inspire des valeurs fondamentales ancrées dans les traditions religieuses et spirituelles de l’humanité (6). Parler de la gratitude, c’est s’inscrire dans une inspiration spirituelle qui irrigue les siècles. En termes chrétiens, la gratitude et l’émerveillement se rejoignent à travers les psaumes dans l’expression de notre relation à Dieu. C’est une reconnaissance continuelle. « Mon âme bénis l’Eternel ! N’oublie aucun de ses bienfaits » (Ps 103.2). Il y a des vies qui sont animées par un mouvement de gratitude et d’émerveillement. C’est ce qui apparaît dans le témoignage d’Odile Hassenforder dans son livre : « Sa présence dans ma vie » (14). A travers les épreuves, ce mouvement apparaît constamment comme une présence de vie. « Que c’est bon d’exister, pour admirer, m’émerveiller, adorer. C’est gratuit. Je n’ai qu’à recevoir, en profiter, goûter sans culpabilité, sans besoin de me justifier (Justifier quoi ? de vivre ?). D’un sentiment de reconnaissance jaillit une louange joyeuse, une adoration au créateur de l’univers dont je fais partie, au Dieu qui veut le bonheur de ses créatures… Comme il est écrit dans un psaume : Cette journée est pour moi un sujet de joie. Une joie pleine en sa présence, un plaisir éternel auprès de toi, mon Dieu… Louez l’Eternel, car il est bon. Son amour est infini » (Ps 16.118). La vie est vraiment trop belle pour être triste. Alleluia » (p 174).
Notre commentaire vient témoigner en faveur de l’importance du thème de la gratitude. A travers son expérience personnelle et sa compétence psychologique, Florence Servan-Schreiber nous invite à une découverte, celle d’un mouvement du cœur et de l’esprit qui se révèle bienfaisant pour chacun en nous reliant les uns aux autres.
Jean Hassenforder
(1) Sur ce blog, un poème : « Nos vies dépendent l’une de l’autre » : «… Je tisse le lange de l’être qui naît. Sans lui, rien ne serait… Si tu ne m’avais dit : « avance ». D’autres attendent que tu crées. Rien ne serait… » https://vivreetesperer.com/?p=12
(3) Le parcours de David Servan-Screiber est impressionnant. Une formation originale et créative en psychiatrie et dans le domaine des neurosciences, principalement aux Etats-Unis. Atteint d’un cancer au cerveau au début des années 90, il va expérimenter un ensemble de pratiques innovantes qui vont lui permettre de résister à la maladie pendant 20 ans et qu’il va mettre au service de tous dans un ensemble d’écrits. Une créativité qui se manifeste également à travers des avancées comme l’EMDR. Un article dans Wikipedia rend bien compte de cette exceptionnelle contribution. https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Servan-Schreiber
(4) Formée à la psychologie transpersonnelle aux Etats-Unis, Florence Servan-Schreiber développe en France des pratiques innovantes et, par ses activités et ses écrits, elle participe à la diffusion des idées nouvelles. Au cours des dernières années, elle met en valeur les apports de la psychologie positive, notamment à travers plusieurs livres. https://fr.wikipedia.org/wiki/Florence_Servan-Schreiber Voir aussi « L’hyper pouvoir de l’amour. Florence Servan-Schreiber. Vidéo TED X Lille 2015) https://www.youtube.com/watch?v=ES0qIGoXtCA
(5) Robert Emmons est professeur de psychologie à l’Université de Californie et expert mondial dans le domaine de la gratitude. Il travaille au Centre de recherche : « Greater Good The science of a meaningful life ». Ce centre travaille, entre autres, sur des sujets comme l’empathie, la compassion, le pardon, l’émerveillement. Une excellente communication avec de nombreuses vidéos. Une ressource où l’on viendra puiser. http://greatergood.berkeley.edu/topic/empathy
(6) Professeur à l’Université de Pennsylvanie, psychologue éminent, Martin Seligman est pionnier de la psychologie positive. Cette approche scientifique s’appuie notamment sur des « valeurs millénaires dans toutes les traditions du monde : sagesse/connaissance, courage, humanité, justice, tempérance, transcendance ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Seligman Sur Ted, une interview de Martin Seligman sur la psychologie positive : https://www.ted.com/talks/martin_seligman_on_the_state_of_psychology?language=fr
(7) Kif est un mot qui s’est introduit récemment dans le langage courant. « Un « kif » ou « kiff » est une passion, un plaisir personnel ou simplement un moment de bonheur ». Wikipedia nous rapporte l’origine et la popularisation de ce thème. https://fr.wikipedia.org/wiki/Kiffer
(8) Le courant de la psychologie positive est bien présent aujourd’hui en France. On pourra consulter le site : « Psychologie positive » animé par Jacques Lecomte : http://www.psychologie-positive.net
(11) « Bienveillance humaine. Bienveillance divine. Une harmonie qui se répand » (« Oser la bienveillance » par Lytta Basset) https://vivreetesperer.com/?p=1842
Ainsi, une attitude de gratitude et d’émerveillement dans les petites choses : « De petits riens de grande portée. La bienveillance au quotidien » : https://vivreetesperer.com/?p=1849
La gratitude et le bonheur sous un autre aspect :
« Une boite à soleil. Reconnaître les petits bonheurs comme un flux de vie. De l’archéologie de la souffrance à une psychologie des ressources, par Jeannne Siaud Fachin » (TED X Paris Vaugirard Road) : https://vivreetesperer.com/?p=2002
De prescriptions à suivre à l’ouverture du cœur dans la relation.
Philippe nous parle de son évolution personnelle. Lorsqu’il considère son parcours depuis ses années de jeunesse, il se rend compte qu’il a beaucoup changé intérieurement. « Le changement,c’est une progression, c’est un chemin ». Mais comment changer ? A partir d’une éducation dans un environnement chrétien évangélique, Philippe observe que pour changer, bien souvent, les gens essaient de se soumettre à des prescriptions extérieures, celles qui sont formulées dans des « recommandations » de différents ordres. Mais pour Philippe, un changement profond s’est réalisé lorsqu’il est venu d’une transformation qui partait de l’intérieur.
« Dans ma jeunesse, j’avais tendance à prendre la Bible comme un livre qui me dictait ma ligne de conduite. Aujourd’hui, avec du recul, je réalise que finalement, à chaque étape où j’ai pu changer profondément, cela ne s’est pas produit en appliquant une prescription ou une recommandation, mais en vivant une relation profonde avec une personne. Le début de mon cheminement en profondeur a commencé dans une rencontre avec un ami chrétien où j’ai senti un climat de liberté, un climat de confiance et de respect. Je me suis senti reconnu comme un être unique. Ce climat de confiance m’a permis d’ouvrir mon cœur. A ce moment-là, le Saint Esprit a pu se manifester en profondeur. Cette rencontre m’a permis de comprendre que le changement se produisait à travers une relation simple et authentique .
Cela me rappelle un évènement qu’a vécu le prophète Elielorsqu’il était poursuivi et menacé de mort par un empire puissant de l’époque (I Rois 19).
Elie s’est réfugié dans une grotte . Là, il rumine sur ses épreuves, sur ses frustrations. La grotte symbolise pour moi une coquille dans laquelle l’être intérieur est enfermé. Elie se considère avant tout comme prophète. C’est son identité. Et sa grande frustration, c’est qu’il ne peut plus exercer son rôle de prophète. Cet état d’esprit l’empêche de communiquer en profondeur avec son Créateur. En se réfugiant dans cette grotte, il pourvoit à se sécurité et se coupe de son Créateur et même de son prochain. Et là, Dieu lui parle. Il lui pose une question : « Qu’est ce qui t’arrive ? » . Elie exprime ses états d’âme en restant replié sur lui-même. Il y a ensuite un fort tremblement de terre qui ébranle la grotte et il est amené à sortir de la grotte.
Cet évènement évoque pour moi une situation personnelle. A l’époque de la rencontre qui a été pour moi le point de départ d’un changement intérieur, mon couple était menacé. Mon épouse souffrait de mon repli sur moi-même, de ma non communication. J’ai ressenti cet échec comme un véritable tremblement de terre. Cela m’a aidé à sortir de ma coquille.
Après le tremblement de terre, Elie perçoit d’une façon nouvelle la présence de Dieu. Il est précisé dans la Bible que Dieu ne s’exprime pas dans la puissance des évènements naturels, mais dans une voix douce qui est perçue par Elie. Dieu lui repose la question : « Qu’est ce qui t’arrive ? Elie lui redit ses soucis, mais cette fois non plus en tant que prophète, mais en tant que fils aimé de son Créateur. Et là un changement profond s’opère en lui. Une nouvelle forme de relation et de communication apparaît. C’est le début d’un changement profond dans la vie d’Elie. A partir de là, ses interventions vont produire beaucoup plus de fruit.
J’ai vécu dans ma vie d’autres étapes dans lesquelles, à travers des rencontres, j’ai pu ouvrir mon cœur et vivre d’autres changements profonds. Ainsi, avec mon épouse,en cherchant la communication, en m’ouvrant, j’ai appris à me connaître et à connaître ma femme. J’ai acquis ainsi beaucoup plus de liberté dans ma relation avec les autres.
J’apprécie beaucoup la manière dont Jésus s’exprime dans les Béatitudes et dans de nombreuses paraboles, des modes d’expression qui font résonner l’être intérieur et qui nous détournent de vouloir imiter les personnes religieuses qui se concentrent sur une application de préceptes. Dans mon enfance et mon adolescence, je suis tombé dans le piège de vouloir réaliser une image religieuse. Je vivais dans un milieu où dominaient des prescriptions issues des épîtres du Nouveau Testament : « Je veux que.. Il faut que ». Il y avait un accent très fort sur la morale : « C’est bien. C’est mal ». Et c’est à partir de là qu’on interprétait les Evangiles. Plus je me suis détaché de ce regard sur moi-même : bien ou mal, plus le changement intérieur a pu s’opérer. Jésus a dit qu’il est venu accomplir la loi. Pour moi, je ne me réfère plus à une loi du bien et du mal, mais à une loi régénérée basée sur l’amour où l’être trouve sa place. Quand nous ouvrons notre cœur à notre Créateur, nous ne nous évaluons plus en terme de bien ou de mal, mais nous vivons comme un être aimé, unique et respecté. Si nous heurtons notre Dieu par notre comportement, ce n’est pas plus la loi du bien ou du mal qui nous reprend, mais l’amour qui nous ouvre les yeux.