Notre société se caractérise par une individualisation croissante. C’est un processus de longue durée qui se réalise par étapes. Aujourd’hui, cette individualisation est manifeste dans tous les domaines de la vie. Elle appelle en regard une responsabilité accrue à travers une extension des choix. Dans le même temps, on prend conscience des interrelations qui interviennent à tous les niveaux de notre existence. Ces deux mouvements se traduisent dans des phénomènes différents, mais concomitants : la prise de conscience écologique et la révolution numérique. Cette évolution dans les mentalités influence notre manière de voir dans différents domaines d’activité. C’est le cas, par exemple, dans le domaine de l’éducation. C’est aussi le cas dans le domaine de la médecine. Dans ces deux domaines, les usagers, aspirent à être considérés comme des personnes et à participer à un mouvement de vie. Cependant, cette évolution se heurte à la fois à des représentations anciennes et au poids des appareils. Les organisations peinent à se défaire de la massification héritée de la précédente révolution industrielle. La pensée écologique, dans sa vision holistique, consciente de la complexité et respectueuse de la diversité, se heurte à l’héritage d’une conception dominatrice. Ainsi, la part donnée aux mathématiques dans l’accession aux études de médecine traduit un état d’esprit technocentré. Nous sommes donc engagés dans un changement qui rencontre des oppositions. Mais ce changement peut s’appuyer sur la transformation actuelle des mentalités.
Aujourd’hui, l’apparition d’unemédecine endobiogénique qui s’appuie sur l’usage des plantes médicinales est une innovation pionnière qui s’inscrit dans la transformation de notre culture et de notre société. C’est une médecine personnalisée qui prend en compte la diversité dans une relation participative. C’est une médecine intégrative qui met en œuvre une vision globale, holistique d’un organisme humain en mouvement dans l’exercice des fonctions hormonales et neuro-végétatives. Le recours aux plantes médicinales pour une œuvre de régulation et de remédiation se révèle particulièrement efficace parce qu’il participe au monde du vivant et multiplie, dans une approche scientifique, les acquis d’une expérience traditionnelle. C’est un aspect remarquable de la prise en compte de la biodiversité. Dans son originalité, la médecine endobiogénique est née en France, sous l’impulsion de deux médecins, Christian Duraffour et Jean-Claude Lapraz et elle est portée par une communauté innovante (1), même si elle se heurte encore aujourd’hui à un manque de moyens et un manque de reconnaissance. Dans ce contexte, la publication d’un ouvrage de référence, sous la direction de Jean-Claude Lapraz et d’Alain Carillon : « Plantes médicinales. Phytothérapie clinique intégrative et médecine endobiogénique » (2) est un pôle de ressources qui vient conforter une dynamique scientifique. Pour en situer la portée, il est bon de rappeler quelques jalons permettant d’ouvrir à tous la compréhension de cet apport.
Une médecine personnalisée
En 2012, paraît un livre intitulé : « La médecine personnalisée », écrit par le docteur Jean-Claude Lapraz en collaboration avec une journalise : Marie-Laure de Clermont-Tonnerre (3). Ce livre explique les fondements de la médecine endobiogénique et nous introduit ensuite dans un vécu personnel de sa pratique. Cet ouvrage demeure aujourd’hui la porte d’entrée pour la compréhension de cette médecine. On en trouvera une présentation détaillée sur ce blog (4). Nous renvoyons à cette analyse en rappelant néanmoins les grands principes qui y sont exposés.
Une vision nouvelle de la médecine : la médecine de terrain.
Selon notre constitution, nous réagissons chacun différemment à telle ou telle agression. « Une seule explication possible : l’état de notre terrain : « L’ensemble des facteurs génétiques, physiologiques, tissulaires ou humoraux qui, chez un individu, favorisent la survenue d’une maladie ou en conditionne le pronostic » (Larousse). C’est dans cette perspective que cette nouvelle approche médicale est mise en œuvre : « L’être humain ne se limite pas à un simple assemblage de fonctions ou d’organes sans lien entre eux. Il est un être vivant autonome et complet qui réagit à chaque instant comme un tout cohérent et doit sans cesse s’adapter… La médecine actuelle a fait éclater le corps en ses multiples composants. En négligeant de replacer chacun d’eux dans ses relations complexes avec les autres, elle a perdu la capacité d’établir un diagnostic global de l’état du patient. Il est donc temps aujourd’hui de proposer une approche médicale qui mette en évidence les liens qui unissent le local au global et qui donnent une véritable vision scientifique intégrale du patient. C’est ce que nous désignons comme la conception endobiogénique du terrain » (p 68).
On prend conscience aujourd’hui des limites d’une médecine en miettes pour se diriger vers une médecine globale, « intégrative ».
Effectivement, nous dit-on, « le tout est plus que la somme des parties ». Le corps est perçu comme un ensemble de niveaux : « Chaque niveau, du gêne au chromosome, du chromosome au noyau, du noyau à la cellule, de la cellule à l’organe, de l’organe à l’organisme, possède ses propres mécanismes de fonctionnement, mais ils sont intégrés et sous contrôle du niveau supérieur, et, en fin de compte sous celui de l’ensemble de l’organisme. Si un niveau se dérègle, il est important d’identifier ce qui, en amont, a généré le dérèglement et de comprendre comment celui-ci agira à son tour sur l’aval » (p 68-69).
Tout se tient. « Pour maintenir l’harmonie, il existe nécessairement une communication permanente entre chacun des éléments, chacune des parties qui nous constitue. Il faut donc qu’en notre corps, ensemble vivant infiniment complexe, existe un coordonnateur qui gère en permanence les liens qui unissent la cellule à l’organe, l’organe aux autres organes et les fonctions entre elles (p 70-71)… La vie ne peut se maintenir s’il n’existe pas une cohérence et une finalité qui permette de faire fonctionner de façon harmonieuse les cellules et les organes de notre corps pour qu’ils se maintiennent en équilibre » (p 70-71).
De fait, il existe bien une forme de « chef d’orchestre ». « Si l’organisme est une maison, il a pour architecte, pour coordonnateur, pour régulateur, le système hormonal ». Selon l’endobiogénie, « l’approche endocrinienne du terrain est fondée sur la reconnaissance du rôle primordial et incontournable du système hormonal à tous les niveaux du corps humain. C’est lui qui gère le métabolisme, c’est à dire la succession permanente et dynamique des phénomènes de destruction (catabolisme), de reconstruction et de synthèse (anabolisme) qui se déroulent à chaque seconde en nous… » (p 71).
L’approche endobiogénique s’appuie sur une interprétation nouvelle du fonctionnement du corps humain. Elle propose également de nouveaux outils pour en comprendre concrètement le fonctionnement et pour pouvoir en conséquence intervenir pour corriger et réguler.
« En partant d’une simple prise de sang comportant douze données biologiques (comme la numération formule sanguine, le nombre des plaquettes sanguines, le dosage de deux enzymes…), on peut construire un système établi sur des algorithmes, tous basés sur des données incontestées de la physiologie qui font apparaître de nouveaux chiffres conduisant à une compréhension beaucoup plus large des phénomènes à l’œuvre dans le corps que ne le permet l’approche purement analytique actuellement en vigueur. C’est la biologie des fonctions… Ce système complexe, conçu par le Docteur Christian Duraffourd, a permis d’établir quelques 172 index d’activité endocrine, métabolique, tissulaire, etc (par exemple : nécrose cellulaire, résistance à l’insuline, remodelage osseux, immunité, stress oxydatif, développement anormal cellulaire) (p 81-83). « Dans une goutte de sang, on peut voir l’individu et son terrain ». La production de cet ensemble est un bond en avant impressionnant pour la compréhension de l’état du patient.
Mais, dans la consultation, telle qu’elle est pratiquée par les médecins qui se réclament de cette approche, d’autres données recueillies à travers l’écoute et l’examen clinique, viennent encore s’y ajouter. Ces données viennent s’inscrire en regard de l’interprétation endobiogénique. A partir de là, le médecin peut prescrire un traitement approprié en faisant appel principalement aux plantes médicinales. L’usage de celles-ci permet d’éviter la nocivité des effets secondaires que peuvent entraîner certains médicaments de synthèse. Par ailleurs, la combinaison d’un certain nombre de plantes à activité synergique ou complémentaire induit un effet global important : « La sommation des petits effets que chacun va générer dans l’organisme permet d’apporter une amélioration, puis une vraie guérison ».
Soigner autrement, c’est possible
En 2013, le docteur Jean-Christophe Charrié, médecin généraliste et praticien de l’endobiogénie à la Rochelle explique l’approche de la médecine endobiogénique dans la vidéo d’une intervention TEDx : « Soigner autrement, c’est possible » (5). Jean-Christophe Charrié fait partie du groupe de médecins qui militent pour la progression de l’endobiogénie en France et il a apporté une contribution au livre de fond qui vient de paraître sur les plantes médicinales (6). Cette intervention, alliant beaucoup de compétence et un grand talent pédagogique, nous familiarise avec cette pratique médicale.
Après avoir esquissé une définition de l’endobiogénie (endo : intérieur ; bio : la vie ; génie : organisation) : une science de l’organisation de la vie intérieure », Jean-Christophe Charrié nous expose au préalable les vertus de la plante médicinale :
« Quelque chose qui appartient à toute l’humanité, car elle n’est pas brevetable.
Quelque chose qui est actuellement la seule source de soin pour 4 humains sur 5.
Quelque chose dont l’Organisation Mondiale de la Santé fait la promotion.
Quelque chose qui a été reconnu en France par l’Académie de Médecine, mais qui a été rejeté en 2007 par la Sécurité Sociale.
Cela fait 7 000 ans au moins que l’homme utilise la plante médicinale. C’est un outil aux propriétés multiples, exceptionnelles, qu’il convient d’utiliser à bon escient.
C’est un outil thérapeutique qui répond aux exigences de la politique de santé de demain, en terme de réduction des coûts, en terme d’accessibilité aux soins, en terme de respect de l’individu et de l’environnement. C’est un outil thérapeutique qui prend sa pleine puissance quand il est utilisé dans le cadre de la science médicale qu’est l’endobiogénie ».
Il y a effectivement un potentiel considérable. « Il y a sur terre un peu plus de 500 000 plantes. La moitié a été répertoriée. L’Organisation Mondiale de la Santé a relevé 29 000 plantes comme faisant partie de celles utilisées traditionnellement dans le soin. Un peu plus de 2 500 plantes ont bénéficié d’études approfondies pour savoir comment elles fonctionnent. Et dans ma pratique, j’en utilise un peu plus de 200. Ainsi, nous avons un potentiel énorme de recherche et de développement. L’industrie pharmaceutique l’a bien compris, puisque dans le gros dictionnaire rouge des médecins, le Vidal, 70% des médicaments trouvent leur source dans la plante médicinale ».
Si la plante médicinale est un outil majeur de la médecine endobiogénique, elle est négligée par la médecine dominante. Jean-Christophe Charriè nous apporte un aperçu très éclairant sur la manière dont la médecine s’est développée depuis 150 ans.
Comment en est-on arrivé à la médecine d’aujourd’hui ?
Au milieu du XIXè siècle, « la science médicale était dans une impasse, car elle n’arrivait pas à soigner et guérir les grandes épidémies. En ce temps-là, il y a eu deux montées d’approche théorique de la recherche qui s’incarnent dans deux figures emblématiques : Claude Bernard et Louis Pasteur. Pour ClaudeBernard, qui est médecin, il s’agit d’étudier la fonctionnalité de l’organisme. La maladie est la résultante d’une dysfonction. C’est grâce à ses travaux qu’on peut aujourd’hui interpréter une prise de sang. Pour Louis Pasteur qui est physicien, mais qui n’est pas médecin, la maladie est la conséquence de l’agression de l’organisme par un événement extérieur, que cet événement soit un microbe, un poison et aujourd’hui un gène défectueux. C’est parce que cette approche avait des résultats visibles, reproductibles et finalement très simples : à une maladie correspond un traitement, que la science médicale s’est engouffrée dans cette seule voie de recherche.
Il a fallu créer de nouveaux médicaments, des médicaments à la puissance extrême pour gérer des maladies extrêmes. Et, ainsi ; on a effectivement maitrisé de grandes épidémies telle que la peste, la tuberculose, la variole. Et c’est ainsi qu’on est entré dans la logique des anti : antihypertenseur, anticholestérol, antidiabétique, antibiotique. Avec ces outils à la puissance extrême, pour lutter contre des maladies extrêmes, on a cru qu’on allait tout guérir. Force est de constater, que ce n’est pas le cas.
Aujourd’hui, du fait d’un mésusage en utilisant ces outils extrêmes qui sont là pour prendre la place de l’organisme afin d’entrainer la guérison de celui-ci dans des situations extrêmes, on a utilisé ces outils pour soigner des maladies du quotidien et cela davantage pour l’intérêt de l’industrie pharmaceutique que pour l’intérêt du patient. Par cette stratégie, on a vu apparaître des maladies induites par ces médicaments, on a vu apparaitre une explosion des coûts de santé et, plus grave encore, des maladies qu’on pouvait traiter avec ces médicaments, aujourd’hui ne répondent plus. Par exemple, dans la maladie infectieuse, vous avez des bactéries qui ont développé des résistances aux antibiotiques, c’est à dire que l’antibiotique n’a plus de prise sur la bactérie, ne peut plus la détruire…
Nous sommes donc à nouveau dans une impasse. Avec cette approche médicale qui a résumé l’organisme à un foie malade, un cœur malade, un intestin malade, un cerveau malade, bref avec cette approche qui a éclaté l’homme, comment peut-on recoller les morceaux ? Comment reconsidérer le tout ? L’endobiogénie apporte une réponse. Et comment respecter le tout ? Les plantes médicinales apportent une réponse ».
Jean-Claude Charrié nous raconte ensuite comment, dans son itinéraire médical, il a rencontré l’endobiogénie et comment il la met en œuvre aujourd’hui. « Je suis un médecin généraliste qui, de façon prioritaire, utilise les plantes médicinales quand il est possible d’accompagner l’organisme dans des mécanismes d’autoréparation. Je ne m’interdis pas d’utiliser les médicaments anti dont nous avons parlé, mais je les garde pour des situations exceptionnelles. Et j’utilise la plante médicinale selon l’endobiogénie. L’endobiogénie est une médecine qui vous sort de la masse, qui vous sort de la statistique. C’est une médecine qui s’intéresse à chacun de vous individuellement. Et qui construira pour vous un traitement sur mesure qui est adopté à vous seulement.
L’endobiogénie, c’est une approche qui essaie de comprendre comment fonctionnent les mécanismes de réparation et de restauration. La restauration : par exemple, votre peau. Tous les matins, quand vous faites votre toilette, vous enlevez de la poussière, de la crasse et des cellules mortes. Cette peau, il faut la restaurer en permanence. L’autoréparation : Quand vous avez un petit chat qui vous griffe, vous avez une plaie. Et l’organisme sait réparer. Il fait cela tout seul. Il n’a pas besoin de médecine pour faire cela. Parce que vous êtes vivant. Parfois, il y a des phénomènes qui apparaissent et qui ont du mal à se restaurer et à se réparer. Et là, vous avez besoin du médecin. Le rôle du médecin en endobiogénie est de comprendre comment vous fonctionnez, aller voir ce qu’on peut soutenir et d’étayer votre organisme pour qu’il puisse se réparer lui-même ;
L’endobiogénie est une science. Comme toute science, elle repose sur une théorie. Pour que cette dynamique de réparation et de restauration fonctionne, il faut un gestionnaire et ce gestionnaire repose essentiellement sur le système endocrinien et le système neurovégétatif. Comment vos hormones s’organisent entre elles, comment elles entrent en interrelation pour coordonner cette dynamique ? Et comment votre système nerveux inconscient, celui qui gère votre digestion, votre respiration, le battement de votre cœur, comment ce système là vient aider le premier pour obtenir des phénomènes de réparation ? Quand vous allez voir le médecin en consultation, vous lui parlez. Il vous écoute et il vous examine. Pour le médecin endobiogéniste, ces trois temps là sont fondamentaux, car il va chercher des petits signes qui peuvent paraître infimes, sans sens, mais qui, associés les uns aux autres, peuvent permettre de construire l’histoire de votre vie jusqu’à aujourd’hui, permettre de comprendre les dysfonctionnements qui ont abouti à la maladie que vous exprimez. S’il en a besoin, mieux encore, le médecin peut faire une prise de sang simple. Quand les paramètres sont dans les normes, tout va bien. Quand ils sont hors des normes, il y a un problème. Vous n’avez pas assez de globules rouges, vous avez une anémie. On peut s’arrêter à cela. Mais grâce à la théorie de l’endobiogénie, on peut comprendre que tous ces chiffres ne sont pas liés au hasard. Ces paramètres apportent une sorte de photographie de votre fonctionnement intérieur. Avec l’endobiogénie, on peut relier ces chiffres entre eux, et mesurer, de la façon la plus fine, comment vous fonctionnez. Cela apporte une aide considérable au médecin. Car, pour étayer, il faut avoir les bons étais pour les mettre à une bonne place. Et, pour faire cela, le médecin va utiliser les plantes médicinales. Il va les utiliser en fonction des données de la science moderne qui a démontré que la plante a la capacité de réguler les systèmes endocriniens et neurovégétatifs ».
Plantes médicinales et médecine endobiogénique
Un ouvrage ressource. Un ouvrage de référence
Sur des registres différents, le livre de Jean-Claude Lapraz et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre et l’interview en vidéo de Jean-Christophe Charrié introduisent un vaste public dans la prise de conscience du caractère original de l’approche endobiogénique et de son apport précieux et irremplaçable. Et cette approche s’appuie sur l’utilisation des plantes médicinales. C’est dire l’importance et l’utilité d’un ouvrage de référence consacré à cette ressource.
L’ouvrage sur les plantes médicinales récemment publié sous la direction de Jean-Claude Lapraz et Alain Carillon présente effectivement les connaissances correspondantes issues de la pharmacologie et des données de la tradition. Il offre « 45 monographies de plantes médicinales dont l’intérêt thérapeutique est confirmé par de nombreuses publications scientifiques récentes ».
Cependant, « l’originalité et la spécificité de cet ouvrage reposent sur un abord nouveau de l’usage de la plante médicinale fondé sur l’évaluation clinique du patient placé au cœur de la réflexion diagnostique.Cette approche permet l’utilisation intégrative et personnalisée des plantes… La plante médicinale, par la complexité des éléments qui la composent et de leurs effets spécifiques, répond au mieux aux exigences d’une thérapeutique plus physiologique et peut alors devenir un moyen de traitement de premier plan si elle est utilisée selon les règles médicales et prescriptives… La médecine endobiogénique propose une réflexion originale qui permet de mettre en évidence les déséquilibres des systèmes endocriniens gestionnaires de l’organisme. Elle aide le médecin à les identifier et leur permet d’établir un traitement régulateur et physiologiques où la plante médicinale joue un rôle prioritaire afin d’aider l’individu à retrouver l’état d’équilibre antérieur à la maladie : l’état de santé ».
Vers une nouvelle approche médicale
Ce livre sur les plantes médicinales et la médecine endobiogénique prend place dans l’univers scientifique et professionnel. Ainsi cette nouvelle approche médicale progresse sur différents registres. Elle rencontre une opinion plus favorable, comme en témoigne un intérêt croissant pour les médecines alternatives et complémentaires, dans un contexte de plus en plus sensible à la dimension écologique et en demande de participation. Elle est portée par un courant militant : médecins généreux et patients reconnaissants (6). Et ce livre témoigne d’une maturité scientifique.
Tout au long de cet article, on a pu percevoir une vision nouvelle, un nouveau paradigme et a pu apprécier la fécondité de cette approche. On attendrait qu’elle se répande dans le corps médical. En ce sens, des propositions accrues de formation sont nécessaires. Il serait opportun que les pouvoirs publics apportent leur soutien.
Dans un système de santé qui comporte de nombreuses rigidités, comment promouvoir cette nouvelle pratique ? A cet égard, un article paru dans Le Monde, le 14 mars 2012, est toujours pertinent aujourd’hui (8). Sous la signature de Luc Montagnier, prix Nobel demédecine en 2008 et Frédéric Bizard, consultant et maitre de conférences à Sciences-Po, cet article ouvre la voie : « Anticipons le passage d’une médecine curative à une médecine préventive ». On peut y lire : « D’une approche verticale et segmentée, nous devons passer à une vision transversale de la santé. D’une médecine curative du siècle dernier, nous devons passer à la médecine 4p : préventive, prédictive, personnalisée, partipative, ce qui modifie considérablement le logiciel du système. L’approche transversale de la médecine 4p doit s’accompagner d’une rénovation de notre système de santé avec une approche holistique des soins fondée sur la personne et les relations interpersonnelles. D’un système centré sur la maladie, il faut évoluer vers un système centré sur la personne, sur la santé ». La médecine endobiogénique s’inscrit dans cette grande transformation.
J H
(1) Société internationale de médecine endobiogénique et de physiologie intégrative : https://www.simepi.info
(2) Jean-Claude Lapraz. Alain Carillon, dir. Plantes médicinales. Phytothérapie clinique intégratives et médecine endobiogénique. Lavoisier Tec et doc. 2017
(3) Jean-Claude Lapraz. Marie-Laure de Clermont-Tonnerre. La médecine personnalisée. Retrouver er garder la santé. Odile Jacob. 2012
(4) Présentation du livre : « La médecine personnalisée » : « Médecine d’avenir. Médecine d’espoir » : https://vivreetesperer.com/?p=475
(6) Le docteur Jean-Christophe Charrié est un des contributeurs du livre : « Plantes médicinales. Phytothérapie clinique intégrative… » Il a écrit plusieurs livres de conseil médical, dans une perspective endobiogénique, en collaboration avec Marie-Laure de Clermont Tonnerre : « Se soigner toute l’année au naturel » (2017) ; « Objectif santé : à chaque besoin, sa cure » (2017) ; « Soigner au naturel les maux de l’automne et de l’hiver » (2014) ; il vient de publier un livre sur « les clés de l’alimentation anti-cancer et maladies inflammatoires, infectieuses, auto-immunes » (2017). Voir : https://www.amazon.fr/s/ref=nb_sb_noss_2?__mk_fr_FR=ÅMÅŽÕÑ&url=search-alias%3Dstripbooks&field-keywords=Jean-Christophe+Charrié
(8) Texte cité dans l’article présentant le livre : « La médecine personnalisée » (note 4). Ce texte publié en 2012 nous paraît garder toute son actualité.
Nous savons, par expérience, combien il y a souvent des blocages dans la communication au sein des collectivités. Des oppositions tranchées s’installent et le dialogue social ne parvient pas à s’établir. Cette situation empêche la résolution des problèmes et l’élaboration de réponses constructives. Mais on peut observer aussi des dynamiques positives. Ingénieur, dirigeante de services publics au fil de son parcours, Pascale Ribon nous fait part de son expérience dans un entretien Ted X Saclay (1) : « Si gentillesse et bienveillance rimaient avec performance collective ». Pascale nous parle de son expérience avec beaucoup de simplicité et d’authenticité. On perçoit les fruits d’une attitude qui engendre le dialogue à travers le respect, l’attention et l’écoute. Ce dialogue débouche sur la mise en route d’une intelligence collective. Pascale Ribon nous décrit ce processus à partir de trois étapes de sa vie professionnelle.
L’approche innovante d’une jeune ingénieur
C’est tout d’abord la première fonction dans laquelle elle est entrée au sortir de ses études.
« J’étais jeune ingénieur. C’était mon premier poste. J’étais responsable d’un bureau d’étude d’ingénierie dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des rivières. A l’époque, la norme, c’était de canaliser les rivières, donc, c’était un peu une catastrophe en terme d’écosystème ». Pascale va essayer de faire évoluer les représentations pour qu’on utilise des méthodes plus naturelles.
Et justement, on lui confie un projet qui concerne un effondrement des berges de la Seine. Elle raconte la confrontation qui s’est opérée. « Je devais présenter des préconisations techniques. Il n’y avait que des messieurs d’un certain âge en face de moi. J’étais la seule femme. J’ai présenté un projet 100% naturel avec des plantes. Il y a eu un grand blanc, et à la fin de ma présentation, je me suis fait renvoyer dans mes buts comme si j’étais totalement incompétente. Et j’ai bien compris à leur regard qu’ils se disaient. Comment a-t-on pu recruter à ce poste une jeune femme comme ça ? Ces histoires de petits poissons, de plantes, c’est bien une histoire de femme. Ce n’est pas une histoire d’ingénieur. J’ai bien compris ce jour là que je n’avais pas réussi à convaincre ».
Cependant Pascale va surmonter cette humiliation. Elle va persévérer et, peu à peu, les mentalités vont changer. « Je suis retourné un certain nombre de fois en gardant le sourire. Et puis surtout, on a travaillé ensemble avec des collègues. On a créé un réseau pilote. On a mobilisé les expériences étrangères et finalement, on a réussi à convaincre et à changer la norme en assez peu de temps ».
C’est par le dialogue qu’on parvient à faire évoluer les représentations et les comportements. En voici un exemple encourageant.
Dépasser un conflit social dans une Direction de l’équipement
Pascale Ribon a poursuivi son parcours professionnel. La voilà maintenant responsable d’un service public important : une Direction départementale de l’équipement : mille agents répartis dans une dizaine de sites.
Or voici qu’une décision de l’Etat vient remettre en cause le fonctionnement de celle-ci et donc les habitudes des employés. On imagine l’émotion suscitée par ce bouleversement. « L’Etat avait décidé de transférer une partie des missions aux conseils généraux et de réorganiser le reste. C’était la décentralisation. Bien sûr, les personnels ne perdaient pas leur travail, mais ils étaient remis en question d’une façon assez profonde. Certains allaient changer de statut. Ils allaient devoir changer d’employeur, changer de métier ».
Comme directrice, Pascale est directement confrontée à l’agitation suscitée par la crainte des employés. « Ce jour-là, les syndicats avaient organisé une manifestation pour exprimer leur opposition. Vous arrivez le matin. Vous êtes le directeur. Vous savez qu’une centaine de personnes vous attendent sur le parking, avec un mégaphone, avec beaucoup d’agressivité pour vous montrer qu’ils sont totalement contre la réforme que vous allez mettre en œuvre. Vous avez le choix. Vous pouvez aller vous garer discrètement dans une rue adjacente, monter directement dans votre bureau, dire à votre directeur des relations humaines qu’il s’en occupe parce que le dialogue social, c’est son boulot ! Et puis, vous avez des choses importantes à faire. Il y a surement une réunion qui va démarrer…
Mais vous pouvez aussi faire le choix d’aller discuter. Et ce matin là, c’est le choix que j’ai fait, même si c’était difficile. La barrière s’est ouverte. Je suis entrée sur le parking. Je me suis avancé vers les leaders du mouvement. Je les connaissais. J’avais l’habitude de travailler avec eux. Mais là, face à leur colère, ce n’était pas pareil. C’était difficile. Je voulais leur dire que les décisions qu’on allait prendre tiendraient compte de leurs contraintes. Je voulais leur dire que j’avais besoin qu’ils participent à les construire. Et surtout, je voulais qu’ils sentent que, pour moi, ils n’étaient pas des chiffres ou un tableau de bord, mais des personnes comme moi, avec leurs émotions, leurs contraintes personnelles, leur conscience professionnelle. Et donc, malgré ma peur, malgré leur agressivité, on a discuté, on a tissé doucement les fils de la confiance et puis on a arrêté la manifestation. Et on s’est mis au travail. On a travaillé pendant deux ans. Et finalement on a déployé la décentralisation au mieux des intérêts de chacun… »
Ainsi, comme l’exprime ce témoignage de Pascale, nous ne sommes pas soumis à une fatalité selon laquelle nous sommes impuissants face à des engrenages collectifs. Une conviction personnelle, portant une volonté de dialogue, peut entrainer un changement dans le déroulement des évènements et dans la vie des personnes concernées.
Introduire un esprit collaboratif dans une école d’ingénieurs
Pascale nous raconte une troisième expérience professionnelle. Parce qu’elle avait envie de contribuer à une évolution des mentalités vers plus d’esprit de dialogue et de confiance mutuelle, Pascale Ribon est devenue directrice d’une école d’ingénieurs : l’ESTACA (2).
« J’ai fait le pari que l’école, pour les étudiants, pouvait être la première entreprise à laquelle ils coopèrent, et que, dans cette entreprise là, on allait leur faire pratiquer concrètement l’intelligence collective de manière à ce que, par la suite, ils puissent essaimer et qu’ils puissent apporter cette manière de travailler dans les différentes entreprises où ils agiront plus tard.
C’est pour cela que les nouveaux locaux qu’on a inauguré l’année dernière à l’ESTACA étaient les plus ouverts et les plus décloisonnés possible pour que, finalement, les étudiants, les enseignants, les chercheurs, les personnels administratifs, les partenaires aient le plus possible l’occasion de se croiser, de se parler, de se connaître, et donc de coopérer, de faire des choses ensemble. C’est aussi pourquoi, lorsqu’on a travaillé sur le campus numérique, on a décidé que les étudiants aussi pourraient produire des contenus pédagogiques pour qu’ils apprennent à se soutenir et à s’entraider les uns les autres au delà de leurs cercles d’amis. C’est pour cela aussi que, sur plusieurs années, on a fait évoluer le système de distribution des moyens qui étaient attribués aux projets associatifs, aux projets des étudiants, en passant d’un système où c’était l’administration qui distribuait les moyens à un système où ce sont les étudiants qui font les choix. Il a fallu déconstruire un certain nombre de représentations, de comportements, en particulier ceux qui étaient liés à la peur de l’arbitraire, à la peur du copinage en lien avec le pouvoir, et puis en construire d’autres plus propices à la confiance ». Comme l’exprime ici Pascale, c’est bien nos représentations qui sont en question et que nous sommes appelés à changer. A cet égard, l’éducation, la formation sont des espaces stratégiques.
Le choix d’agir et d’influer sur les situations
Cependant, on en a bien conscience en écoutant Pascale, ce changement est guidé par une vision du monde, une vision de l’humain qui s’articule avec des valeurs comme la confiance et la bienveillance. Pascale Ribon s’exprime à ce sujet à partir de son expérience.
« A partir de ces trois expériences de ma vie professionnelle, je veux démonter un discours qu’on entend de plus en plus, et qui, pour ma part, m’insupporte. On change de plus en plus vite. Et, dans ce monde qui change de plus en plus vite, les entreprises seraient devenues des lieux de souffrance à cause des changements sur lesquels nous n’aurions aucune prise. Les responsables seraient ailleurs : la finance, la politique, la mondialisation, enfin à chacun son bouc émissaire. Et nous attendons un homme providentiel pour nous sauver. C’est l’époque. Finalement, la seule solution, la seule alternative à la dépression, à la démobilisation, ce serait la résistance, ce serait la révolte. Croire qu’on peut dire : « stop ».
Mais depuis le début de ma carrière, je travaille dans des organisations en changement. Comme vous, je pense. Et, depuis une vingtaine d’années, j’ai dirigé des organisations de taille variable, publiques, privées, de 100 à presque 1000 personnes, qui, toutes, étaient confrontées à des évolutions très importantes. Ce qui m’a guidé dans ces évolutions, dans ces fonctions, c’est la conscience que les entreprises, ce sont d’abord des gens, ce sont des communautés d’individus comme vous, comme moi. Et finalement, ce ne sont pas des décideurs lointains qui font notre quotidien professionnel, mais bien des gens que nous côtoyons directement, par leur comportement et par la qualité de leurs interactions les uns aux autres ». Et donc, ce qui se passe, dépend de nous pour une bonne part. « Chacun choisit chaque jour, soit de poursuivre son projet personnel en compétition avec les autres, voire en considérant que ce sont des obstacles à sa propre réussite, à son propre épanouissement personnel, ou, au contraire, de poursuivre un projet plus collectif, de construire ce que j’appelle un écosystème de développement, d’apprentissage dans lequel chacun va trouver grosso modo sa place, et au fur et à mesure poser les problèmes qui le concernent, y apporter des solutions les plus adaptées possible, construire finalement un environnement plus conforme à nos souhaits ».
En vous racontant l’histoire de la direction départementale de l’équipement de l’Eure et Loir, je voulais vous faire partager que, même dans des environnements très contraints, des environnements conflictuels, là où on pourrait penser qu’on n’a pas d’autres solutions que de s’effacer derrière des règles, des procédures, des décisions prises par d’autres, quand on pense qu’on n’a pas de marges de manœuvre, on garde toujours le choix. C’est cette liberté que nous avons prise ce jour là, les syndicats et moi-même. Nous avons pris le risque d’assumer nos marges de manœuvre. Nous avons pris le risque de la responsabilité, du dialogue, puis de la coopération, et donc, on a réussi à construire une forme d’intelligence collective et c’est grâce à cette intelligence collective que nous avons trouvé des solutions à un problème que nous n’étions pas prêts à résoudre ni les uns, ni les autres ».
Bienveillance et engagement personnel
Mais quels sont les ingrédients pour construire cette intelligence collective ? (3) A quelles qualités ce processus fait-il appel ? Qu’est ce qui nous est demandé ?
Pascale Ribon distingue deux ingrédients fondamentaux pour avancer dans ce sens.
« Le premier type d’ingrédient, c’est la bienveillance, l’empathie, je dirais même la gentillesse. Quand on parle de gentillesse, on entend : « On n’est pas chez les bisounours ! ». Mais je dis : Pourquoi pas ? Et ce n’est pas moi qui le dis. Ce sont les résultats d’une recherche commandée par Google. 200 équipes ont été auditées. Ils cherchaient à savoir qu’est ce qui suscitait la plus grande performance de certaines équipes. Ils ont testé beaucoup de critères. Et le critère principal auquel ils sont arrivés, c’est le niveau de gentillesse entre les membres (4). Et finalement, c’est assez instructif. Quand on a confiance les uns dans les autres, quand on sait qu’on peut compter sur les gens autour de soi, on prend des risques, on est innovant, on est créatif, on avance.
Pour construire cette intelligence collective, il y a un deuxième ingrédient. C’est l’engagement individuel. Ici. On peut évoquer la légende du colibri raconté par Pierre Rahbi (5). Cette légende dit qu’un jour, dans la foret, il y a eu un immense incendie. Et alors, l’ensemble des animaux assistait impuissant au désastre. Ils étaient atterrés, terrifiés. Il y a juste un petit colibris qui s’agite, qui prend de l’eau avec son bec, puis va jeter quelques gouttes d’eau dans le feu, et puis qui recommence. Cela agace le tatoo. « Mais arrête colibri ! Tu ne vas pas éteindre le feu ! ». Le colibri s’arrête, regarde le tatoo et lui dit : « Je sais. Je ne suis pas fou, mais je fais ma part ».
Le choix de la confiance
Lorsque Pascale, jeune ingénieur, commence à travailler dans un milieu insensible à la conscience écologique, elle a néanmoins persévéré et, petit à petit, elle a réussi à susciter une transformation des normes. Petit à petit, c’est un peu comme le goutte à goutte du colibri. Aussi peut-elle nous encourager.
« Vous aussi, je suis sur qu’il y a un incendie qui vous préoccupe. Il y a des choses que vous avez envie de voir changer. Mettez-vous en mouvement. Proposez des solutions. En plus, le temps joue pour vous. Des études disent que d’ici à cinq ans, 50% des métiers qui recruteront n’existent pas encore. Cela veut dire que les marges de manœuvre sont énormes. Et puis n’ayez pas peur de l’échec. On ne réussit jamais du premier coup. Il faut revenir, revenir. Les enfants tombent beaucoup avant de savoir marcher.
Ce qui est difficile en France dans cette dynamique là, c’est qu’on est nourri à la défiance. A la lecture des enquêtes internationales, on constate que la France est toujours en queue de peloton sur le thème de la confiance (6). Moins d’un français sur quatre considère qu’on peut globalement faire confiance aux autres. C’est presque 40% dans la moyenne des pays de l’OCDE. Et je ne vous parle pas des pays de l’Europe du nord où le pourcentage s’élève à 50%, 60%/. Les élèves, nos enfants, sont élevés dans un climat de défiance. Cela veut dire qu’on les « plombe » dans un monde où le niveau d’incertitude, de complexité va nécessiter de la coopération pour agir, donc de la confiance ».
Avec Pascale Ribon, nous voici au cœur des problèmes de notre époque. Dans une société en changement rapide (7), comment faire face aux transformations auxquelles nous sommes confrontés ? Cette question peut être éludée en regardant vers le passé, en refusant d’entrer dans la nouveauté ou en développant une agressivité qui se fixe sur des boucs émissaires. Pascale nous montre qu’il y a un autre chemin, que les problèmes peuvent être affrontés et résolus, que « oui, c’est possible ». Mais il y a une condition. C’est entrer en relation, dialoguer, faire confiance. Ce qui se passe, dépend de nous pour une bonne part. Elle nous appelle à « construire des écosystèmes de développement, d’apprentissage où chacun va pouvoir trouver sa place, et, au fur et à mesure, poser les problèmes qui le concernent, y apporter des solutions les plus adaptées possibles ». C’est le chemin d’une intelligence collective où nous allons pouvoir résoudre des questions jugées jusque là inaccessibles. Ce processus requiert de la confiance. En nous, cette confiance dépend de notre vision du monde, de notre vision de l’humain et donc d’une dimension spirituelle. Si elle se heurte à un climat opposé, elle peut néanmoins se répandre et engendrer une dynamique. Le témoignage de Pascale Ribon nous encourage et nous permet d’envisager les enjeux.
J H
(1) « Et si gentillesse et bienveillance rimaient avec performance collective » (Pascale Ribon) (Ted X Saclay) mis en ligne avec le 23 janvier 2017 : https://www.youtube.com/watch?v=6fmWo-znXVM
(3) L’intelligence collective passe par un dialogue qui permet de développer des représentations plus adaptées : « Pour une intelligence collective » : https://vivreetesperer.com/?p=763
(4) Diverses recherches montrent une influence positive de la bienveillance et de la gentillesse sur l’efficacité du travail » : « Vers un nouveau climat de travail dans des entreprises humanistes et conviviales. Un parcours de recherche avec Jacques Lecomte » : https://vivreetesperer.com/?p=2318
Courez admirer et écouter le Grand Orchestre des Animaux. Il joue à Paris, à la Fondation Cartier jusqu’au 8 janvier 2017. On y vient en famille pour le plus grand bonheur des enfants. Ils prennent le temps de s’asseoir pour regarder de bout en bout, chaque vidéo, chaque spectacle. Ils ne veulent pas en perdre une miette.
Il y a là un hymne à la création, la création du monde, sa beauté inouïe, le respect que nous lui devons, mais aussi à la créativité géniale des scientifiques et des poètes, auteurs de cette exposition. Que penser de ces pièges à photo qu’ils ont disséminés çà et là pour capter des images insolites ?
Dès l’entrée, nous sommes accueillis par une grande fresque murale, un paysage d’animaux qui fait penser irrésistiblement aux peintures rupestres de Lascaux ou de la grotte Chauvet. Ensuite, c’est l’immersion totale dans un monde esthétique, sonore et visuel, dans un monde animal aujourd’hui menacé.
J’ai beaucoup aimé tout ce qui concerne la beauté des oiseaux, leurs vols, les parades nuptiales. J’ai aimé écouter les voix du monde vivant non humain, des voix d’animaux enregistrés. J’ai aimé leur beauté et leur diversité.
Ici, il nous est donné de contempler le monde naturel, le monde à nos yeux caché, ici dévoilé, et alors s’élève en nous un chant d’action de grâce et nous revient la mémoire des psaumes sur la magnificence de la création.
En mai 2016, Alain est parti avec un ami marcher en suivant le chemin de Compostelle associé au pèlerinage qui a fleuri au cours de l’histoire et se poursuit aujourd’hui sous d’autres formes. Il nous fait part de son vécu et de son ressenti en répondant à quelques questions.
Alain, qu’est ce qui t’a poussé à accomplir cette marche ?
« C’est un projet qui était depuis longtemps dans un coin de ma tête. C’est un horizon un peu mythique, n’est ce pas ? Un ami, arrivant à la retraite, voulait marquer par cette marche, son entrée dans un nouveau mode de vie. Sa proposition de l’accompagner a été pour moi l’élément déclencheur ; nous sommes partis ensemble sur le ‘Camino’ ».
Comment cette marche s’est-elle déroulée ?
« De Puy-en-Velay à Pampelune en quatre semaines… Nous sommes partis au printemps, avec le concours d’une très belle nature explosant de vie, de fleurs innombrables.
Par ailleurs, cette marche s’est déroulée en conformité avec mon attente ; aspirant avoir des moments de solitude et bien que partant à deux, j’ai parcouru en solitaire la plupart du chemin ».
Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?
Cela a été pour moi une occasion unique, exceptionnelle de pouvoir vivre une longue période détaché des obligations la vie quotidienne. J’ai pu quitter un certain quotidien pour entrer dans un autre espace de réflexion, de prière, de disponibilité à l’Esprit. Cela a été un temps exceptionnel pour m’ouvrir à une nouvelle configuration propice à la prière et à la réflexion.
Ce qui m’a frappé, c’est qu’au bout d’une semaine, j’ai perçu, presque physiquement, une libération de la fatigue induite par la vie quotidienne ; s’échappait le poids déposé par les préoccupations passées.
Par ailleurs, en partant je m’étais promis de ne surtout pas « perdre » ce temps précieux. Je voulais l’utiliser pour monter comme à l’assaut du Ciel, pour prier, pour louer. Or, au bout de trois semaines, je me suis rendu compte que plutôt que d’aller à l’assaut du Ciel, j’étais appelé à accueillir la présence de Dieu, un Dieu déjà là. Je me suis rendu compte que je n’avais pas à être un virtuose spirituel, mais plutôt à ressentir que Dieu est déjà là et que déjà il m’aime. C’est alors que ma conscience s’est ouverte à des réalités jamais perçues auparavant. Une clairvoyance s’est faîte sur des aspects importants de ma vie. Ainsi, j’ai vécu la quatrième semaine en méditant ce reçu ».
Y a-t-il eu quelques moments marquants pour toi ?
« Se sentir invité dans la « maison nature », rencontrer la beauté et la diversité des fleurs ! J’en retiens une perception accrue de la beauté.
Par ailleurs je me souviens de quelques moments marquants : au matin, traversant un sous bois, j’assiste à un exceptionnel concert d’oiseaux, une véritable explosion de chants accompagnée de centaines d’instruments… J’ai le sentiment d’être invité à communier avec eux dans ce chant de louange.
A une autre moment, alors que je reçois un texto qui m’attriste beaucoup, instantanément un oiseau se met à chanter avec un éclat jusqu’alors jamais entendu, comme s’il me reprenait et me disait avec autorité : Alain, ne te laisse pas abattre, ne te laisse pas aller au découragement, regarde en haut, la Vie est là !
Autant de moments ressentis de façon très intimes et donc très difficiles à transmettre…
Sur le chemin en France, les rencontres de pèlerins étaient peu nombreuses, mais directes, très faciles, sans barrières ; si l’échange ne durait jamais longtemps, une même appartenance se partageait ».
Ce parcours a-t-il été à l’origine de découvertes spirituelles ?
« Dans une chambre d’hôte, j’avais acheté un petit livre rassemblant des textes spirituels ; parmi eux j’ai été très touché par une prière de Charles de Foucault. Elle exprimait un besoin d’absolu dans la relation, un désir d’abandon dans la confiance en Dieu, un appel à se donner, mais aussi à recevoir. Comme pour tellement de pèlerins avant moi, ce chemin offre un espace de rencontre avec soi-même, de révélation de soi et de Dieu.
Même l’ami avec qui j’ai fait ce chemin, bien que n’ayant pas d’attente spirituelle, s’interroge sur sa présence sur ce chemin : « J’aurais pu marcher sur des routes très diverses, mais si j’ai marché sur le chemin de Compostelle, cela doit avoir une signification… ».
« Blueturn » : la terre vue du ciel Selon Jean-Pierre Goux
Nous avons de plus en plus conscience du caractère exceptionnel de cette terre qui accueille notre humanité et qui est maintenant notre « maison commune » (1). Les photos de la terre vue du ciel participent au développement de cette vision. Dans une intervention à la rencontre FED X Vaugirard Road 2016 sur le thème : « Penser l’invisible », Jean-Pierre Goux nous présente un parcours de près de vingt ans dans lequel il a milité pour une meilleure visibilité de ces photos : « Voir la terre comme vous ne l’avez jamais vue » (2). En découvrant combien le regard sur cette planète peut être chargé d’émotion et porter un potentiel de grâce et d’amour, on suit avec passion l’aventure de Jean-Pierre Goux d’autant plus que celui-ci la retrace avec beaucoup d’humour et d’émotion.
Pour commencer, Jean-Pierre Goux nous présente une photo de la terre vue du ciel dans sa globalité. « Vous avez tous vu cette photographie au moins sur la couverture de vos livres d’histoire, et sans doute bien ailleurs, car cette photo est la plus reproduite de toute l’histoire de l’humanité. Pourquoi ? Elle est unique. C’est la seule qu’on ait de la terre toute éclairée ». Ou, du moins, c’est la seule qu’on avait jusqu’à l’année dernière. « En effet, elle a été prise en 1972 par les astronautes de la mission Apollo 17, la dernière des missions Apollo. Dans les missions précédentes, la terre n’était jamais complètement éclairée. Elle s’appelle : « Blue marble ». Donc c’est la première photo qu’on a eu, mais c’est aussi la dernière ».
C’est une photo qui a tout changé, nous dit Jean-Pierre Goux. « Pour la première fois , l’humanité voyait sa maison. Elle découvrait que la terre était ronde. On le savait. On nous l’avait dit. On en qavait la preuve. Cette photo nous a aussi fait comprendre que notre planète était magnifique, mais qu’elle était aussi fragile, perdue dans une identité noire et lugubre. Elle nous adonné envie de la protéger. Cette photo a démarré un mouvement qu’on appelle la conscience planétaire. Elle est intervenue en 1972 quand les problèmes environnementaux devenaient globaux et a contribué au développement du mouvement écologiste. Malheureusement, les effets de cette photo se sont estompés avec les décennies ».
J P Goux nous raconte alors comment il en est venu à s’interroger personnellement sur cette photo. « Mon histoire avec la terre a démarré, il y a une vingtaine d’années, en 1996. Un ami d’école d’ingénieurs, qui faisait un stage à l’aérospatiale, m’offre un livre qui a changé ma vie. Je n’imaginais pas à l’époque qu’il allait m’emmener aussi loin. Ce livre, il s’appelait : « Clairs de terre ». Il a été édité par l’association des « explorateurs de l’espace » (une association des anciens astronautes). En feuilletant ce livre, j’ai vu des photos de la terre vue de l’espace, à couper le souffle. Mais ce qui m’a surtout intrigué, c’étaient les textes qui étaient à côté de ces photos. C’étaient des citations d’astronautes d’une poésie extraordinaire qui semblaient avoir été saisis par la grâce, mais surtout par un amour que je n’avais jamais autant vu pour la terre. Je me suis dit qu’il y avait là quelque chose à exploiter pour changer les choses et rendre le monde meilleur… ». Ainsi, pendant des dizaines et des dizaines de citations, on voit des hommes et des femmes de toutes nationalités manifester un amour incommensurable pour la terre. Quelque chose paraissait les avoir touché. Cet effet a été étudié et porte le nom d’ « overview effect » (3). Il a été montré scientifiquement que l’effet combiné de l’apesanteur, de la peur, du silence, et de l’exposition au grand large de la terre tournant avec un rythme lancinant, crée toutes les conditions pour une expérience mystique, extatique, une expérience qui a marqué à vie ceux qui l’ont vécue. Ces astronautes étaient persuadés que la terre est un être vivant, interconnecté et qu’il fallait absolument le préserver… Le seul problème, c’est qu’il n’y avait que 500 personnes qui avaient vécu cette transformation !!!
A cette époque, Al Gore était vice-président des Etats-Unis, très investi dans l’écologie. En 1998, deux mois après le protocole de Kyoto, et se demandant comment sensibiliser les gens au défi du changement climatique, « Une nuit, inspiré par « Blue marble » et ce que cette photo avait changé quand il était plus jeune, il eut le rêve d’envoyer une sonde dans l’espace pour filmer la terre en temps réel et diffuser les images sur internet pour que les gens voient le visage illuminé de Gaïa ». En réponse, la Nasa s’engagea dans ce projet.
« Le problème, c’est que pour avoir ces images, c’est très compliqué parce que, si vous voulez avoir en temps réel des images de la terre complètement éclairée, il faut être sur l’axe terre-soleil, parce que c’est le seul axe où la terre est complètement éclairée. Si vous êtes trop près du soleil, la force du soleil vous attire. Si vous êtes trop près de la terre, la force de la terre vous attire. En fait, il n’y a qu’un point qui correspond entre les deux, le point de Lagrange L1 où les deux forces s’annulent. Mais il est à 1,5 million kilomètres de la terre. La Nasa a relevé le défi et construit un satellite adéquat. Cependant Al Gore ayant été défait aux élections présidentielles américaines en 2000, le projet fut interrompu par le nouveau pouvoir politique. Jean-Pierre Gout, alors chercheur mathématicien aux Etats-Unis, fut profondément déçu, car il attendait de cette initiative un renouveau de la sensibilisation à la conscience planétaire. Mais il ne perdit pas confiance et continua à suivre les évènements. En 2013, il découvre que l’administration Obama relance le projet sous une autre forme. C’est le projet « Discovr ». L’exécution est confiée à la firme « Space X ». En juin 2015, le satellite atteint sa destination. Et, en septembre 2015, un site web commence à diffuser des photos de la terre au rythme de 10 à 20 photos par jour. Cependant cette performance n’est pas vraiment mise en valeur. « Personne n’a parlé de ces photos. Personne ne les a utilisées. Aucun « overview effect » n’a été déclenché. Un grand désarroi m’a habité. Tout ça pour ça ! ».
Et puis, à nouveau, Jean-Pierre Goux est inspiré. Il prend contact avec un ami, le même qui lui avait passé le livre : « Clairs de Terre ». Cet ami accepte de travailler avec lui, via internet « On a passé des nuits à voir ce qu’on pouvait faire avec ces images , via internet. Un soir : eurêka ! Si on disposait plusieurs images de la terre prises sous différents angles et qu’on les projetait sur une sphère en les interpolant, on devrait pouvoir créer cette fameuse vidéo à laquelle j’aspirais. On y a travaillé plusieurs nuits et, un soir, on a vu la terre tourner pour la première fois devant nos yeux. On était émerveillé ! ».
Les deux chercheurs ont décidé de tester les réactions des gens. Ils ont mis la vidéo sur internet et ils l’ont taggée : la Nasa. « Quelques heures après, on a reçu un mail de la Nasa qui nous félicitait en nous demandant comment on avait réalisé cette vidéo : Quand on a été en contact avec le responsable de la mission « Discovr », cela a été pour nous un des moments les plus forts de notre parcours… ».
Jean Pierre-Goux a réalisé son rêve et nous le communique. « Ce rêve, c’est qu’on s’approprie tous ces images en partageant le sentiment d’un bien collectif qu’on doit protéger. On a créé un projet : « Blueturn » (le tournant bleu) et sur le site : blueturn.earth (4), on peut trouver toutes ces images, toutes ces vidéos. Avec ces images, on espère générer un nouvel enthousiasme autour de cette planète et surtout des projets artistiques, méditatifs et éducatifs inédits. On espère que ces projets pourront plonger chacun de nous dans un « overview effect » et nous amener au prochain niveau de conscience planétaire. Quand les astronautes de la mission Apollo 17 ont pris la photo « Blue marble », ils ne savaient pas ce qui allait se passer. Nous non plus. Ces images sont les vôtres. A vous de jouer ! ». Nous participons à ce mouvement.
(2) « Voir la terre comme vous ne l’avez jamais vue ». Talk de Jean-Pierre Goux au colloque : « Penser l’invisible » organisé par Ted X Vaugirard Road. 13 juillet 2016 https://www.youtube.com/watch?v=Boe8F09OvWI
Nous ne pouvons pas ignorer les messages de plus en plus précis et de plus en plus pressants qui annoncent un bouleversement climatique et la ruine de la biodiversité. Mais que faire ? Refuser d’y penser ou au contraire affronter le défi. Ces dernières années, la prise de conscience a grandi et elle a même débouché sur la réussite d’une grande négociation internationale, la COP 21. Mais des mesures techniques suffisent-elles ? Comme tout se tient, nous sommes également appelés à changer de genre de vie, et pour cela, nous devons modifier notre regard et adopter des comportements nouveaux. Nous avons besoin d’y voir plus clair, de découvrir de nouveaux chemins. Un film vient de sortir et répond à cette question.
« Demain » est un film documentaire français réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent. Devant un futur que les scientifiques annoncent préoccupant, leur film a la particularité de ne pas donner dans la catastrophe » (Wikipedia). En réponse à leurs questions, qui sont aussi les nôtres, les deux jeunes réalisateurs, Cyril et Mélanie, sont partis aux quatre coins de la planète pour trouver les hommes et les femmes qui proposent des solutions à ces problèmes ». Ils ont découvert, et ils nous permettent d découvrir avec aux, qu’un mouvement est déjà en marche pour répondre à ce défi. « Partout, des hommes et des femmes racontent un autre monde qui respecte la nature et les humains, d’autres façons de faire l’agriculture et l’économie, d’autres formes d’éducation et de démocratie… Ces personnes écrivent une nouvelle histoire. Elles nous disent qu’il faut nous bouger maintenant » (1)
Nous voyons ainsi des innovations apparaître et apporter des transformations radicales dans les principaux secteurs de l’activité humaine : l’agriculture, l’énergie, l’économie, la démocratie, l’éducation. Et l’on s’aperçoit qu’un nouvel état d’esprit est en train d’émerger et, qu’en certains lieux, le changement est déjà très avancé.
Cultiver la terre autrement, c’est aussi traduire une attitude nouvelle vis à vis de la nature.
Ainsi, en ville, ressent-on sans doute davantage un manque qui tient à son éloignement. Et la recherche d’un nouveau mode d’accession à la nourriture est une expression de vie. Petite ville anglaise en déshérence dans une région ayant perdu son industrie, Todmorden est devenu le berceau d’une culture de légumes et de fruits au sein même d’une ville. Cette innovation s’est répandue ensuite en Grande-Bretagne et dans le monde. C’est le mouvement des « Incroyables comestibles ». Oui, incroyable, mais vrai !
Et cette vidéo nous présente également les fermes urbaines qui ont commencé à se développer dans la ville américaine de Détroit ruinée par la perte de son industrie automobile. Mais l’apparition des fermes urbaines correspond à un besoin plus général puisque, comme il nous est rappelé, aujourd’hui le phénomène urbain devenant majoritaire, il est bon d’en rapprocher la production de nourriture. Et, en même temps, on prend conscience des dégâts suscités par une agriculture industrielle, grande consommatrice d’énergie et peu protectrice des sols. En fait, elle met à mal les équilibres naturels. Un paradigme opposé est en train de s ‘affirmer : la permaculture qui associe les espèces, régénère les sols et déploie un travail respectueux de la nature. La vidéo nous montre un exemple impressionnant et réjouissant de cette nouvelle forme de culture à la ferme du BecHellouin en Normandie.
On sait aujourd’hui combien la consommation des carburants fossiles dérègle le climat. Ce dérèglement climatique est une grande menace. Or, à nouveau, ce reportage nous apporte une bonne nouvelle. Partout dans le monde, les énergies renouvelables se développent rapidement. Les énergies issues de la biomasse, les dispositifs solaires et éoliens sont aujourd’hui compétitifs. A nouveau, les exemples présentés par cette vidéo de l’Ile de la Réunion à l’Islande sont éloquents. A Copenhague, c’est toute la vile qui se transforme. Car si l’énergie éolienne est une ressource particulièrement efficace au Danemark, dans la ville elle-même, un processus est mis en œuvre pour réduire la consommation d’énergie. Le paysage urbain se modifie en favorisant le développement du vélo et de la marche à pied. La transformation de la vie urbaine apparaît également dans la manière dont la ville de San Francisco parvient à recycler 80% de ses déchets.
A travers ces exemples, on perçoit également l’apparition d’un nouveau genre de vie, plus économe et plus sobre. Et justement, PierreRabhi, paysan philosophe aujourd’hui bien connu, accompagnateur du mouvement Colibris, dénonce l’aberration que représente une croissance économique indéfinie au profit d’une humanité insatiable. Le reportage s’oriente alors vers les prémices d’une nouvelle économie. La vidéo nous présente une entreprise particulièrement innovante à tous égards, et notamment en matière de développement durable : Pocheco. Les réalisateurs mettent également l’accent sur des expériences de monnaie locale qui réduisent l’emprise des banques et encouragent une économie de proximité. Les exemples sont empruntés à la Suisse et à la Grande-Bretagne (Totnes et Bristol).
Mais, les difficultés rencontrées pour développer une nouvelle économie ne tiennent-elles pas, pour une part, à la distance qui s’est installée entre les gouvernants et les gouvernés ? Cette question est abordée, peut-être un peu trop sommairement. Mais, là aussi, des exemples positifs nous sont apportés. C’est l’insurrection non violente des citoyens islandais face à la gestion politique de la banqueroute des banques d’Islande. C’est la république des villages enInde. Ce reportage nous présente l’action concrète d’un maire qui parvient à transformer la vie de sa commune, ce qui implique également un changement dans les mentalités.
Et, bien sûr, cette ®évolution requiert une nouvelle éducation. A cet égard, l’exemple de la Finlande est remarquable. L’enseignement finlandais montre qu’il est possible à la fois d’obtenir d’excellents résultats scolaires dans les classements internationaux et de développer un climat de confiance et de respect qui encourage la réussite de tous les enfants dans la reconnaissance de la diversité de leurs rythmes, de leurs aptitudes et de leurs aspirations. La Finlande met en pratique, à une vaste échelle, ce que les pionniers de l’éducation nouvelle ont expérimenté et formulé.
Le film : « Demain » est en salle depuis le 2 décembre 2015. Et, en quelques mois, il a déjà été vu en France par plus d’un million de spectateurs. C’est dire combien il répond à à un besoin de compréhension et d’action. Et, c’est vrai, face aux menaces, il nous encourage lorsqu’il se conclut sur cette parole : « Si on se rassemble, on a tous le pouvoir de changer le monde ».
Ce film rassemble les pièces d’un puzzle et nous voyons apparaître l’image d’un monde nouveau. Et, il est aussi un fil conducteur. Il nous montre un chemin. On perçoit, dans le déroulement de ce film, un souffle épique. De découverte en découverte, nous éprouvons un sentiment d’émerveillement. Et nous ressentons du bon, du bien et du beau, car ce film ne nous parle pas seulement de découvertes techniques, fondamentalement, il nous montre également une qualité nouvelle de la relation humaine. C’est une émergence. C’est un monde nouveau qui est en train d’apparaître. Et, personnellement, nous voyons, dans cette émergence, l’œuvre de l’Esprit (2).
De nombreux articles parus sur ce blog rejoignent la démarche de ce film (3). Celui-ci est désormais accessible en DVD (4). C’est un bel outil pour encourager la prise de conscience qui est aujourd’hui engagée.
J H
(1) Co-produit par le mouvement Colibris, le film « Demain » a reçu le César du meilleur film documentaire. Voir aussi le livre de Cyril Dion sur le même thème : Demain. Un nouveau monde en marche. Actes Sud, Domaine du possible, 2015. Site du film « Demain ». Bande-annonce : http://www.demain-lefilm.com
(2) « L’ « essence » de la création dans l’Esprit est la « collaboration », et les structures manifestent la présence de l’Esprit, dans la mesure où elles font connaître l’ « accord général ». « Au commencement était la relation » (M Buber) Jürgen Moltmann. Dieu dans la création p 25 Un blog sur la pensée théologique de Moltmann : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com