par jean | Sep 11, 2017 | ARTICLES, Vision et sens |
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Face à nos questions existentielles, une théologie pour la vie en dialogue avec la culture contemporaine
Aujourdâhui, dans la lignĂ©e de ses nombreux ouvrages , le nouveau livre de JĂŒrgen Moltmann publiĂ© par le Conseil ĆcumĂ©nique des Eglises, sâintitule : « The living God and the fullness of life » (Le Dieu vivant et la plĂ©nitude de vie ») (1). Comme le souligne un commentateur, James M Brandt (2), Moltmann poursuit son projet thĂ©ologique : mettre en valeur la rĂ©alitĂ© du Dieu vivant et montrer ce Ă quoi la vie humaine ressemble lorsquâelle prend forme dans une rencontre avec le Dieu dâIsraĂ«l et JĂ©sus-Christ. Brandt rappelle Ă cette occasion la place occupĂ©e par JĂŒrgen Moltmann dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne depuis les annĂ©es 60. « Dans ces annĂ©es lĂ , de pair avec Wolfhart Pannenberg, Moltmann a dĂ©veloppĂ© une thĂ©ologie de lâespĂ©rance en mettant lâeschatologie au centre de la pensĂ©e et de la vie chrĂ©tienne et en participant significativement Ă la construction dâune thĂ©ologie de lâengagement politique, particuliĂšrement la thĂ©ologie de la libĂ©ration. En 1972, son livre : « Dieu crucifié » a fait progresser la thĂ©ologie de la croix dĂ©veloppĂ©e par Luther en affirmant combien la souffrance de Dieu est primordiale pour comprendre qui est Dieu. LâĆuvre de Moltmann sur le Saint Esprit et sur le Dieu trinitaire a Ă©tĂ© une grande contribution au renouveau de la pneumatologie et de la pensĂ©e trinitaire. Un seul de ces apports aurait suffi Ă nous permettre de percevoir Moltmann comme un gĂ©ant de la thĂ©ologie, ajoute Brandt. Toutes ces contributions font peut-ĂȘtre de lui, le thĂ©ologien le plus important de notre Ă©poque ».
Alors que la plupart des ouvrages prĂ©cĂ©dents traitaient dâune grande question thĂ©ologique, « The living God and the fullness of life » est davantage un livre de synthĂšse qui cherche Ă rĂ©pondre aux questions existentielles de lâhomme contemporain Ă partir des acquis dâune recherche fondamentale. Lâauteur sâadresse en premier Ă un public marquĂ© par une culture moderne qui ferait appel à « des concepts humanistes et matĂ©rialistes » de la vie, une culture dans laquelle Dieu serait absent. Cette vie sans transcendance engendre un manque et induit ce que Moltmann appelle une « vie diminuĂ©e ».
Si une forme de christianisme a pu apparaĂźtre comme un renoncement Ă une vie pleinement vĂ©cue dans le monde, Moltmann nous prĂ©sente au contraire un Dieu vivant qui suscite une plĂ©nitude de vie. Dieu nâest pas lointain. Il est prĂ©sent et agissant. « Avec Christ, le Dieu vivant est venu sur cette terre pour que les humains puissent avoir la vie et lâavoir en abondance (Jean 10.10). Moltmann nous propose une spiritualitĂ© dans laquelle « la vie terrestre est sanctifiĂ©e » et qui se fonde sur la rĂ©surrection du Christ. Dans la dynamique de cette rĂ©surrection, « Lâhorizon de lâavenir, aujourdâhui assombri par le terrorisme, la menace nuclĂ©aire et la catastrophe environnementale, peut sâĂ©clairer. Une lumiĂšre nouvelle est projetĂ©e sur le passĂ© et ceux qui sont morts. La vie entre dans le prĂ©sent pour quâon puisse lâaimer et en jouir⊠Ce que je dĂ©sire, Ă©crit Moltmann, câest de prĂ©senter ici une transcendance qui ne supprime, ni nâaliĂšne notre vie prĂ©sente, mais qui libĂšre et donne vie, une transcendance par rapport Ă laquelle nous ne ressentions pas lâenvie de lui tourner le dos, mais qui nous remplisse dâune joie de vivre » (p X-XI).
Ce livre se développe en trois mouvements.
Dans le premier, en introduction, Moltmann dĂ©crit le visage du monde moderne tel quâil est issu de lâĂ©poque des LumiĂšres dans une diversitĂ© de trajectoires selon les histoires nationales. Et il entre en dialogue avec deux penseurs de cette pĂ©riode : Lessing et Feuerbach, critiquant ainsi les racines de lâagnosticisme et de lâathĂ©isme contemporain.
Mais Ă quel Dieu pouvons-nous croire ? La reprĂ©sentation de Dieu telle quâelle ressort de lâexpression des mentalitĂ©s et de la rĂ©flexion des thĂ©ologiens a une influence considĂ©rable sur notre pensĂ©e et sur notre vie. En proclamant un Dieu vivant, le Dieu de lâExode et de la RĂ©surrection, Moltmann rĂ©fute lâimage dâun Dieu lointain, mais nous prĂ©sente au contraire un Dieu qui sâimplique en notre faveur. Dans ce second mouvement, en premiĂšre partie, le livre nous introduit dans la comprĂ©hension de ce que la Bible veut nous dire par lâexpression : « Le Dieu vivant » (« The living God ». Lâauteur se propose de « libĂ©rer le Dieu dâIsraĂ«l et JĂ©sus-Christ de lâemprisonnement des dĂ©finitions mĂ©taphysiques qui sont issues de la philosophie grecque et de la conception religieuse des LumiĂšres » (p XI). Elle interpelle une conception de Dieu immuable, impassible, dominatrice qui fait obstacle Ă un engagement aimant et libĂ©rateur de Dieu dans lâhumanitĂ©.
Dans un troisiĂšme mouvement, en deuxiĂšme partie, le livre porte sur le dĂ©ploiement et lâĂ©panouissement de la vie humaine dans la vie de Dieu. « Mon but est de montrer comment une plĂ©nitude de vie (fullness of life) procĂšde du dĂ©veloppement de la vie humaine dans la joie de Dieu, dans lâamour de Dieu, dans le vaste espace de la libertĂ© de Dieu, dans la spiritualitĂ© des sens et dans une puissance imaginative et crĂ©ative de la pensĂ©e qui traverse les frontiĂšres » (p XI). Les deux-tiers de lâouvrage sont ainsi consacrĂ©s Ă des chapitres qui viennent Ă©clairer notre existence : la vie Ă©ternelle dans la communion avec la vie divine ; celle des vivants et des morts ; la communion de la terre ; la vie dans le grand espace de la joie en Dieu ; la libertĂ© vĂ©cue dans la solidaritĂ©Â ; la libertĂ© vĂ©cue dans une sociĂ©tĂ© ouverte ; la vie aimĂ©e et aimante ; une spiritualitĂ© des sens : espĂ©rer et penser ; la vie, une fĂȘte sans fin. Câest toute la vie humaine qui est concernĂ©e.
Ecrit Ă lâintention dâun vaste public, ce livre nous paraĂźt nĂ©anmoins particuliĂšrement dense, notamment dans son argumentation philosophique. Câest pourquoi dans cette mise en perspective, il est exclu dâen rendre compte dâune façon linĂ©aire et exhaustive. Ainsi faisons-nous le choix de nous centrer sur le chapitre qui ouvre le troisiĂšme mouvement : la vie Ă©ternelle.
La vie Ă©ternelle
La vie Ă©ternelle ne tourne pas le dos Ă la condition terrestre de lâhomme, mais elle lâanime. Elle ne sâadresse pas Ă des individus qui seraient polarisĂ©s sur le salut de leur Ăąme. Elle sâinscrit dans un univers interrelationnel. « LâĂȘtre humain nâest pas un individu, mais un ĂȘtre social⊠Il meurt socialement lorsquâil nâa pas de relations » (3). Ainsi, selon Moltmann, le vie Ă©ternelle sâinscrit dans trois dimensions : « Comme enfants de Dieu, les ĂȘtres humains vivent une vie divine. Comme parents et enfants, ils sâinscrivent dans la sĂ©quence des gĂ©nĂ©rations humaines. Comme crĂ©atures terrestres, ils vivent dans la communautĂ© de la terre » (p 73). DĂšs lors, le chapitre sâarticule en trois parties : « In the fellowship of the divine life » (Dans la communion de la vie divine) ; « In the fellowship of the living and of the dead » (Dans la communion entre les vivants et les morts » ; « In the fellowship of the earth » (Dans la communion avec la terre)
Dans la communion de la vie divine
« On entend dire que la vie sur terre nâest rien quâune vie mortelle et finie. Dire cela, câest accepter la domination de la mort sur la vie humaine. Alors cette vie est bien diminuĂ©e. Dans la communion avec le Dieu vivant, cette vie mortelle et finie, ici et maintenant, est une vie interconnectĂ©e, pĂ©nĂ©trĂ©e par Dieu et ainsi, elle devient immĂ©diatement une vie qui est divine et Ă©ternelle » (p73). « La vie humaine est enveloppĂ©e et acceptĂ©e par le divin et le fini prend part Ă lâinfini. La vie Ă©ternelle est ici et maintenant. Cette vie prĂ©sente, joyeuse et douloureuse, aimĂ©e et souffrante, rĂ©ussie ou non, est vie Ă©ternelle. Dans lâincarnation du Christ, Dieu a acceptĂ© cette vie humaine. Il lâinterpĂ©nĂštre, la rĂ©concilie, la guĂ©rit et la qualifie pour lâimmortalitĂ©. Nous ne vivons pas simplement une vie terrestre, ni seulement une vie humaine, mais nous vivons aussi simultanĂ©ment une vie qui est remplie par Dieu, une vie dans lâabondance (Jean 10.10)⊠Ce nâest pas la foi humaine qui procure la vie Ă©ternelle. La vie Ă©ternelle est donnĂ©e par Dieu et elle est prĂ©sente dans chaque vie humaine, mais câest le croyant qui en a conscience. On la reconnaĂźt objectivement et subjectivement, on lâintĂšgre dans sa vie comme la vĂ©ritĂ©. La foi est une joie vĂ©cue dans la plĂ©nitude divine de cette vie. Cette participation Ă la vie divine prĂ©suppose deux mouvements qui traversent les frontiĂšres : lâincarnation de Dieu dans la vie humaine et la transcendance de cette vie humaine dans la vie divineâŠÂ » (p74).
« La Parole est devenue chair et elle a habitĂ© parmi nousâŠet nous avons contemplĂ© sa gloire » (Jean 1.14). « La Parole a pris notre condition humaine fragile, corruptible, mortelle. Ce qui a Ă©tĂ© pris par Dieu est guĂ©ri de tout ce qui le sĂ©parait de lui. Lâincarnation de Dieu en Christ est un miracle de guĂ©rison de portĂ©e universelle pour lâhumanitĂ© et pas pour lâhumanitĂ© seulement » (p 74). « Lâincarnation a Ă©galement uns signification, une dimension cosmique » (« Jean-Paul II).
Et, par ailleurs, lâEsprit de Dieu est venu rĂ©sider dans lâhumanitĂ©. « Votre corps est le temple du Saint Esprit. Aussi glorifiez Dieu dans votre corps » (1 Corinthiens 6.19-20). Alors, dans les ĂȘtres humains, dans leurs esprits (Rom 8.15), dans leurs cĆurs (Rom 5.5) et mĂȘme dans leurs corps, on trouve la puissance de la vie divine. Dans leur ĂȘtre fini, imparfait et mortel, rĂ©side ce qui est infini, parfait et immortel, ce quâon appelle lâEsprit de Dieu ». « Comme Karl Rahner, nous dit Moltmann, « on peut voir lĂ une « auto-transcendance » de lâexistence humaine, qui est une consĂ©quence de lâauto-immanence de lâEsprit dans lâexistence humaine » ( p 75).
JĂŒrgen Moltmann nous ouvre ainsi un grand horizon : « Nous sommes nĂ©s dans cette vie ouverte et divine. MĂȘme avant notre naissance, le vaste espace de Dieu Ă©tait lĂ pour nous » (p 75) : « Je te connaissais avant de tâavoir formĂ© dans le sein de ta mĂšre » (JĂ©rĂ©mie 1.5). Chaque enfant naĂźt dans un grand oui de Dieu Ă la vie ». Ainsi, dans nos difficultĂ©s, nous pouvons avoir « une ferme assurance au sujet de notre existence, une assurance qui peut rĂ©sister au doute et Ă la dĂ©pression parce quâelle est plus forteâŠ
Nous mourrons dans cette vie ouverte et divine. Pour nous, la mort est la fin de la vie mortelle, mais pour la vie divine dans laquelle nous avons vĂ©cu, aimĂ© et souffert, câest une transition dâune condition mortelle Ă lâimmortalitĂ© et de ce qui est passager Ă ce qui est Ă©ternel » (1 Cor 15. 42-44) (p 76).
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La communion avec les vivants et les morts
Nous prenons davantage conscience aujourdâhui de lâinterrelation qui prĂ©vaut dans tous les domaine. Ainsi « lâĂȘtre humain est un ĂȘtre en relation ». Cette rĂ©alitĂ© se manifeste Ă©galement dans la succession des gĂ©nĂ©rations. « Les ĂȘtres humains participent Ă une communautĂ© des vivants et des morts mĂȘme sâils nâen ont pas toujours conscience ». Ainsi, dans les sociĂ©tĂ©s modernes occidentales, lâindividualisme fait obstacle Ă cette conscience collective. Cela rĂ©duit la conscience de la communion entre les vivants et les morts. A cet Ă©gard, les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, en particulier celles dâExtrĂȘme Orient, ont quelque chose Ă nous rappeler, car elles vivent actuellement cette communion entre les vivants et les morts. Dans le monde moderne occidental, nous avons besoin dâune culture nouvelle du souvenir « de maniĂšre Ă ne pas vivre seulement comme individus pour nous-mĂȘme, mais en vue de regarder au delĂ de nous-mĂȘme ». Câest seulement si nous percevons notre durĂ©e de vie dans le cadre plus vaste de la succession des gĂ©nĂ©rations que nous pouvons entrer « dans la mĂ©moire du passĂ© et dans lâavenir en espĂ©rance de ce qui est Ă venir ».
Pour rĂ©aliser cette communion entre les vivants et les morts, une transcendance de la vie et de la mort est requise⊠La foi chrĂ©tienne envisage cette communion des vivants et des morts dans le Christ qui est mort dans une mort humaine et a Ă©tĂ© ressuscitĂ© dans la vie divine. En consĂ©quence, la communautĂ© chrĂ©tienne est une communautĂ© non seulement des vivants, mais des morts. « Le Christ est mort et ressuscitĂ© pour quâil puisse ĂȘtre le Seigneur Ă la fois des morts et des vivants » Rom 14.9) (p 78). « Depuis quâil est « descendu dans le royaume des morts », comme le dĂ©clare le symbole des apĂŽtres », Christ a brisĂ© la puissance de la mort et il a ramenĂ© les morts dans le partenariat de la vie divine. La barriĂšre de la mort qui sĂ©parait les morts des vivants a Ă©tĂ© brisĂ©e dans la rĂ©surrection du Christ en vie Ă©ternelle. Dans la communautĂ© du Christ, les morts ne sont pas « morts », selon la reprĂ©sentation courante, mais ils sont grandement prĂ©sents (« present in a highly personal sense »).
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Communion avec la terre
TrĂšs tĂŽt, dĂšs les annĂ©es 1980, JĂŒrgen Moltmann sâest engagĂ©e dans une rĂ©flexion thĂ©ologique qui est venu Ă©clairer et accompagner le mouvement Ă©cologique ; Son livre : « Dieu dans la crĂ©ation » (1988) porte en sous-titre : « TraitĂ© Ă©cologique de la crĂ©ation ». Ce que Motmann Ă©crit dans ce chapitre : « In the fellowship of the earth » sâinscrit ici dans une pensĂ©e trĂšs vaste et trĂšs Ă©laborĂ©e.
Moltmann nous rappelle quâau cours des derniers siĂšcles, lâhumanitĂ© a fait preuve dâun esprit dominateur en exploitant la terre jusquâĂ une vĂ©ritable dĂ©vastation. Cette attitude sâest inspirĂ©e, pour une part, dâune comprĂ©hension partiale de la Bible selon laquelle lâĂȘtre humain Ă©tait « la couronne de la crĂ©ation » parce quâil Ă©tait seul Ă avoir Ă©tĂ© crĂ©Ă© Ă lâimage de Dieu, et, par suite, en charge de gouverner la terre (p 81). Cependant, on pourrait dire, Ă lâinverse, que lâĂȘtre humain est une crĂ©ature qui vient en dernier, et que, par suite, lâhumanitĂ© dĂ©pend pour sa vie de tout ce qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par ailleurs.
« Selon le premier rĂ©cit de la crĂ©ation, la terre nâest pas assujettie par lâĂȘtre humain. La terre est un ĂȘtre grand, unique, crĂ©atif qui engendre la vie : plantes, arbres et animaux de toute espĂšce (GenĂšse 1.24).  On ne dit rien de semblable pour dâautres ĂȘtres crĂ©Ă©s, y compris pour lâhomme » (p 81). La terre nâest pas seulement un abri pour les ĂȘtres vivants. Elle les engendre. Ainsi Moltmann en est venu Ă se faire une haute idĂ©e de la terre. « La terre est plus que vivante parce quâelle engendre la vie. Elle est plus quâun organisme parce quâelle produit des organismes. Elle est plus quâintelligente, car elle engendre de lâintelligence. Elle est plus grande que lâhumanitĂ©. Elle survivra Ă lâhumanitĂ©, mĂȘme si celle-ci met fin Ă son existence » (p 82).
Et, sur le plan biblique, dans lâĂ©pisode de NoĂ©, Dieu fait alliance avec la terre. Lâarc en ciel est un signe de cette alliance entre Dieu et la terre (GenĂšse 9.13). Les droits de la terre sont exprimĂ©s dans les rĂšgles du Sabbat. Ainsi la terre a un droit au repos du sabbat pour quâelle puisse rĂ©gĂ©nĂ©rer ses forces vitales. Pour la foi chrĂ©tienne, le salut de la terre vient du Christ cosmique. Dieu a « rĂ©concilié » (Col 1.20) lâunivers en unissant toute chose en Christ : « les choses dans le ciel et les choses sur la terre » (Eph 1.10) . Le Christ ressuscitĂ© a Ă©tĂ© aussi exalté⊠et le Christ exaltĂ© est le Christ cosmique. Il est prĂ©sent en toutes choses. Finalement, il est aussi celui qui vient et qui remplira le ciel et la terre de sa justice » (p 83).
A nouveau, Moltmann critique la religion gnostique qui privilĂ©gie le dĂ©part vers le ciel et dĂ©considĂšre la terre. La participation Ă la vie de la terre conduit au ressenti dâune vie universelle. La nouvelle spiritualitĂ© de la terre Ă©veille une « humilitĂ© cosmique ». Elle suscite Ă©galement un amour cosmique tel que le Staretz Sosima lâexprime dans le roman de Dostoevski : « les frĂšres Karamazov » : « Aime toute la crĂ©ation, lâensemble et chaque petit grain de sable. Aime les animaux, les plantes, chaque petite chose. Si tu aimes chaque petite chose, alors le mystĂšre de Dieu en elle, te sera rĂ©vĂ©lĂ©. Une fois quâil tâest rĂ©vĂ©lĂ©, alors tu le percevras de plus en plus chaque jour. Et Ă la fin, tu aimeras lâunivers entier dâun amour sans limite (« all comprehensive ») ».
Les chapitres qui sâinscrivent dans lâapproche sur la plĂ©nitude de vie (fullness of life) sont particuliĂšrement riches et denses. En effet, sur des thĂšmes majeurs comme la joie, la souffrance, la libertĂ©, la solidaritĂ©, lâamitiĂ©, lâamour, la vie sensorielle, lâespĂ©rance, la fĂȘte et la cĂ©lĂ©bration, ils apportent une rĂ©flexion originale qui, parfois, sur certains points, peut ĂȘtre contestĂ©e, mais Ă©lĂšve toujours notre pensĂ©e dans une expression Ă mĂȘme de susciter la mĂ©ditation et dâĂ©veiller lâĂ©merveillement. Cependant, comme dans ce livre, la pensĂ©e de Moltmann se dĂ©veloppe souvent Ă partir dâun dĂ©bat philosophique, sa lecture requiert un effort particulier de la part de ceux qui ne sont pas habituĂ©s Ă cette approche. De plus, dans un volume limitĂ© en nombre de pages, la briĂšvetĂ© du propos ne rend pas toujours bien compte de la densitĂ© de la pensĂ©e. Ce livre est nĂ©anmoins non seulement important, mais original, car il est Ă©crit Ă lâintention de tous ceux qui vivent aujourdâhui dans la culture occidentale. Il nous aide Ă rĂ©pondre aux objections auxquelles nous sommes confrontĂ©. Et il nous ravit en montrant tout ce que nous pouvons recevoir de la foi chrĂ©tienne pour notre existence. A une Ă©poque marquĂ©e par lâinquiĂ©tude, JĂŒrgen Moltmann nous apporte un message de vie, une vision dâavenir en traduisant Ă©galement cet apport dans ce quâil peut Ă©clairer notre vie concrĂšte.
Ce livre nous invite Ă nous rĂ©fĂ©rer aux autres ouvrages du mĂȘme auteur pour mieux comprendre lâampleur et le sens de sa recherche. En dehors de la suite des ouvrages de fond traduits en français et publiĂ©s aux Ă©ditions du Cerf, nous suggĂ©rons la lecture dâun livre publiĂ© en 2010 dans une traduction en anglais et qui prĂ©sente, en des termes accessibles, les avancĂ©es thĂ©ologiques de Moltmann : « Sun of rigtneousness, arise. Godâs future for humanity and the earth » (4). En français, nous disposons depuis 2012, dâun livre qui, Ă partir dâune approche existentielle, peut Ă©galement nous introduire dans la dĂ©marche de Moltmann. « De commencements en recommencements. Une dynamique dâespĂ©rance » (5). Voici de quoi accompagner ce nouveau livre : « The living God and the fullness of life » qui nous apporte aujourdâhui une rĂ©flexion bienvenue sur les fondements dâune approche chrĂ©tienne dans la culture dâaujourdâhui
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(1)           Moltmann (JĂŒrgen). The living God and the fullness of life. World Council of Churches publications, 2016 Disponible sur Amazon.fr : http://www.amazon.fr/Living-God-Fullness-Life/dp/0664261612/ref=sr_1_1?s=english-books&ie=UTF8&qid=1459608494&sr=1-1&keywords=The+living+God+and+the+fullness+of+life
(2)           Sur le site : Journal of Lutheran Ethics, compte-rendu dĂ©taillĂ© de « The living God and the fullness of life », par James M Brandt, professeur de thĂ©ologie historique Ă la Saint Paul School of Theology. Nous recommandons la lecture de cette remarquable prĂ©sentation. Lâauteur conclut ainsi son analyse : « Perhaps the signal contribution of this book, in an age drawn to spirituality and action but leary of doctrine, is the way it links deep theological reflection with a vibrant vision of life. Life that is given meaning by the joy od Godâpresence in, with, and under the sensual goodness of the world, and community that overcomes barriers and create new relationships in anticipation of Godâs future. In The Living God, there is inspiration aplenty for the thinking and the living » : http://elca.org/jle/articles/1143
(3)           « Dieu vivant, Dieu prĂ©sent, Dieu avec nous dans un monde oĂč tout se tient » : https://vivreetesperer.com/?p=2267
(4)           Moltmann (JĂŒrgen). Sun of righteousness, arise ! Godâs future for humanity and the earth. Fortress Press, 2010
(5)           Moltmann (JĂŒrgen). De commencements en recommencements. Une dynamique dâespĂ©rance. Empreinte Temps prĂ©sent, 2012. PrĂ©sentation sur ce blog : « Une dynamique de vie et dâespĂ©rance » : https://vivreetesperer.com/?p=572
Voir aussi :
« Le Dieu Vivant et la plĂ©nitude de vie. Eclairages apportĂ©s par la pensĂ©e de JĂŒrgen Moltmann » : https://vivreetesperer.com/?p=2413
« Dieu vivant, Dieu prĂ©sent, Dieu avec nous dans un monde oĂč tout se tient » : https://vivreetesperer.com/?p=2267
par jean | Juin 1, 2017 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Société et culture en mouvement |
 La montĂ©e de lâempathie.Â
Empathie est un terme de plus en plus frĂ©quemment employĂ©. Sciences Humaines, dans son numĂ©ro de juin 2017, nous offre un dossier sur lâempathie (1).
« Lâempathie est une notion dĂ©signant la comprĂ©hension des sentiments et des Ă©motions dâun autre individu, voire, dans un sens plus gĂ©nĂ©ral de ses Ă©tats non Ă©motionnels, de ses croyances. En langage courant, ce phĂ©nomĂšne est souvent rendu par lâexpression : « se mettre Ă la place de lâautre ». Cette comprĂ©hension se traduit par un dĂ©centrement, et peut mener Ă des actions liĂ©es Ă la survie du sujet visĂ© par lâempathie. Dans lâĂ©tude des relations interindividuelles, lâempathie est donc diffĂ©rente des notions de sympathie, de compassion, dâaltruisme qui peuvent en rĂ©sulter ». Cette dĂ©finition de Wikipedia (2) converge avec les significations dĂ©gagĂ©es par Sciences Humaines : « Lâempathie cognitives consiste Ă comprendre les pensĂ©es et intentions dâautrui⊠Lâempathie affective est la capacitĂ© de comprendre, non pas les pensĂ©es, mais les Ă©motions dâautruiâŠLâempathie compassionnelle est lâautre nom de la sollicitude. Elle ne consiste pas simplement Ă constater la souffrance ou la joie dâautrui, mais suppose une attitude bienveillante Ă son Ă©gard ». Ainsi, en regard dâun individualisme Ă©gocentrĂ©, lâempathie fonde une relation attentionnĂ©e Ă autrui : « Se mettre Ă la place des autres ». Elle dĂ©bouche sur la sollicitude, sur la bienveillance, sur la sympathie. Câest une capacitĂ© qui nourrit les relations humaines.
La montĂ©e de lâempathie
Pour qui perçoit les expressions de ceux qui sâintĂ©ressent Ă la vie humaine et Ă sa signification, Ă la fois sur le Web et dans la littĂ©rature courante, il apparaĂźt que le terme : empathie est de plus en plus employĂ©. Et on observe la mĂȘme Ă©volution positive pour un terme comme : bienveillance. On ressent lĂ un changement dâattitude, une Ă©volution dans les reprĂ©sentations comme si un nouveau paradigme Ă©mergeait peu Ă peu dans la vie sociale. A une Ă©poque troublĂ©e comme la notre, oĂč les menaces abondent, oĂč la violence sâexprime de diverses maniĂšres, notamment sur le Web, nây aurait-il pas lĂ une tendance Ă long terme qui soit pour nous une source dâencouragement et dâespoir. Dans ce dossier de Sciences Humaines, un article introductif de Jean-François Dortier : « Empathie et bienveillance, rĂ©volution ou effet de mode ? », nous aide Ă y voir plus clair (3).
« Comment un mot quasi inconnu, il y a un demi-siĂšcle, a pris autant dâimportance en si peu de temps ? Ce succĂšs du mot en dit long tant sur la façon de penser les rapports humains que sur nos attentes dans ce domaine ». Jean-François Dortier nous prĂ©sente ainsi un graphique trĂšs Ă©vocateur sur lâusage du mot « empathie » dans les livres de langue française de 1950 Ă aujourdâhui. En lente progression durant les dĂ©cennies 1960, 1970 et 1980, lâusage grimpe en flĂšche dans les dĂ©cennies 1990 et 2000.
De fait, cette progression est dâautant plus puissante que la recherche sur ce thĂšme et lâintĂ©rĂȘt quâil Ă©veille, sâexerce dans une grande variĂ©tĂ© de champs. « Dans le monde animal, lâĂ©thologue Franz de Waal se taille de beaux succĂšs avec ses ouvrages sur lâempathie chez les primates⊠Dans le rĂšgne animal, la solidaritĂ© est omniprĂ©sente⊠Chez le petit humain, lâempathie joue un rĂŽle fondamental dĂšs la naissanceâŠÂ ». Et cette disposition est nĂ©cessaire dans tout le processus dâĂ©ducation. Mais, plus gĂ©nĂ©ralement, « lâempathie est devenue un enjeu humain majeur pour comprendre les humains et construire le « vivre ensemble ». Au travail, Ă lâĂ©cole, Ă lâhĂŽpital, et mĂȘme en politique (4), lâempathie et son corollaire la bienveillance sont sollicitĂ©es pour rendre les collectifs humains plus viables ». Il peut y avoir des difficultĂ©s et des oppositions, mais progressivement secteur aprĂšs secteur, la bienveillance gagne du terrain. Ainsi, Ă la fin du XXĂš siĂšcle, elle sâimpose dans la thĂ©orie et la pratique du « care ». Elle va de pair avec lâapparition de la « communication non violente » et lâessor de la psychologie positive au dĂ©but du XXIĂš siĂšcle. Et comme en traite deux articles dans ce dossier, elle inspire de plus en plus lâĂ©ducation et pĂ©nĂštre dans la gestion des entreprises. A cet Ă©gard, nous avons rendu compte sur ce blog du livre phare de Jacques Lecomte : « Les entreprises humanistes. Comment elles vont changer le monde » (5). Par ailleurs, la progression de lâempathie dans les mentalitĂ©s se rĂ©alise Ă lâĂ©chelle internationale comme le montre lâĂ©conomiste et philosophe amĂ©ricain, JĂ©rĂ©mie Rifkin, dans un livre de synthĂšse : « The empathic civilization. The rise to global consciousness in a world in crisis » (2009) traduit en français sous le titre : Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de lâempathie » (6).
Un changement de regard
Face Ă une vision pessimiste de lâhomme qui enferme celui-ci dans le mal et la violence, une vision qui remonte loin dans le temps et sâest appuyĂ©e sur des conceptions religieuses et philosophiques (7),
Ă lâencontre, un puissant mouvement est apparu et met lâaccent sur la positivitĂ©. Il se manifeste Ă la fois dans les idĂ©es et dans les pratiques. En fĂ©vrier 2011, dĂ©jĂ , Sciences Humaines avait publiĂ© un dossier : « Retour de la solidaritĂ©Â : empathie, altruisme, entraide » (8). Et Martine Fournier, coordinatrice de ce dossier, pouvait Ă©crire : « Lâempathie et la solidaritĂ© seraient-elles devenues un paradigme dominant qui traverse les reprĂ©sentations collectives ? De lâindividualisme et du libĂ©ralisme triomphant passerait-on Ă une vision portant sur lâattention aux autres ? Le basculement sâobserve aussi bien dans le domaine des sciences humaines et sociales quâĂ celles de la nature. Ainsi, alors que la thĂ©orie de lâĂ©volution Ă©tait massivement ancrĂ©e dans un paradigme darwinien « individualiste » centrĂ© sur la notion de compĂ©tition et de gĂȘne Ă©goĂŻste, depuis quelques annĂ©es un nouvel usage de la nature sâimpose. La prise en compte des phĂ©nomĂšnes de mutualisme, symbiose et coĂ©volution entre organismes tend Ă montrer que lâentraide et la coopĂ©ration seraient des conditions favorables de survie et dâĂ©volution des espĂšces vivantes Ă toutes les Ă©tapes de la vie ».
Il y a lĂ un changement de regard. Les dĂ©couvertes elles-mĂȘmes dĂ©pendent pour une part des questions posĂ©es, câest Ă dire dâune nouvelle orientation dâesprit. Une transformation profonde de la maniĂšre de penser et de sentir est en cours. Cette transformation porte une signification spirituelle. Elle rompt avec des reprĂ©sentations anciennes. Elle sâinscrit dans un contexte dâuniversalisation oĂč diffĂ©rentes traditions viennent apporter leur contribution. Pour notre part, nous nous rĂ©fĂ©rons Ă la « parabole du bon samaritain » rapportĂ©e dans lâEvangile de Luc (10.29-37). Lâempathie compassionnelle sây manifeste puissamment. « Un homme descendait de JĂ©rusalem Ă JĂ©richo. Il tomba au milieu des brigands qui le dĂ©pouillĂšrent, le chargĂšrent de coups et sâen allĂšrent, le laissant Ă demi mortâŠÂ » Passent deux religieux sans lui prĂȘter attention. « Mais un samaritain qui voyageait, Ă©tant venu lĂ , fut Ă©mu de compassion lorsquâil le vit⊠Il prit soin de lui ». Dans un livre sur la philosophie de lâhistoire : « Darwin, Bonaparte et le Samaritain », Michel Serres voit notre humanitĂ© en train de sortir dâun Ă©tat de violence et de guerre dans lequel elle a Ă©tĂ© enfermĂ©e pendant des millĂ©naires. Et si la paix commence Ă apparaĂźtre, Michel Serres voit dans la figure du Samaritain lâemblĂšme de lâentraide et de la bienveillance. Cette parole de JĂ©sus a grandi et portĂ© des fruits.
Empathie, bienveillance : lâaudience de ces notions est-elle un effet de mode ou une rĂ©volution ? Sâinterroge Jean-François Dortier dans le titre de son article en introduction du rĂ©cent dossier de Sciences Humaines. Dans les tempĂȘtes de lâactualitĂ©, on perçoit et on dĂ©plore des pulsions de violence et dâagressivitĂ©. Mais, par delĂ , Ă une autre Ă©chelle de temps, on peut apercevoir un autre mouvement. Le montĂ©e de lâempathie et de la bienveillance nous parait plus quâun effet de mode.  Lorsquâon mesure lâampleur et la pĂ©nĂ©tration de ce mouvement, on peut y voir une Ă©volution en cours des mentalitĂ©s.
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(1)           Dossier : Les pouvoirs de lâempathie, p 24-45. Sciences Humaines, juin 2017
(2)           Empathie : Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Empathie
(3)           Jean-François Dortier. Empathie et bienveillance. Révolution ou effet de mode ? Sciences Humaines, juin 2017, p 26-31
(4)           Pour la premiĂšre fois Ă notre connaissance, la bienveillance est apparue en politique. Ce fut dans la campagne prĂ©sidentielle en marche dâEmmanuel Macron. Edouard TĂ©treau nous fait part de cette rĂ©alitĂ© dans un article des Echos : « Les leçons de la start Up Macron » (15 mai 2017) : « Leçon numĂ©ro 3 : cette rĂ©ussite tient aussi – surtout ? – Ă un mot et une rĂ©alitĂ© bien rarement vue et entendue dans ma gĂ©nĂ©ration et les prĂ©cĂ©dentes, dans le monde du travail en France. Ce mot et cette rĂ©alitĂ© s’appellent la bienveillance. En jetant les bases de son mouvement et de son pari, Emmanuel Macron a exigĂ©, et obtenu, de ses plus proches collaborateurs, cette qualitĂ©-lĂ . La bienveillance entre eux, et vers l’extĂ©rieur. Les cyniques du XXĂšme siĂšcle, ceux qui n’ont rien compris au film de ces derniĂšres semaines, doivent s’esclaffer Ă l’Ă©vocation de ce mot, signifiant le « sentiment par lequel on veut du bien Ă quelqu’un ». La bienveillance n’est pas la faiblesse, ou la gentillesse façon Bisounours. Elle est l’apanage des forts, qui choisissent de mettre de cĂŽtĂ© leurs petits intĂ©rĂȘts privĂ©s pour se mettre au service de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Les mĂ©diocres ne pouvant s’occuper que d’eux-mĂȘmes ».
(5)           Jacques Lecomte. Les entreprises humanistes. Les ArÚnes, 2016. Mise en perspective sur ce blog : « Vers un nouveau climat de travail dans une entreprise humaniste et conviviale » : https://vivreetesperer.com/?p=2318
(6)           JĂ©rĂ©mie Rifkin. Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de lâempathie. Les Liens qui LibĂšrent, 2011. Mise en perspective sur le site de TĂ©moins : « A propos du livre de JĂ©rĂ©mie Rifkin » : http://www.temoins.com/vers-une-civilisation-de-lempathie-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkinapports-questionnements-et-enjeux/
(7)           Ce regard nĂ©gatif sur lâhomme a Ă©tĂ© liĂ© Ă une conception Ă©crasante du pĂ©chĂ© originel. Voir Ă ce sujet : Lytta Basset. Oser la bienveillance. Albin Michel, 2014 Voir sur ce blog : https://vivreetesperer.com/?p=1842 Un autre facteur a Ă©tĂ© le Darwinisme social associĂ© Ă une conception matĂ©rialiste. Voir le chapitre : « The theory of evolution and christian theology : from « the war of nature » to natural cooperation and from « the struggle for existence » to mutual recognition » p 209-223, dans : JĂŒrgen Moltmann. Sun of righteousness, arise ! Godâs future for humanity and the Earth. Fortress Press, 2010
(8)           Le retour de la solidarité. Dossier animé par Martine Fournier. Sciences humaines, février 2011. Mise en perspective sur ce blog : « Quel regard sur la société et sur le monde ? » : https://vivreetesperer.com/?p=191
(9)           Michel Serres. Darwin, Bonaparte et le samaritain. Une philosophie de lâhistoire. Le pommier, 2016. Sur ce blog, mise en perspective : « Au sortir de massacres sĂ©culaires, vers un Ăąge doux portant la vie contre la mort » : https://vivreetesperer.com/?p=2479
Voir aussi :
« Pour un processus de dialogue en collectivité » : https://vivreetesperer.com/?p=2631
« Branché sur le beau, le bien, le bon » :
https://vivreetesperer.com/?p=2617
« Comment la bienveillance peut transformer nos relations :
https://vivreetesperer.com/?p=2400
par jean | Déc 10, 2013 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Hstoires et projets de vie |
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« The boy who harnessed the wind ».
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        Dans notre monde oĂč violences, dĂ©chirements et souffrances ne sont que trop visibles, il y a aussi un mouvement vers la paix, la libertĂ©, la solidaritĂ© qui conforte notre espĂ©rance. Et, en regard de tout ce qui porte atteinte Ă la vie, il y a une multitude de gestes et de comportements qui nous parlent de bontĂ©, de gĂ©nĂ©rositĂ©, de crĂ©ativitĂ©.
Les Ă©chos qui nous en parviennent touchent notre cĆur et suscitent en nous enthousiasme et Ă©merveillement.
        Aujourdâhui, lâinformation circule Ă travers le monde et nous dĂ©couvrons des merveilles sur le web. Et, ainsi, nous pouvons partager aujourdâhui lâhistoire de William Kamkwanba, un jeune africain du Malawi, qui, Ă quatorze ans, dans un environnement particuliĂšrement dĂ©muni, a construit par lui-mĂȘme, une Ă©olienne dans un petit village Ă©loignĂ©.
         Il Ă©tait une foisâŠÂ un jeune garçon qui avait commencĂ© Ă aller Ă lâĂ©cole et qui, Ă la suite dâune grande sĂ©cheresse et famine, qui, en 2002, avait ravagĂ© son village et ruinĂ© sa famille, nâa pu poursuivre des Ă©tudes faute de pouvoir payer les droits de scolaritĂ© correspondant. A lâĂ©cole, William avait commencĂ© Ă aimer les sciences. Alors, dĂ©sormais en dehors de toute scolaritĂ©, il sâest rendu Ă la bibliothĂšque publique dâune ville voisine pour y emprunter des livres de physique, et, tout particuliĂšrement un livre qui va lâaccompagner dans sa dĂ©marche : « Using energy ».
        A partir de cet ouvrage, mais en devant supplĂ©er aux lacunes de celui-ci quant au comment faire, William va sâengager Ă 14 ans dans la construction dâune Ă©olienne. Car, nous dit-il, dans la vidĂ©o (1) qui raconte son histoire, « il y assez de vent au Malawi ». Tout seul, malgrĂ© les incomprĂ©hensions et les moqueries, Ă partir de matĂ©riaux issus de rebuts, il parvient Ă construire une Ă©olienne rudimentaire, mais efficace. Dans ce village dĂ©muni, quelque part lâĂ©lectricitĂ© apparaĂźt. Et nous participons Ă la joie de William lorsquâil parvient grĂące Ă cette Ă©lectricitĂ© Ă Ă©couter de la musique reggae en provenance dâune radio du Malawi. Et, pour la ferme, il rĂ©alise une seconde Ă©olienne permettant de pomper lâeau.
        DĂ©sormais, William nâest plus confrontĂ© aux moqueries. Et lorsquâil va rapporter les livres empruntĂ©s Ă la bibliothĂšque, il peut rĂ©pondre Ă la question du bibliothĂ©caire : « Vous avez construit une Ă©olienne en utilisant le savoir qui est dans ce livre ? Et je rĂ©pondis : « oui ». Lâhistoire se rĂ©pand dans le pays. A la fin de lâannĂ©e 2006, la presse en parle. En dĂ©cembre 2007, ce jeune garçon crĂ©atif est invitĂ© pendant trois semaines aux Etats-Unis, un pays qui sait encourager les talents dans le monde. En 2009, il est invitĂ© au forum Ted. Ce tĂ©moignage est prĂ©sentĂ© sur une autre vidĂ©o (2) et se termine par une expression de confiance : « Dieu bĂ©nit. Nâabandonnez pas ! ». William Kamkwanba va pouvoir poursuivre des Ă©tudes. Et grĂące Ă lui, son village aujourdâhui dispose de lâĂ©lectricitĂ©. VoilĂ qui change la vie de sa famille et de toutes les familles de ce village⊠En 2013, un livre racontant cette histoire vient dâĂȘtre publiĂ©Â : « The boy who harnessed the wind » (Le garçon qui a domptĂ© le vent » (3). William se consacre aujourdâhui Ă la construction dâĂ©oliennes pour mettre lâĂ©lectricitĂ© Ă la disposition de ses concitoyens, et, par lĂ mĂȘme aussi lâaccĂšs Ă internet.
        Lâexemple de William nâest pas isolĂ©. On trouve sur le web des vidĂ©os qui tĂ©moignent de la crĂ©ativitĂ© dâautres jeunes africains (4). Il y a dans les pays du sud, en phase avec une capacitĂ© de communion spirituelle, un Ă©lan de vie qui se traduit de multiples façons : dans la maniĂšre dont les enfants surmontent les obstacles pour se rendre Ă lâĂ©cole (5), dans la lecture partagĂ©e des albums et des livres (6), dans un engagement musical (7). Et, aux cotĂ©s de ces enfants, de ces jeunes, il y a des adultes qui les accompagnent, car il nây a pas plus belle tĂąche. Bien sĂ»r, nous entendons lĂ un appel universel et lĂ oĂč cela est nĂ©cessaire, dĂ©passons les encombrements, les rigiditĂ©s, les surditĂ©s. Aujourdâhui comme hier, il y a une ouverture vers lâavenir. Il Ă©tait une foisâŠ
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(1)           La vidéo sur You Tube : African genius : 14 years old self-taught engineer makes electricity for village : http://www.youtube.com/watch?v=rruNxURlWCY
(2)           William Kamkwamba. « How I harnessed the wind » (Ted talks, 2009) : http://www.youtube.com/watch?v=6QkNxt7MpWM
(3)           William Kamkwamba prĂ©sente son Ćuvre sur un site personnel : http://www.williamkamkwamba.com/ On trouvera sur ce site les coordonnĂ©es de son livre : The boy who harnessed the wind by William Kamkwamba and Bryan Mealer (2013).
(4)           AgĂ© de 15 ans, un jeune de Sierra Leone, Kelvin Doe, sâest formĂ© par lui mĂȘme et est devenu un brillant inventeur, fabriquant des batteries, des gĂ©nĂ©rateurs et des transmetteurs Ă partir de rebuts et crĂ©ant sa propre station de radio. Il a Ă©tĂ© invitĂ© au MIT aux Etats-Unis.. Voir la vidĂ©o : http://www.youtube.com/watch?v=XOLOLrUBRBY
(5)           Sur ce blog : prĂ©sentation du film : « Sur le chemin de lâĂ©cole » : https://vivreetesperer.com/?p=1556
(6)           Sur ce blog, prĂ©sentation du livre « Laissez les lire » dans lequel GeneviĂšve Patte prĂ©sente son itinĂ©raire de bibliothĂ©caire pour enfants, trĂšs en phase avec les expĂ©riences de lecture dans les pays dâAmĂ©rique Latine : https://vivreetesperer.com/?p=1556
(7)            Sur ce blog : « De la décharge publique à la musique » https://vivreetesperer.com/?p=1603
Sur le dĂ©veloppement en Afrique, sur le site de TĂ©moins, on pourra lire : Promesses dâavenir pour lâAfrique : un nouveau regard : http://www.temoins.com/societe/promesse-d-avenir-pour-l-afrique.-un-nouveau-regard.html
par jean | Juil 23, 2015 | ARTICLES, Beauté et émerveillement |
 Galerie de CaptPiper sur Flickr
Il y a quelques annĂ©es, dĂ©couvrant avec Ă©merveillement les galeries photographiques prĂ©sentĂ©es par Flickr, jâai ressenti un grand attrait pour le site de CaptPiper (1). Il nây a rien lĂ de spectaculaire, mais les paysages de la campagne du Wisconsin (USA), nous apparaissent, Ă travers le regard de la photographe, Julie Falk, comme porteur dâune douce harmonie. La beautĂ© se rĂ©vĂšle dans la montĂ©e de la lumiĂšre Ă travers la brume matinale, les rayons de soleil qui illuminent les frondaisons, les petites routes oĂč la pĂ©nombre dĂ©bouche sur la clartĂ©, le ballet des fleurs, des papillons et des toiles dâaraignĂ©e.
Julie Falk a rĂ©alisĂ© des posters oĂč sâallient une photo et une citation. Des citations qui viennent Ă©clairer cette dĂ©couverte de la nature. « Il y a deux maniĂšres de vivre : Lâune, câest de faire comme si il nây avait pas de miracle ; lâautre est de faire comme si chaque chose Ă©tait un miracle » (Albert Einstein). Ainsi, « Dans le juste ton, dans la juste lumiĂšre, chaque chose est extraordinaire » (Aaron Rose).
Julie Falk a commencĂ© cette galerie en 2004 et celle-ci comprend maintenant 5000 photos. Professeur dâanglais, elle nous dĂ©crit son existence familiale et elle ajoute une note personnelle sur le fondement de son existence : « Une relation avec JĂ©sus constitue le socle de ma vie ». En plus de sa galerie, Julie Falk
anime un site oĂč elle nous fait part des Ă©vĂ©nements de son existence : « Framework of the heart » (2) .
En 2008, nous avons prĂ©sentĂ© la galerie de CaptPiper sur le site de TĂ©moins. Et, en 2011, sur ce blog , nous nous sommes inspirĂ© de ce site pour une mĂ©ditation sur « la lumiĂšre du matin »  (3). Câest donc une nouvelle visite ! Lâauteure a choisi dâouvrir ses photos au partage Ă travers son adhĂ©sion à « Creative commons », ainsi avons pu prĂ©senter quelques unes dâentre elles dans une galerie de TĂ©moins (4). Et nous avons fait usage de lâune dâelle comme emblĂšme de ce blog : une photo que Julie Falk met en scĂšne Ă©galement dans un de ses posters avec une citation dâEsaĂŻe (60.1) : « LĂšve-toi, resplendis ,car voici lumiĂšre, car sur toi, sâest levĂ©e la gloire du Seigneur » (« Arise. Shine. For your light has come and the glory of the Lord has risen upon you »).
De ces paysages qui, Ă travers leurs prĂšs, leurs bois, leurs chemins et leurs petites routes, nous paraissent proches de nos campagnes françaises, est issue une grande variĂ©tĂ© de photos oĂč la nature apparaĂźt au fil des saisons dans tous ses coloris. Mais parmi les photos les plus Ă©vocatrices, il y a bien celles oĂč la lumiĂšre transparaĂźt et resplendit dans la douceur du matin et la paix dâune petite route ombragĂ©e. Ce sont des images qui viennent nous accompagner cet Ă©tĂ©.
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(1)           Site CaptPiper sur Flickr : https://www.flickr.com/photos/piper/sets/
(2)           Site de Julie Falk : «Framework of the heart » : http://falkspot.blogspot.fr
(3)           Sur le site de Témoins : « Les photos de CaptPiper : un univers poétique et spirituel » : http://www.temoins.com/ressourcement/vie-et-spiritualite/ressourcement/les-photos-de-captpiperun-univers-poetique-et-spirituel  Voir aussi sur ce blog : « La lumiÚre du matin » : https://vivreetesperer.com/?p=79
(4)           Galerie : LumiÚre : http://www.temoins.com/culture-et-societe/galleries/category/5-lumiere
Voir tout particuliÚrement les albums : « One morning in July » : https://www.flickr.com/photos/piper/sets/72157594199818499
« Misty morning in August » : https://www.flickr.com/photos/piper/sets/731651
« Country scenics » : https://www.flickr.com/photos/piper/sets/14419
par jean | Juil 20, 2019 | ARTICLES, Expérience de vie et relation, Vision et sens |
De plus en plus, quelque soient les tempĂȘtes, nous percevons un mouvement dâunification dans le monde dâaujourdâhui (1) et, en abaissant les barriĂšres entre les disciplines acadĂ©mique, ce mouvement affecte Ă©galement notre usage du savoir (2). De plus en plus, lâĂȘtre humain est envisagĂ© dans une perspective globale, holistique. Le corps et lâesprit communique et interfĂšre rĂ©ciproquement comme le montre Denis Janssen dans son livre : « la guĂ©rison intĂ©rieure » (3). Dans le mĂȘme mouvement, la mĂ©decine est appelĂ©e Ă reconnaĂźtre les interrelations entre les diffĂ©rents composants, les diffĂ©rents niveaux du corps et Ă sâengager dans une perspective intĂ©grative (4). La spiritualitĂ© est, elle aussi, concernĂ©e au premier chef. On a pu la dĂ©finir rĂ©cemment comme une « conscience relationnelle », comme une relation avec soi-mĂȘme, avec les autres, avec la nature et avec Dieu (5). La focalisation sur lâĂąme se dĂ©tournant du corps, la mĂ©connaissance de celui-ci, sont en train de sâĂ©loigner. Tout est perçu en terme de relation. Comme le souligne JĂŒrgen Moltmann dans sa thĂ©ologie trinitaire, Dieu lui-mĂȘme est communion dâamour, un amour qui se rĂ©pand (6). La prĂ©sence de Dieu se manifeste (7).
Cependant, dans ce monde en mutation, nous vivons en tension. Les reprĂ©sentations du passĂ© sont encore lĂ et font souvent barrage. Des attractions nouvelles nous bousculent parfois et nous dispersent. Les vicissitudes de la vie, les menaces concernant la santĂ© sont toujours lĂ avec les inquiĂ©tudes quâelles gĂ©nĂšrent. Nous avons toujours, et mĂȘme de plus en plus, besoin de vivre en relation avec une prĂ©sence, la PrĂ©sence divine, source de confiance et de vie. Ainsi, ce texte dâOdile Hassenforder : « Vers une personnalitĂ© unifiĂ©e », Ă©crit, il y a une dizaine dâannĂ©es, nous paraĂźt toujours innovant. Il vient nous Ă©clairer dans nos cheminements de vie. Câest un texte de rĂ©flexion qui a demandĂ© Ă Odile un effort de synthĂšse. Et câest aussi un tĂ©moignage, car Odile a Ă©crit ce texte tout en Ă©tant confrontĂ©e Ă une dure maladie. Aussi bien, nous savons quâĂ lâĂ©poque, elle en avait parlĂ© Ă son mĂ©decin, pour elle, un ami.
Ce texte est paru en 2006 sur le site de lâassociation Ă laquelle Odile participait activement : TĂ©moins (8). Il a Ă©tĂ© ensuite publiĂ© dans le livre : « Sa prĂ©sence dans ma vie » (9). Ici, Odile exprime une vision globale dâun ĂȘtre humain en marche vers une personnalitĂ© unifiĂ©e, dans une perspective de plĂ©nitude (en anglais : wholeness) (11) , en Christ ressuscitĂ©, promise et offerte par Dieu.
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- Une prise de conscience de la globalisation qui remonte à la conception de la « NoosphÚre » selon Teilhard de Chardin : https://fr.wikipedia.org/wiki/NoosphÚre
- Michel Serres. Petite Poucette. Une nouvelle maniĂšre dâĂȘtre et de connaĂźtre. Vers un nouvel usage et un nouveau visage du savoir : https://vivreetesperer.com/une-nouvelle-maniere-detre-et-de-connaitre-3-vers-un-nouvel-usage-et-un-nouveau-visage-du-savoir/
- Vers une nouvelle mĂ©decine du corps et de lâesprit : https://www.temoins.com/vers-une-nouvelle-medecine-du-corps-et-de-lesprit/
- MĂ©decine dâavenir. MĂ©decine dâespoir : https://vivreetesperer.com/medecine-dâavenir-medecine-dâespoir/
- La vie spirituelle comme une « conscience relationnelle ». la recherche de David Hay sur la spiritualitĂ© dâaujourdâhui : https://www.temoins.com/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/
- Dieu, communion dâamour : https://www.temoins.com/la-vie-spirituelle-comme-une-l-conscience-relationnelle-r/
- JĂŒrgen Moltmann. ReconnaĂźtre la prĂ©sence de Dieu Ă travers lâexpĂ©rience : https://vivreetesperer.com/reconnaitre-la-presence-de-dieu-a-travers-lexperience/ Richard Rohr. La danse divine (The divine dance) : https://vivreetesperer.com/la-danse-divine-the-divine-dance-par-richard-rohr/  Une nouvelle maniĂšre de croire (Diana Butler Bass) : https://vivreetesperer.com/la-danse-divine-the-divine-dance-par-richard-rohr/
- Sur le site de Témoins : Vers une personnalité unifiée : https://www.temoins.com/vers-une-personnalite-unifiee/
- Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Parcours spirituel. Empreinte, 2011 (p 207-211) Voir sur ce blog : Odile Hassenforder. Sa présence dans ma vie. Un témoignage vivant : https://vivreetesperer.com/odile-hassenforder-sa-presence-dans-ma-vie-un-temoignage-vivant/
Vers une personnalité unifiée
Les besoins, Ă diffĂ©rents niveaux, sont si nombreux que les multiples facettes de la relation dâaide sont toutes utiles. Pour ma part, depuis une trentaine dâannĂ©es, jâai fait bien du chemin. Dans les milieux charismatiques ou Ă©vangĂ©liques, jâai vu les merveilles de lâamour de Dieu, des miracles. Jâai aussi constatĂ© quâaprĂšs amĂ©lioration, certaines personnes retombaient dans les mĂȘmes orniĂšres, malgrĂ© leur confiance en Dieu. Assistante sociale de profession, jâĂ©tais habituĂ©e Ă lâĂ©coute et Ă la recherche de solutions, sociales bien sĂ»r, mais aussi psychologiques.
DĂ©couvertes psychologiques.
Peu Ă peu, tout en mâimprĂ©gnant de la Parole de Dieu, jâai cherchĂ© Ă approfondir mes connaissances psychologiques en suivant diverses formations, en lisant des livres spĂ©cialisĂ©s ou en consultant des personnes compĂ©tentes. Jâen ai tirĂ© une importante leçon de vie. Quelle grande espĂ©rance de savoir que la dĂ©couverte des racines de ses dysfonctionnements permet de reconstruire sa personnalitĂ© selon ses dĂ©sirs profonds. De mĂȘme, quelle libĂ©ration de pouvoir mettre Ă jour ses projections ou les dĂ©viations dâune mentalitĂ© parfois marquĂ©es par un hĂ©ritage ancestral⊠qui dĂ©forment la rĂ©alitĂ©, court-circuitent la communication et faussent la relation. Et, parallĂšlement, lâintroduction de nouvelles reprĂ©sentations suscite un meilleur Ă©quilibre. Câest toujours une joie profonde de voir une personne prendre peu Ă peu sa vie en main.
Une approche du corps.
Observant lâinfluence du psychisme sur le corps, je me suis attachĂ©e, ces derniers temps, Ă creuser davantage mes connaissances physiologiques. Ainsi jâai dĂ©couvert que la maladie pouvait ĂȘtre une interpellation positive lorsquâelle nous permettait dâaller plus loin dans la comprĂ©hension des racines de notre mal-ĂȘtre. DĂ©couvrir les causes permet de mieux remĂ©dier au mal. Le corps est heureusement dotĂ©Â de capacitĂ©s de rĂ©gĂ©nĂ©ration et de mĂ©canismes dâauto-dĂ©fense. Cependant, ces phĂ©nomĂšnes peuvent cĂ©der face Ă de trop fortes agressions. La mĂ©decine globale, telle quâelle se dĂ©veloppe actuellement, cherche Ă remettre en ordre lâĂ©quilibre gĂ©nĂ©ral: les circuits qui relient les diffĂ©rents organes Ă lâimage de vases communicants. Tout se tient. Il y a un lien entre les glandes endocrines , les hormones, les rĂ©seaux nerveux, le flux sanguin et mĂȘme les ondes Ă©nergĂ©tiques⊠La guĂ©rison devient alors la remise en ordre de lâharmonie corporelle. Le traitement mĂ©dical intervient comme un soutien positif pour remĂ©dier aux dysfonctionnements. Il ne sâagit plus de supprimer simplement les symptĂŽmes, mais de les considĂ©rer comme des panneaux de signalisation. Je loue le CrĂ©ateur pour cette merveille quâest notre corps dans sa complexitĂ© et dans ses potentialitĂ©s (Ps .139).
La Vie circule.
Aujourdâhui, en essayant de faire une synthĂšse de mes dĂ©couvertes, je rĂ©alise combien il y a interrelation entre les diffĂ©rents registres de notre ĂȘtre , du physique au spirituel en passant par les divers aspects de la vie psychique, de lâĂ©motionnel au cognitif.
En lisant la Bible, jây dĂ©couvre une vision dynamique qui Ă©claire cette comprĂ©hension. Dans les Proverbes, par exemple, nâest-il pas indiquĂ© que « Dâaimables paroles sont bienfaisantes pour le corps (Pr. 16.24). Le cĆur joyeux est un excellent remĂšde (Pr. 17.22). La langue du sage apporte la guĂ©rison (Pr.12.18) ».
Ma pensĂ©e sâest peu Ă peu imprĂ©gnĂ©e dâune vision hermĂ©neutique et systĂ©mique : interprĂ©tation personnelle de chaque phĂ©nomĂšne en le situant dans un ensemble au sein dâun systĂšme en mouvement et en Ă©volution. Tout se tient. Avec Ă©merveillement, je me rends compte que les textes bibliques font Ă©cho Ă ma maniĂšre de voir toute chose. Dieu Trinitaire nous a crĂ©Ă©s Ă son image pour devenir Ă sa ressemblance: une personne en relation. Par ailleurs, comme le montre les comparaisons employĂ©es par JĂ©sus : lâeau vive, la sĂšve, la lumiĂšreâŠla vie divine circule Ă tous les niveaux. Lorsque nous nây mettons pas dâobstacles, nous pouvons en percevoir les effets bĂ©nĂ©fiques. Le pardon des pĂ©chĂ©s fait tomber les barriĂšres. Dieu agit. Dieu rĂ©gĂ©nĂšre. Dieu guĂ©rit. Comme le dit lâEvangile en parlant de JĂ©sus : « Une force sortait de Lui et les guĂ©rissait tous » (Luc 6.19, 8.46).
Notre participation à la création.
Jâai Ă©tĂ© secouĂ©e au plus profond de mon ĂȘtre, le jour ou jâai rĂ©alisĂ© que Dieu mâappelait Ă Â participer Ă la gĂ©rance de sa crĂ©ation, Ă commencer par ma personnalitĂ©. Qui suis-je pour ĂȘtre ainsi « collaboratrice » du CrĂ©ateur (Ps.8) ? Dieu continue Ă crĂ©er avec chacun de nous et avec moi. Le PĂšre CĂ©leste agit sans cesse, dit JĂ©sus, et Il mâinvite Ă participer Ă la nouvelle crĂ©ation mise en route dans sa rĂ©surrection. En peu de mots ici, je voudrais dire comment je comprends le dernier verset des Psaumes comme une apothĂ©ose : « Que tout ce qui respire loue lâEternel ! ». Toutes les expressions qui se traduisent par des mouvements, des Ă©nergies, des ondes⊠ne participent-elles pas Ă cette respiration ?
Une motivation forte.
Cette expression dâune vie qui nous dĂ©passe et Ă laquelle nous participons, mâaide Ă accompagner positivement les personnes en difficultĂ©. En effet, pouvoir imaginer que notre cheminement Ă chacun peut nous conduire vers une vie plus pleine et plus libre, est une forte motivation qui fait avancer. Ainsi une Ă©preuve devient un tremplin pour rebondir dans lâespĂ©rance (Rom. 5.54), une invitation Ă faire le point pour rĂ©ajuster sa vie, lâoccasion dâaccueillir la force divine (I Cor. 10.13) pour traverser cette crise et en sortir. En Christ ressuscitĂ©, la vie est plus forte que le mal qui a perdu son pouvoir de destruction absolue (I Cor. 15). Le but poursuivi est de guider le cheminement de guĂ©rison vers lâharmonie de lâĂȘtre tout entier en utilisant des approches diffĂ©rentes selon la personne intĂ©ressĂ©e, Ă sa mesure, en fonction de sa situation et de sa culture. Ce travail intĂ©rieur peut parfois se traduire par une transformation profonde du mode de vie (Rom. 12.1). Ainsi la vie porte davantage de fruits (Jean 15).
Une nouvelle dynamique.
Ainsi concrĂštement, il me paraĂźt important dâapprendre Ă voir au quotidien ce qui est beau et bon autour de soi et en soi en dĂ©veloppant ce que Paul appelle les fruits de lâEsprit (Gal. 5.23, Eph. 5.9, Col. 3.12âŠ). Exprimer ses observations positives en les partageant avec dâautres, bĂ©nir en toutes circonstances (Mat. 5.45), voilĂ des attitudes qui dĂ©veloppent en nous paix et joie, sentiment de plĂ©nitude dans la prĂ©sence de Dieu (Rom. 14.17). Bien sĂ»r, il serait mal venu dâimposer mes reprĂ©sentations, y compris par lâintermĂ©diaire de versets bibliques. Chacun doit pouvoir exprimer ses souffrances comme son mal de vivre, mais Ă partir de lĂ , il est possible de dĂ©couvrir tout ce qui est positif dans sa vie et favoriser ainsi une dynamique nouvelle qui va avoir une influence bĂ©nĂ©fique sur le psychisme et sur le corps. Ainsi jâencourage mon interlocuteur Ă manifester ses dĂ©sirs profonds, et, ainsi Ă dĂ©couvrir et Ă dĂ©velopper ses potentialitĂ©s. Câest de cette façon quâil pourra reconstruire librement sa vraie personnalitĂ© : « corps, Ăąme, esprit » (I Th. 5.23). JâadhĂšre Ă ce commentaire trouvĂ© dans lâĂ©dition du Semeur de la Bible: Il sâagit de lâĂȘtre humain, non en trois dimensions superposĂ©es, mais dans une globalitĂ© de la personne dans ses trois dimensions, pour vivre en contact, en relation: le corps dans sa prĂ©sence au monde, lâĂąme, lâĂȘtre intĂ©rieur dans sa relation au monde, lâesprit, lâĂȘtre intĂ©rieur dans sa relation avec Dieu.
En marche.
Dans les limites de ce texte, il nâest pas possible dâillustrer, par des exemples concrets, ce panorama ou bien des nuances doivent ĂȘtre apportĂ©es. Jâaime partager cette vision qui mâhabite et suscite en moi un Ă©lan de vie. Câest le fruit dâune mise en place progressive de ma vie dans le projet dâun Dieu qui veut mon bonheur. MĂȘme dans les temps ou il me faut traverser la vallĂ©e de lâombre, Il se tient Ă mes cotĂ©s et me reçoit Ă sa table en « invitĂ©e dâhonneur » (Ps. 23). Sans ambition, ni prĂ©tention, simplement Ă ma mesure, je cherche Ă tenir ma place dans cette marche humaine que nous sommes appelĂ©s Ă effectuer ensemble en Eglise selon le projet divin (Eph. ch 1) . Cette vision, qui inspire ma vie, me permet dâaffirmer Ă toute personne rencontrĂ©e que la vie vaut la peine dâĂȘtre vĂ©cue.
Odile Hassenforder.
Voir aussi :
MĂ©decine dâavenir. MĂ©decine dâespoir : https://vivreetesperer.com/medecine-dâavenir-medecine-dâespoir/
Les progrÚs de la psychologie. Un grand potentiel de guérison : https://vivreetesperer.com/les-progres-de-la-psychologie-un-grand-potentiel-de-guerison/
La priÚre, selon AgnÚs Sanford, une pionniÚre de la priÚre de guérison : https://vivreetesperer.com/la-priere-selon-agnes-sanford-une-pionniere-de-la-priere-de-guerison/