La nouvelle science de la conscience

Pour une science post-matérialiste

Le terme matĂ©rialisme Ă©voque des sens diffĂ©rents selon le contexte auquel on l’applique. Ainsi, dans la vie quotidienne, on peut dĂ©signer comme « matĂ©rialiste », « une personne qui cherche des jouissance et des biens matĂ©riels » (dĂ©finition google). Ainsi, beaucoup de gens dans notre sociĂ©tĂ© ont pu ĂȘtre perçus Ă  la fois comme individualistes et matĂ©rialistes. Aujourd’hui, on peut constater, au plan social, le dĂ©veloppement d’attitudes et de comportements en rĂ©action contre ce matĂ©rialisme pratique. En ce sens, le sociologue amĂ©ricain Ronald Inglehart dĂ©signe, en terme de post-matĂ©rialiste, une Ă©volution culturelle dans les pays Ă©conomiquement avancĂ©s dans laquelle les gens cherchent moins Ă  satisfaire des besoins physiques Ă©lĂ©mentaires et davantage des besoins immatĂ©riels tels que l’estime, l’épanouissement de la personne ou les satisfactions esthĂ©tiques.

Cependant, sur un autre registre, le matĂ©rialisme dĂ©signe une philosophie d’aprĂšs laquelle « il n’existe d’autre substance que la matiĂšre », « une doctrine qui rejetant l’existence d’un principe spirituel ramĂšne toute la rĂ©alitĂ© Ă  la matiĂšre et Ă  ses modifications » (Google). L’origine de cette philosophie remonte Ă  l’antiquitĂ© oĂč elle figurait en regard d’autres Ă©coles philosophiques. Cependant, dans la foulĂ©e du progrĂšs scientifique, une mĂ©taphysique matĂ©rialiste a influĂ© sur l’activitĂ© scientifique si bien qu’on peut Ă©voquer un « matĂ©rialisme scientifique ». Dans le chapitre d’un livre qui Ɠuvre en faveur du dĂ©veloppement d’un paradigme post-matĂ©rialiste, ‘La nouvelle science de la conscience’ (1), Mario Beauregard rĂ©pond Ă  une question prĂ©alable : Qu’est-ce que le matĂ©rialisme scientifique aujourd’hui ? : « Peu de scientifiques sont conscients que ce que l’on appelle « la vision scientifique du monde » repose sur un certain nombre de postulats mĂ©taphysiques – c’est-Ă -dire des hypothĂšses sur la nature de la rĂ©alitĂ© – qui ont Ă©tĂ© proposĂ©es pour la premiĂšre fois par certains philosophes prĂ©socratiques. Ces postulats comprennent le matĂ©rialisme – l’idĂ©e selon laquelle tout ce qui existe est constituĂ© exclusivement de particules et de champs matĂ©riels / physiques (les termes « matĂ©rialisme » et « physicalisme » peuvent ĂȘtre utilisĂ©s de maniĂšre interchangeable dans ce chapitre) – et le rĂ©ductionnisme, le concept selon lequel les choses complexes ne peuvent ĂȘtre apprĂ©hendĂ©es qu’en les rĂ©duisant aux interactions des parties qui les constituent, ou Ă  des choses plus simples et plus fondamentales telles que de minuscules particules matĂ©rielles. Le « mĂ©canisme », l’idĂ©e que le monde fonctionne comme une machine, reprĂ©sente un autre de ces postulats. Au cours du XXe siĂšcle, ces postulats se sont durcis, puis transformĂ©s en dogmes et en un systĂšme de croyances connus sous le nom de « matĂ©rialisme scientifique » (p 18). Cette idĂ©ologie exerce une influence dans le domaine des neurosciences. « Selon ce systĂšme de croyances, l’esprit et la conscience – et tout ce que nous vivons subjectivement (par exemple, nos souvenirs, nos Ă©motions, nos objectifs et nos Ă©piphanies spirituelles)
 ne sont rien de plus que des processus Ă©lectriques et chimiques dans le cerveau : ces processus cĂ©rĂ©braux Ă©tant en dĂ©finitive rĂ©ductibles Ă  l’interaction entre des Ă©lĂ©ments physiques fondamentaux. Une autre implication de ce systĂšme de croyances est que nos pensĂ©es et nos intentions ne peuvent avoir aucun effet sur nos cerveaux et nos corps, sur nos actions et le monde physique, puisque l’esprit ne peut impacter directement les systĂšmes physiques et biologiques. En d’autres termes, nous les ĂȘtres humains, ne sommes rien d’autres que des machines biophysiques complexes. En consĂ©quence, notre conscience et notre spiritualitĂ© disparaissent automatiquement lorsque nous mourrons » (p 18).

Cependant, aujourd’hui, de plus en plus de dĂ©couvertes viennent contredire les thĂ©ories matĂ©rialistes. On peut envisager « une vague d’éveil pour une science et une sociĂ©tĂ© post-matĂ©rialiste » (p 63). « La science connaĂźt actuellement un changement fondamental. Le matĂ©rialisme sur lequel elle s’est appuyĂ©e pendant plusieurs siĂšcles fait aujourd’hui place Ă  un nouveau paradigme dans lequel la conscience est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant causale et fondamentale » (page de couverture).

 

Un mouvement pour une science post-matérialiste

De nombreux scientifiques se conjuguent aujourd’hui pour promouvoir un paradigme post-matĂ©rialiste. « L’AcadĂ©mie pour l’avancement des sciences post-matĂ©rialistes » a organisĂ© en fĂ©vrier 2014 en Arizona, un « Sommet international sur la science, la spiritualitĂ© et la sociĂ©tĂ© post-matĂ©rialiste ». Des scientifiques couvrant des domaines d’expertise allant de la biologie et des neurosciences Ă  la psychologie, la mĂ©decine et la recherche psi ont participĂ© Ă  cet Ă©vĂ©nement dĂ©terminant. Il en est rĂ©sultĂ© « un manifeste pour une science post-matĂ©rialiste » (2) auquel plus de 300 scientifiques et philosophes du monde entier ont apportĂ© leur soutien » (p 14). Pendant le sommet, plusieurs participants ont dĂ©cidĂ© de rĂ©aliser « une anthologie des perspectives et des preuves relative Ă  la science post-matĂ©rialiste », ouvrage publiĂ© en français sous le titre : « La nouvelle science de la conscience » (1). « CoordonnĂ© par Mario Beauregard et Guy E Schwartz, cet ouvrage apprĂ©hende les concepts post-matĂ©rialistes relatifs Ă  l’esprit, au corps et Ă  la santĂ©. En s’appuyant sur de nombreuses preuves, il aborde l’organisation et les fonctions spĂ©cifiques des phĂ©nomĂšnes non physiques, ouvrant la voie Ă  la possibilitĂ© de considĂ©rer leur nature et leur influence dans le cadre d’une future science globale » (page de couverture).

 

Une recherche pionniÚre : Mario Beauregard

Dans un premier chapitre, Mario Beauregard nous introduit à une « prochaine grande révolution scientifique ». Ce chercheur travaille depuis longtemps en ce sens et nous avions rapporté une de ses conférences dans un article : « Comment nos pensées influencent la réalité » (3) et présenté un de ses livres : « Brain wars » (4).

En s’inscrivant dans la perspective du changement des paradigmes Ă©noncĂ©e par Thomas S Kuhn, Mario Beauregard Ă©crit : « Les scientifiques qui travaillent actuellement dans le domaine de la recherche sur la conscience et qui s’intĂ©ressent au problĂšme : « esprit-cerveau », se trouvent dans une situation similaire Ă  celle des physiciens au dĂ©but du XXe siĂšcle. Ils sont indĂ©niablement confrontĂ©s Ă  une quantitĂ© croissante de preuves d’anomalies qui ne peuvent ĂȘtre Ă©lucidĂ©es par les thĂ©ories de la pensĂ©e matĂ©rialiste » (p 21). Mario Beauregard nous prĂ©sente ensuite quelques unes de ces preuves.

« Les diffĂ©rentes preuves examinĂ©es ici sont regroupĂ©es en deux catĂ©gories. La catĂ©gorie I comprend les preuves comme quoi une explication matĂ©rialiste, bien que couramment prĂ©sentĂ©e, est moins appropriĂ©e qu’une explication post-matĂ©rialiste. Cette catĂ©gorie comprend les phĂ©nomĂšnes suggĂ©rant que l’esprit ne soit limitĂ© ni par l’espace, ni par le temps. La catĂ©gorie II comprend des preuves qui sont rejetĂ©es d’emblĂ©e par les thĂ©ories de la pensĂ©e matĂ©rialiste, mais qui viennent soutenir une perspective post-matĂ©rialiste, celle-ci Ă©tant incompatible avec la perspective matĂ©rialiste selon laquelle l’esprit et la conscience sont produits uniquement par le cerveau » (p 22). Ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments de preuve apparaissent dans la complexitĂ© de leur nature et de leur mise en Ɠuvre, aussi notre compte-rendu sera sommaire en renvoyant le lecteur Ă  la description formulĂ©e dans ce chapitre.

 

L’esprit au delà de l’espace et du temps

« L’un des Ă©lĂ©ments de preuve concerne les phĂ©nomĂšnes dit « psi » qui comprennent la perception extra-sensorielle (PES), et la psychokinĂ©sie (PK). La perception extra-sensorielle dĂ©signe l’acquisition d’informations sur des Ă©vĂ©nements ou des objets extĂ©rieurs par des moyens autres que la mĂ©diation d’un vecteur de communication sensorielle connu. Cela comprend la tĂ©lĂ©pathie – l’accĂšs aux pensĂ©es d’une autre personne sans l’utilisation d’aucun de nos vecteurs sensoriels connus, la clairvoyance – la perception d’évĂšnements ou d’objets qui ne peuvent ĂȘtre perçus par les sens connus, et la prĂ©cognition – la connaissance d’un Ă©vĂ©nement futur qui ne peut ĂȘtre dĂ©duit Ă  partir d’informations connues dans le prĂ©sent. La psychokinĂ©sie (PK) se rĂ©fĂšre Ă  l’influence de l’esprit sur un systĂšme physique qui ne peut ĂȘtre totalement expliquĂ© par la mĂ©diation d’un moyen physique connu » (p 22). Depuis plusieurs dĂ©cennies, des expĂ©riences rĂ©pĂ©tĂ©es Ă  travers des dispositifs sophistiquĂ©s ont prouvĂ© la rĂ©alitĂ© de ces phĂ©nomĂšnes.

 

L’esprit au delà du cerveau

 D’autres phĂ©nomĂšnes concernent « l’esprit au delĂ  du cerveau » : les expĂ©riences de la mort imminente pendant un arrĂȘt cardiaque et la mort clinique ; recherches sur la rĂ©incarnation et les vies antĂ©rieures ; recherches sur la mĂ©diumnitĂ© ; communications sur le lit de mort ». « Les expĂ©riences de mort imminente (EMI) sont des expĂ©riences intenses et rĂ©alistes qui transforment gĂ©nĂ©ralement profondĂ©ment la vie des personnes qui ont Ă©tĂ© proches de la mort psychologiquement et physiologiquement. Les principales caractĂ©ristiques des EMI  sont un souvenir clair de l’expĂ©rience, une activitĂ© mentale dĂ©cuplĂ©e, et la conviction que l’expĂ©rience vĂ©cue est plus rĂ©elle que celle de la conscience ordinaire Ă  l’état de veille. L’expĂ©rience hors du corps (EHC) est une autre caractĂ©ristique typique des EMI ; la personne a l’impression rĂ©elle d’ĂȘtre sortie de son corps et d’observer les Ă©vĂšnements qui se dĂ©roulent autour d’elle, ou parfois dans un lieu Ă©loignĂ©. Les EMI sont frĂ©quemment Ă©voquĂ©es lors d’un arrĂȘt cardiaque
 Étant donnĂ© que les structures cĂ©rĂ©brales qui soutiennent l’expĂ©rience consciente et les fonctions mentales supĂ©rieures ( par exemple la perception, la mĂ©moire et la conscience) sont gravement endommagĂ©es, on ne s’attend pas Ă  ce que les survivants d’un arrĂȘt cardiaque aient des expĂ©riences mentales claires et lucides dont ils se souviendront
 Il convient de noter que les personnes ayant vĂ©cu une EMI dĂ©clarent avoir perçu des choses qui coĂŻncident avec la rĂ©alitĂ© alors qu’elles Ă©taient cliniquement mortes » (p 25). Un autre chapitre du livre, sous la plume de Pim Van Lommel, mĂ©decin cardiologue rĂ©putĂ©, est consacrĂ© aux expĂ©riences de mort imminente, « une forte indication en faveur de la conscience non locale » (p 191-209).

L’auteur Ă©voque Ă©galement le cas de « jeunes enfants ayant rapportĂ© des vies antĂ©rieures ». « Au cours des cinquante derniĂšres annĂ©es, plus de 2500 cas de ce genre ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s ». « La plupart de ces enfants ont des souvenirs de vie antĂ©rieure entre deux et cinq ans
 Environ 80% des supposĂ©s souvenirs de vie antĂ©rieure des enfants Ă©voquent des morts violentes
 Beaucoup d’enfants ont des marques de naissance qui coĂŻncident avec des blessures qui seraient associĂ©es Ă  leur vie antĂ©rieure
 il arrive souvent que l’on parvienne Ă  identifier la personne Ă  laquelle l’enfant fait rĂ©fĂ©rence  » (p 26-27). L’auteur propose des interprĂ©tations : « Il est possible que ces enfants se souviennent de vies antĂ©rieures qu’ils ont vĂ©cues comme ils le suggĂšrent ou qu’ils accĂšdent aux informations d’un individu dĂ©cĂ©dĂ© par des moyens inconnus (c’est-Ă -dire la thĂ©orie du super-psi appelĂ©e Ă©galement « super ESP », la rĂ©cupĂ©ration d’informations par le canal psychique » (p 28).

Une autre approche de recherche est engagĂ©e auprĂšs de mĂ©diums, « personnes dĂ©clarant pouvoir communiquer avec les personnes dĂ©cĂ©dĂ©es », en prĂ©sumant la bonne de foi de certains d’entre eux. Des protocoles sophistiquĂ©s ont Ă©tĂ© utilisĂ©s par certains chercheurs comme le Dr Gary E Schwartz, auteur d’un chapitre technique sur ce thĂšme dans ce mĂȘme livre. « Les rĂ©sultats montrent qu’avec des essais rĂ©alisĂ©s en triple aveugle dans des conditions rigoureuse, certains mĂ©diums peuvent recevoir des informations justes et prĂ©cises sur des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es. » (p 29).

Mario Beauregard mentionne Ă©galement « les communications sur le lit de mort ou DBC (Deathbed communication) », une autre source de preuve suggĂ©rant que la conscience et la personnalitĂ© peuvent perdurer aprĂšs la mort physique. Il s’agit de toute communication entre le patient et des amis ou des parents dĂ©cĂ©dĂ©s
 Ce type d’expĂ©riences a Ă©tĂ© rapportĂ© dans diverses cultures Ă  travers l’histoire. Les DBC incluent des aspects auditifs, visuels et kinesthĂ©siques et se manifestent souvent pat des processus communicatifs non verbaux
 Un type frĂ©quent de DBC inclue des rencontre avec des prĂ©sumĂ©s esprits de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es qui semblent accueillir l’expĂ©rienceur dans l’au-delĂ  et converser avec lui/elle d’une façon interactive
 Des recherches menĂ©es auprĂšs d’infirmiĂšres et de mĂ©decins en soins palliatifs suggĂšrent que ces expĂ©riences sont relativement courantes
 Il existe des cas de DBC qui ne peuvent ĂȘtre expliquĂ©s comme de simples hallucinations
 : dans de tels cas, la personne mourante semble voir une personne qu’elle croyait vivante, mais qui est en fait dĂ©cĂ©dĂ©e rĂ©cemment, et exprime de la surprise » (p 30).

 

Une nouvelle vision postmatérialiste

 « Prises ensemble, les diffĂ©rentes preuves empiriques montrent clairement que l’idĂ©e que l’esprit et la conscience sont produits par le cerveau est erronĂ©e et obsolĂšte
 Vers la fin du XIXe siĂšcle, le psychologue amĂ©ricain, William James a suggĂ©rĂ© que le cerveau pouvait jouer un rĂŽle permissif et transmissif concernant les fonctions mentales et la conscience. Il a en outre Ă©mis l’hypothĂšse que le cerveau pouvait agir comme un filtre qui limite / contraint / restreint l’accĂšs Ă  des formes de conscience Ă©largie. Cette hypothĂšse a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©fendue par les philosophes Ferdinand Schiller et Henri Bergson  » (p 31). « Cette hypothĂšse de la transmission apporte un cadre thĂ©orique utile  ».

« Le moment est venu de nous libĂ©rer des chaines et des ƓillĂšres de l’ancien paradigme matĂ©rialiste et d’élargir notre vision de l’Univers et du vivant. MĂȘme si nous n’avons pas encore toutes les rĂ©ponses, il est toutefois possible d’esquisser les grandes lignes d’un paradigme post-matĂ©rialiste » (p 31). Mario Beauregard nous prĂ©sente, de son point de vue, quelques Ă©lĂ©ments clĂ©s de ce nouveau paradigme.

1° « L’esprit est irrĂ©ductible et son statut ontologique est aussi primordial que celui de la matiĂšre, de l’énergie et de l’espace-temps. De plus, l’esprit ne peut ĂȘtre issu de la matiĂšre et rĂ©duit Ă  quelque chose de plus Ă©lĂ©mentaire. A ce propos, le philosophe David Chalmers et le cosmologiste, Andrei Linde ont tous deux soutenu que la conscience est un constituant fondamental de l’univers. Il semble plausible que les processus / phĂ©nomĂšnes mentaux, y compris l’intĂ©rioritĂ© subjective, existent Ă  des degrĂ©s divers et Ă  tous les niveaux d’organisation de l’univers
 A ce sujet, le physicien Freeman Dyson suggĂšre que puisque les atomes se comportent en laboratoire comme des agents actifs et non comme de la matiĂšre inanimĂ©e… ils doivent possĂ©der la capacitĂ© rĂ©flexive de faire des choix
 au niveau molĂ©culaire, il est prouvĂ© que les molĂ©cules composĂ©es de quelques protĂ©ines simples ont la capacitĂ© d’interagir de maniĂšre complexe, comme si elles possĂ©daient leur propre intelligence
 Dans cette perspective, chaque niveau d’organisation comprend un aspect physique (extĂ©rieur) et un aspect mental/ expĂ©rientiel (intĂ©rieur) (p 32-33).

2° « Comme le rĂ©vĂšlent les phĂ©nomĂšnes psi, il existe une profonde interaction entre le monde mental (psychĂ©) et le monde physique (physis) qui ne sont pas vraiment sĂ©parĂ©s – ils ne le sont qu’en apparence. En fait, la psychĂ© et la physis sont profondĂ©ment interconnectĂ©es, car elles sont des aspects (ou des manifestations) complĂ©mentaires issus d’une base commune. On peut concevoir que cette base reprĂ©sente un niveau transcendant de l’esprit / conscience qui constitue le principe fondamental qui sous-tend l’ensemble de la rĂ©alité  » (p 33).

3° « L’esprit / volontĂ© agit comme une force, c’est-Ă -dire qu’il peut impacter l’état du monde physique et agir de maniĂšre non locale. Cela implique qu’il n’est pas limitĂ© Ă  des points spĂ©cifiques dans l’espace tels que les cerveaux et les corps, ni Ă  des points spĂ©cifiques dans le temps comme le moment prĂ©sent. Les preuves prĂ©sentĂ©es dans ce chapitre de façon succincte indiquent Ă©galement que les phĂ©nomĂšnes mentaux exercent une influence sur le fonctionnement du cerveau et du corps ainsi que sur le comportement
 » (p 34).

4° « Le cerveau agit comme un Ă©metteur rĂ©cepteur de l’activitĂ© mentale, c’est-Ă -dire que l’esprit fonctionne grĂące au cerveau mais n’est pas produit par lui. Le fait que les fonctions mentales soient perturbĂ©es lorsque le cerveau est endommagĂ© ne prouvent pas que l’esprit et la conscience soient produits par le cerveau… Dans l’idĂ©e que le cerveau puisse ĂȘtre une interface pour l’esprit, cet organe peut ĂȘtre comparĂ© Ă  un poste de tĂ©lĂ©vision qui reçoit des signaux de diffusion et les convertit en images et en sons ». Si il est endommagĂ©, il y a des perturbations dans la rĂ©ception. « De mĂȘme, une lĂ©sion dans une rĂ©gion spĂ©cifique du cerveau peut perturber les processus mentaux mĂ©diĂ©s par cette structure cĂ©rĂ©brale, cependant cette perturbation n’implique pas que ces processus soient rĂ©ductibles Ă  l’activitĂ© neuronale dans cette rĂ©gion du cerveau » (p 34-35).

 

Pour une science post-matérialiste

Mario Beauregard a participĂ© Ă  la rĂ©daction du manifeste pour une science post-matĂ©rialiste (2). Une bonne partie de son argumentation se retrouve dans ce manifeste. La perspective est vaste Elle s’inspire Ă©galement de la rĂ©volution intervenue en physique dans le surgissement de la mĂ©canique quantique : « A la fin du XIXe siĂšcle, les physiciens dĂ©couvrirent des phĂ©nomĂšnes empiriques qui ne pouvaient ĂȘtre expliquĂ©s par la physique classique. Durant les annĂ©es 1920 et au dĂ©but des annĂ©es 1930, cela a conduit au dĂ©veloppement d’une nouvelle branche rĂ©volutionnaire de la physique, appelĂ©e : mĂ©canique quantique. La mĂ©canique quantique a mis en question les fondations matĂ©rielles de l’univers en montrant que les atomes et les particules subatomiques n’étaient pas des objets rĂ©ellement solides – ils n’existent pas avec certitude Ă  des emplacements spatiaux dĂ©finis et Ă  des moments dĂ©finis. Plus important, la mĂ©canique quantique a introduit notre esprit dans sa structure conceptuelle de base puisqu’il a Ă©tĂ© trouvĂ© que les particules Ă©tant observĂ©es et l’observateur –le physicien et la mĂ©thode utilisĂ©e pour l’observation – sont liĂ©s. Suivant une interprĂ©tation de la mĂ©canique quantique, ce phĂ©nomĂšne implique que la conscience de l’observateur est dĂ©cisive pour l’existence des Ă©vĂšnements physiques observĂ©s et que les Ă©vĂšnements mentaux peuvent affecter le monde physique. Les rĂ©sultats d’expĂ©riences rĂ©centes soutiennent cette interprĂ©tation. Ces rĂ©sultats suggĂšrent que le monde physique n’est plus la premiĂšre ou la seule composante de la rĂ©alitĂ© et que celle-ci ne peut ĂȘtre pleinement comprise sans faire rĂ©fĂ©rence Ă  l’esprit ». Le manifeste se poursuit en mettant l’accent sur l’influence que la pensĂ©e peut exercer sur le comportement et la santĂ©. Et il poursuit l’argumentation apportĂ©e ici par Mario Beauregard. Au total, le manifeste proclame que l’adoption du paradigme post-matĂ©rialiste aura des effets bĂ©nĂ©fiques pour l’ensemble de la civilisation humaine. C’est dans la mĂȘme perspective que s’achĂšve le chapitre de Mario Beauregard.

«  Individuellement et collectivement, le paradigme post-matĂ©rialiste a des implications d’une portĂ©e considĂ©rable. Ce paradigme rĂ©enchante le monde et modifie profondĂ©ment notre vision de nous-mĂȘmes en nous rendant notre dignitĂ© et notre pouvoir en tant qu’ĂȘtres humains. Le paradigme post-matĂ©rialiste favorise Ă©galement des valeurs positives telles que la compassion, le respect, la bienveillance, l’amour et la paix, car il nous fait prendre conscience que les frontiĂšres entre nous-mĂȘmes et les autres sont permĂ©ables. Ce faisant, ce paradigme favorise une prise de conscience de la profonde interconnexion entre la nature et nous au sens large, y compris tous les niveaux d’organisation de l’univers. Ces niveaux peuvent englober des domaines non physiques et spirituels. A ce sujet, il convient de rappeler que le paradigme post-matĂ©rialiste reconnaĂźt les expĂ©riences spirituelles qui se rĂ©fĂšrent Ă  une dimension fondamentale de l’expĂ©rience humaine et qui sont frĂ©quemment rapportĂ©es dans toutes les cultures
 Et enfin, ce paradigme favorise Ă©galement une prise de conscience concernant  les questions environnementales et la nĂ©cessitĂ© de prĂ©server notre biosphĂšre, en mettant l’accent sur le lien profond qui nous unit Ă  la nature » (p 35).

 

Une ouverture

Ce livre nous prĂ©sente diffĂ©rentes approches du nouveau paradigme scientifique post-matĂ©rialiste. Dans sa prĂ©sentation des phĂ©nomĂšnes qui permettent d’envisager l’esprit au delĂ  du cerveau, on constate l’universalitĂ© de ces phĂ©nomĂšnes rĂ©pandus dans toutes les cultures. Il en dĂ©coule une universalitĂ© de la rĂ©alitĂ© spirituelle dont ils tĂ©moignent. Cette universalitĂ© peut embarrasser certains groupes religieux voulant s’approprier un monopole de « la vie aprĂšs la vie ». En regard, un rĂ©cent livre de la thĂ©ologienne chrĂ©tienne Lytta Basset nous offre une approche inclusive dans son livre : « Cet Au-delĂ  qui nous fait signe ». (5). Cette approche de l’Au-delĂ  apparaĂźt comme une rĂ©volution spirituelle. Le paradigme post-matĂ©rialiste nous prĂ©sente une rĂ©alitĂ© interconnectĂ©e. Ainsi, « il existe une profonde interaction entre le monde mental et le monde physique qui ne sont pas vraiment sĂ©parĂ©s ». « La conscience apparaĂźt comme un constituant fondamental de l’univers ». « Le nouveau paradigme favorise une prise de conscience de la profonde interconnexion entre la nature et nous, au sens large, y compris tous le niveaux d’organisation de l’univers » « C’est dans une perspective analogue que, selon le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann, nous envisageons l’Ɠuvre de Dieu dans la crĂ©ation (6). Ici, la crĂ©ation apparaĂźt comme une « communautĂ© dans laquelle toutes les crĂ©atures communiquent chacune Ă  sa maniĂšre entre elles et avec Dieu ». Mario Beauregard envisage les incidences considĂ©rables de l’approche scientifique post-matĂ©rialiste sur notre culture. Sur le plan conceptuel, le matĂ©rialisme scientifique s’opposait Ă  l’approche religieuse et Ă  la perspective du salut. Ici cet obstacle est levĂ©. « Le paradigme post-matĂ©rialiste reconnait les expĂ©riences spirituelles qui se rĂ©fĂšrent Ă  un dimension fondamentale de l’expĂ©rience humaine ». Le nouveau paradigme « rĂ©enchante le monde ». C’est une perspective dans laquelle peut s’inscrire Michel Maxime Egger dans son livre : « RĂ©enchanter notre relation au vivant » (7). Ce livre nous apporte une grande ouverture

J H

 

  1. Mario Beauregard, Gary R Schwartz, Natalie L Dyer, Marjorie Woollacott. La nouvelle science de la conscience. Visions d’un paradigme, post-matĂ©rialiste. Guy TrĂ©daniel, 2021
  2. Manifesto for a post-materialist science : https://opensciences.org/files/pdfs/Manifesto-for-a-Post-Materialist-Science.pdf
  3. Mario Beauregard . Comment nos pensées influencent la réalité : https://vivreetesperer.com/comment-nos-pensees-influencent-la-realite/
  4. Potentiel de l’esprit humain et dynamique de la conscience : https://vivreetesperer.com/potentiel-de-lesprit-humain-et-dynamique-de-la-conscience/
  5. Une rĂ©volution spirituelle. Une nouvelle approche de l’Au-delà : https://vivreetesperer.com/une-revolution-spirituelle-une-approche-nouvelle-de-lau-dela/
  6. Dieu dans la création : https://lire-moltmann.com/dieu-dans-la-creation/
  7. Réenchanter notre relation au vivant : https://vivreetesperer.com/reenchanter-notre-relation-au-vivant/

Un enseignement de la programmation informatique ouvert Ă  tous

#Un projet collaboratif, convivial et créatif : Simplon.co

 #On leur disait : c’est impossible ! Ils l’ont fait.

 #A une Ă©poque oĂč la rĂ©volution numĂ©rique (1) ouvre de nouveaux emplois, comment permettre Ă  des minoritĂ©s dĂ©favorisĂ©es d’y accĂ©der ? Peut-on aujourd’hui enseigner la programmation informatique, le nouvel alphabet du XXIĂš siĂšcle, le code, au delĂ  des filiĂšres classiques ?

Dans un exposĂ© enthousiasmant, Erwan Kezzar nous dit comment il a crĂ©Ă© une Ă©cole de programmation qui, durant la premiĂšre annĂ©e, a formĂ© 30 personnes issues de milieux accĂ©dant jusqu’ici difficilement Ă  cette profession : des jeunes des quartiers populaires, des moins jeunes, des femmes, des personnes en situation de handicap, des porteurs de projet ayant besoin de compĂ©tences pour les rĂ©aliser. Ce projet : Simplon.co, en voie de dĂ©multiplication en 2014-2015, figure parmi les cinq projets promus cette annĂ©e par « L’échappĂ©e volĂ©e », plateforme collaborative qui se propose d’encourager le passage du partage de la parole au partage de l’action.

Mais comment ce mouvement associatif s’est-il dĂ©veloppĂ© et de quelles valeurs tĂ©moignent-ils ?

#TED

  #Cette initiative s’inscrit dans une dynamique internationale. Au dĂ©part, il y a eu en effet la confĂ©rence amĂ©ricaine TED qui, depuis 25 ans, « rassemble des esprits brillants dans leurs domaines pour partager leurs idĂ©es avec le monde. C’est un Ă©vĂ©nement annuel oĂč les plus grands talents sont invitĂ©s Ă  partager leurs passions. TED : « Technology, Entertainment, Design » s’intĂ©resse Ă  trois grands ensembles qui façonnent notre avenir. Mais l’évĂ©nement ne s’arrĂȘte pas lĂ  et prĂ©sente des idĂ©es quelque soient les disciplines. Des crĂ©ateurs, des scientifiques, des philanthropes viennent s’y exprimer. Ces derniĂšres annĂ©es, TED a souhaitĂ© s’ouvrir et propose une confĂ©rence internationale TED global ainsi que plusieurs initiatives mĂ©diatiques » (2). Ainsi aujourd’hui, des milliers de courtes interventions relatant des expĂ©riences signifiantes ou des recherches majeures sont diffusĂ©es sur le web en vidĂ©os par TED talks (3).

#TED x

 #Cette expression partagĂ©e dans une forme dynamique se rĂ©pand aujourd’hui dans le monde. Le x ajoutĂ© Ă  TED dans TED x signifie  qu’il s’agit d’évĂšnements qui sont largement indĂ©pendants tout en respectant un certain nombre de critĂšres dĂ©finis par Ted. « Et, en France, Ted x a Ă©tĂ© fondĂ© par Michel LĂ©vy-Provencal dĂšs 2009. Ted x Paris a Ă©tĂ© la premiĂšre confĂ©rence TED x europĂ©enne . Elle fait partie des trois premiĂšres confĂ©rences TED x mondiales Ă  avoir Ă©tĂ© crĂ©Ă©es » (4). Depuis 5 ans, TED x Paris prĂ©sente des utopistes en action. « Nous diffusons systĂ©matiquement leurs idĂ©es pour distiller en France et ailleurs, une voix positive et optimiste. Cette voix semble porter, chaque semaine, nous recevons des messages de personnes nous demandant comment s’investir concrĂštement dans ces initiatives
 Ainsi n’en dĂ©plaise aux pessimistes et aux sceptiques, le dĂ©sir d’engagement et la quĂȘte de sens n’ont pas disparu de notre sociĂ©tĂ©. Notre conviction, c’est que nous sommes entrĂ©s dans le temps de l’action, individuelle, locale, simple, efficace, responsable, importante, contagieuse et virale. Et si des idĂ©es peuvent changer le monde, elles ne sont rien sans l’énergie et l’engagement de ceux qui les mettent en Ɠuvre ».

 #L’échappĂ©e volĂ©e

#« L’échappĂ©e volĂ©e » est un accĂ©lĂ©rateur qui se caractĂ©rise par l’action et l’engagement (5). C’est une expĂ©rimentation citoyenne, une initiative qui invite tout un chacun Ă  passer Ă  l’action en s’engageant efficacement dans des projets d’éducation, de santĂ©, de solidaritĂ©, l’émancipation par les arts et la culture, et le dĂ©veloppement durable. Chacun est ainsi invitĂ© Ă  soutenir ces projets en apportant son Ă©nergie, ses idĂ©es, son temps et ses contacts. Notre souhait est de soutenir ceux qui s’engagent pour faire bouger les lignes, changer les paradigmes et obtenir des transformations positives et concrĂštes dans nos sociĂ©tĂ©s ».

Et c’est ainsi que cette annĂ©e, le site de « l’échappĂ©e volĂ©e » prĂ©sente cinq projets qui se caractĂ©risent par la conjugaison d’un idĂ©al de solidaritĂ© et de fraternitĂ© et une dynamique sociale crĂ©ative.

Ce sont :

° Djantoli. Un tĂ©lĂ©phone et une balance. Djantoli met l’innovation sociale au service de la santĂ© des enfants en Afrique.

° Kialotok. Kialotok utilise la gastronomie comme un moyen de restauration professionnelle et de dialogue interculturel .

° Bergers urbains. Des moutons et des hommes

Les bergers urbains font paütre leurs troupeaux remettant l’agriculture locale au cƓur des villes.

° Sentinelle. Des femmes et des chercheurs. Les sentinelles créent un réseau de volontaires pour faire avancer la recherche sur le cancer.

° Simplon.co. Un ordinateur et une nouvelle langue.

Les entrepreneurs de Simplon.co forment au code pour un impact réel et social.

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Formation au code et convivialité sociale. Comment Erwan Kezzar et ses associés ouvrent à tous la formation au code : Simplon.co 

Dans son tĂ©moignage enregistrĂ© sur vidĂ©o (6), Erwan Kezzar nous dit comment il s’est engagĂ© avec deux associĂ©s dans la crĂ©ation d’un enseignement du code, « cet alphabet du XXIĂš siĂšcle selon certains ». il y a aujourd’hui une demande Ă©norme dans le champ de la programmation. On manque de codeurs. Et, bien sĂ»r, il y a lĂ  une nouvelle source d’emplois. Mais peut-on former au code des gens qui n’ont pas effectuĂ© au prĂ©alable des Ă©tudes pour devenir ingĂ©nieurs ou mathĂ©maticiens? Et peut-on donner accĂšs Ă  cette formation dans des cycles courts Ă  des gens qui n’ont pas les dispositions, les moyens pour s’engager dans des Ă©tudes longues ?

Erwan Kezzar et ses a ssociĂ©s ont pensĂ© plus particuliĂšrement aux « talents qui ont envie de s’en sortir, Ă  des profils Ă  forte motivation mĂȘme si ce sont des profils atypiques ». A la fin de l’annĂ©e 2011, ils ont eu Ă©cho d’une expĂ©rience amĂ©ricaine oĂč des formations courtes Ă©taient mises en oeuvre avec succĂšs.

Et alors, malgrĂ© le scepticisme qu’ils ont rencontrĂ©, Erwan Kezzar et ses associĂ©s se sont lancĂ©s dans la crĂ©ation d’une formation. Ils ont trouvĂ© un local dans une ancienne usine Ă  Montreuil. Ils l’ont amĂ©nagĂ©e et, Ă  la rentrĂ©e 2013, ils ont commencĂ© une formation en 6 mois qui vient de s’achever avec succĂšs. Ils ont choisi des Ă©tudiants motivĂ©s et crĂ©atifs, mais dans des milieux qui, jusque-lĂ , accĂ©daient trĂšs peu Ă  la programmation informatique. Ils ont recrutĂ© des jeunes de quartiers populaires, des moins jeunes, des femmes(jusqu’ici peu reprĂ©sentĂ©es dans ce secteur), des personnes en situation de handicap, des porteurs de projet ayant besoin de la programmation informatique pour les rĂ©aliser. 30 personnes ont participĂ© Ă  la premiĂšre promotion qui a expĂ©rimentĂ© cette formation avec succĂšs. Au dĂ©but de cet enseignement, 75% Ă©taient des dĂ©butants complets. Et la rĂ©partition des origines est Ă©loquente : des niveaux scolaires de Bac-2 Ă  Bac+4, des Ăąges de 19 Ă  52 ans, 30% de femmes, 14 nationalitĂ©s.

Quelques parcours tĂ©moignent de cette diversitĂ©. Aladin expĂ©rimente un nouveau mode de communication avec l’office HLM de son quartier. Audrey construit un site permettant Ă  des personnes en situation de handicap de partager leurs expĂ©riences pour amĂ©liorer leur condition de vie. Roxane va rĂ©pliquer la formation de Simplon.co Ă  Cluj en Roumanie. Rodolphe a prouvĂ© qu’il Ă©tait possible de former des jeunes dans un quartier difficile Ă  Villeneuve-la-Garenne et il va poursuivre l’annĂ©e prochaine. En effet, en 2014-2015, Simplon va essaimer : Montreuil, mais aussi Villeneuve-la-Garenne, une rĂ©gion rurale dans le Perche, Cluj en Roumanie et Bamako au Mali.

Le dynamisme de cette entreprise trouve sa source dans l’enthousiasme de son fondateur tel qu’il s’exprime dans cette vidĂ©o. Il en rĂ©sulte un mouvement collaboratif. A plusieurs reprises, il Ă©voque le scepticisme qu’il a rencontrĂ©. « On ne pouvait pas le faire. C’est ce qu’on nous a dit. Et bien, ce qui est sur pour nous, c’est qu’on ne pouvait pas ne pas le faire ! »

Dans ce monde en mutation (7), nous vivons dans un temps de crise oĂč le vieux monde se dĂ©fait et un autre commence Ă  se construire. Apprenons Ă  discerner les Ă©mergences positives pour en encourager le dĂ©veloppement. Sachant les menaces qui doivent ĂȘtre affrontĂ©es, plutĂŽt que de sombrer dans le pessimisme, prenons le parti de l’espĂ©rance et regardons en avant. Alors nous verrons mieux les initiatives et les innovations qui s’inscrivent dans un Ă©tat d’esprit nouveau en train d’apparaĂźtre Ă  l’échelle internationale. Sur ce blog, nous avons mis l’accent sur le dĂ©veloppement de l’économie collaborative (8). Aujourd’hui, avec TED, TED x et l’échappĂ©e volĂ©e, nous assistons au dĂ©veloppement d’une expression partagĂ©e et participative qui se veut motrice de changement. Nous voyons lĂ  des signes traduisant l’apparition d’une nouvelle culture Ă  l’échelle internationale (9) dans l’inspiration de valeurs mettant l’accent sur la collaboration, la convivialitĂ©, la solidaritĂ©, la crĂ©ativitĂ©. Nous voyons lĂ  aussi l’émergence d’une nouvelle sensibilitĂ© spirituelle (10). Et, pour nous, cette Ă©mergence est Ă©clairĂ©e par une inspiration (11).

Simplon.co tĂ©moigne bien de la conjugaison  entre sociabilitĂ© conviviale et crĂ©ativitĂ©. En entendant Erwan Kezzar et en observant la dynamique de cette action et les fruits qu’elle porte, on participe Ă  son enthousiasme et on ressent quelque part de l’émerveillement.

J H

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(1)            Sur ce blog : « L’ùre numĂ©rique. Gilles Babinet : un guide pour entrer dans ce nouveau monde » https://vivreetesperer.com/?p=1812

(2)            Le site de TED : Ted. Ideas worth spreading : http://www.ted.com/   Histoire et dynamique de Ted sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/TED_(conference)       La précédente description est empruntée au site de Ted x Paris.

(3)            Ted talks : http://www.ted.com/talks/browse

(4)            TED x Paris : http://www.tedxparis.com/about/  . il existe aussi une conférence Ted x à Lyon : http://www.tedxlyon.com/

(5)            L’échappĂ©e volĂ©e : http://www.lechappeevolee.com/a-propos-2/

(6)            Présentation en vidéo du projet par Erwan Kezzar : http://www.lechappeevolee.com/simplonco/

(7)            Les mutations actuelles en perspective : sur ce blog : « Un  chemin de guĂ©rison pour l’humanitĂ©. La fin d’un monde. L’aube d’une renaissance (FrĂ©dĂ©ric Lenoir) : https://vivreetesperer.com/?p=1048                             « Quel avenir pour le monde et pour la France ? (Jean-Claude Guillebaud. Une autre vie est possible) : https://vivreetesperer.com/?p=937  « Une nouvelle maniĂšre d’ĂȘtre et de connaĂźtre » (« Petite Poucette » de Michel Serres) : https://vivreetesperer.com/?p=820

(8)            Sur ce blog,  Ă  propos de l’économie collaborative : « Une rĂ©volution de « l’ĂȘtre ensemble » (« Vive la co-rĂ©volution !Pour une sociĂ©tĂ© collaborative ») : https://vivreetesperer.com/?p=1394                                « Un mouvement Ă©mergent pour le partage, la collaboration et l’ouverture : Ouishare, communautĂ© leader dans le champ de l’économie collaborative » https://vivreetesperer.com/?p=1866                                         « Pour une sociĂ©tĂ© collaborative. Un avenir pour l’humanitĂ© dans l’inspiration de l’Esprit » : https://vivreetesperer.com/?p=1534

(9)            Une nouvelle culture Ă  l’échelle internationale : « Vers une civilisation de l’empathie.  A propos du livre de JĂ©rĂ©mie Rifkin .. » : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/816-vers-une-civilisation-de-lempathie-a-propos-du-livre-de-jeremie-rifkinapports-questionnements-et-enjeux.html  « Emergence d’espaces conviviaus et aspirations contemporaines. TroisiĂšme lieu (« Third place » et nouveaux modes de vie » : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/1012–emergence-despaces-conviviaux-et-aspirations-contemporaines-troisieme-lieu-l-third-place-r-et-nouveaux-modes-de-vie.html

(10)      Sur le site de TĂ©moins : Emergence d’une nouvelle sensibilitĂ© spirituelle : « Emergence d’une nouvelle sensibilitĂ© spirituelle et religieuse. En regard du livre de FrĂ©dĂ©ric Lenoir : « La guĂ©rison du monde » : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/953-emergence-dune-nouvelle-sensibilite-spirituelle-et-religieuse-en-regard-du-livre-de-frederic-lenoir-l-la-guerison-du-monde-r.html « Emergence d’une vision d’un monde Ă©volutionnaire.  Un changement de culture au Club de Budapest » : http://www.temoins.com/recherche-et-innovation/etudes/1029-emergence-dune-vision-du-monde-l-evolutionnaire-r-un-changement-de-culture-au-club-de-budapest.html

(11)      Sur ce blog,  dans la culture qui est la nĂŽtre, nous reconnaissons dans ce mouvement, la vision exprimĂ©e par le thĂ©ologien JĂŒrgen Moltmann : « L’essence de la crĂ©ation dans l’Esprit est « la collaboration » et les structures manifestent la prĂ©sence de l’Esprit dans la mesure oĂč elles font reconnaĂźtre l’ « accord gĂ©nĂ©ral ». « Au commencement Ă©tait la relation » (Martin Buber) p 25 dans : Moltmann (JĂŒrgen). Dieu dans la crĂ©ation.  TraitĂ© Ă©cologique de la crĂ©ation. Cerf,1988.                Sur ce blog : « Dieu suscite la communion »  https://vivreetesperer.com/?p=564                              Voir le blog : « L’Esprit qui donne la vie » : http://www.lespritquidonnelavie.com/                                        Une parole de Pierre Teilhard de Chardin remonte Ă  notre esprit : « Tout ce qui monte, converge ».

Notre responsabilité pour le monde

 Barack Obama au Kirchentag

25 mai 2017

Sa prĂ©sidence achevĂ©e, Barack Obama poursuit son engagement politique sous une autre forme. Ainsi, le 25 mai 2017, a-t-il rĂ©pondu Ă  l’invitation du Kirchentag, un grand rassemblement socio-religieux et socio-culturel organisĂ©, tous les deux ans, Ă  l’instigation de l’Eglise protestante allemande (1), cette annĂ©e en rapport avec le 500 Ăšme anniversaire du commencement de la RĂ©forme sous l’impulsion de Martin Luther.

 

 

TrĂšs populaire en Allemagne, Barack Obama a Ă©tĂ© accueilli par une foule enthousiaste oĂč les jeunes Ă©taient trĂšs nombreux. Il s’est exprimĂ© de pair avec Angela Merkel. AprĂšs l’élection de Donald Trump Ă  la prĂ©sidence des Etats-Unis et tout ce que cela reprĂ©sente de rĂ©gression politique et sociale, Barack Obama avait prononcĂ© Ă  AthĂšnes un remarquable discours sur le sens de la dĂ©mocratie (2), puis il avait rencontrĂ© Ă  Berlin Angela Markel, une partenaire politique estimĂ©e comme si il voulait l’encourager Ă  assurer la dĂ©fense des valeurs dĂ©mocratiques dans un monde perturbĂ© par une vague de peur et d’enfermement. Le revoilĂ  donc Ă  Berlin ce mois de mai dans une Europe affermie dans son existence dĂ©mocratique par l’élection prĂ©sidentielle d’Emmanuel Macron (4) auquel Barack Obama avait fait part de son soutien.

Lors de ses dĂ©placements comme prĂ©sident des Etats-Unis dans les grands ensembles continentaux (Asie, AmĂ©rique latine, Afrique
.), Barack Obama s’adressait aux jeunes leaders de ces ensembles pour les encourager dans leur action pour le dĂ©veloppement et la dĂ©mocratie dans une ambiance simple et conviviale. On pouvait y apprĂ©cier une attitude quasi fraternelle (3). Aujourd’hui, Ă  partir de son expĂ©rience politique, il veut poursuivre ces Ă©changes pour encourager une jeune gĂ©nĂ©ration Ă  prendre ses responsabilitĂ©s. Lors de la rencontre au Kirchentag, il a rappelĂ© son engagement Ă  cette jeune gĂ©nĂ©ration particuliĂšrement prĂ©sente dans ce rassemblement.

Dans une vision chrĂ©tienne caractĂ©risĂ©e par une tonalitĂ© d’espĂ©rance et d’ouverture (5), dans une analyse des problĂšmes d’un monde dont il connaĂźt bien le fonctionnement, Barack Obama nous permet de mieux nous situer Ă  l’échelle des grandes questions qui nous concernent tous aujourd’hui. Une vidĂ©o nous rapporte son intervention en dialogue avec Angela Merkel et ses interlocuteurs allemands dans une ambiance chaleureuse qui se marque sur les visages des participants (6). Nous prĂ©sentons ici des extraits de cette intervention.

 

Un idéal à partager

Barack Obama rappelle que sa vie publique a commencĂ© en travaillant avec les Ă©glises dans les quartiers pauvres de Chicago. «  Lorsqu’on veut crĂ©er un monde meilleur, cela requiert de regarder vers un but et d’avancer avec foi (sense of purpose and sense of faith). Nous avons besoin de croire que nous pouvons entrer en relation avec les gens avec de la gentillesse et de la tolĂ©rance et que nous pouvons gĂ©rer les diffĂ©rences entre les nations, entre les religions. Nous trouvons une unitĂ© dans la croyance en Dieu. Ce sont ces convictions qui m’ont portĂ© dans mon travail et dans ma vie et je suis trĂšs encouragĂ© en voyant autant de jeunes aujourd’hui ».

La jeune gĂ©nĂ©ration est une force montante. « A une Ă©poque oĂč le monde  est un lieu trĂšs compliquĂ©, oĂč nous sommes bouleversĂ© par une violence terrible, telle qu’elle vient de se manifester Ă  Manchester, nous savons que le terrorisme est un grand danger, car il y a des gens qui veulent faire du mal aux autres simplement parce qu’ils sont diffĂ©rents d’eux. Mais cette Ă©poque est aussi une pĂ©riode de grande opportunitĂ©. Maintenant que je ne suis plus prĂ©sident, mais nĂ©anmoins en situation d’influence, je pense ĂȘtre en capacitĂ© d’aider de plus en plus de jeunes Ă  faire face Ă  ces dĂ©fis. Je veux encourager une nouvelle gĂ©nĂ©ration dans l’exercice d’un leadership de maniĂšre Ă  marginaliser ceux qui veulent nous diviser et Ă  rassembler de plus en plus de gens pour rĂ©aliser un bien commun.

 

Une tĂąche Ă  poursuivre.

Pendant huit ans, Barack Obama a Ă©tĂ© prĂ©sident des Etats-Unis. Comment a-t-il exercĂ© son action dans cette haute fonction ? « Je suis trĂšs fier du travail que j’ai effectuĂ© en Ă©tant prĂ©sident. Quand vous entrez dans la vie publique, vous devez reconnaĂźtre que vous ne rĂ©aliserez jamais 100%  de ce que vous souhaiteriez. Ce que vous devez essayer de faire, c’est travailler avec d’autres qui partagent les mĂȘmes valeurs, la mĂȘme vision, pour essayer de rendre les choses meilleures en sachant que vous n’atteindrez pas la perfection ». Barack Obama cite en exemple la  rĂ©forme de l’accĂšs aus soins mĂ©dicaux (« Obamacare »). 20 millions de personnes nouvelles ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de cette rĂ©forme, mais nous n’avons pas rĂ©ussi Ă  couvrir 100% de la population et aujourd’hui. AprĂšs mon dĂ©part, la rĂ©forme est remise en question ».

Le progrĂšs se rĂ©alise pas Ă  pas, avec parfois des reculs provisoires. Au delĂ  du court terme, il faut voir Ă  plus long terme . Il y a des Ă©tapes. Barack Obama estime qu’aprĂšs avoir accompli sa tĂąche, avec ses imperfections, il est bon de passer la relĂšve Ă  une gĂ©nĂ©ration plus jeune. « Chaque gĂ©nĂ©ration a une contribution Ă  apporter. En considĂ©rant ce qui est arrivĂ© pendant ma vie, malgrĂ© toutes les tragĂ©dies actuelles, le monde n’a jamais Ă©tĂ© plus riche, en meilleure santĂ©, mieux Ă©duquĂ©. Les jeunes aujourd’hui ont accĂšs Ă  une information et Ă  des opportunitĂ©s qui Ă©taient inconnues Ă  l’époque oĂč je suis nĂ©. Mais la poursuite du progrĂšs dĂ©pend de la jeune gĂ©nĂ©ration. Je me donne pour but de l’aider ».

 

Quel ordre international ?

L’ordre international est Ă  un tournant. C’est un moment important pour la communautĂ© internationale. Je suis nĂ© en 1961. A l’époque, Berlin Ă©tait divisĂ©. Nous venions tout juste de sortir d’une guerre dĂ©vastatrice. Les dictatures rĂ©gnaient dans une grande partie du monde.  Certains pays commençaient seulement Ă  sortir du colonialisme. L’apartheid prĂ©valait en Afrique du Sud. Pourtant, Ă  cause d’un ensemble d’idĂ©aux et de principes : le rĂšgne du droit, la dignitĂ© de l’individu, la libertĂ© de religion, la libertĂ© de la presse, une Ă©conomie libĂ©rale basĂ©e sur le marchĂ©, Ă  cause de ces principes qui ont prĂ©valu en Europe et aux Etats-Unis et dans d’autres pays qui se sont joint Ă  eux en ce sens, nous avons vu un progrĂšs incroyable. En Europe, il n’y a jamais eu plus grande prospĂ©ritĂ© et plus grande paix que dans ces trois ou quatre derniĂšres dĂ©cennies. C’est une remarquable rĂ©alisation. Et parfois les jeunes la considĂšrent comme allant de soi. Mais aujourd’hui, nous devons reconnaĂźtre qu’à cause de la mondialisation et de la technologie, et de la disruption que cela entraine, Ă  cause des inĂ©galitĂ©s qui existent entre les nations et Ă  l’intĂ©rieur des pays, Ă  cause de l’inquiĂ©tude en lien avec le rĂ©trĂ©cissement du monde Ă  l’ùre de la communication internet, Ă  cause de la crise des rĂ©fugiĂ©s, cet ordre international qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă© et existe aujourd’hui, devrait changer, ĂȘtre remis Ă  jour, ĂȘtre renouvelĂ©, parce que nous sommes confrontĂ©s aujourd’hui Ă  un rĂ©cit concurrent empreint de peur, de xĂ©nophobie, de nationalisme, d’intolĂ©rance, de tendances anti-dĂ©mocratiques. Comme citoyen des Etats-Unis et membre de la communautĂ© mondiale, je pense qu’il est trĂšs important que nous soutenions les valeurs et les idĂ©aux qui sont les meilleurs et que nous repoussions les tendances qui violent les droits humains, suppriment la dĂ©mocratie ou rĂ©duisent la libertĂ© de conscience et la libertĂ© religieuse. C’est une bataille significative que nous devons mener et elle n’est pas toujours facile ». Barack Obama cite alors l’exemple de la Syrie avec toute la dĂ©solation qui rĂšgne dans ce pays. On ne peut se dĂ©sintĂ©resser de ce qui arrive dans une autre partie du monde. « Nous devons reconnaĂźtre que ce qui arrive dans une autre partie du monde  ou dans des pays isolĂ©s, que ce soit en Afrique, en Asie, en AmĂ©rique latine, a un impact sur nous et que nous sommes appelĂ©s Ă  nous engager pour aider ces pays Ă  trouver la paix et la prospĂ©ritĂ©. Comme prĂ©sident des Etats-Unis, j’ai fait de mon mieux mĂȘme si je n’ai pas toujours eu les outils pour le faire. Mais du moins j’ai essayĂ©. Et lorsque nous persĂ©vĂ©rons, il peut arriver dans ces situations  ce que le prĂ©sident Abraham Lincoln a Ă©voqué : « Les anges les meilleurs de notre nature peuvent s’éveiller »

 

Comment aider les réfugiés ?

L’Allemagne a Ă©tĂ© confrontĂ© rĂ©cemment Ă  un afflux de rĂ©fugiĂ©s et ce problĂšme a Ă©tĂ© affrontĂ© avec beaucoup de courage par la chanceliĂšre Angela Merkel. Barack Obama a donc Ă©tĂ© interrogĂ© sur cette question. « En fonction de la gĂ©ographie, de la prĂ©sence des ocĂ©ans, nous n’avons pas eu un aussi grand nombre de rĂ©fugiĂ©s venant de Syrie ou d’Afghanistan. Mais il y a aux Etats-Unis, une immigration importante venant du Mexique et, plus rĂ©cemment, d’AmĂ©rique centrale et d’AmĂ©rique latine. Et comme prĂ©sident des Etats-Unis, j’ai Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  ce problĂšme.

Aux yeux de Dieu, un enfant, de l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, est aussi digne d’amour et de compassion que mon propre enfant. Nous ne pouvons les distinguer en terme de valeur et de dignitĂ©, et tous mĂ©ritent amour, abri, Ă©ducation et opportunité . Mais lorsque nous sommes Ă  la tĂȘte de grands Ă©tats nationaux et  que nous avons une responsabilité  vis Ă  vis de nos citoyens et des gens Ă  l’intĂ©rieur de nos frontiĂšres, alors le travail du gouvernement est d’exprimer humanitĂ©, compassion et solidaritĂ© avec ceux qui sont dans le besoin, mais aussi de reconnaĂźtre que nous devons agir  dans le cadre de contraintes lĂ©gales, de contraintes institutionnelles et des obligations vis Ă  vis des citoyens des pays que nous servons. Et ce n’est pas toujours facile.  Un moyen de faire du meilleur travail est de crĂ©er plus d’opportunitĂ© pour les gens dans leur propre pays. C’est donc un dĂ©fi de faire comprendre Ă  nos concitoyens que lorsque nous suscitons du dĂ©veloppement en Afrique, ou que nous sommes impliquĂ©s dans une rĂ©solution de conflits ou dans des endroits oĂč il y a une guerre, lorsque nous faisons des investissements pour faire face au changement climatique et aux problĂšmes que ce changement entraĂźne pour les agriculteurs, nous ne faisons pas tout cela simplement par charitĂ©, parce que c’est une bonne chose d’agir avec gentillesse, mais aussi parce que si il y a une disruption dans ces pays, si il y a un conflit, si il y a une mauvaise gouvernance, si il y a une guerre, si il y a de la pauvretĂ©, alors dans ce nouveau monde oĂč nous vivons, nous ne pouvons pas nous isoler, nous cacher derriĂšre un mur. Il est trĂšs important pour nous de voir que ces investissements contribuent Ă  notre propre bien ĂȘtre et sĂ©curitĂ©.

 

Les religions et la vie politique

Quel rapport entre les religions et la vie politique ? Barack Obama s’exprime Ă  partir de l’exemple amĂ©ricain. « Les Etats-Unis sont un pays trĂšs religieux et je pense que c’est une grande source de force. Mais, pour une part, historiquement, ce dynamisme est liĂ© Ă  la sĂ©paration entre l’Etat et l’Eglise qui a Ă©tĂ© envisagĂ©e comme une protection des communautĂ©s de foi pour qu’elles puissent pratiquer librement ». Comment le rapport entre religions et vie politique peut-il s’exercer au mieux ? « Nous avons besoin de reconnaĂźtre que, dans toute dĂ©mocratie, il y a des gens engagĂ©s dans des religions trĂšs diffĂ©rentes. Et la dĂ©mocratie requiert des compromis. Quand nous Ă©voquons la foi religieuse, par dĂ©finition, il y a certains points oĂč nous ne faisons pas de compromis. Et je pense que nous faisons parfois fausse route en introduisant ce refus de compromis dans le processus politique ».

Barack Obama appelle au respect et à la gestion de la diversité. « Si nous sommes probablement une nation chrétienne, nous sommes aussi une nation musulmane, une nation hindoue, une nation juive et une nation de non croyants. Mais nous pouvons trouver des conceptions et des principes moraux qui nous relient ensemble et nous rencontrer sur ce consensus qui nous permet de progresser ensemble.

MĂȘme dans notre propre famille religieuse, il y a certains points oĂč nous pouvons ĂȘtre en dĂ©saccord. Parfois cela peut nous troubler. Personnellement, dans ma propre foi, je pense qu’il est utile d’accepter un petit bout de doute. Nous croyons en des rĂ©alitĂ©s qui ne sont pas visibles et, en consĂ©quence, j’essaie d’ĂȘtre humble. Je ne prĂ©tend pas que Dieu parle exclusivement Ă  travers moi. J’assume que Dieu partage de la sagesse dans tous les gens. Si je suis convaincu que j’ai toujours raison, la conclusion logique se traduit parfois en une grande cruautĂ© et une grande violence. Dans un monde pluraliste, dans un monde oĂč il y a des gens diffĂ©rents venant de diverses traditions religieuses, cherchons Ă  rĂ©aliser que nous sommes, les uns et les autres, partie de la vĂ©rité ».

 

La foi : une motivation

« Je pense aux dĂ©fis auxquels nous devons faire. Si notre rĂ©ponse n’est pas parfaite et s’élabore Ă  travers l’action et la rĂ©flexion, elle est motivĂ©e par notre foi et les valeurs et les idĂ©aux qui sont les plus importants pour nous. Nous devrions ĂȘtre prĂȘts Ă  risquer quelque chose pour la cause Ă  laquelle nous tenons. Nous devrions ĂȘtre prĂȘts Ă  contester une pratique traditionnelle. Aux Etats-Unis, ce sont des gens de foi qui, les premiers, ont parlĂ© contre l’esclavage. Cela appelait une juste colĂšre contre une institution qui semblait ressortir de l’ordre naturel. C’était un mouvement radical qui a Ă©levĂ© la conscience du peuple et qui a conduit une longue marche vers la libertĂ©. Ainsi nous sommes appelĂ© Ă  agir selon ce que nous croyons vrai et juste. Lorsque nous agissons ainsi, ma seule suggestion, c’est de nous rappeler que Dieu ne parle pas seulement Ă  nous. Pour moi, la force de notre foi trouve sa confirmation lorsque nous acceptons de nous engager avec des gens ayant des vues diffĂ©rentes et d’ĂȘtre prĂȘts Ă  les Ă©couter et Ă  les considĂ©rer ». L’avancĂ©e peut prendre du temps. L’important, c’est de persĂ©vĂ©rer mĂȘme quand c’est difficile.

 

Les grandes questions

Quelles sont les grandes questions qui concernent la politique internationale, Barack Obama énonce deux questions. La premiÚre est relative au développement. La seconde concerne les budgets militaires.

 

« L’écart croissant entre les opportunitĂ©s, les inĂ©galitĂ©s de plus en plus grandes entre les nations et Ă  l’intĂ©rieur des nations, voilĂ  une des questions majeures que cette gĂ©nĂ©ration et les prochaines gĂ©nĂ©rations auront Ă  affronter. Le volume de richesse, d’opportunitĂ© et de consommation qui existe au sommet, en comparaison avec les besoins Ă©normes qui existent dans le monde, est une situation que je trouve insupportable.

Il y a assez pour nourrir chacun, pour loger et vĂȘtir chacun, pour Ă©duquer chacun si nous sommes capables de mettre en route un processus social qui reflĂšte nos valeurs. Ce n’est pas facile Ă  faire. Ce n’est pas simplement faire un chĂšque et envoyer de l’argent. C’est crĂ©er une sociĂ©tĂ© qui parvienne Ă  se suffire Ă  elle-mĂȘme et manifeste de la dĂ©termination et de la dignitĂ©. C’est pourquoi  quand nous examinons un budget pour une aide au dĂ©veloppement, nous nous centrons sur la maniĂšre non pas de donner simplement du poisson, mais d’apprendre Ă  le pĂȘcher. Nous voulons aussi nous assurer que la gouvernance cherche Ă  promouvoir les intĂ©rĂȘts de gens Ă  la base.          Cependant, on doit se rendre compte des Ă©normes progrĂšs qui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, mĂȘme dans la durĂ©e limitĂ©e de mon existence. Juste dans les derniĂšres dĂ©cennies, il y a eu des centaines de millions de gens qui sont sortis de l’extrĂȘme pauvretĂ©, en Chine, en Inde, dans certaines parties de l’Afrique. Il y a beaucoup Ă  faire, mais il encourageant de voir tout ce qui a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  fait ».

 

Il y a une autre grande question. Elle concerne les budgets militaires. « Ce que j’aurais aimĂ© voir, par exemple, c’est l’ultime Ă©limination des armes nuclĂ©aires de cette planĂšte. Absolument !  Un moment, nous sommes parvenus quelque peu Ă  rĂ©duire les armements nuclĂ©aires russes et amĂ©ricains. Cependant, de la mĂȘme façon qu’il a fallu du temps pour sortir des gens de la pauvretĂ©, rĂ©duire le besoin de budgets militaires demandera un effort long et persĂ©vĂ©rant. Il est vrai que nous vivons dans un monde dangereux ». Barack Obama cite l’exemple de l’Afrique oĂč les Etats-Unis sont appelĂ©s Ă  intervenir pour rĂ©tablir la paix et assurer la sĂ©curitĂ© des organisations humanitaires. Il montre aussi combien les conflits militaires sont souvent en rapport avec des problĂšmes de dĂ©veloppement. Ainsi, « notre budget national de sĂ©curitĂ© ne devrait pas ĂȘtre conçu uniquement en terme d’armements, mais aussi en terme de dĂ©veloppement, en terme de diplomatie, en terme de soutien Ă  l’éducation des filles et des paysans ».

 

A un carrefour de l’histoire

A ce moment de l’histoire, l’Occident semble traversĂ© par deux tendances adverses. D’un cĂŽtĂ©, animĂ©e par le rĂȘve d’une grandeur passĂ©e, inquiĂšte par rapport aux changements Ă©conomiques, sociaux , culturels, une tendance qui prĂ©conise un retour en arriĂšre, un repli sur soi, le renvoi des migrants, un rejet de la solidaritĂ© internationale. En regard, un mouvement engagĂ© de longue date, mais qui aujourd’hui prend de l’ampleur : une coopĂ©ration internationale croissante tant Ă©conomique que sociale et culturelle, la prise de conscience d’une unitĂ© du monde dans la construction d’une civilisation nouvelle attentive aux droits humains, une solidaritĂ© accrue face Ă  des menaces internes et externes comme le maintien ou la progression des inĂ©galitĂ©s ou le rĂ©chauffement climatique. Si la description de ces deux tendances opposĂ©es est quelque peu sommaire, voire caricaturale, il y a lĂ  nĂ©anmoins le cadre d’une forte tension marquĂ©e en 2016 par des succĂšs importants remportĂ©s par la tendance rĂ©gressive au cƓur mĂȘme de l’Occident : la victoire du Brexit en Grande-Bretagne, l’élection de Donald Trump Ă  la prĂ©sidence des Etats-Unis.

Pendant ses deux mandats prĂ©sidentiels, Barack Obama a conduit les Etats-Unis dans la voie de l’ouverture, de la solidaritĂ© internationale, du respect des minoritĂ©s, d’une progression d’un mieux ĂȘtre social, du progrĂšs Ă©cologique. Il a menĂ© cette lutte dans un esprit de respect vis Ă  vis des personnes, une attitude empathique et chaleureuse induisant un consensus. Dans cette tĂąche difficile, il a Ă©tĂ© portĂ© par une inspiration chrĂ©tienne ouverte. Sa prĂ©sence au Kirchentag en mai 2017 nous paraĂźt ainsi particuliĂšrement significative. Barack Obama exprime le mouvement pour un monde plus solidaire et plus respectueux des personnes, un mouvement tournĂ© vers l’avenir et non vers le passĂ©. Il s’adresse tout particuliĂšrement Ă  la jeune gĂ©nĂ©ration qui est en train de grandir sur les diffĂ©rents continents.

Quelques jours auparavant, l’élection d’Emmanuel Macron Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique Française tĂ©moignait de la victoire d’une tendance « progressiste » qui marquait une inflexion majeure dans la conjoncture internationale en marquant un coup d’arrĂȘt par rapport Ă  la tendance prĂ©conisant le repli, le rejet, le dissociation. Ainsi, Barack Obama a pu intervenir dans un contexte oĂč, Ă  nouveau, on pouvait entrevoir un horizon d’ouverture. Au cƓur de l’Europe, Ă  Berlin, ce dialogue a tĂ©moignĂ© d’une espĂ©rance qui, dans le contexte du Kirchentag, s’exprimait dans une ambiance de fraternitĂ© chrĂ©tienne.  Barack Obama nous aide ici Ă  voir quels sont actuellement les grands enjeux politiques et de quelle maniĂšre on peut les aborder. Il nous permet de dĂ©passer nos ressentis immĂ©diats pour nous situer dans la durĂ©e. Le processus dĂ©mocratique nous permet d’avancer vers de meilleures solutions, mais il inclut aussi des reculs. Barack Obama nous appelle Ă  un engagement patient et persĂ©vĂ©rant. Nous partageons ici ce que nous percevons Ă  travers la vidĂ©o de cette rencontre : une conviction, une pensĂ©e ouverte et prospective, une convivialitĂ© fraternelle.

 

J H

 

(1) PrĂ©sentation du Kirchentag sur « Free Wikipedia » : « le « Deutscher Evangelischer Kirchentag » est une assemblĂ©e de membres laĂŻcs de l’Eglise EvangĂ©lique allemande qui organise un rassemblement biaannuel concernant la foi, la culture et la politique ».

https://en.wikipedia.org/wiki/German_Evangelical_Church_Assembly

Du 24 au 28 mai 2017, le Kirchentag a cĂ©lĂ©brĂ© le 500Ăš anniversaire de la RĂ©forme dans une grande manifestation « joyeuse, diverse et multiculturelle »      («  RĂ©forme »). Un compte-rendu sur le site du Centre d’information sur l’Allemagne : http://www.allemagne.diplo.de/Vertretung/frankreich-dz/fr/__pr/nq/2017-05/2017-05-30-kirchentag-protestant-pm.html?archive=4908386  L’hebdomadaire « RĂ©forme » (1er juin 2017) a consacrĂ© une double page (p 4-5) Ă  cet Ă©vĂ©nement marquant qui, Ă  travers une forte participation jeune et internationale, tĂ©moigne de la vitalitĂ© d’une foi chrĂ©tienne au sein du monde d’aujourd’hui. Dans un article intitulĂ© « La foi visible », Jean-Paul Willaime Ă©crit ainsi : « Le fait que deux Ă©minentes personnalitĂ©s politiques protestantes : l’ancien prĂ©sident des Etats-Unis, Barack Obama et la chanceliĂšre Angela Merkel aient acceptĂ© de discuter de dĂ©mocratie et d’engagement Ă  Berlin au 36Ăš Kirchentag
 constitue incontestablement un Ă©vĂ©nement »

(2) Discours de Barack Obama sur la démocratie (AthÚnes. (le 16 novembre 2016) : https://www.youtube.com/watch?v=xKirW7AQ2oo

Dans une perspective historique et Ă  partir de son expĂ©rience, Barack Obama nous apporte ici un enseignement majeur sur les vertus et les problĂšmes de la dĂ©mocratie aujourd’hui : https://obamawhitehouse.archives.gov/the-press-office/2016/11/16/remarks-president-obama-stavros-niarchos-foundation-cultural-center

(3) Lors de ses dĂ©placements internationaux, Barack Obama s’adresse frĂ©quemment aux « leaders » des rĂ©gions visitĂ©es dans des rencontres caractĂ©risĂ©es par un dialogue dynamique et convivial. Deux exemples : Asie du Sud Est : https://www.youtube.com/watch?v=j3GuzhWdiiI

Argentine et Amérique Latine :

https://www.youtube.com/watch?v=zbq2gmYq780

(4) On peut percevoir des analogies entre Barack Obama et Emmanuel Macron dans une approche dialoguante et inclusive. Emmanuel Macron nous dit avoir beaucoup reçu du philosophe français, Paul Ricoeur : https://le1hebdo.fr/journal/numero/64/j-ai-rencontr-paul-ricoeur-qui-m-a-rduqu-sur-le-plan-philosophique-1067.html

(5) L’inspiration chrĂ©tienne chez Barack Obama :

« De Martin Luther King à Barack Obama » : https://vivreetesperer.com/?p=2065

« La rencontre entre Barack Obama et le pape François » :

https://vivreetesperer.com/?p=2192

« La priÚre dans la vie de Barack Obama » :

https://vivreetesperer.com/?p=2326

(6) Barack Obama and Angela Merkel speak at Kirchentag in Berlin. VidĂ©o principalement Ă  partir de laquelle nous avons travaillĂ© pour prĂ©senter des extraits adaptĂ©s en français. Nous renvoyons Ă  cette vidĂ©o qui apporte non seulement la parole dans son extension, mais aussi l’expression des participants  Ă  travers leurs visages.

https://www.youtube.com/watch?v=ZV6yjj50lGc

Autres versions : https://www.youtube.com/watch?v=PXrmmVMnUg4

https://www.youtube.com/watch?v=qEFi0UKeGE8

Les plantes mĂ©dicinales au cƓur d’une nouvelle approche mĂ©dicale : phytothĂ©rapie clinique intĂ©grative et mĂ©decine endobiogĂ©nique.

 

indexNotre sociĂ©tĂ© se caractĂ©rise par une individualisation croissante. C’est un processus de longue durĂ©e qui se rĂ©alise par Ă©tapes. Aujourd’hui, cette individualisation est manifeste dans tous les domaines de la vie. Elle appelle en regard une responsabilitĂ© accrue Ă  travers une extension des choix. Dans le mĂȘme temps, on prend conscience des interrelations qui interviennent Ă  tous les niveaux de notre existence. Ces deux mouvements se traduisent dans des phĂ©nomĂšnes diffĂ©rents, mais concomitants : la prise de conscience Ă©cologique et la rĂ©volution numĂ©rique. Cette Ă©volution dans les mentalitĂ©s influence notre maniĂšre de voir dans diffĂ©rents domaines d’activitĂ©. C’est le cas, par exemple, dans le domaine de l’éducation. C’est aussi le cas dans le domaine de la mĂ©decine. Dans ces deux domaines, les usagers, aspirent Ă  ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des personnes et Ă  participer Ă  un mouvement de vie. Cependant, cette Ă©volution se heurte Ă  la fois Ă  des reprĂ©sentations anciennes et au poids des appareils. Les organisations peinent Ă  se dĂ©faire de la massification hĂ©ritĂ©e de la prĂ©cĂ©dente rĂ©volution industrielle. La pensĂ©e Ă©cologique, dans sa vision holistique, consciente de la complexitĂ© et respectueuse de la diversitĂ©, se heurte Ă  l’hĂ©ritage d’une conception dominatrice. Ainsi, la part donnĂ©e aux mathĂ©matiques dans l’accession aux Ă©tudes de mĂ©decine traduit un Ă©tat d’esprit technocentrĂ©. Nous sommes donc engagĂ©s dans un changement qui rencontre des oppositions. Mais ce changement peut s’appuyer sur la transformation actuelle des mentalitĂ©s.

Aujourd’hui, l’apparition d’une mĂ©decine endobiogĂ©nique qui s’appuie sur l’usage des plantes mĂ©dicinales est une innovation pionniĂšre qui s’inscrit dans la transformation de notre culture et de notre sociĂ©tĂ©. C’est une mĂ©decine personnalisĂ©e qui prend en compte la diversitĂ© dans une relation participative. C’est une mĂ©decine intĂ©grative qui met en Ɠuvre une vision globale, holistique d’un organisme humain en mouvement dans l’exercice des fonctions hormonales et neuro-vĂ©gĂ©tatives. Le recours aux plantes mĂ©dicinales pour une Ɠuvre de rĂ©gulation et de remĂ©diation se rĂ©vĂšle particuliĂšrement efficace parce qu’il  participe au monde du vivant et multiplie, dans une approche scientifique, les acquis d’une expĂ©rience traditionnelle. C’est un aspect remarquable de la prise en compte de la biodiversitĂ©. Dans son originalitĂ©, la mĂ©decine endobiogĂ©nique est nĂ©e en France, sous l’impulsion de deux mĂ©decins, Christian Duraffour et Jean-Claude Lapraz et elle est portĂ©e par une communautĂ© innovante (1), mĂȘme si elle se heurte encore aujourd’hui Ă  un manque de moyens et un manque de reconnaissance.      Dans ce contexte, la publication d’un ouvrage de rĂ©fĂ©rence, sous la direction de Jean-Claude Lapraz et d’Alain Carillon : « Plantes mĂ©dicinales. PhytothĂ©rapie clinique intĂ©grative et mĂ©decine endobiogĂ©nique » (2) est un pĂŽle de ressources qui vient conforter une dynamique scientifique. Pour en situer la portĂ©e, il est bon de rappeler quelques jalons permettant d’ouvrir Ă  tous la comprĂ©hension de cet apport.

 

Une médecine personnalisée

En 2012, paraĂźt un livre intitulé : « La mĂ©decine personnalisĂ©e », Ă©crit par le docteur Jean-Claude Lapraz  en collaboration avec une journalise : Marie-Laure de Clermont-Tonnerre  (3). Ce livre explique les fondements de la mĂ©decine endobiogĂ©nique et nous introduit ensuite dans un vĂ©cu personnel de sa pratique. Cet ouvrage demeure aujourd’hui la porte d’entrĂ©e pour la comprĂ©hension de cette mĂ©decine. On en trouvera une prĂ©sentation dĂ©taillĂ©e sur ce blog (4). Nous renvoyons Ă  cette analyse en rappelant nĂ©anmoins les grands principes qui y sont exposĂ©s.

 

Une vision nouvelle de la médecine : la médecine de terrain.

Selon notre constitution, nous rĂ©agissons chacun diffĂ©remment Ă  telle ou telle agression. « Une seule explication possible : l’état de notre terrain : « L’ensemble des facteurs gĂ©nĂ©tiques, physiologiques, tissulaires ou humoraux qui, chez un individu, favorisent la survenue d’une maladie ou en conditionne le pronostic » (Larousse). C’est dans cette perspective que cette nouvelle approche mĂ©dicale est mise en Ɠuvre : « L’ĂȘtre humain ne se limite pas Ă  un simple assemblage de fonctions ou d’organes sans lien entre eux. Il est un ĂȘtre vivant autonome et complet qui rĂ©agit Ă  chaque instant comme un tout cohĂ©rent et doit sans cesse s’adapter
 La mĂ©decine actuelle a fait Ă©clater le corps en ses multiples composants. En nĂ©gligeant de replacer chacun d’eux dans ses relations complexes avec les autres, elle a perdu la capacitĂ© d’établir un diagnostic global de l’état du patient. Il est donc temps aujourd’hui de proposer une approche mĂ©dicale qui mette en Ă©vidence les liens qui unissent le local au global et qui donnent une vĂ©ritable vision scientifique intĂ©grale du patient. C’est ce que nous dĂ©signons comme la conception endobiogĂ©nique du terrain » (p 68).

On prend conscience aujourd’hui des limites d’une mĂ©decine en miettes pour se diriger vers une mĂ©decine globale, « intĂ©grative ».

Effectivement, nous dit-on, « le tout est plus que la somme des parties ». Le corps est perçu comme un ensemble de niveaux : « Chaque niveau, du gĂȘne au chromosome, du chromosome au noyau, du noyau Ă  la cellule, de la cellule Ă  l’organe, de l’organe Ă  l’organisme, possĂšde ses propres mĂ©canismes de fonctionnement, mais ils sont intĂ©grĂ©s et sous contrĂŽle du niveau supĂ©rieur, et, en fin de compte sous celui de l’ensemble de l’organisme. Si un niveau se dĂ©rĂšgle, il est important d’identifier ce qui, en amont, a gĂ©nĂ©rĂ© le dĂ©rĂšglement et de comprendre comment celui-ci agira Ă  son tour sur l’aval » (p 68-69).

Tout se tient. « Pour maintenir l’harmonie, il existe nĂ©cessairement une communication permanente entre chacun des Ă©lĂ©ments, chacune des parties qui nous constitue. Il faut donc qu’en notre corps, ensemble vivant infiniment complexe, existe un coordonnateur qui gĂšre en permanence les liens qui unissent la cellule Ă  l’organe, l’organe aux autres organes et les fonctions entre elles (p 70-71)
 La vie ne peut se maintenir s’il n’existe pas une cohĂ©rence et une finalitĂ© qui permette de faire fonctionner de façon harmonieuse les cellules et les organes de notre corps pour qu’ils se maintiennent en Ă©quilibre » (p 70-71).

De fait, il existe bien une forme de « chef d’orchestre ». « Si l’organisme est une maison, il a pour architecte, pour coordonnateur, pour rĂ©gulateur, le systĂšme hormonal ». Selon l’endobiogĂ©nie, « l’approche endocrinienne du terrain est fondĂ©e sur la reconnaissance du rĂŽle primordial et incontournable du systĂšme hormonal Ă  tous les niveaux du corps humain. C’est lui qui gĂšre le mĂ©tabolisme, c’est Ă  dire la succession permanente et dynamique des phĂ©nomĂšnes de destruction (catabolisme), de reconstruction et de synthĂšse (anabolisme) qui se dĂ©roulent Ă  chaque seconde en nous  » (p 71).

 

L’approche endobiogĂ©nique s’appuie sur une interprĂ©tation nouvelle du fonctionnement du corps humain. Elle propose Ă©galement de nouveaux outils pour en comprendre concrĂštement le fonctionnement et pour pouvoir en consĂ©quence intervenir pour corriger et rĂ©guler.

« En partant d’une simple prise de sang comportant douze donnĂ©es biologiques (comme la numĂ©ration formule sanguine, le nombre des plaquettes sanguines, le dosage de deux enzymes
), on peut construire un systĂšme Ă©tabli sur des algorithmes, tous basĂ©s sur des donnĂ©es incontestĂ©es de la physiologie qui font apparaĂźtre de nouveaux chiffres conduisant Ă  une comprĂ©hension beaucoup plus large des phĂ©nomĂšnes Ă  l’Ɠuvre dans le corps que ne le permet l’approche purement analytique actuellement en vigueur. C’est la biologie des fonctions
 Ce systĂšme complexe, conçu par le Docteur Christian Duraffourd, a permis d’établir quelques 172 index d’activitĂ© endocrine, mĂ©tabolique, tissulaire, etc (par exemple : nĂ©crose cellulaire, rĂ©sistance Ă  l’insuline, remodelage osseux, immunitĂ©, stress oxydatif, dĂ©veloppement anormal cellulaire) (p 81-83). « Dans une goutte de sang, on peut voir l’individu et son terrain ». La production de cet ensemble est un bond en avant impressionnant pour la comprĂ©hension de l’état du patient.

Mais, dans la consultation, telle qu’elle est pratiquĂ©e par les mĂ©decins qui se rĂ©clament de cette approche, d’autres donnĂ©es recueillies Ă  travers l’écoute et l’examen clinique, viennent encore s’y ajouter. Ces donnĂ©es viennent s’inscrire en regard de l’interprĂ©tation endobiogĂ©nique. A partir de lĂ , le mĂ©decin peut prescrire un traitement appropriĂ© en faisant appel principalement aux plantes mĂ©dicinales. L’usage de celles-ci permet d’éviter la nocivitĂ© des effets secondaires que peuvent entraĂźner certains mĂ©dicaments de synthĂšse. Par ailleurs, la combinaison d’un certain nombre de plantes Ă  activitĂ© synergique ou complĂ©mentaire induit un effet global important : « La sommation des petits effets que chacun va gĂ©nĂ©rer dans l’organisme permet d’apporter une amĂ©lioration, puis une vraie guĂ©rison ».

 

Soigner autrement, c’est possible

         En 2013, le docteur Jean-Christophe CharriĂ©, mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste et praticien de l’endobiogĂ©nie Ă  la Rochelle explique l’approche de la mĂ©decine endobiogĂ©nique dans la vidĂ©o d’une intervention TEDx : « Soigner autrement, c’est possible » (5). Jean-Christophe CharriĂ© fait partie du groupe de mĂ©decins qui militent pour la progression de l’endobiogĂ©nie en France et il a apportĂ© une contribution au livre de fond qui vient de paraĂźtre sur les plantes mĂ©dicinales (6). Cette intervention, alliant beaucoup de compĂ©tence et un grand talent pĂ©dagogique, nous familiarise avec cette pratique mĂ©dicale.

 

 

AprĂšs avoir esquissĂ© une dĂ©finition de l’endobiogĂ©nie (endo : intĂ©rieur ; bio : la vie ; gĂ©nie : organisation) : une science de l’organisation de la vie intĂ©rieure », Jean-Christophe CharriĂ© nous expose au prĂ©alable les vertus de la plante mĂ©dicinale :

« Quelque chose qui appartient Ă  toute l’humanitĂ©, car elle n’est pas brevetable.

Quelque chose qui est actuellement la seule source de soin pour 4 humains sur 5.

Quelque chose dont l’Organisation Mondiale de la SantĂ© fait la promotion.

Quelque chose qui a Ă©tĂ© reconnu en France par l’AcadĂ©mie de MĂ©decine, mais qui a Ă©tĂ© rejetĂ© en 2007 par la SĂ©curitĂ© Sociale.

Cela fait 7 000 ans au moins que l’homme utilise la plante mĂ©dicinale. C’est un outil aux propriĂ©tĂ©s multiples, exceptionnelles, qu’il convient d’utiliser Ă  bon escient.

C’est un outil thĂ©rapeutique qui rĂ©pond aux exigences de la politique de santĂ© de demain, en terme de rĂ©duction des coĂ»ts, en terme d’accessibilitĂ© aux soins, en terme de respect de l’individu et de l’environnement. C’est un outil thĂ©rapeutique qui prend sa pleine puissance quand il est utilisĂ© dans le cadre de la science mĂ©dicale qu’est l’endobiogĂ©nie ».

Il y a effectivement un potentiel considĂ©rable. « Il y a sur terre un peu plus de 500 000 plantes. La moitiĂ© a Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©e. L’Organisation Mondiale de la SantĂ© a relevĂ© 29 000 plantes comme faisant partie de celles utilisĂ©es traditionnellement dans le soin. Un peu plus de 2 500 plantes ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’études approfondies pour savoir comment elles fonctionnent. Et dans ma pratique, j’en utilise un peu plus de 200. Ainsi, nous avons un potentiel Ă©norme de recherche et de dĂ©veloppement. L’industrie pharmaceutique l’a bien compris, puisque dans le gros dictionnaire rouge des mĂ©decins, le Vidal, 70% des mĂ©dicaments trouvent leur source dans la plante mĂ©dicinale ».

 

Si la plante mĂ©dicinale est un outil majeur de la mĂ©decine endobiogĂ©nique, elle est nĂ©gligĂ©e par la mĂ©decine dominante. Jean-Christophe CharriĂš nous apporte un aperçu trĂšs Ă©clairant sur la maniĂšre dont la mĂ©decine s’est dĂ©veloppĂ©e depuis 150 ans.

Comment en est-on arrivĂ© Ă  la mĂ©decine d’aujourd’hui ?

Au milieu du XIXĂš siĂšcle, « la science mĂ©dicale Ă©tait dans une impasse, car elle n’arrivait pas Ă  soigner et guĂ©rir les grandes Ă©pidĂ©mies. En ce temps-lĂ , il y a eu deux montĂ©es d’approche thĂ©orique de la recherche qui s’incarnent dans deux figures emblĂ©matiques : Claude Bernard et Louis Pasteur. Pour Claude Bernard, qui est mĂ©decin, il s’agit d’étudier la fonctionnalitĂ© de l’organisme. La maladie est la rĂ©sultante d’une dysfonction. C’est grĂące Ă  ses travaux  qu’on peut aujourd’hui interprĂ©ter une prise de sang. Pour Louis Pasteur qui est physicien, mais qui n’est pas mĂ©decin, la maladie est la consĂ©quence de l’agression de l’organisme par un Ă©vĂ©nement extĂ©rieur, que cet Ă©vĂ©nement soit un microbe, un poison et aujourd’hui un gĂšne dĂ©fectueux. C’est parce que cette approche avait des rĂ©sultats visibles, reproductibles et finalement trĂšs simples : Ă  une maladie correspond un traitement, que la science mĂ©dicale s’est engouffrĂ©e dans cette seule voie de recherche.

Il a fallu crĂ©er de nouveaux mĂ©dicaments, des mĂ©dicaments Ă  la puissance extrĂȘme pour gĂ©rer des maladies extrĂȘmes. Et, ainsi ; on a effectivement maitrisĂ© de grandes Ă©pidĂ©mies telle que la peste, la tuberculose, la variole. Et c’est ainsi qu’on est entrĂ© dans la logique des anti : antihypertenseur, anticholestĂ©rol, antidiabĂ©tique, antibiotique. Avec ces outils Ă  la puissance extrĂȘme, pour lutter contre des maladies extrĂȘmes, on a cru qu’on allait tout guĂ©rir. Force est de constater, que ce n’est pas le cas.

Aujourd’hui, du fait d’un mĂ©susage en utilisant ces outils extrĂȘmes qui sont lĂ  pour prendre la place de l’organisme afin d’entrainer la guĂ©rison de celui-ci dans des situations extrĂȘmes, on a utilisĂ© ces outils pour soigner des maladies du quotidien et cela davantage pour l’intĂ©rĂȘt de l’industrie pharmaceutique que pour l’intĂ©rĂȘt du patient. Par cette stratĂ©gie, on a vu apparaĂźtre des maladies induites par ces mĂ©dicaments, on a vu apparaitre une explosion des coĂ»ts de santĂ© et, plus grave encore, des maladies qu’on pouvait traiter avec ces mĂ©dicaments, aujourd’hui ne rĂ©pondent plus. Par exemple, dans la maladie infectieuse, vous avez des bactĂ©ries qui ont dĂ©veloppĂ© des rĂ©sistances aux antibiotiques, c’est Ă  dire que l’antibiotique n’a plus de prise sur la bactĂ©rie, ne peut plus la dĂ©truire


Nous sommes donc Ă  nouveau dans une impasse. Avec cette approche mĂ©dicale qui a rĂ©sumĂ© l’organisme Ă  un foie malade, un cƓur malade, un intestin malade, un cerveau malade, bref avec cette approche qui a Ă©clatĂ© l’homme, comment peut-on recoller les morceaux ? Comment reconsidĂ©rer le tout ? L’endobiogĂ©nie apporte une rĂ©ponse. Et comment respecter le tout ? Les plantes mĂ©dicinales apportent une rĂ©ponse ».

 

Jean-Claude CharriĂ© nous raconte ensuite comment, dans son itinĂ©raire mĂ©dical, il a rencontrĂ© l’endobiogĂ©nie et comment il la met en Ɠuvre aujourd’hui. « Je suis un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste qui, de façon prioritaire, utilise les plantes mĂ©dicinales quand il est possible d’accompagner l’organisme dans des mĂ©canismes d’autorĂ©paration. Je ne m’interdis pas d’utiliser les mĂ©dicaments anti dont nous avons parlĂ©, mais je les garde pour des situations exceptionnelles. Et j’utilise la plante mĂ©dicinale selon l’endobiogĂ©nie. L’endobiogĂ©nie est une mĂ©decine qui vous sort de la masse, qui vous sort de la statistique. C’est une mĂ©decine qui s’intĂ©resse Ă  chacun de vous individuellement. Et qui construira pour vous un traitement sur mesure qui est adoptĂ© Ă  vous seulement.

L’endobiogĂ©nie, c’est une approche qui essaie de comprendre comment fonctionnent les mĂ©canismes de rĂ©paration et de restauration. La restauration : par exemple, votre peau. Tous les matins, quand vous faites votre toilette, vous enlevez de la poussiĂšre, de la crasse et des cellules mortes. Cette peau, il faut la restaurer en permanence. L’autorĂ©paration : Quand vous avez un petit chat qui vous griffe, vous avez une plaie. Et l’organisme sait rĂ©parer. Il fait cela tout seul. Il n’a pas besoin de mĂ©decine pour faire cela. Parce que vous ĂȘtes vivant. Parfois, il y a des phĂ©nomĂšnes qui apparaissent et qui ont du mal Ă  se restaurer et Ă  se rĂ©parer. Et lĂ , vous avez besoin du mĂ©decin. Le rĂŽle du mĂ©decin en endobiogĂ©nie est de comprendre comment vous fonctionnez, aller voir ce qu’on peut soutenir et d’étayer votre organisme pour qu’il puisse se rĂ©parer lui-mĂȘme ;

L’endobiogĂ©nie est une science. Comme toute science, elle repose sur une thĂ©orie. Pour que cette dynamique de rĂ©paration et de restauration fonctionne, il faut un gestionnaire et ce gestionnaire repose essentiellement sur le systĂšme endocrinien et le systĂšme neurovĂ©gĂ©tatif. Comment vos hormones s’organisent entre elles, comment elles entrent en interrelation pour coordonner cette dynamique ? Et comment votre systĂšme nerveux inconscient, celui qui gĂšre votre digestion, votre respiration, le battement de votre cƓur, comment ce systĂšme lĂ  vient aider le premier pour obtenir des phĂ©nomĂšnes de rĂ©paration ? Quand vous allez voir le mĂ©decin en consultation, vous lui parlez. Il vous Ă©coute et il vous examine. Pour le mĂ©decin endobiogĂ©niste, ces trois temps lĂ  sont fondamentaux, car il va chercher des petits signes qui peuvent paraĂźtre infimes, sans sens, mais qui, associĂ©s les uns aux autres, peuvent permettre de construire l’histoire de votre vie jusqu’à aujourd’hui, permettre de comprendre les dysfonctionnements qui ont abouti Ă  la maladie que vous exprimez. S’il en a besoin, mieux encore, le mĂ©decin peut faire une prise de sang simple. Quand les paramĂštres sont dans les normes, tout va bien. Quand ils sont hors des normes, il y a un problĂšme. Vous n’avez pas assez de globules rouges, vous avez une anĂ©mie. On peut s’arrĂȘter Ă  cela. Mais grĂące Ă  la thĂ©orie de l’endobiogĂ©nie, on peut comprendre que tous ces chiffres ne sont pas liĂ©s au hasard. Ces paramĂštres apportent une sorte de photographie de votre fonctionnement intĂ©rieur. Avec l’endobiogĂ©nie, on peut relier ces chiffres entre eux, et mesurer, de la façon la plus fine, comment vous fonctionnez. Cela apporte une aide considĂ©rable au mĂ©decin. Car, pour Ă©tayer, il faut avoir les bons Ă©tais pour les mettre Ă  une bonne place. Et, pour faire cela, le mĂ©decin va utiliser les plantes mĂ©dicinales. Il va les utiliser en fonction des donnĂ©es de la science moderne qui a dĂ©montrĂ© que la plante a la capacitĂ© de rĂ©guler les systĂšmes endocriniens et neurovĂ©gĂ©tatifs ».

 

Plantes médicinales et médecine endobiogénique

Un ouvrage ressource. Un ouvrage de référence

Sur des registres diffĂ©rents, le livre de Jean-Claude Lapraz et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre  et l’interview en vidĂ©o de Jean-Christophe CharriĂ© introduisent un vaste public dans la prise de conscience du caractĂšre original de l’approche endobiogĂ©nique et de son apport prĂ©cieux et irremplaçable. Et cette approche s’appuie sur l’utilisation des plantes mĂ©dicinales. C’est dire l’importance et l’utilitĂ© d’un ouvrage de rĂ©fĂ©rence consacrĂ© Ă  cette ressource.

 

L’ouvrage sur les plantes mĂ©dicinales rĂ©cemment publiĂ© sous la direction de Jean-Claude Lapraz et Alain Carillon prĂ©sente effectivement les connaissances correspondantes issues de la pharmacologie et des donnĂ©es de la tradition. Il offre « 45 monographies de plantes mĂ©dicinales dont l’intĂ©rĂȘt thĂ©rapeutique est confirmĂ© par de nombreuses publications scientifiques rĂ©centes ».

Cependant, « l’originalitĂ© et la spĂ©cificitĂ© de cet ouvrage reposent sur un abord nouveau de l’usage de la plante mĂ©dicinale fondĂ© sur l’évaluation clinique  du patient placĂ© au cƓur de la rĂ©flexion diagnostique. Cette approche permet l’utilisation intĂ©grative et personnalisĂ©e des plantes
 La plante mĂ©dicinale, par la complexitĂ© des Ă©lĂ©ments qui la composent et de leurs effets spĂ©cifiques, rĂ©pond au mieux aux exigences d’une thĂ©rapeutique plus physiologique  et peut alors devenir un moyen de traitement de premier plan si elle est utilisĂ©e selon les rĂšgles mĂ©dicales et prescriptives
 La mĂ©decine endobiogĂ©nique propose une rĂ©flexion originale qui permet de mettre en Ă©vidence les dĂ©sĂ©quilibres des systĂšmes endocriniens gestionnaires de l’organisme. Elle aide le mĂ©decin Ă  les identifier et leur permet d’établir un traitement rĂ©gulateur et physiologiques oĂč la plante mĂ©dicinale joue un rĂŽle prioritaire afin d’aider l’individu Ă  retrouver l’état d’équilibre antĂ©rieur Ă  la maladie : l’état de santé ».

 

Vers une nouvelle approche médicale

Ce livre sur les plantes mĂ©dicinales et la mĂ©decine endobiogĂ©nique  prend place dans l’univers scientifique et professionnel. Ainsi cette nouvelle approche mĂ©dicale progresse sur diffĂ©rents registres. Elle rencontre une opinion plus favorable,  comme en tĂ©moigne un intĂ©rĂȘt croissant pour les mĂ©decines alternatives et complĂ©mentaires, dans un contexte de plus en plus sensible Ă  la dimension Ă©cologique et en demande de participation. Elle est portĂ©e par un courant militant : mĂ©decins gĂ©nĂ©reux et patients reconnaissants (6). Et ce livre tĂ©moigne d’une maturitĂ© scientifique.

Tout au long de cet article, on a pu percevoir une vision nouvelle, un nouveau paradigme et a pu apprĂ©cier la fĂ©conditĂ© de cette approche. On attendrait qu’elle se rĂ©pande dans le corps mĂ©dical. En ce sens, des propositions accrues de formation sont nĂ©cessaires. Il serait opportun que les pouvoirs publics apportent leur soutien.

Dans un systĂšme de santĂ© qui comporte de nombreuses rigiditĂ©s, comment promouvoir cette nouvelle pratique ? A cet Ă©gard, un article paru dans Le Monde, le 14 mars 2012, est toujours pertinent aujourd’hui (8). Sous la signature de Luc Montagnier, prix Nobel de mĂ©decine en 2008 et FrĂ©dĂ©ric Bizard, consultant et maitre de confĂ©rences Ă  Sciences-Po, cet article ouvre la voie : « Anticipons le passage d’une mĂ©decine curative Ă  une mĂ©decine prĂ©ventive ». On peut y lire : « D’une approche verticale et segmentĂ©e, nous devons passer Ă  une vision transversale de la santĂ©. D’une mĂ©decine curative du siĂšcle dernier, nous devons passer Ă  la mĂ©decine 4p : prĂ©ventive, prĂ©dictive, personnalisĂ©e, partipative, ce qui modifie considĂ©rablement le logiciel du systĂšme. L’approche transversale de la mĂ©decine 4p doit s’accompagner d’une rĂ©novation de notre systĂšme de santĂ© avec une approche holistique des soins fondĂ©e sur la personne et les relations interpersonnelles. D’un systĂšme centrĂ© sur la maladie, il faut Ă©voluer vers un systĂšme centrĂ© sur la personne, sur la santé ». La mĂ©decine endobiogĂ©nique s’inscrit dans cette grande transformation.

 

J H

(1)            Société internationale de médecine endobiogénique et de physiologie intégrative : https://www.simepi.info

(2)            Jean-Claude Lapraz. Alain Carillon, dir. Plantes médicinales. Phytothérapie clinique intégratives et médecine endobiogénique. Lavoisier Tec et doc. 2017

(3)            Jean-Claude Lapraz. Marie-Laure de Clermont-Tonnerre. La médecine personnalisée. Retrouver er garder la santé. Odile Jacob. 2012

(4)            PrĂ©sentation du livre : « La mĂ©decine personnalisĂ©e » : « MĂ©decine d’avenir. MĂ©decine d’espoir » : https://vivreetesperer.com/?p=475

(5)            « Soigner autrement, c’est possible » : TEDx La Rochelle, 2013 : https://www.youtube.com/watch?v=XAazxiP6tP0

(6)            Le docteur Jean-Christophe CharriĂ© est un des contributeurs du livre : « Plantes mĂ©dicinales.  PhytothĂ©rapie clinique intĂ©grative  » Il a Ă©crit plusieurs livres de conseil mĂ©dical, dans une perspective endobiogĂ©nique, en collaboration avec Marie-Laure de Clermont Tonnerre : « Se soigner toute l’annĂ©e au naturel » (2017) ; « Objectif santé : Ă  chaque besoin, sa cure » (2017) ; « Soigner au naturel les maux de l’automne et de l’hiver » (2014) ; il vient de publier un livre sur « les clĂ©s de l’alimentation anti-cancer et maladies inflammatoires, infectieuses, auto-immunes » (2017).           Voir : https://www.amazon.fr/s/ref=nb_sb_noss_2?__mk_fr_FR=ÅMĂ…ĆœĂ•Ă‘&url=search-alias%3Dstripbooks&field-keywords=Jean-Christophe+CharriĂ©

(7)            Phyto2000 : association des usagers de la phytothĂ©rapie clinique : https://www.google.fr/search?hl=fr&as_q=Phyto2000&as_epq=&as_oq=&as_eq=&as_nlo=&as_nhi=&lr=&cr=&as_qdr=all&as_sitesearch=&as_occt=any&safe=images&as_filetype=&as_rights= Le site de l’association est en rĂ©fection.

(8)            Texte citĂ© dans l’article prĂ©sentant le livre : « La mĂ©decine personnalisĂ©e » (note 4). Ce texte publiĂ© en 2012 nous paraĂźt garder toute son actualitĂ©.

Des Lumiùres à l’ñge du vivant

RĂ©parons le monde. Humains, animaux, nature

Selon Corine Pelluchon

A une Ă©poque oĂč nous sommes confrontĂ©s Ă  la mĂ©moire des abimes rĂ©cents de notre civilisation et aux menaces dĂ©vastatrices qui se multiplient, nous nous posons des questions fondamentales : comment en sommes-nous arrivĂ©s lĂ  ? Comment sortir de cette dangereuse situation ? Ainsi, de toute part, des chercheurs Ɠuvrant dans des champs trĂšs divers de la philosophie Ă  la thĂ©ologie, de l’histoire, de la sociologie Ă  l’économie et aux sciences politiques tentent de rĂ©pondre Ă  ces questions. Nous avons rapportĂ© quelques unes de ces approches (1).

Parmi les voix qui mĂ©ritent d’ĂȘtre tout particuliĂšrement entendues, il y a celle de la philosophe Corine Pelluchon. Son dernier livre, tout rĂ©cent, « L’espĂ©rance oĂč la traversĂ©e de l’impossible » (janvier 2023), nous fait entrer dans une perspective d’espĂ©rance. C’est une occasion pour dĂ©couvrir ou redĂ©couvrir une Ɠuvre qui s’est dĂ©veloppĂ©e par Ă©tapes successives, dans une intention persĂ©vĂ©rante et qui dĂ©bouche sur une synthĂšse cohĂ©rente et une vision dynamique.

AgrĂ©gĂ©e de philosophie en 1997, Corine Pelluchon soutient en 2003 une thĂšse intitulĂ©e : « La critique des LumiĂšres modernes chez Leo Strauss » (2). Leo Strauss est un philosophe et un historien de la philosophie, juif allemand immigrĂ© aux Etats-Unis Ă  partir de 1937 (3). Leo Strauss a critiquĂ© la modernitĂ© Ă  partir de la philosophie classique (Platon et Aristote) et des grands penseurs mĂ©diĂ©vaux : Saint Thomas, MaĂŻmonide et Al-FĂąrĂąbi (4). La thĂšse de Corine Pelluchon tĂ©moigne de son intĂ©rĂȘt prĂ©coce pour les questions relatives aux LumiĂšres et sera publiĂ©e en 2005 sous le titre : « Leo Strauss, une autre raison, d’autres LumiĂšres : essai sur la crise de la rationalitĂ© contemporaine ». Cette philosophe s’est engagĂ©e trĂšs tĂŽt dans une recherche en milieu hospitalier français. Elle constate la rĂ©alitĂ© et les effets de la dĂ©pendance, et face Ă  une idĂ©ologie absolutisant l’autonomie et la performance, elle appelle au respect de la dignitĂ© des patients (« l’autonome brisĂ©e. BioĂ©thique et philosophie » 2008) (5). Elle met en Ă©vidence l’importance de la vulnĂ©rabilitĂ© et Ă©crit un livre : « ElĂ©ments pour une Ă©thique de la vulnĂ©rabilitĂ©. Les hommes, les animaux, la nature » (2011). Le champ de sa pensĂ©e s’élargit et embrasse non seulement les humains, mais aussi les animaux qui sont des ĂȘtres sensibles. En 2017, elle Ă©crit un manifeste en faveur de la cause animale : « Manifeste animaliste. Politiser la cause animale ». La question de la relation est centrale. Il y a « une Ă©thique de la considĂ©ration » (2018). En 2021, Corine Pelluchon fait le point sur l’évolution historique dans laquelle s’inscrit notre problĂšme de civilisation : « Les lumiĂšres Ă  l’ñge du vivant » (6), et, en 2020, elle avait publiĂ© un livre rĂ©capitulant les apports de ses diffĂ©rentes approches : « RĂ©parons le monde. Humains, animaux, nature » (7). On pouvait y lire, en page de couverture, un texte qui rend bien compte de la dynamique et de la visĂ©e de son Ɠuvre : « Notre capacitĂ© Ă  relever le dĂ©fi climatique et Ă  promouvoir plus de justice envers les autres, y compris les animaux, suppose un remaniement profond de nos reprĂ©sentations sur la place de l’humain dans la nature. Prendre au sĂ©rieux notre vulnĂ©rabilitĂ© et notre dĂ©pendance Ă  l’égard des Ă©cosystĂšmes permet de saisir que notre habitation de la terre est toujours une cohabitation avec les autres. Ainsi, l’écologie, la cause animale et le respect dĂ» aux personnes vulnĂ©rables sont indissociables, et la conscience du lien qui nous unit aux vivants fait naitre en nous le dĂ©sir de rĂ©parer le monde ».

Nous nous bornerons ici Ă  prĂ©senter quelques aperçus du livre : « Les LumiĂšres Ă  l’ñge du vivant », en suggĂ©rant au lecteur de se reporter Ă  quelques excellentes interviews en vidĂ©o de Corine Pelluchon, telle que : « Raviver les lumiĂšres Ă  l’ñge du vivant » (8).

 

Remonter aux origines. Les LumiĂšres Ă  poursuivre, mais Ă  amender

Si la crise Ă©cologique actuelle suscite beaucoup de questions sur la maniĂšre dont elle a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ©e par une vision du monde subordonnant la nature Ă  la toute puissance de l’homme, on peut remonter loin Ă  cet Ă©gard et incriminer diffĂ©rentes idĂ©ologies. Certains mettent ainsi en cause l’hĂ©ritage des LumiĂšres. Ici, en reconnaissant les manques, puis les dĂ©rives, Corine Pelluchon rappelle la dynamique positive des LumiĂšres. « Les LumiĂšre sont Ă  la fois une Ă©poque, un processus et un projet
 Les philosophes de la fin du XVIIe siĂšcle et du XVIIIe siĂšcle Ă©taient conscients d’assister Ă  l’avĂšnement de la modernitĂ© laquelle est indissociable de l’exigence de « trouver dans la conscience ses propres garanties » et de fonder l’ordre social, la morale et la politique sur la raison » (p 13-14). « Pour penser aux LumiĂšres aujourd’hui, il importe de rĂ©flĂ©chir au sens que peuvent avoir, dans le contexte actuel, l’universalisme, l’idĂ©e de l’unitĂ© du genre humain, l’émancipation individuelle ainsi que l’organisation de la sociĂ©tĂ© sur les principes de libertĂ© et d’égalité  » (p 18). « Cela ne signifie pas que le procĂšs des LumiĂšres, c’est-Ă -dire les critiques qui lui sont adressĂ©es, dĂšs le dĂ©but du XVIIIe siĂšcle jusqu’à nos jours, Ă  gauche comme Ă  droite, n’aient aucune pertinence. L’interrogation sur notre Ă©poque est insĂ©parable de la prise de conscience des Ă©checs des LumiĂšres et de leurs aveuglements. Ces Ă©checs et le potentiel de destruction attachĂ© au rationalisme moderne doivent ĂȘtre examinĂ©s avec la plus grande attention si l’on veut accomplir les promesses de LumiĂšres  » (p 18-19). Dans les dĂ©rives, Corine Pelluchon envisage une raison se rĂ©duisant Ă  une rationalitĂ© instrumentale, oubliant d’accorder attention Ă  la dimension des fins : « ce qui vaut » et un dualisme, sĂ©parant l’humain du vivant. Cependant, « Il nous faut aller au delĂ  de la critique et de la dĂ©construction des impensĂ©s des LumiĂšres
 Il est nĂ©cessaire de promouvoir de nouvelles LumiĂšres. Celles-ci doivent avoir un contenu positif et prĂ©senter un projet d’émancipation fondĂ© sur une anthropologie et une ontologie prenant en compte les dĂ©fis du XXIe siĂšcle qui sont Ă  la fois politiques et Ă©cologiques et liĂ©s Ă  notre maniĂšre de cohabiter avec les autres humains et non-humains » (p 21).

 

Du schÚme de la domination au SchÚme de la considération

Qu’est-ce qu’un SchĂšme selon Corine Pelluchon ? « Nous appelons SchĂšme l’ensemble des reprĂ©sentations ainsi que les choix sociaux, Ă©conomiques, politiques et technologiques, qui forment la matrice d’une sociĂ©tĂ© et organisent les rapports de production, assignent une valeur Ă  certains activitĂ©s, et Ă  certains objets et s’immiscent dans les esprits conditionnant les comportements et colonisant les imaginaires
 Parler du SchĂšme d’une sociĂ©tĂ© revient Ă  dire que nous avons Ă  faire Ă  un ensemble cohĂ©rent qui, tout en Ă©tant le fruit de choix conscients et inconscients, individuels et collectifs, impose un modĂšle de dĂ©veloppement et imprĂšgne une civilisation » (p 102-103).

Ici, l’auteure s’engage dans son analyse. « Le SchĂšme d’une sociĂ©tĂ© comme la notre est celui de la domination qui implique un rapport de prĂ©dation Ă  la nature, la rĂ©ification du soi et des vivants et l’exploitation sociale. A notre Ă©poque, ce schĂšme prend surtout la forme du capitalisme qui est une organisation structurĂ©e autour du rendement maximal et la subordination de toutes les activitĂ©s Ă  l’économie dĂ©finie par l’augmentation du capital » (p 103).

Cependant, en retraçant l’histoire du processus de domination, l’auteure constate que la domination Ă©tait prĂ©sente au dĂ©but des LumiĂšres dans le rapport avec la nature et qu’ensuite, elle n’a pas Ă©tĂ© rĂ©duite. « Les LumiĂšres n’ont pas pu tenir leurs promesses parce que l’alliance de la libertĂ©, de l’égalitĂ©, de la justice et de la paix s’enracinent dans la fraternitĂ© qui suppose que l’on se sente reliĂ© aux autres et responsables d’eux. En opposant la raison Ă  la nature, en faisant le contrat social sur une philosophie de la libertĂ© oĂč chacun se dĂ©finit contre les autres, oĂč l’intĂ©rĂȘt bien entendu ne peut assurer qu’une paix superficielle
, on ne peut constituer une communautĂ© politique
 La rivalitĂ©, la compĂ©tition et l’avantage mutuel ne saurait garantir une paix durable (p 58). Aujourd’hui, « la violence est Ă  la racine de notre civilisation et elle est toujours latente » (p 65). « Il y a un lien entre la domination de la nature, l’assujettissement des animaux et l’autodestruction de l’humanité » (p 63).

La sortie du SchĂšme de la domination ne demande pas seulement un changement social, mais il requiert aussi « une dĂ©colonisation de notre imaginaire ». Il implique Ă©galement la proposition d’un SchĂšme alternatif : le SchĂšme de la considĂ©ration ». « La considĂ©ration, qui est insĂ©parable du mouvement d’approfondissement de la connaissance de soi comme ĂȘtre charnel, reliĂ© par sa naissance et sa vulnĂ©rabilitĂ©, aux autres ĂȘtres et au monde commun, rend le SchĂšme de la domination inopĂ©rant en lui substituant une autre maniĂšre d’ĂȘtre au monde et un autre imaginaire. Ces derniers ont, eux aussi, une force structurante et ils font s’évanouir le besoin de dominer autrui, l’obsession du contrĂŽle et les comportement de prĂ©dation Ă  l’égard de la nature et des autres vivants. Alors que la domination est toujours liĂ©e Ă  un rapport violent aux autres et qu’elle s’enracine dans l’insĂ©curitĂ© intĂ©rieure du sujet qui cherche Ă  s’imposer
, la considĂ©ration dĂ©signe la maniĂšre globale ou la maniĂšre d’ĂȘtre propre Ă  un individu vĂ©ritablement autonome. Il sait qui il est et n’a nul besoin d’écraser autrui pour exister. Et, parce qu’il assume sa vulnĂ©rabilitĂ© et sa finitude, il comprend que sa tĂąche, pour le temps qui lui est imparti, est de contribuer Ă  rĂ©parer le monde en faisant en sorte que les autres puissent y contribuer le mieux possible et en coopĂ©rant avec eux pour transmettre une planĂšte habitable ». Ainsi, la considĂ©ration donne l’intelligence du Bien et transforme l’autonomie qui devient courage et s’affirme dans la non-violence. Celle-ci n’est pas seulement l’absence d’agressivité ; elle implique aussi de dĂ©raciner la domination  » (p 150). L’auteure envisage concrĂštement ce changement de mentalitĂ©. « La considĂ©ration comporte assurĂ©ment des degrĂ©s. Culminant dans l’amour du monde commun
 elle s’exprime d’abord et le plus souvent sous la forme de convivance et de solidaritĂ© Ă  l’égard de ses semblables. Cependant, si la convivance n’est que le premier degrĂ© de la considĂ©ration, elle enseigne aux individus Ă  Ă©largir la conception qu’ils ont d’eux-mĂȘmes
 Le regard que les individus portent sur le monde change  » (p 150-151). « Pour ĂȘtre capable de remettre en question les structures mentales et sociales associĂ©es au SchĂšme de la domination et pour oser innover en ce domaine, il faut avoir fait la moitiĂ© du chemin, accĂ©der dĂ©jĂ  Ă  la considĂ©ration » (p 151).

La considĂ©ration s’inscrit dans une vision de l’homme et une vision du monde. « La considĂ©ration modifie de l’intĂ©rieur la libertĂ©, qui devient une libertĂ© avec les autres, et non contre eux. Et parce qu’elle s’appuie non pas sur une notion abstraite, comme la notion kantienne de personne, mais sur un sujet charnel et engendrĂ© faisant l’expĂ©rience de son appartenance Ă  un monde plus vieux que lui et de la communautĂ© de destin le reliant aux autres vivants, elle promeut une sociĂ©tĂ© Ă  la fois plus inclusive et plus Ă©cologique. Dans le SchĂšme de la considĂ©ration, la libertĂ© du sujet ou sa souverainetĂ© ne s’opposent pas aux normes Ă©cologiques ; elle les rĂ©clame » (p 153). De mĂȘme, le SchĂšme de la considĂ©ration, inspire un projet de sociĂ©tĂ© Ă©cologique et dĂ©mocratique, il soutient le pluralisme. « Les voies de la considĂ©ration sont nĂ©cessairement plurielles, car chacun exprime sa vision du monde commun de maniĂšre singuliĂšre, et la considĂ©ration, qui permet Ă  l’individu d’ĂȘtre Ă  la fois plus libre, plus Ă©clairĂ© et plus solidaire, encourage sa crĂ©ativité » (p 154).

Selon Corine Pelluchon, il y a « une incompatibilitĂ© absolue entre le SchĂšme de la domination et celui de la considĂ©ration. D’autre part, ce changement de SchĂšme est un processus radical, mais ne saurait ĂȘtre assimilĂ© Ă  une rĂ©volution au sens politique du terme. Il passe par un remaniement profond de nos reprĂ©sentations et de nos maniĂšres d’ĂȘtre conduisant Ă  dĂ©raciner la domination. Celle-ci ne se rĂ©duit pas aux relations de pouvoir ; elle dĂ©signe une attitude globale liĂ©e au besoin d’écraser autrui pour exister et caractĂ©rise un rapport au monde consistant Ă  manipuler et Ă  rĂ©ifier le vivant afin de mieux le contrĂŽler et de s’en servir, au lieu d’interagir avec lui en respectant ses normes propres et son milieu » (p 314). La sortie du SchĂšme de la domination est une condition de la transition Ă©cologique et de l’entrĂ©e dans un Ăąge du vivant. « De mĂȘme que, pour les LumiĂšres passĂ©es, la condition du progrĂšs Ă©tait que les individus soient Ă©clairĂ©s, de mĂȘme un comportement Ă©cologiquement responsable et une vĂ©ritable politique Ă©cologique impliquent que les personnes s’affranchissent du SchĂšme de la domination » (p 317).

 

Les Lumiùres à l’ñge du vivant

L’émergence d’un Ăąge du vivant se manifeste aujourd’hui Ă  travers une multitude de signes. La menace du dĂ©rĂšglement climatique comme le rapide recul de la biodiversitĂ© apparaissent maintenant au grand jour. C’est aussi une prise en conscience en profondeur de la rĂ©alitĂ© du vivant et de l’inscription humaine dans cette rĂ©alitĂ©.

Corine Pelluchon milite pour la cause animale. Son livre : « RĂ©parons le monde » y est, pour un part, consacrĂ©e. Une Ă©thique animale est en train d’apparaĂźtre. « La capacitĂ© d’un ĂȘtre Ă  ressentir le plaisir, la douleur et la souffrance et Ă  avoir des intĂ©rĂȘts Ă  prĂ©server ainsi que des prĂ©fĂ©rences individuelles suffisent Ă  leur attribuer un statut moral
 Le terme de sentience qui vient du latin «  sentiens (ressentant) est utilisĂ© en Ă©thique animale pour dĂ©signer la capacitĂ© d’un ĂȘtre Ă  faire des expĂ©riences et Ă  ressentir la douleur, le plaisir et la souffrance de maniĂšre subjective. Un ĂȘtre sentient est individué  » (p 24-25). On pourra se reporter Ă  ce chapitre sur la cause animale qui prĂ©sente les vagues successives qui sont intervenues en ce sens. Aujourd’hui, la souffrance des animaux entretenue Ă  l’échelle industrielle apparaĂźt comme une monstruositĂ©. « Les souffrances inouĂŻes dont les animaux sont les victimes innocentes sont aujourd’hui le miroir de la violence extrĂȘme Ă  laquelle l’humanitĂ© est parvenue » 

L’auteure inscrit sa rĂ©flexion dans son insistance Ă  considĂ©rer la vulnĂ©rabilitĂ© des ĂȘtres vivants : «  La conscience de partager la terre avec les autres vivants et d’avoir une communautĂ© de destin avec les animaux qui, comme nous, sont vulnĂ©rables, devient une Ă©vidence quand nous nous percevons comme des ĂȘtres charnels et engendrĂ©s » (p 69). Ce thĂšme est Ă©galement abordĂ© dans son livre sur « Les LumiĂšres Ă  l’ñge du vivant ». Elle Ă©voque « les difficultĂ©s Ă  penser l’altĂ©ritĂ© et Ă  tirer vĂ©ritablement les enseignements de notre condition charnelle ». « Cet impensĂ© est aussi ce que la pensĂ©e du progrĂšs a refoulĂ©. Celle-ci est construite sur la mise Ă  distance du corps, sur sa maitrise, et sur la domination de la nature et des autres vivants qu’elle objective pour en ramener le fonctionnement Ă  des causes sur lesquelles il est possible d’agir. L’opposition entre l’esprit et le corps, la culture et la nature, l’homme et l’animal, la libertĂ© et l’instinct, l’existence et la vie, est caractĂ©ristique du rationalisme qui s’est imposĂ© avant et aprĂšs l’« aufklarung » en dĂ©pit des efforts de certains de ses reprĂ©sentants pour rĂ©habiliter le sensible et le corps et s’opposer aux dĂ©coupages propres Ă  la tradition occidentale
 Le cƓur du problĂšme rĂ©side dans le rejet de l’altĂ©ritĂ©. Ne reconnaissant pas la positivitĂ© de la diffĂ©rence
 l’homme tente de rĂ©duire le vivant Ă  un mĂ©canisme. De mĂȘme, l’altĂ©ritĂ© du corps ou, ce qui, en lui, nous Ă©chappe et souligne nos limites , gĂ©nĂšre de la honte et un sentiment d’impuissance que nous refoulons  » (p 54).

Ces diffĂ©rents questionnements tĂ©moignent d’un contexte nouveau. C’est une approche d’un Ăąge du vivant. Comment pouvons rĂ©aliser la transition entre les siĂšcles passĂ©s et ce nouvel Ăąge ? Comment Corinne Pelluchon envisage-t-elle le passage des LumiĂšres classiques Ă  de nouvelles LumiĂšres ?

« La considĂ©ration qui se fonde sur l’expĂ©rience de notre appartenance au monde commun et sur la perception de ce qui nous unit aux autres vivants Ă©largit notre subjectivitĂ©, et fait naitre le dĂ©sir de prendre soin de la terre et des autres. Cette transformation qui est intĂ©rieure mais a des implications Ă©conomiques et politiques majeures prend du temps. Elle s’effectue d’abord dans le silence des consciences et touche en premier lieu une minoritĂ© avant de se gĂ©nĂ©raliser et de se traduire par des restructurations Ă©conomiques et par une Ă©volution de la gouvernementalité » (p 315). « En s’appuyant sur une phĂ©nomĂ©nologie de notre habitation de la terre qui met Ă  jour notre corporĂ©itĂ© et notre dĂ©pendance Ă  l’égard des Ă©cosystĂšmes et des autres ĂȘtres humains et non humains, les LumiĂšres Ă  l’ñge du vivant surmontent le dualisme nature/culture et promeuvent un universel non hĂ©gĂ©monique, Ă©vitant le double Ă©cueil du dogmatisme et du relativisme. Ces nouvelles LumiĂšres sont essentiellement Ă©cologiques et la crise du rationalisme contemporain ainsi que les traumatisme du passĂ© les distinguent de celles du XVIIĂš et XVIIIĂš siĂšcles
 La phĂ©nomĂ©nologie propre aux LumiĂšre Ă  l’ñge du vivant refaçonne complĂštement le rationalisme et souligne Ă  la fois l’unitĂ© du monde et la diversitĂ© des ĂȘtres et des cultures » (p 311-312). Corine Pelluchon rapporte les vertus de cette approche phĂ©nomĂ©nologique : « La phĂ©nomĂ©nologie des nourritures permet de dĂ©crire l’humain dans la matĂ©rialitĂ© de son existence, dans sa condition charnelle et terrestre, ouvrant par lĂ  la voie Ă  un universalisme non hĂ©gĂ©monique et ouvert Ă  de nombreuses interprĂ©tations. Au lieu de se rĂ©fĂ©rer Ă  des valeurs qu’elle chercherait Ă  imposer en les dĂ©clarant universelles, la phĂ©nomĂ©nologie part de l’existant dans un milieu Ă  la fois biologique et social, naturel, technologique et culturel, et met Ă  jour des structures de l’existence ou existentiaux. Elle offre ainsi des repĂšres pour penser la condition humaine et fonder une Ă©thique et une politique Ă  partir de principes universalisables que l’on peut adapter aux diffĂ©rents contextes culturels » (p 321).

 

En marche

Ce livre va trĂšs loin dans l’analyse puisqu’il aborde de nombreux sujets qui n’ont pas Ă©tĂ© repris dans cette prĂ©sentation, comme : « Technique et monde commun » ou « L’Europe comme hĂ©ritage et comme promesse ». Il se propose d’éclairer le projet de sociĂ©tĂ© en voie d’émergence. « La mission de la philosophie est Ă  la fois grande et petite : Ă©clairer le lien entre le passĂ© et le prĂ©sent, souligner les continuitĂ©s et les ruptures, crĂ©er des concepts qui sont comme des cairns et changer les significations attribuĂ©es d’ordinaire aux mots, renouveler l’imaginaire ». « Car le projet consistant Ă  mettre en place les changements sociaux, Ă©conomiques et politiques pour habiter autrement la Terre tĂ©moigne d’une rĂ©volution anthropologique qui passe par une comprĂ©hension profonde de la communautĂ© de vulnĂ©rabilitĂ© nous unissant aux autres ĂȘtres. Il est donc nĂ©cessaire de l’adosser Ă  une pensĂ©e politique qui soit elle-mĂȘme solidaire d’une rĂ©flexion philosophique sur la condition humaine » (p 326).

Cet ouvrage, nous dit l’auteure, « cherche Ă  accompagner un mouvement qui prend naissance dans la sociĂ©tĂ© et dont il existe des signes avant-coureurs, comme on le voit avec l’importance que revĂȘtent aujourd’hui l’écologie et la cause animale, et avec le dĂ©sir de nombreuses personnes de donner un sens Ă  leur vie impliquant plus de convivialitĂ© et de solidarité » (p 326). Face aux obstacles et aux menaces, une dimension d’espĂ©rance est prĂ©sente dans ce livre. « Elle provient de la certitude qu’un mouvement de fond existe dĂ©jà : l’ñge du vivant » (p 325).

 

En commentaire

Dans ce livre, Corine Pelluchon nous apporte un Ă©clairage sur l’évolution historique intervenue au cours de ces derniers siĂšcles, de ce qui a Ă©tĂ© appelĂ© le siĂšcle des LumiĂšres Ă  ce dĂ©but du XXIe siĂšcle oĂč, dans la tempĂȘte, se cherchent une nouvelle sociĂ©tĂ©, une nouvelle Ă©conomie, une nouvelle civilisation en forme d’un nouvel Ăąge, un Ăąge du vivant. Elle nous offre une analyse qui s’appuie sur des connaissances approfondies et est Ă©clairĂ©e par un renouvellement des perspectives Ă  partir de l’approche philosophique que l’auteure a empruntĂ©e pour Ă©clairer successivement de nouveaux champs, ce qui lui permet aujourd’hui de nous offrir une vision synthĂ©tique. C’est donc un livre de premiĂšre importance sur un thĂšme capital.

Les propositions de l’auteur s’appuient sur une rĂ©flexion philosophique, une approche phĂ©nomĂ©nologique, une interprĂ©tation historique. Elle se tient Ă  distance d’une inspiration religieuse. « Cela ne signifie pas qu’il faille renoncer Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  ce qui peut donner de l’épaisseur Ă  notre existence individuelle. En montrant que l’horizon du rationalisme est le fond commun, qui constitue une transcendance dans l’immanence – puisqu’il nous accueille Ă  notre naissance, survivra Ă  notre mort individuelle et dĂ©passe donc notre vie prĂ©sente – nous articulons l’éthique et le politique Ă  un plan spirituel, c’est Ă  dire Ă  une expĂ©rience de l’incommensurable, sans passer par la religion, mais en nous appuyant sur notre condition engendrĂ©e et corporelle qui tĂ©moigne de notre appartenance Ă  ce monde plus vieux que nous-mĂȘmes et dont nous sommes responsables. C’est ce que nous avons appelĂ© la transdescendance » (p 35-36).

Un des apports de l’ouvrage est sa mise en Ă©vidence du SchĂšme de la domination et de ses consĂ©quences. L’auteure accompagne l’histoire de ce SchĂšme Ă  travers les dĂ©rives de la raison instrumentale. Cependant, le phĂ©nomĂšne de la domination est majeur dans l’histoire de l’humanitĂ©. Il a certes abondĂ© durant la chrĂ©tientĂ©, mais l’Evangile a portĂ© un message radical Ă  son encontre. Rappelons la parole de JĂ©sus : « Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent et que les grands les asservissent. Il n’en sera pas de mĂȘme au milieu de vous  » (Matthieu 20. 25-28). La proclamation de JĂ©sus : « Vous ĂȘtes tous frĂšres » (Matthieu 23.8) est puissamment relayĂ©e dans les premiĂšres communautĂ©s chrĂ©tiennes. Cette inspiration, restĂ©e en sourdine pendant des siĂšcles n’est-elle pas appelĂ©e, elle aussi, Ă  reprendre vigueur Ă  l’ñge du vivant ?

Et lorsque Corine Pelluchon nous rappelle la corporĂ©itĂ© de l’homme, ne doit-on pas en chercher la mĂ©connaissance, non seulement dans une raison absolutisĂ©e, mais aussi dans une conception platonicienne reprise dans un regard religieux principalement tournĂ© vers l’au-delĂ . Dans ce domaine comme en d’autres, des thĂ©ologiens retissent une proposition Ă©vangĂ©lique. Ainsi JĂŒrgen Moltmann plaide pour une « spiritualitĂ© des sens ». Cependant, c’est bien l’incarnation, une fondation thĂ©ologique, qui appelle les chrĂ©tiens Ă  prendre en compte la corporĂ©itĂ©.

Si l’idĂ©ologie de la domination de l’homme sur la nature n’est pas l’apanage des seules LumiĂšres, si une interprĂ©tation de la GenĂšse biblique a pu ĂȘtre incriminĂ©e, une nouvelle thĂ©ologie envisage un dessein d’harmonie entre Dieu, la nature et l’homme. Nous avons prĂ©sentĂ© en ce sens la thĂ©ologie pionniĂšre de JĂŒrgen Moltmann (9). L’encyclique Laudato Si’ porte cette inspiration Ă  vaste Ă©chelle (10). De mĂȘme, l’écospiritualitĂ© se dĂ©veloppe aujourd’hui rapidement (11).

Ce mouvement participe Ă  l’émergence de cet Ăąge du vivant qui nous est annoncĂ© par Corine Pelluchon .

Au dĂ©but de sa postface (p 325), Corine Pelluchon nous invite Ă  l’espĂ©rance : « Cet ouvrage est traversĂ© par l’espĂ©rance. Celle-ci ne doit pas ĂȘtre confondue avec l’optimisme, ni avec un vain espoir
 L’espĂ©rance, qui est une vertu thĂ©ologique, apparaĂźt dans la Bible aux moments les plus critiques ou aprĂšs des Ă©preuves redoutables, comme on le voit dans le psaume 22, lorsque David se plaint d’avoir Ă©tĂ© abandonnĂ© par Dieu avant de le louer. Elle se caractĂ©rise par un rapport particulier au temps : quelque chose qui va venir, qui n’est pas encore lĂ , mais qui est annoncĂ© et qui, en ce sens, est dĂ©jĂ  prĂ©sent. Ainsi, la dimension d’espĂ©rance qui est manifeste dans ce livre provient de la certitude qu’un mouvement de fond existe dĂ©jà : l’ñge du vivant » (p 325). Pour nous, ce texte rejoint le thĂšme de « l’attente crĂ©atrice » (12) inscrit par JĂŒrgen Moltmann dans la thĂ©ologie de l’espĂ©rance.

J H

 

  1. Enlever le voile : https://vivreetesperer.com/enlever-le-voile/ Une vision d’espĂ©rance dans un monde en danger : https://www.temoins.com/une-vision-desperance-dans-un-monde-en-danger/ Un chemin de guĂ©rison pour l’humanitĂ©. La fin d’un monde. L’aube d’une renaissance : https://vivreetesperer.com/un-chemin-de-guerison-pour-lhumanite-la-fin-dun-monde-laube-dune-renaissance/ Pourquoi et comment innover face au changement accĂ©lĂ©rĂ© du monde ?: https://vivreetesperer.com/pourquoi-et-comment-innover-face-au-changement-accelere-du-monde/ Comprendre la mutation actuelle de notre sociĂ©tĂ© requiert une vision nouvelle du monde : https://vivreetesperer.com/comprendre-la-mutation-actuelle-de-notre-societe-requiert-une-vision-nouvelle-du-monde/ Un essentiel pour notre vie quotidienne et pour notre vie sociale : https://vivreetesperer.com/un-essentiel-pour-notre-vie-quotidienne-et-pour-notre-vie-sociale/ Le film Demain : https://vivreetesperer.com/le-film-demain/ « Animal » de Cyril Dion : https://vivreetesperer.com/animal-de-cyril-dion/ Vers une Ă©conomie symbiotique : https://vivreetesperer.com/vers-une-economie-symbiotique/ Sortir d’une obsession de l’efficience pour rentrer dans un nouveau rapport avec la nature : https://vivreetesperer.com/sortir-de-lobsession-de-lefficience-pour-entrer-dans-un-nouveau-rapport-avec-la-nature/
  2. Corine Pelluchon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Corine_Pelluchon
  3. Leo Strauss : https://fr.wikipedia.org/wiki/Leo_Strauss
  4. Leo Strauss, filiÚre néo-conservatrice ou conservatisme philosophique : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2009-5-page-873.htm
  5. L’autonomie brisĂ©e : https://journals.openedition.org/assr/21178
  6. Corine Pelluchon. Les LumiĂšres Ă  l’ñge du vivant. Postface inĂ©dite. Seuil, 2022 (Essais)
  7. Corine Pelluchon. RĂ©parons le monde. Humains, animaux, nature. Rivages Poche, 2020
  8. Raviver les Lumiùres à l’ñge du vivant : https://www.google.fr/search?hl=fr&as_q=corine+pelluchon&as_epq=&as_oq=&as_eq=&as_nlo=&as_nhi=&lr=&cr=&as_qdr=all&as_sitesearch=&as_occt=any&safe=images&as_filetype=&tbs#fpstate=ive&vld=cid:4fd0f3df,vid:HRRgb6_JEYc
  9. Un avenir écologique pour la théologie moderne : https://vivreetesperer.com/un-avenir-ecologique-pour-la-theologie-moderne/
  10. Convergences Ă©cologiques : Jean Bastaire, JĂŒrgen Moltmann, Pape François et Edgar Morin : https://vivreetesperer.com/convergences-ecologiques-jean-bastaire-jurgen-moltmann-pape-francois-et-edgar-morin/
  11. Ecospiritualité : https://vivreetesperer.com/ecospiritualite/ Réenchanter notre relation au vivant : https://vivreetesperer.com/reenchanter-notre-relation-au-vivant/
  12. « L’histoire prĂ©sente des situations qui visiblement contredisent le royaume de Dieu et sa justice. Nous devons nous y opposer. Mais il existe Ă©galement des situations qui correspondent au royaume de Dieu et Ă  sa justice. Nous devons les soutenir et les crĂ©er lorsque c’est possible. Il existe Ă©galement dans le temps prĂ©sent des paraboles du royaume futur et nous y voyons des prĂ©figurations
 Nous entrevoyons dĂ©jĂ  quelque chose de la guĂ©rison et de la nouvelle crĂ©ation de toutes choses que nous attendons. Nous le traduisons par une attente crĂ©atrice  » (JĂŒrgen Moltmann). De Commencements en commencements. Empreinte. Dans le chapitre : « La force vitale de l’espĂ©rance », (p 115).