Avoir de la gratitude

https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/41J8pTpvz9L._SX303_BO1,204,203,200_.jpgUn éclairage de Bertrand Vergely

Et si nous reconnaissions aujourd’hui tout ce que nous avons reçu des autres et qui fait que nous sommes vivant

Et si nous exprimions cette reconnaissance dans un mouvement de vie bienfaisante à la fois pour ceux à qui nous l’exprimons, mais aussi pour nous-même.

Car, au cœur de ce mouvement, il y a une dynamique à la fois personnelle et collective où nous pouvons percevoir l’inspiration de l’Esprit

C’est dire comme il est bon d’entendre parler de gratitude, et d’en découvrir la portée et les effets.

Ainsi avons nous accueilli avec reconnaissance une intervention de Florence Servan-Schreiber à Ted X Paris sur « le pouvoir de la gratitude » (1). Cet exposé est remarquable parce qu’il allie une compétence de psychologue ayant accès aux meilleures sources et une démarche personnelle exprimée dans un esprit de recherche, de dialogue, de conviction et d’authenticité. Dans son livre : « Retour à l’émerveillement » (2), Bertrand Vergely aborde le même sujet dans une approche complémentaire, une approche philosophique, spirituelle, théologique (3). Il nous donne à voir le sens profond de ce mouvement.

Merci

Quoi de plus naturel que de dire : « merci » ! Et  si on peut le dire souvent, il y a comme une joie qui s’épanche, un élan de reconnaissance et de sympathie. C’est une expression de la vie quotidienne. Et c’est effectivement dans ce contexte que Bertrand Vergely nous en montre l’importance. Ce n’est pas seulement une expression du cœur, c’est aussi un mouvement qui s’inscrit dans la vie sociale, l’embellit et la pacifie. « Il est beau de dire merci. Cela permet de clore quelque chose et d’ouvrir autre chose. Dans le monde de la violence, on ne dit pas merci. Pire, on ne se fait grâce de rien, on est « sans merci ». On se poursuit sans répit, on se persécute, on ne s’épargne rien. Cela révèle la profondeur du merci. Prononcer ce mot, c’est passer de la guerre à la paix, de la haine à la réconciliation, de l’inimitié à la relation. On pourrait poursuivre la lutte, la haine, la persécution. On décide de ne pas le faire et de revenir à la logique des échanges et du don ».

Les « mercis » ponctuent une vie quotidienne dans laquelle on reçoit et on donne, on donne et on reçoit. C’est en quelque sorte un marqueur de civilité, une expression de vie civilisée. « Logique dans laquelle on se salue réciproquement. On donne et on reçoit. On offre et on dit merci. Il s’agit là d’une révolution obéissant à un constat lucide. Ou l’on persiste à vivre dans la violence, ou on y renonce et on vit… ».

Dire merci s’inscrit ainsi dans une vie sociale ou le partage se réalise dans une relation réciproque. «  C’est le « pacte de réciprocité » inséparable d’un pacte de non violence ainsi que le rappelle Marcel Mauss dans son « Essai sur le don ». « La relation réciproque annule la violence. Personne ne prenant sans donner et ne donnant sans prendre. Il n’y a ni dominant, ni dominé. Le remerciement prend sa source dans une telle logique et donne la logique de l’invitation sue laquelle repose la vie sociale. On a été invité. On invite à son tour… Cette politesse fait en sorte que personne ne sacrifie l’autre ou ne soit sacrifié par lui… Profondeur du merci. Il raconte ce qui perd l’humanité. Il raconte ce qui la sauve. Nous mourrons de ne jamais dire « merci », nous ressuscitons en le disant ».

Gratitude

Mais l’expression de notre reconnaissance dépasse de beaucoup l’ordinaire de la vie quotidienne.

« La gratitude va plus loin que le merci. Comme montre l’expérience, on est dans la gratitude quand on fait plus que remercier quelqu’un. On est dans un tel état parce que l’on a reçu quelque chose d’exceptionnel. Quand quelqu’un nous a sauvé la vie, nous éprouvons de la gratitude, une profonde, une extrême gratitude. On se situe là dans la plus grande profondeur qui soit… Notre cœur est rempli de gratitude. Nous rendons grâce. Nous avons conscience du miracle en nous sentant petit devant l’immense… L’existence est un miracle permanent. Nous ne nous en rendons pas assez compte ».

Cette gratitude a une portée sociale. Elle a aussi une dimension spirituelle. « Quand il n’est pas déprimé, l’homme moderne rouspète. Il est mécontent, indigné, révolté et il le fait savoir. Jamais il ne dit merci. Il pense que tout lui est du ». Bertrand Vergely voit là un manque profond, jusqu’à un drame spirituel. « Il y a une ingratitude profonde dans le cœur humain. Au lieu de remercier, l’ingrat proteste. Il poursuit Dieu de sa vindicte en lui reprochant non seulement d’avoir raté, mais créé le monde. L’existence de l’humanité est pour lui un crime de lèse-humanité.

On va loin quand on a un moment de gratitude en remerciant le Ciel d’exister. On touche au drame inconscient de l’humanité. Celle-ci a un compte à régler avec Dieu comme avec elle-même. Elle n’est pas heureuse d’exister. On sort de cette logique meurtrière en ayant un peu de gratitude et en ouvrant les yeux. Oui, il est miraculeux de vivre (4). L’univers, la vie, l’humanité sont des miracles permanents. Nous-mêmes, nous sommes des miracles vivants. Nous devrions être morts cent fois, nous sommes encore là. Nous sommes des miraculés. Sans que nous le sachions, sans nous en rendre compte, nous avons été sauvés cent fois ».

Bertrand Vergely nous entraine plus loin encore dans une dimension métaphysique. « Si le mot « merci » permet de mettre fin à la guerre qui fait rage entre les hommes sur terre, le mot « gratitude » permet de mettre fin à celle qui fait rage entre les hommes et le Ciel. Il est courant de penser que la métaphysique est inutile et que nous n’en avons pas besoin pour vivre. Il s’agit d’une erreur profonde : elle est indispensable et l’on vit mal quand on s’en passe . L’être humain est un arbre qui relie le Ciel et la Terre. Privons-le de la Terre, il s’écroule. Privons-le du Ciel, il étouffe.

La  gratitude est vitale. Elle signifie la paix avec le Ciel. et avec celle-ci, la liberté. Il est beau de voir le monde avec gratitude… Tout étant un miracle, tout vit. Tout se met à vivre. On a alors envie de vivre et de se réjouir de l’existence de l’humanité ».

Dire merci, exprimer de la gratitude témoignent du même esprit, de la même sensibilité et s’inscrivent dans une démarche commune. Si Bertrand Vergely les distingue, ce n’est pas seulement en fonction de l’intensité de ces deux expressions, c’est parce qu’il les situe dans un contexte plus large.  Nous sommes de plus en plus nombreux à partager une vision de la société comme un tissu de relations.  « Si l’Esprit est répandu sur toute la création, il fait de toutes les créatures avec Dieu et entres elles, cette communauté de la création dans laquelle toutes les créatures communiquent, chacune à sa manière entre elles et avec Dieu » déclare le théologien Jürgen Moltmann qui cite Martin Buber : « Au commencement était la relation » (5). Bertrand Vergely montre l’importance de la gratitude dans le plein déroulement des relations. Et comme Jürgen Moltmann, Richard Rohr (6) ou d’autres, il se fonde sur une théologie trinitaire  et met en évidence le rôle de l’incarnation. « La vie est relation… Cela veut dire que le Ciel et la Terre sont liés. Dieu a crée l’univers et l’homme pour s’unir à eux… il a créé pour transmettre, pour rayonner, pour diffuser. Il a bâti un pont entre lui et son autre, en l’occurrence l’univers et l’homme… Qui s’applique, bâtit des ponts, il reprend le geste divin de la création » ( p 253-254). La gratitude, comme la louange sur laquelle elle débouche, participent à cette œuvre.

Il est temps maintenant d’apporter un témoignage concret de la manière dont la gratitude accompagne une vie pleine malgré les épreuves. C’est le témoignage d’Odile Hassenforder dans son livre : « Sa présence dans ma vie » (7) : « Que c’est bon d’exister pour admirer, m’émerveiller, adorer. C’est gratuit. Je n’ai qu’à recevoir, en profiter, goûter sans culpabilité, sans besoin de me justifier (Justifier quoi ? de vivre ?). D’un sentiment de reconnaissance jaillit une louange joyeuse, une adoration au créateur de l’univers dont je fais partie, au Dieu qui veut le bonheur de ses créatures. Alors mon ego n’est plus au centre de ma vie. Il tient tout simplement sa place, relié à un « tout » sans prétention  (Psaume 131). Je respire le courant de la vie qui me traverse et poursuit son chemin. Comme il est écrit dans un psaume : « Cette journée est pour moi un sujet de joie… Une joie pleine en ta présence, un plaisir éternel auprès de toi, mon Dieu… Louez l’Eternel, car il est bon. Son amour est infini (Psaume 16.118) ». Expression personnelle, la gratitude nous invite au dépassement, à une participation  à  plus grand que nous, à la reconnaissance de la présence divine.  Comme l’écrit Bertrand Vergely : « Il est beau de voir le monde avec gratitude. Tout étant miracle, tout vit, tout se met à vivre. On a alors envie de vivre et de se réjouir de l’existence de l’humanité ».

Jean Hassenforder

 

Ecouter les paroles des plus fragiles, c’est aussi entrer dans un changement personnel

ACAT

 

 Guy Aurenche, ancien président de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) et du CCFD-Terre solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le Développement), a été invité dans une communauté chrétienne qui affronte des problèmes de fragilité et de marginalité. A partir de son expérience personnelle, associative et ecclésiale, il a répondu à  la question qui lui était posée : «  Comment la parole des plus fragiles m’a changé et me change encore aujourd’hui ? ».

En réponse, Guy Aurenche propose cinq pistes.

« Très tôt, à travers l’ACAT, j’ai rencontré les réalités épouvantables de la torture. J’ai été bouleversé par tant de capacités destructrices. Cependant, le message que j’ai reçu a été celui de notre capacité à rejoindre les victimes dans leur drame et à briser la solitude imposée pour les détruire. Par les actions, les protestations et la prière, j’ai découvert que je pouvais devenir un modeste sauveteur, un briseur de solitude. Alors les victimes se déclaraient sauvées car elles n’étaient plus seules pour affronter leurs souffrances. La parole des plus fragiles a fait de moi un briseur de solitude, une source de vie.

La parole des plus fragiles nous met sur le chemin de la fraternité. A travers les partenariats noués par le CCFD-Terre solidaire avec des associations combattant les injustices, j’ai rencontré non pas des pauvres et des malheureux, mais des frères et des sœurs avec lesquels je pouvais agir. Cette fraternité, parfois déconcertante, m’a permis de cheminer et de découvrir que l’autre était frère.

La parole des plus fragiles a fait de moi un « porteur de parole ». a travers le métier d’avocat, les plus fragiles m’ont demandé de dire leur parole dans le cadre de la justice. Ils étaient alors reconnus dans leur dignité quelque soit les fautes qu’on leur reprochait, alors qu’ils n’étaient pas capables de se faire entendre. J’ai parfois rencontré des problèmes de conscience lorsque la parole qu’il m’était demandé de porter, ne me semblait pas conforme à la vérité. Cependant, après réflexion, j’ai défendu leur parole, car le juge avait besoin de l’entendre avant de se prononcer. Les plus fragiles m’ont appris le lien  entre la reconnaissance de la dignité d’une personne et l’écoute de sa parole.

La parole des plus fragiles a fait de moi un acteur de transformation sociale pour découvrir peu à peu qu’il ne suffisait pas d’entendre leur cri, mais de les rejoindre dans le combat social, économique pour s’attaquer aux causes des injustices. Cette action de transformation sociale devait se faire non pas seulement à travers mes propres idées, mais en accueillant la capacité inventive de ceux avec lesquels j’intervenais. La parole des plus fragiles m’a aidé et m’aide à donner tout son sens à l’engagement politique.

La parole des plus fragiles m’a aidé et m’aide à découvrir les profondeurs de la pauvreté. Nous nous faisons une idée restreinte de la pauvreté en la limitant à une approche matérielle. Par ailleurs, nous risquons toujours d’avoir « nos pauvres » selon nos critères philosophiques ou confessionnels. Ce sont souvent les plus fragiles qui m’ont fait découvrir qu’à coté d’eux, il y avait encore des plus pauvres et je ne l’avais pas vu. La parole des plus fragiles m’aide aujourd’hui à repérer les situations de pauvreté qui m’entourent.

C’est une bonne nouvelle que de découvrir que je suis capable de briser des solitudes, que j’appartiens à une fraternité agissante, qu’en portant sa parole, je peux aider l’autre à être reconnu, qu’en agissant ensemble, nous pouvons nous attaquer aux causes des injustices et que mes yeux comme mon cœur doivent rester à l’affut de toutes les pauvretés qui se cachent autour de moi ».

Interview de Guy Aurenche

Sur ce blog, voir aussi : «  Justice sur la terre comme au ciel » : un livre de Guy Aurenche : https://vivreetesperer.com/dans-un-monde-difficile-un-temoignage-porteur-de-joie-et-desperance/

 

Une vie pleine, c’est une vie qui a du sens

Emily Esfahani SmithLa vie aspire à plus qu’au bonheur

« There is more to life than being happy »

Selon Emily Esfahani Smith

Quelle vie voulons-nous avoir ? Qu’est-ce que nous recherchons en premier dans notre vie ? Quelle est notre représentation de la vie bonne, de la vie pleine ? Incidemment, ce questionnement transparait dans les vœux que nous faisons à nos proches et à nos amis au nouvel an ou lors d’un anniversaire. Le mot bonheur vient alors à notre esprit. Mais comment envisageons-nous le bonheur ? Sans doute, nous ne donnons pas tous la même signification à ce terme. Une jeune psychologue américaine, Emily Esfahani Smith nous appelle à réfléchir à cette question dans un entretien vidéo TED : « There is more to life than being happy » (1).

De fait, il s’agit là d’une question existentielle, une question qui implique toute notre existence. Et si Emily l’aborde aujourd’hui en psychologue, c’est parce qu’elle se l’est posée d’abord dans sa première jeunesse, dans sa vie d’étudiante. Ce questionnement a débouché sur une recherche qui s’est inscrite dans le champ de la psychologie, une psychologie elle-même en quête aujourd’hui dans ce domaine. Et, comme on le verra, ce mouvement n’est pas une particularité américaine. Il est aujourd’hui international.

Déjà, après la seconde guerre mondiale, un psychiatre, Viktor Frankl (2), en sortant de camps de concentration, avait mis en évidence l’importance vitale du sens qui donne à notre vie une capacité de résister aux épreuves et une force dans la vie. Dans une autre conjoncture, à un autre moment de l’histoire, Emily a été conduite également à se poser la question du sens, car elle s’est rendu compte que la recherche d’un bonheur superficiel, en terme de satisfaction individualiste et passagère, débouchait sur une impasse. Ainsi nous dit-elle : « Avant, je pensais que le but de la vie était la poursuite du bonheur. Tout le monde disait que le chemin du bonheur était la réussite, alors j’ai cherché ce travail idéal, ce petit ami idéal, ce bel appartement. Mais, au lieu de me sentir satisfaite, je me sentais anxieuse et à la dérive. Je n’étais pas seule. Mes amis aussi rencontraient des difficultés ». Et, en suivant des cours de psychologie positive à l’université, Emily a découvert qu’il y avait bien un malaise largement répandu dans la société. Si la poursuite du bonheur est aujourd’hui une motivation courante, elle s’avère manifestement défaillante. « Ce qui m’a vraiment frappé est ceci : Le taux de suicide est en augmentation à travers le monde et en Amérique, il a récemment atteint son point le plus haut en trente ans. Même si objectivement les conditions de vie s’améliorent… plus de gens se sentent désespérés, déprimés et seuls. Il y a un vide qui ronge les gens et il ne faut pas forcément être en dépression clinique pour le ressentir. Tôt ou tard, nous nous demandons tous : Est-ce là tout ? ».

 

On doit aller plus loin dans la compréhension de la vie. « De nombreux psychologues définissent le bonheur comme un état de confort et d’aisance, se sentir bien dans l’instant ». Cependant, comme l’indique en France le psychologue Jacques Lecomte,  le bien–être ne suffit pas. Nous avons besoin également d’une motivation, d’une inspiration qui nous sont apportées par le sens que nous donnons à notre vie (3). Ainsi Emily a choisi d’entrer dans la voie du sens. « Notre culture est obsédée par le bonheur, mais j’ai découvert que chercher du sens est la voie la plus épanouissante. Les études montrent que les gens qui trouvent du sens à leur vie sont plus résilients, s’en sortent mieux à l’école et vivent plus longtemps ». Parce que cette question lui paraissait essentielle, Emily s’est engagée dans la recherche. Pendant cinq ans, « elle a interviewé des centaines de gens et lu des milliers de pages de psychologie, de neuroscience et de philosophie ». Elle a publié un livre : « The power of meaning crafting a life that matters » qui vient d’être traduit en français sous le titre : « Je donne du sens à ma vie. Les quatre piliers essentiels pour vivre pleinement » (4).

 

Les quatre piliers essentiels pour vivre pleinement.

Emily distingue quatre piliers pour vivre pleinement :  l’appartenance, la raison d’être, la transcendance, la mise en récit.

« Le premier pilier est l’appartenance. L’appartenance découle du fait d’être dans des relations ou vous êtes estimé pour qui vous êtes intrinsèquement et où vous estimez également les autres ».  Cependant, l’appartenance n’est pas une panacée, car tout dépend de la qualité du groupe auquel on appartient. « La vraie appartenance émane de l’amour. Elle existe dans de moments partagés entre deux personnes ». Nous savons combien les relations ont une importance vitale (5). Emily donne un exemple : Lorsque son ami Jonathan achète régulièrement son journal au même vendeur de rue à New York, il se crée là aussi une relation qui induit une reconnaissance réciproque, un climat de confiance Elle évoque un incident où cette confiance a été ébréchée. Il est important de veiller à la qualité de nos relations. « Je passe devant une personne que je connais sans la reconnaître. Je regarde mon téléphone quand quelqu’un me parle. Ces actions dévaluent les autres. Il les font se sentir invisibles et sans valeur.     Quand vous avancez avec  amour, vous créez un lien qui nous tire tous vers le haut ».

Pour beaucoup, l’appartenance est la source essentielle de sens dans la vie. Pour d’autres, la clé du sens est la poursuite d’un but qui donne une raison d’être. C’est le second pilier. « Trouver un but dans la vie n’est pas la même chose que de trouver un travail qui vous rend heureux ». Avoir un but dans la vie pour le bien des autres est une motivation qui engendre orientation et mobilisation de la vie. « Un agent hospitalier m’a dit que son but était de guérir les malades. Beaucoup de parents me disent que leur but est d’élever leurs enfants. La clé du but dans la vie est d’utiliser nos forces pour servir les autres . Bien sur, beaucoup d’entre nous le font à travers leur travail. C’est ainsi que nous contribuons et nous sentons utiles. Cela signifie aussi que des problèmes tels que le désengagement au travail, le chômage, un faible taux de participation à la vie professionnelle ne sont pas que des problèmes économiques, ce sont des problèmes existentiels. En n’ayant pas quelque chose de louable à faire, les gens sont perdus ».

Il y a une troisième manière d’accéder à un sens dans sa vie. C’est la transcendance. La transcendance se manifeste dans des contextes différents, par exemple dans la vie en église ou dans des communautés religieuses. Elle apparaît également dans des expériences spirituelles (6). « Les états de transcendance sont ces rares moments où vous vous élevez au dessus de l’agitation quotidienne. Votre conscience de vous même s’estompe et vous vous sentez connectés à une réalité supérieure. Pour moi, en tant qu’écrivain, cela se produit à travers l’écriture. Parfois cela m’emporte tellement que je perd tout sens de l’espace-temps. Ces expériences transcendantes peuvent nous changer. Dans une recherche, on a demandé à des étudiants de regarder un eucalyptus de 60 mètres de haut pendant une minute. Après cela, ils se sont sentis moins égocentriques et se sont comportés plus généreusement quand ils avaient l’opportunité d’aider quelqu’un ».

A l’appartenance, la raison d’être à travers la poursuite d’un but, la transcendance, Emily ajoute « un quatrième pilier du sens ». C’est « la narration, l’histoire que vous racontez à votre propos. Créer un récit à partir des évènements de votre vie apporte de la clarté. Cela aide à comprendre comment vous êtes devenus vous-même. Nous ne réalisons pas toujours que nous sommes l’auteur et que nous pouvons changer notre façon de raconter. Notre vie n’est pas uniquement une liste d’évènements. Vous pouvez éditer, interpréter et raconter votre histoire, même en étant contraint par les faits ».

En exemple, Emily nous raconte le parcours d’Emeka, un jeune homme paralysé après avoir joué au football. Il a su adopter une attitude positive et l’affirmer dans son histoire de vie. « Le psychologue Dan Mc Adams appelle cela « une histoire rédemptrice » où le mauvais est racheté par le bon. Les gens ayant une vie pleine de sens racontent l’histoire de leur vie à travers la rédemption, la croissance et l’amour ».

Emily accorde ainsi une grande importance au récit personnel au point de l’inclure parmi les quatre grands piliers sur lesquels repose une vie qui a du sens. L’histoire de vie est effectivement une voie privilégiée pour découvrir, exprimer et affirmer le sens de notre existence. C’est aussi ce qu’exprime le témoignage dans le contexte de milieux chrétiens.

 

Le parcours d’Emily : une expérience de vie et une vision

Emily a grandi dans une famille qui s’inscrivait dans une culture spirituelle de l’Islam : la culture soufi. Elle a pu vivre des valeurs fortes qui sont effectivement porteuses de sens : une solidarité, une expérience spirituelle partagée et chaleureuse. « Quand je suis partie à l’université et sans l’encrage soufi quotidien  dans ma vie, je me sentais larguée. J’ai commencé à chercher ces choses qui font que la vie en vaut la peine. C’est ce qui m’a conduite à ce voyage. En y repensant, je me rend compte que la maison soufie avait une vraie culture du sens de la vie. Les piliers faisaient partie de l’architecture et la présence des piliers nous aidait à vivre plus profondément ». Et d’ailleurs, en terminant cet entretien,  Emily raconte comment son père, en passe de subir une grave opération, a été soutenu par la pensée d’amour qu’il portait à ses enfants. « Mon père est menuisier et soufi. C’est une vie humble, mais une bonne vie. Son sens d’appartenance à une famille, son but en tant que père, sa méditation transcendante, la répétition de nos noms, il dit que ce sont les raisons pour lesquelles il a survécu . C’est l’histoire qu’il raconte. C’est le pouvoir du sens dans la vie. Le bonheur va et vient. Mais quand la vie est vraiment belle, si les choses tournent très mal, avoir un sens à sa vie vous donne une chose à laquelle vous pouvez vous accrocher ».

 

Un éclairage pour nos vies

L’approche d’Emily Esfahani Smith sur la manière de donner du sens à notre vie nous parait particulièrement utile et précieuse. En effet, c’est à partir de son expérience personnelle en lien avec celle d’une jeune génération qu’Emily s’est engagée dans une recherche de long cours pour répondre aux questions existentielles qui prennent aujourd’hui une importance croissante. Et elle apporte des réponses qui prennent en compte la diversité des situations et des parcours.

Nous savons par expérience combien la question du sens a une importance vitale. C’est bien à cette question qu’Odile Hassenforder, très présente sur ce blog, a répondu dans son livre : « Sa présence dans ma vie » (7) à travers une expérience du don de Dieu et un vécu de fraternité et de spiritualité chrétienne. Et, sur ce blog, notre intention est bien d’ouvrir des pistes et réaliser des outils de compréhension pour des chercheurs de sens en faisant appel à des récits, des réflexions et des recherches. C’est notre motivation. Ainsi nous nous trouvons en affinité avec la démarche d’Emily.

Son livre : « Je donne du sens à ma vie » (4) prolonge son entretien en vidéo dans un texte abondamment documenté. Nous pouvons reprendre ici sa conclusion. Elle y reprend une affirmation de Viktor Frankl  (2): « l’amour est le plus grand bien auquel l’homme peut aspirer. L’être humain trouve son salut à travers et dans l’amour ». Et elle poursuit : « L’amour est bien évidemment au cœur d’une vie pleine de sens. C’est un ingrédient indissociable des quatre piliers du sens qui apparaît de façon récurrente  dans les histoires de personnes que j’ai relatées »… « L’acte d’amour commence par la définition même du sens. Il commence par le fait de sortir de sa coquille pour se connecter aux autres et contribuer à quelque chose ou à quelqu’un plutôt qu’à soi.  « Plus quelqu’un s’oublie lui-même et se dévoue à une cause ou à quelqu’un d’autre, plus il est humain », écrit Viktor Frankl. C’est le pouvoir du sens… C’est prendre le temps de s’arrêter pour saluer le marchand de journaux ou pour réconforter un collègue qui parait déprimé. C’est aider les gens à être en meilleure santé, à être un bon parent ou un bon tuteur pour un enfant. C’est contempler avec émerveillement le ciel étoilé et assister aux complies avec des amis. C’est écouter attentivement l’histoire d’un proche. C’est prendre soin d’une plante. Ce sont des actes humbles en soi. Mais ensemble, ils illuminent le monde » (p 276-278).

 

J H

 

 

 

 

 

Une nouvelle manière de croire

Selon Diana Butler Bass dans son livre : « Grounded »

 

Beaucoup de gens s’éloignent des églises classiques et entrent en recherche. Est-ce à dire qu’on croit de moins en moins ou bien la foi change-t-elle de forme ? On peut observer ce mouvement dans la plupart des pays occidentaux. Et les Etats-Unis, longtemps caractérisés par une forte pratique religieuse, commencent à participer à cette évolution. C’est une question qui nous intéresse tous à titre collectif, mais aussi à titre personnel. Diana Butler Bass, historienne et théologienne américaine, nous apporte une réponse dans son livre : « Grounded. God in the world. A spiritual revolution » (1). Dans un précédent article, nous avons présenté cet ouvrage en terme de convergence entre la pensée de Diana Butler Bass et celle de Jürgen Moltmann, un grand théologien innovant (2). Nous envisageons ici plus particulièrement comment Diana Butler Bass perçoit un changement dans la manière de croire. Mais rappelons d’abord la démarche de cet ouvrage (3).

 

« Chaque année, davantage d’américains laissent derrière eux la religion organisée : les gens se désaffilient et comme la nation devient de plus en plus diverse religieusement (4). Diana Butler Bass, éminente commentatrice dans le champ de la religion et de la culture, poursuit son livre fort apprécié : « Christianity after religion » (5) en argumentant que ce qui apparaît comme un déclin indique en réalité une transformation majeure dans la manière où les gens se représentent Dieu et en font l’expérience. Du Dieu distant de la religion conventionnelle, on passe à un sens plus intime du sacré qui emplit le monde. Ce mouvement, d’un Dieu vertical à un Dieu qui s’inscrit dans la nature et dans la communauté humaine, est au cœur de la révolution spirituelle qui nous environne, et cela interpelle non seulement les institutions religieuses, mais aussi les institutions politiques et sociales. « Grounded » explore ce nouvel environnement culturel comme Diana Butler Bass nous révèle ici la manière dont les gens trouvent un nouvel environnement spirituel (« new spiritual ground ») dans un Dieu qui réside avec nous dans le monde : dans le sol, l’eau, le ciel, dans nos maisons et nos voisinages et dans nos espaces communs. Les gens se connectent avec Dieu dans l’environnement dans lequel nous vivons ». Avec Diana, entrons dans son livre à travers son introduction. « Ce dont nous avons besoin est là », nous propose-t-elle à travers une citation de Wendell Berry (p 1).

 

Où est Dieu ?

« Où est Dieu ? » est une des questions les plus importantes de tous les temps. Les gens croient, mais ils croient différemment de la manière dont ils ont cru. Le sol de la théologie est en mouvement. Une révolution spirituelle est en route ».

Diana Butler Bass évoque un univers religieux qui lui paraît appartenir au passé. « Il n’y a pas longtemps, les croyants affirmaient que Dieu résidait au Ciel, un endroit lointain où les fidèles trouveraient une récompense éternelle. Nous occupions un univers à trois étages avec au dessus le Ciel où Dieu vivait, le monde au dessous où nous vivions, et un monde des bas-fonds (« underworld ») où nous redoutions de pouvoir aller après la mort. L’Eglise intervenait comme médiatrice entre le ciel et la terre, agissant comme une espèce d’ascenseur céleste où Dieu envoyait des directives divines, et, si nous obéissions à ses directives, nous pouvions monter éventuellement vivre au Ciel pour toujours et éviter les terreurs d’en bas » (p 4). Cet ordre à trois étages a vacillé au siècle dernier. Et puis, il est apparu de plus en plus évident que nous ne pouvions plus revivre cette représentation de Dieu dans une société qui n’existait plus. « Le théisme conventionnel est au cœur du fondamentalisme et correspond à cet univers à trois étages » ( p 6).

Mais nous savons aujourd’hui que l’enfer existe sur terre. Et pourquoi pas le paradis ? Diana Butler Bass évoque une fusillade tragique dans une école américaine. Cet épisode tragique a suscité beaucoup de questions existentielles. « La réponse la plus répétée et apparemment la plus réconfortante était que Dieu était « avec les victimes ». Dieu « avec » les victimes ? « Avec nous ? ».

Aujourd’hui, nous vivons une époque tragique d’anxiété et de peur. Où est Dieu ? L’image ancienne de Dieu ne répond plus à nos questions. On observe une montée de l’incroyance. « Pourtant, tandis que certains ont conclu que les hommes sont seuls, d’autres regardent aux mêmes évènements et suggèrent une possibilité spirituelle bien différente : « Dieu est avec nous ». En regard de tous ces malheurs, Diana Butler Bass évoque la réponse de Bonhoeffer : « Seul un Dieu souffrant peut aider ». « Dieu est avec nous, dans et à travers ces terribles évènements » ( p 8). Un chercheur juif : Abraham Heschel voyait en Dieu : « Celui qui aime le monde profondément, ressent ce que vit sa création et participe à sa vie ». « Cela signifie naturellement que Dieu est avec nous non seulement dans les temps de misère et d’angoisse. Dieu est avec nous au milieu de notre joie et dans les expériences les plus séculières de la vie… Depuis les années où Heschel écrivait, un langage culturel de la proximité divine est venu nous entourer : on peut trouver Dieu au bord de la mer, dans un coucher de soleil, dans le jardin que nous plantons, dans les histoires qui nous réjouissent, dans la bonne nourriture, dans la convivialité… » (p 9). Ainsi, « si certains adorent Dieu dans une distante majesté et si d’autres rejettent l’existence divine, des millions de nos contemporains font l’expérience de Dieu d’une manière beaucoup plus personnelle et accessible que jamais auparavant » (p 9). Et ce changement intervient dans le monde entier, sur toute la planète. « Dieu est accessible sans médiation, local, animant le monde naturel et l’activité humaine dans des modes profondément intimes. De fait, cela a toujours été la voie des mystiques. Mais maintenant, ce mode personnel, mystique, immédiat et intime émerge comme une voie majeure pour notre relation avec le divin » (p 9).

Ce changement profond dans la manière de concevoir la relation avec Dieu interpelle les églises et les religions. « Les institutions religieuses servaient de structures médiatrices entre ce qui était saint et ce qui était séculier. Les questions recherchant des information sur le « qui ? » et le « quoi ? » avec demande d’une réponse d’autorité, sont remplacées par des questions relatives à des questions existentielles et ouvertes relatives au « où ? » et au « comment ? ». Non seulement les questions ont changé, mais la manière dont nous les posons a changé. Nous ne vivons plus isolés par des barrières d’ethnicité, de race et de religion. Nous sommes connectés dans une communauté globale.

Nous cherchons des réponses dans internet. Nous posons des questions à nos voisins bouddhistes ou hindous. Nous ouvrons nos textes saints et les textes des autres. Nous écoutons les prédicateurs des religions du monde… Ce mouvement dans la conscience religieuse est un phénomène mondial, une sorte de toile spirituelle dans laquelle nous nous inscrivons… » ( p 10). Quelque soient les résistances des incroyants, ce changement est un réenchantement du monde, une révolution spirituelle d’une étonnante ampleur. Et ce changement est en cours aujourd’hui dans de nombreuses cultures.

 

Dieu avec (dans) le monde

 Comme beaucoup d’autres, raconte Diana, j’ai été formée dans une théologie verticale : « Dieu existe loin du monde et fait une faveur à l’humanité en s’en rapprochant. Les prédications déclaraient que la sainteté de Dieu nous était étrangère et que le péché nous séparait de Dieu » (p 12). Cependant, Diana a vécu des expériences qui impliquaient une vision différente. Ainsi, raconte-t-elle une expérience vécue dans sa toute petite enfance. Et elle nous rapporte d’autres expériences très diverses. Plus jeune, elle n’osait pas en parler dans son église, mais maintenant, elle sait que ce ne sont pas des expériences rares ou extraordinaires. Il y a aujourd’hui toute une littérature relative à l’expérience spirituelle depuis les comptes rendus d’expériences proches de la mort jusqu’à de profondes rencontres en rapport avec la nature, le service aux autres ou une émotion artistique. « La moitié des américains adultes, dont même quelques uns qui se déclarent athées ou non croyants, rapportent avoir eu une telle expérience au moins une fois dans leur vie » ( p 13).

« Nous voilà conduits vers une théologie alternative mettant l’accent sur la connexion et sur l’intimité. Dans la tradition chrétienne, Jésus parle ce langage quand il proclame : «  Le Père et moi, nous sommes un » (Jean 16.30) et quand il souffle sur les disciples en leur envoyant le Saint Esprit ( Jean 20.22). C’est le témoignage de l’apôtre Paul au sujet de sa rencontre mystique avec Christ. Quand la Bible est lue dans la perspective de la proximité divine, il devient clair que la plupart des prophètes, des poètes et des prédicateurs sont particulièrement en porte à faux (« worried ») avec les institutions et les pratiques religieuses qui perpétuent le fossé entre Dieu et l’humanité. La narration biblique est celle d’un Dieu qui s’approche, poussé par un désir pressant d’amener le ciel sur la terre et de remplir les cœurs humains » (p 13). Cette expérience d’intimité spirituelle apparait également dans d’autres religions. Aujourd’hui, les institutions et les philosophies de haut en bas s’affaiblissent et cela concerne également les religions. « Les gens mènent leur propre révolution théologique et découvrent que l’Esprit est bien plus avec le monde que l’on nous l’avait précédemment enseigné » ( p 15). « Il y a une conscience de plus en plus répandue que Dieu est avec nous au sein de la création, de la culture et du cosmos… Ce changement de ton apparaît dans les prédications de personnalités bien connues comme Desmond Tutu, le Dalaï Lama et le pape  François.. ».

Diana Butler Bass est historienne. On peut donc l’entendre lorsqu’elle écrit : « Le fait le plus significatif dans l’histoire des religions  aujourd’hui n’est pas le déclin de la religion occidentale, le rejet des institutions religieuses ou ma montée de l’extrémisme religieux, c’est un changement dans la représentation de Dieu, une renaissance de la foi montant des profondeurs » (p 16).

 

Une révolution spirituelle

« Le Dieu conventionnel existait en dehors de l’espace et du temps, un être qui vivait aux cieux sans être affecté par les limites humaines. Ainsi la théologie occidentale a développé un langage que les théologiens appellent les « omnis » : Dieu est omnipotent, omniprésent, omniscient, tout puissant… Mais aujourd’hui, Dieu est de  plus en plus perçu comme un Dieu en relation avec l’espace et le temps, comme un Dieu qui connecte et crée toute chose… les « omnis » ne parviennent pas à décrire cela. A la place, nous pouvons penser à Dieu en terme d’ « inter », le fil spirituel entre l’espace et le temps, « intra «  à l’intérieur de l’espace et du temps et « infra » qui tient l’espace et le temps. Dieu n’est pas au dessus et au delà, mais intégralement dans l’ensemble de sa création, entrelacé avec l’écologie sacrée de l’univers » ( p 25).

La révolution spirituelle concerne à la fois Dieu et le monde. Elle concerne Dieu, mais elle ne l’aborde pas comme un extra-terrestre. Elle concerne le monde, mais elle n’engendre pas la sécularisation. C’est une révolution au milieu du terrain (« middle ground revolution ») dans laquelle des millions de gens naviguent dans un espace entre le théisme conventionnel et un monde sécularisé. Ils tracent un chemin qui enveloppe le séculier et le sacré en trouvant un Dieu qui est « un mystère  gracieux toujours plus grand, toujours plus près, à travers une conscience nouvelle de la terre et dans la vie de leurs prochains » (p 25-26). Cette révolution repose sur une vision. « Dieu est le sol sur lequel nous nous fondons et qui nous fonde (« God is the ground, the grounding which ground us »). Nous en faisons l’expérience lorsque nous comprenons que le sol est sacré, que l’eau donne la vie, que le ciel ouvre l’imagination, que nos racines importent, que notre foyer est un lieu divin et que nos vies sont liées à celles de nos voisins et avec celles de tous le humains autour du monde » ( p 26).

Ainsi, c’est à un changement de regard que nous invite Diane Butler Bass et que tout son livre illustre par la suite. « Grounded guide les lecteurs à travers notre habitat spirituel contemporain en portant attention aux manières selon lesquelles les gens font l’expérience d’un Dieu qui anime la création et la communauté ».

Elle nous présente également une analyse des changements en cours dans les pratiques religieuses et spirituelles. Sa description de l’univers traditionnel est percutante. On pourrait dire cependant qu’au XXè siècle, des formes nouvelles faisant place à l’expérience étaient déjà apparues. Elle ne s’attarde pas au déclin des églises classiques ou au progrès de l’agnosticisme, mais elle en recherche les causes et elle met en évidence la montée d’un spiritualité nouvelle. En d’autres lieux et selon d’autres problématiques, certains pourront contester l’amplitude et la durée de ce changement. Mais l’analyse de Diana Butler Bass s’appuie sur une culture historique et sur une collecte d’informations bien au delà des Etats-Unis. Et sur le plan théologique, sa vision d’un Dieu proche dont on peut reconnaître la présence, peut trouver appui dans l’œuvre de théologiens auprès desquels nous cherchons un éclairage, Richard Rohr (6) et tout particulièrement Jürgen Moltmann (7).

J H

 

 

Voir aussi :

Dieu vivant : rencontrer une présence. Selon Bertrand Vergely : prier, une philosophie : https://vivreetesperer.com/?p=2767

Dynamique culturelle dans un monde globalisé. (Raphaël Liogier. La guerre des civilisations n’aura pas lieu) : https://vivreetesperer.com/?p=2296

La guérison du monde, selon Frédéric Lenoir : https://vivreetesperer.com/?p=1048

Partager les solutions. Propager les innovations. C’est changer le monde

Entretien entre Christian de Boisredon et Pierre Chevelle

Comme l’écrit Jürgen Moltmann, un théologien de l’espérance, « Pour agir, nous avons besoin de croire que notre action peut s’exercer avec profit. Nous devenons actifs pour autant que nous puisions entrevoir des possibilités futures. Nous entreprenons ce que nous pensons être possible » (1). Ainsi, nous pouvons nous demander quelles sont les incidences de l’information qui nous parvient constamment à travers les médias. Si l’accent est mis sur les mauvaises nouvelles, jugées plus spectaculaires, si le ton se fait constamment critique, il en résulte un pessimisme qui entraine le repli et la démobilisation . Si, au contraire, à travers l’analyse des évènements, l’énoncé des problèmes et des menaces s’accompagne d’une recherche de voies nouvelles et de la mise en évidence des initiatives et des innovations déjà en cours pour faire face, alors une mobilisation pourra s’opérer. C’est tout le mérite du journalisme des solutions de contribuer à cet état d’esprit. Ne pas délivrer l’information, comme si elle nous conduisait fatalement dans une impasse, mais rechercher les issues et mettre en évidence les solutions à travers les multiples initiatives, innovations et découvertes déjà en route. Aujourd’hui, il y a bien un courant d’action qui œuvre pour nous apporter une information à partir de laquelle nous puissions construire.

Christian de Boisredon fait partie des innovateurs qui ont introduit en France ce nouvel état d’esprit comme en témoignent ces quelques jalons dans son parcours (2). En 1998, à l’âge de 24 ans, avec deux amis, Christian entreprend un tour du monde, en Afrique, en Amérique latine, en Asie à la rencontre des gens « qui font avancer le monde ». A la suite de cette aventure,  il écrit un livre : « L’espérance autour du monde » (3) qui devient un best-seller et est traduit en plusieurs langues. « Ce projet a été le premier tour du monde de ce type et il a lancé la vogue des tours du monde engagés dans cet esprit ». Christian de Boisredon initie et fonde ensuite l’association : « Reporters d’espoir » qu’il préside et dirige jusqu’en 2007. En 2011, Christian fonde « Sparknews », une entreprise sociale qui a pour mission de partager les projets qui proposent des solutions innovantes aux problèmes de société. Sparknews travaille à l’échelle internationale en collaboration avec les grands journaux de référence des quatre continents. (4)

L’exemple de Christian est un exemple pour une jeune génération qui s’engage dans le même sens. Ainsi, Pierre Chevelle (5), diplômé de l’Ecole de commerce ESCP Europe, se consacre aujourd’hui à la promotion de l’innovation sociale et solidaire. Intervenant sur You Tube, conférencier, il est aussi l’auteur d’un livre : « Changer le monde en deux heures ». Une interview de Christian de Boisredon par Pierre Chevelle est donc particulièrement éclairante (6). C’est une  conversation entre deux innovateurs autour de l’information comme vecteur de changement.

Sparknews (6)

Il Inspire 120 MILLIONS de Personnes | Christian de Boisredon, Sparknews

Pierre Chevelle nous dit comment il a découvert l’entreprenariat social en travaillant à Sparknews, agence d’information fondée par Christian de Boisredon.

Mais quelles sont au juste les objectifs de Sparknews ? Christian répond en ce sens : « L’idée, c’est de repérer les plus beaux projets qui existent dans le monde entier, les faire connaître notamment avec les médias, les connecter avec les entreprises pour qu’ils travaillent ensemble et qu’ensemble nous changions le monde ». Pierre demande à Christian d’expliquer en quoi consistent les opérations que Sparknews réalise avec certains journaux. « On a convaincu 60 journaux dans le Monde, parmi les plus grands : Times, Die Welt, El Pais, Figaro. On leur a proposé d’écrire deux articles sur les plus beaux projets innovants qu’il y avait dans leur pays. Ensuite, on a tout mis en commun. Le même jour, ils ont publié des articles en provenance de tout le monde. Au total,  le lectorat de ces tous ces médias, ce sont 120 millions de lecteurs.

Quand les journaux ne parlent que des problèmes, les gens se disent : je suis au courant. Mais qu’est-ce que je peux faire avec cela ? et donc, c’est totalement déprimant. Notre idée, ce n’est pas d’annoncer de bonnes nouvelles. En regard des problèmes, c’est de parler aussi des solutions ».

 

Faire connaître les initiatives à impact positif

Pierre : « Peux-tu nous donner des exemples d’initiatives concrètes que vous avez relayées dans les médias ? ».

Christian : «  Par exemple, c’est une entreprise au Maroc : « Go Energyless », une entreprise sociale. Ils ont fabriqué une sorte de réfrigérateur pour les endroits où il n’y a pas d’électricité, un système de double pot où on met du sable entre les deux pots avec de l’eau, et, de fait, l’évaporation de l’eau fait refroidir la température à l’intérieur des pots. Ce qui permet de conserver beaucoup plus longtemps fruits et légumes, mais aussi l’insuline pour les diabétiques dans les endroits où il n’y a pas d’électricité, donc pas de frigidaires. Ce projet a été médiatisé dans tous les journaux lors de « l’impact journalism day » et ces entrepreneurs ont été contactés par quatre ou cinq pays. Ils sont en train de travailler ensemble pour répliquer le projet. L’impact des médias est vraiment colossal. Il peut être parfois négatif, mais il peut être aussi très positif. Il y a des informations qui peuvent changer notre vie. Ce peut être un petit article ou bien une page de livre de Pierre (« Changer le monde en deux heures »)

Christian rapporte d’autres exemples : « Quand j’avais quatorze ans, mon frère, avec un de ses amis, était au Chili . La semaine, il travaillait dans une banque, et, le week-end, il faisait du bénévolat. Il se demandait : « Qu’est-ce qu’on peut faire vraiment pour aider les gens dans les bidonvilles ? » C’était dans les années 80. Un jour, il tombe sur un article qui parle de Mohammed Yunus au Bangladesh qui avait inventé la première banque de microcrédit. Là bas, à l’époque, personne ne connaissait. C’était un des tous premiers articles. Ils se disent : « C’est génial. Une banque pour les pauvres. Si cela a marché là bas, il n’y a pas de raison que cela ne marche pas au Chili. Et donc, ils ont créé la première banque de microcrédit au Chili et, trente ans plus tard, cette banque a permis la création de près de  30000 micro entreprises. Cent mille personnes ont ainsi changer de vie. Un jour, je me suis dit : Ce qui est fou, c’est que si un  journaliste n’avait pas écrit l’article que mon frère et son copain ont lu, la vie de 100000 personnes n’aurait pas été changée.

Voici un autre exemple. Tristan Lecomte est celui qui a créé Alter eco. qui a vraiment démocratisé le commerce équitable en France, qui l’a introduit dans les grandes surfaces chez Monoprix. Tristan me racontait qu’auparavant il travaillait dans le marketing. Voilà. C’était passionnant. Mais cela ne lui suffisait pas. Et puis, un jour, sa sœur lui avait découpé un article qui parlait du commerce équitable à une époque où personne ne connaissait vraiment. Cet article, il ne l’avait vraiment pas lu. Il l’avait mis dans un coin, et puis, un an plus tard, en rangeant ses affaires, il est tombé dessus. Et il s’est dit : c’est cela que je veux faire et c’est comme cela qu’il a eu autant d’impact.

Avec nos opérations, on touche 120 millions de personnes, mais en plus, on donne envie aux médias de continuer, de parler plus souvent de ces sujets. Par exemple, le rédacteur du Tages Anzeiger, qui est le plus grand journal suisse, nous a dit : On a rarement un impact de retours  aussi positifs des lecteurs, et, du coup, la rédaction s’est dit :  Comment peut-on parler plus souvent de ces sujets ? Ils ont commencé par faire une chronique hebdo sur les solutions ».

Pierre : « J’avais parlé de vous dans mon premier livre : « Changer le monde en deux heures ». Comment les gens qui regardent cette vidéo peuvent-ils vous aider ? ».

Christian : « La meilleure façon de nous aider, c’est de nous signaler les projets innovants que vous connaissez. Je me souviens par exemple d’une personne qui nous avait envoyé une vidéo sur un projet absolument génial. C’est une école de langues au Brésil qui s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup d’élèves qui ne pouvaient aller apprendre l’anglais aux Etats-Unis. Ils se sont rendu compte qu’aux Etats-Unis, il y avait des maisons de retraite où les vieux s’ennuyaient toute la journée. Donc, ils ont créé un système un peu comme Skype. Cela s’appelle : « Speaking exchange ». Ce sont des conversations qui se passent entre de jeunes brésiliens et des retraités américains. Cette vidéo est bouleversante parce que c’est plus d’humanité. Tout le monde est gagnant. Les jeunes apprennent l’anglais et les vieux ont du lien social et se sentent utiles. Nous avons médiatisé le projet : « Speaking exchange » dans plus de soixante journaux dans lesquels nous travaillons ».

Pierre : « La partie émergée de Sparknews, c’est votre site qui est un peu le You Tube des solutions. Si vous déprimez un peu, vous pouvez aller vous balader sur le site ». Christian : « Effectivement, sur le site, il y a plus de 3000 vidéos qui montrent qu’on peut trouver des solutions. Face à tous les problèmes, quelqu’un me disait que tous les dimanches, il regarde une vidéo avec ses enfants Pour lui, c’est une façon de leur monter autre chose que ce qu’ils voient tous les jours à la télé ».

 

Avec qui peut-on collaborer ?

Pierre : « Vous travaillez beaucoup avec Axa et Total.  Qu’est-ce qu’on peut répondre aux gens qui trouvent que cela pose un problème éthique ? Christian :  « Nous avons une autre stratégie. Si on les met sur les bancs des accusés en leur disant : « Vous êtes des méchants », finalement, ils n’ont aucun intérêt à évoluer, alors on leur dit : « Oui, vous faites partie des problèmes, mais on peut peut-être réfléchir ensemble comment vous pouvez faire partie des solutions ». On leur amène des innovations positives dans le domaine de l’énergie qui peuvent potentiellement être le « busines model » du domaine. On ne peut pas leur dire du jour au lendemain : vous allez arrêter le pétrole. Cela prend du temps de gérer cette transition. Après, si on constate qu’ils n’en ont rien à faire, on arrête de travailler avec eux, mais ce n’est pas du tout ce qui s’est passé ».

 

Entreprendre : Entreprenariat social et micro engagement

Pierre : « Et si on parlait de toi ? La moyenne d’âge des entrepreneurs sociaux est souvent assez jeune. Toi, tu as un peu plus d’expérience. Tu as fait un tour du monde. Tu as réalisé Reporters d’espoir, maintenant Sparknews et surement plein d’autres projets. Quel regard portes-tu sur la carrière d’entrepreneur social ? »

Christian : Je me souviens qu’à trente ans, au fond de moi, j’avais envie d’être entrepreneur social, mais je pensais que je n’étais pas capable de l’être.  Un jour, il y a quelqu’un qui m’a dit : « Mais, en fait, tu es un entrepreneur ». C’est quelqu’un qui avait dix ans de plus que moi, qui avait monté sa boite. En fait, c’est le plus grand compliment qu’on ait pu me faire parce que j’ai réalisé qu’on n’avait pas besoin d’être parfait pour être entrepreneur ».

Pierre : « Le micro engagement, qu’est-ce que cela évoque pour toi ? ». Christian : « Pierre, je trouve cela super que tu aies fait ce bouquin : « Changer le monde en deux heures », parce que je m’en souviens très bien : Quand j’avais 23-24 ans, il y avait des jeunes qui partaient une semaine,  un mois dans une association et des gens leur disaient : « C’est pour te donner bonne conscience. Cela ne sert à rien ». Quand j’ai fait le tour du monde, on s’est arrêté quelques jours dans un mouroir de Mère Térésa. En principe, n’importe qui  peut passer la porte des soeurs et aider pour une demie journée, pour quelques heures. Il y avait un homme qui venait d’arriver, que des gens venaient d’apporter parce qu’il n’arrivait plus à marcher, un indien rachitique visiblement en train de mourir. Et là, il y a un américain qui arrive, un touriste et qui dit : « Est- ce que je peux aider ? Une bonne sœur lui passe une bouteille d’huile et lui dit : « tu vas masser l’homme qui est là ». L’américain se met à le masser pendant une heure, deux heures. Au début de la matinée, cet homme était totalement terrorisé et au fur à mesure que le jeune américain prenait soin de lui, le regardait dans les yeux, il ne pouvait pas parler, mais il y avait une humanité. Ce vieil homme indien est mort au bout de deux heures. Il est vrai que ce jeune américain n’a passé que deux heures. C’est peu, mais c’est sans doute les deux heures les plus importantes de la vie de cet homme. Bien sûr, c’est un cas un peu extrême, mais je pense qu’on a toujours la tentation de se dire : cela ne sert à rien. Il faudrait que je donne ma vie. Il faudrait que je m’engage complètement et, du coup, on ne fait pas les petites choses qu’on pourrait faire ».

Pierre : « Aurais-tu des conseils à donner à des personnes, et notamment aux jeunes, comme il y en a plein sur You tube, qui ont envie d’agir, mais qui ne savent pas par où commencer ? »

Christian : « Partez de vos passions et regardez ce qui vous plait. Cela peut être le cheval, cela peut être les jeux vidéo, cela peut être n’importe quoi… et regardez ce qui se fait dans ces domaines. Par exemple, les jeux vidéos ont un impact social, sensibilisent. Partez de vos passions et partez de ce qui vous provoque, de ce qui vous choque parce que c’est cela qui vous donnera le moteur et l’énergie… »

 

Muhammad Yunus et le microcrédit

Pierre : « Quels sont les gens qui t’inspirent aujourd’hui ? »

Christian : « Celui qui m’a le plus inspiré, c’est Muhammad Yunus. Muhammad Yunus a été le premier grand entrepreneur social. Ce que je trouve incroyable, c’est qu’il n’était pas du tout destiné à cela. C’est simplement parce qu’un jour il s’est dit : j’enseigne des théories mathématiques économiques qui ne sont même plus capables de résoudre les problèmes  de la famine, et donc, avec ses étudiants, il est allé dans un village pour comprendre ce qui se passait et, c’est comme cela qu’il a compris le problème des pauvres et qu’en prêtant quelques dollars, il pouvait changer leur vie. Ensuite, il est allé voir les banquiers en disant : « Tiens, vous devriez le faire puisque c’est votre job ». et puis, comme ils n’ont pas compris ou ils n’ont pas voulu le faire, il l’a fait lui-même. Et, à chaque fois qu’il y avait un problème, il est arrivé à le contourner. Je me souviens par exemple qu’au Bangladesh, il y a les mollahs puisque c’est un pays musulman. Ils lui disaient : « Vous n’avez pas le droit de prêter aux femmes ». il leur dit : « Je vais vous raconter l’histoire d’une femme entrepreneur ». Donc, il leur raconte l’histoire de cette femme entrepreneur. En fait, cette femme, c’était une des femmes de Mahomet… Donc, cela prouve bien que, si Mohammed l’a épousé, c’était très bien qu’elle soit une femme entrepreneur ».

 

Changer le monde 

Pierre : « Tu penses qu’on peut changer le monde ? »

Christian :  « Oui, je suis convaincu qu’on peut changer le monde.

Je suis croyant, donc je ne peux pas croire que Dieu se soit amusé de nous mettre dans un monde où les clés étaient pipées d’emblée. Après, on peut croire ce que l’on veut, mais je ne peux pas croire dans un monde où il n’y a pas des clés pour qu’on y arrive. C’est sûr que c’est compliqué, mais, en fait, il suffit parfois de changer quelques paramètres et cela change tellement de choses  qu’on peut vraiment inverser la tendance. C’est se rappeler que rien n’est impossible . Cela ne veut pas dire qu’on peut tout réussir, mais, en tout cas, c’est possible qu’on réussisse. Quand je suis sorti de l’Ecole, l’entreprenariat social, cela n’existait pas . Les formations supérieures autour de l’entreprenariat social n’existaient pas. Quand j’ai fait mon tour du monde de l’espérance en 1998, j’avais 24 ans. On a trouvé des projets super, mais ces projets étaient des projets ridicules par rapport à ce qu’on trouve aujourd’hui. Non seulement il y en avait beaucoup moins, mais ils étaient dix mille fois moins innovants. Aujourd’hui, comme le dit Olivier Kayser, le laboratoire d’innovations positives est rempli. Maintenant, il faut créer des usines pour changer d’échelle ».

Pierre : «  Pour toi, changer le monde, cela veut dire quoi ? »

Christian : Cela veut dire que tout le monde puisse être heureux. Cela ne veut pas dire forcément être riche, mais que tout le monde puisse être heureux ».

Dans cette mutation profonde dans laquelle l’humanité est engagée depuis plusieurs décennies, vague après vague, nous sommes nombreux à participer à ce mouvement pour un changement positif. A cet égard, cette conversation entre Christian de Boisredon et Pierre Chevelle nous paraît exemplaire, car elle met en évidence une même orientation entre deux personnes  dont le positionnement varie quelque peu selon l’âge. Et le questionnement de Pierre Chevelle est particulièrement précieux parce qu’il traduit également les aspirations et les attentes d’une jeune génération.

Christian de Boisredon, à travers de multiples exemples, corrobore notre conviction que les représentations ont un rôle majeur et que c’est à travers des représentations positives que les comportement peuvent évoluer favorablement et contribuer à un changement social pour une vie meilleure. Et, en tout cela, nous avons besoin d’une vision animée par l’espérance (1). Ainsi Christian de Boisredon a-t-il intitulé « l’espérance autour du monde », le livre qui rapporte son projet pionnier. Aujourd’hui encore, c’est le même esprit qui nous anime. Dans la tourmente, gardons cette boussole.

 

J H

 

(1)            « Agir et espérer. Espérer et agir.  Selon Jürgen Moltmann » https://vivreetesperer.com/?p=2720

(2)             Présentation de Christian de Boisredon sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_de_Boisredon  Témoignage de Christian de Boisredon à TED x Saint Sauveur Square (You Tube) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_de_Boisredon

(3)            Christian de Boisredon.Nicolas de Faugeroux. Loïc de Rosando. L’espérance autour du monde. Préface de Dominique Lapierre. Presses de la renaissance, 2000

(4)            Sparknews « Pour construire un monde meilleur, commencer par le raconter autrement  et valoriser les initiatives à impact positif pour retrouver la confiance et donner envie d’agir » : https://www.sparknews.com

(5)            Le site de Pierre Chevelle : Changer le monde en deux heures : https://www.en2heures.fr

(6)            Interview de Christian de  Boisredon par Pierre Chevelle : « il inspire 120 millions de personnes. Christian de Boisredon. Sparknews. » Sur You tube : https://www.youtube.com/watch?v=9F9d6VS6EoU

 

Au fil des années, Vivre et espérer participe  à la mise en valeur des projets innovants et des initiatives à impact positif. Quelques exemples en rappel :

 

« Vers une économie symbiotique » : https://vivreetesperer.com/?p=2165

« Le film : Demain » : https://vivreetesperer.com/?p=2422

« Vers un nouveau climat de travail dans des entreprises humanistes et conviviales. Un parcours de recherche avec Jacques Lecomte » : https://vivreetesperer.com/?p=2318

« Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez, selon Jacques Lecomte » : https://vivreetesperer.com/?p=2604

« Alexandre Gérard : chef d’entreprise, pionnier d’une »entreprise libérée » : https://vivreetesperer.com/?p=2746

« Pour une éducation nouvelle, vague après vague . L’expérimentation de Céline Alvarez dans une classe maternelle de Gennevilliers » : https://vivreetesperer.com/?p=2497

« Sugata Mitra : Un avenir pédagogique prometteur à partir d’une expérience d’auto apprentissage d’enfants indiens en contact avec un ordinateur » : https://vivreetesperer.com/?p=2165

« Médiation animale » : https://vivreetesperer.com/?p=2785

« Pourquoi et comment innover face au changement accéléré du monde » : https://vivreetesperer.com/?p=2624

« Cultiver la terre en harmonie acec la nature. La permaculture : une vision holistique du monde » : https://vivreetesperer.com/?p=2405

« Les plantes médicinales au cœur d’une nouvelle approche médicale : phytothérapie clinique intégrative et médecine endobiogénique » : https://vivreetesperer.com/?p=2687

« Génération Y : une nouvelle vague pour une nouvelle manière de vivre » : https://vivreetesperer.com/?p=2652